Journal des derniers hommes sur Terre
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Journal des derniers hommes sur Terre , livre ebook

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Description

2066. Suite à la crise de l'oxygène, six personnes, en se réfugiant en Antarctique, viennent de survivre à l'extinction de l'espèce humaine. Au travers d'un journal de bord, elles vont raconter leur histoire et écrire l'épilogue de l'humanité, en revenant sur cette catastrophe annoncée qui les a fait devenir les six dernières personnes sur Terre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 mars 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414179831
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-17981-7

© Edilivre, 2018
Journal des derniers hommes sur Terre
 
Samedi 6 novembre 2066
Eh bien voilà, nous y sommes. Ceci est le début de la dernière aventure de l’être humain. Aujourd’hui, avec toute l’équipe, nous sommes arrivés dans notre dernière demeure. Il y a quelques heures encore, nous étions en train de fuir les décombres d’une humanité à l’agonie à bord d’un hélicoptère, direction l’ancienne base de Casey. Jamais nous ne reverrons nos maisons, ni nos familles et nos amis. Nous allons mourir ici, dans quelques mois, quelques années peut-être, dans l’indifférence la plus totale, puisqu’il n’y aura personne pour constater notre décès. Nous sommes les derniers hommes sur terre.
Je me souviens, quand j’étais gamin, quand on allait voir ma grand-mère dans sa maison de retraite, de l’ambiance qui régnait. Une ambiance pesante, étrange, avec comme seuls bruits de fond provenant des chambres aux portes ouvertes les voix qui sortaient des postes de télévision diffusant les jeux télé du soir, un bruit que seule une quinte de toux venait régulièrement troubler. Dans les couloirs austères qui sentaient le désinfectant pour les mains, nous croisions parfois un pensionnaire au corps frêle, se déplaçant à l’aide d’un déambulateur ou d’une canne à une lenteur effrayante, avec sur le visage le spectre de la mort qui viendrait parfois le chercher quelques heures plus tard.
J’avais beau être un petit garçon, devant ce spectacle, je ne pouvais m’empêcher de m’imaginer un avenir similaire à cela, et je craignais le jour où je m’assoupirais devant Question pour un champion en sachant que je ne connaîtrais plus jamais la joie de vivre chez moi, dans ma petite maison à la campagne. Mon seul bonheur serait une visite de mon éventuelle famille de temps en temps. On aurait plus besoin de moi dans ce monde, on attendrait seulement le matin où je ne réveillerais pas pour laisser ma chambre à un nouveau vieux. Et ainsi de suite, jusqu’à la fin du monde.
Sauf qu’à l’époque, je n’aurais jamais pensé que la fin du monde surviendrait avant ma retraite et que par conséquent, je passerais mes derniers jours dans une base au milieu de nulle part en me sachant l’un des derniers représentants de mon espèce. Finalement, je ne sais pas si c’est une fin plus souhaitable.
En fait, personne ne l’a vraiment vu venir, cette fin du monde. Et pourtant, ce ne sont pas les signes qui ont manqué. Mais voilà, l’humanité a réagi trop tard, et beaucoup sont morts avant même de comprendre ce qu’il se passait. L’Homme est un champion de la procrastination. Quand il a quelque chose à faire, il ne le fera pas, à moins que la situation ne soit urgente. Et dans notre cas, c’est précisément ce qu’il s’est passé. Je ne sais pas à quel moment la situation est vraiment devenue inquiétante, mais je me souviens comme si c’était hier des années 2010. A la télé et sur internet, il était devenu courant de voir un reportage ou de lire un article résumant une sérieuse étude scientifique démontrant que l’humanité serait en péril quelques décennies plus tard si on ne changeait pas les choses. Sauf qu’à l’échelle d’un être humain, c’est beaucoup, quelques décennies. Du coup, à l’époque, personne ne s’est alarmé, et plus le temps passait, plus on avait conscience qu’il fallait faire quelque chose, mais personne ne voulait agir. La première fois que j’ai voté, c’était pour les élections présidentielles françaises en 2017. De mémoire, sur une douzaine de candidats, seulement deux parlaient d’écologie dans leur programme. Même à l’époque, ça me choquait déjà, alors qu’on aurait dû dès cette période considérer l’écologie comme une vraie priorité. Il y a bien eu des moments d’espoir, notamment la signature de l’accord sur le climat suite à la COP21 de Paris en 2015 ou les accords de Vancouver en 2034, pour ne citer qu’eux. Mais les actions n’ont jamais été à la hauteur des problèmes.
En quelques années, l’humanité est passée de 8 milliards à 6 individus. Tous les six, nous sommes maintenant rassemblés ici, dans cette ancienne base scientifique en Antarctique, et avons pour mission de représenter dignement la race humaine dans ses derniers instants d’existence. Ce journal, qui constituera pour nous une sorte d’exutoire, sera donc le journal des derniers hommes sur Terre. Évidemment, ça ne devrait pas être de la grande littérature, mais on va faire ce qu’on peut pour en rendre la lecture agréable. Même si après notre mort, il n’y aura plus personne pour le lire, il restera comme le dernier témoignage de l’existence de notre civilisation, que l’un de nous, un jour, sera amené à clore à jamais et pour l’éternité.
Romain Schmitt
Dimanche 7 novembre 2066
Ce matin, je me suis pour la première fois réveillée dans le jour presque éternel de l’été austral, avec au fond de moi un sentiment nouveau, mélange de peur, de tristesse et de colère.
Peur car nous sommes seuls, livrés à nous-même, sans possibilité de recevoir la moindre aide, dans une situation inédite pour les personnes que nous sommes. Jamais je n’aurais pensé être l’une des dernières personnes sur Terre. Et ça fait peur de se savoir presque seule, au milieu de nulle part.
La tristesse, que dire à propos d’elle ? C’est normal d’être triste quand on a perdu l’ensemble de cette grande famille commune qu’est l’humanité. Même si celle-ci était composée de pas mal de barbares et de salauds pour qui le fric a toujours été l’unique motivation, au mépris de l’éthique et du respect de l’environnement, cette humanité était la nôtre. C’était mon frère, mon père, mes amis… tous partis à jamais.
La colère, elle est le fruit de l’inaction de l’Homme qui a regardé sa planète sombrer sans rien faire pour l’aider. J’ai presque envie de dire que l’humanité n’a eu que ce qu’elle méritait. C’est un juste retour de bâton. Rien de tout cela ne serait arrivé si on avait un peu plus écouté les experts du climat au début du siècle, quand la situation n’était pas encore désespérée.
Maintenant, je sens que nos dernières années vont être pénibles. On est ici depuis à peine 24 heures, mais je me suis déjà surprise plusieurs fois à espérer une mort rapide. Ce qui, je le crains, ne risque pas d’arriver. Avec notre stock de conserves et de nourriture lyophilisée, la fin va être très longue.
Lindsey Scott
Jeudi 18 novembre 2066
Tristesse. C’est le mot qui prédomine chez moi, mais également au sein de toute l’équipe. On est encore sous le choc, et comme si ça suffisait pas, il n’y a rien à faire ici. On passe beaucoup de temps dans nos chambres, sans trop savoir ce que font les autres. Pour ma part, je pleure pas mal, en regardant mélancoliquement à ma fenêtre. Certains semblent avoir perdu la notion du temps ; il n’est pas rare d’entendre quelqu’un se lever au milieu de la nuit pour se faire cuire une conserve. En même temps, avec l’ensoleillement presque permanent et le fait que certains soient désespérés au point d’oublier de regarder l’heure, ça se comprend. Mais c’est vrai qu’on se fait chier. On est ici depuis même pas deux semaines, mais on a l’impression que ça fait plusieurs mois. J’ai quand même l’impression que certains résistent mieux que d’autres, et ils ont bien de la chance. C’est facile pour personne d’être ici, d’autant plus en sachant qu’on ne quittera jamais cet endroit, mais je donnerais tout pour trouver un peu de réconfort au fond de moi-même, pour un motif d’espoir, même infime, quel qu’il soit.
Je me demande ce que je fais ici, et je ne peux m’empêcher de me poser des questions sur mon utilité, et sur ma contribution au monde. Peu importe ce que j’ai pu faire de ma vie, ça ne devait pas être beaucoup vu le monde d’aujourd’hui. Pourtant, je pense pouvoir dire que j’en ai fait beaucoup par rapport à la moyenne ; c’est pas tout le monde qui a fait partie du fameux Crew5 lors de la conférence de Vancouver. Mais aujourd’hui, je culpabilise. Même si j’ai toujours eu le sentiment de faire le maximum, avec le recul, je pense que j’aurais pu faire mieux. Je n’aurais pas dû me contenter de signer un accord par-ci par-là, j’aurais dû consacrer tout mon temps libre et toute mon énergie à convaincre la population du bien-fondé de l’écologie.
Après Vancouver, je me suis vu comme l’un des sauveurs de notre monde, et c’est d’ailleurs dans cette optique que j’avais embrassé la carrière d’homme politique, pour changer le monde. J’étais comme un super-héros et j’étais fier de moi quand je me regardais dans un miroir. Dans la rue, je marchais la tête haute, ou je conduisais fièrement mon 4*4, c’est dire l’ironie de la chose, et je lisais également cette fierté dans les yeux de ma femme et de mes parents.
Mais aujourd’hui, je réalise que j’étais déconnecté de la réalité, comme tous mes confrères. La réalité ne se trouve pas dans un bureau austère dont les étagères contiennent des dizaines de dossiers incompréhensibles pour le commun des mortels. Elle ne se trouve pas écrite sur des papiers, dans des textes réglementant les émissions de CO 2 que personne ne respecte et dont la moitié des gouvernements ignore l’existence. La réalité, elle se trouve sur le terrain, auprès des populations, des industries, des gens qui polluent ou qui veulent participer au sauvetage du monde, qui ont leur pierre à ajouter à l’édifice, d’une façon ou d’une autre. Mais comme tout le monde, je me suis rendu compte trop tard que je jouais le mauvais rôle, que je ne faisais pas ce qu’on attendait de moi.
Russel McKenzie
Mardi 30 novembre 2066
Parfois, une partie de billard vient perturber l’ennui et la monotonie, et pendant quelques heures, nous affichons un sourire de façade qui nous fait ou

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