241
pages
Français
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2022
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Ebook
2022
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Publié par
Date de parution
30 juin 2022
Nombre de lectures
0
EAN13
9782384110148
Langue
Français
Tandis que le jeune Xâl se lance à la recherche de sa bien-aimée Azaline, afin de l’arracher des griffes de l’odieux Melanius, Charles Taylor et ses compagnons se mettent au service de la royauté de Kratera. Ils apprennent l’existence d’une étrange « Porte Noire » que seule Susan Rivers pourrait être en mesure d’ouvrir.
Mais certains œuvrent dans l’ombre pour empêcher à tout prix cette tentative. Et un danger plus grand encore menace le monde de Kratera : la guerre maléfique déclenchée par Daan-El le Noir, le nouveau Seigneur de l’Obscur !
Publié par
Date de parution
30 juin 2022
Nombre de lectures
0
EAN13
9782384110148
Langue
Français
L’Auteur
Né en 1958, Jean-Marc Reboul partage son temps entre la Côte Basque où vit sa compagne, et le Béarn où il aime randonner en montagne. Grand collectionneur de bandes dessinées, il pratique aussi les jeux vidéo et la peinture. Chez lui, l’art comme la littérature ont toujours été une passion. Les voyages en sont une autre et il aime y entraîner ses lecteurs, à la découverte de mondes créés de toutes pièces.
Ses études universitaires d’Histoire et de Géographie lui ont donné le goût des récits et de la cartographie, support rêvé pour l’imagination. Au départ, en effet, Kratera n’était qu’un simple dessin. La carte d’un monde fabuleux qui a servi de base à une histoire.
Mais son métier de professeur des écoles étant très prenant, il ne pouvait accorder à l’écriture que peu de temps. Ce n’est que depuis sa récente retraite qu’il a enfin pu s’y consacrer à fond et terminer les deux tomes de Kratera.
Jean-Marc Reboul
KRATERA
Tome 2 L’Envol
Inceptio Éditions
Direction éditoriale : Guillaume Lemoust de Lafosse
Direction presse/médias : Ophélie Pourias
Couverture : Lysiah Maro
Diffusion : DOD&Cie
© Inceptio Éditions, 2022
ISBN 978-2-38411-013-1
Droits réservés
Inceptio
contact@inceptioeditions.fr
www.inceptioeditions.com
Conscient que le bestiaire et la flore de Kratera sont assurément étrangers au lecteur de ce livre, l’auteur a pris le parti d’expliquer en annexe certains termes.
Pour ce faire, nous nous sommes appuyés sur le « Dictionnaire élémentaire d’histoire naturelle de Kratera », écrit par Alec Boswell .
Le lecteur est ainsi invité à consulter quelques extraits de cet ouvrage référence.
Première partie
1
La mort est un baiser glacé sur les lèvres de la vie. On s’y abandonne et les yeux fermés, Thanatos nous transporte sur les rivages de l’Île Blanche. Là où ni joie ni peine n’ont plus de sens.
Pour ceux qu’on laisse dans le monde des vivants, les plaintes et les larmes sont vaines. Seul le temps aux doigts de lotus referme la blessure, mais la cicatrice reste à jamais dans le cœur.
Theofanis le Jeune « Discours sur la Mort »
L’homme était étendu sur une simple couche garnie de peaux rousses de tchemingâv. Sa respiration rauque était à peine audible. Il ouvrit les yeux et parut comme désorienté à la vue de la pièce aux murs chaulés dans laquelle il se trouvait. Il pencha la tête sur le côté droit et reconnut son épouse Brisis qui pleurait silencieusement. Elle tenait par la main un tout petit enfant, d’à peine deux ans, qui se blottissait contre la jambe de sa mère.
L’homme s’agita sur sa couche. Il voulut dire quelque chose, mais ses mots se perdirent dans une quinte de toux. La fièvre et la souffrance se lisaient sur sa figure. Il chercha des yeux son fils aîné et eut un pâle sourire en le trouvant au pied du lit, les poings fermés, la tête basse, le visage muré dans une sorte d’hostilité farouche. Âgé d’une dizaine d’années, le garçon se révoltait intérieurement contre le mauvais sort que les dieux avaient réservé à son père. Et il émanait de ses yeux bleus un ressentiment rebelle et froid.
Son père souleva péniblement la tête. Puis il tendit la main vers le garçon pour l’appeler près de lui, d’une voix faible et éraillée :
— Approche, Xâl… Approche, mon fils.
Le petit garçon obéit, et la main de son père lui ébouriffa les cheveux. Periaze parla lentement, en choisissant soigneusement ses mots.
— C’est à toi de veiller sur ta mère et ton frère, à présent. Je t’en sais capable… Montre-toi digne et courageux. Mène ton existence en visant toujours l’excellence… Comme le potier qui recherche la forme parfaite de son vase… La vie est une glaise qu’il nous appartient de modeler.
Il toussa de nouveau sourdement, finit par se calmer, puis un sourire triste se dessina sur ses lèvres serrées.
— J’ai confiance en toi… pour donner à ta vie la forme qui convient. Il ne sera pas dit que le fils de Periaze fera honte à la mémoire de son père.
L’homme laissa échapper un bref gémissement et sa tête retomba brusquement en arrière, sur l’oreiller trempé de sueur.
— La vie… est une glaise…, répéta-t-il avant que sa voix ne s ’ étrangle dans un dernier soupir .
Brisis poussa un petit cri de détresse avant de sangloter nerveusement. Son chagrin était contagieux car le petit garçon se cacha le visage dans la robe de sa mère et se mit également à se lamenter. Mais son frère aîné, lui, ne pleurait pas. Il regardait simplement les yeux grands ouverts de son père qui fixaient le néant.
Xâl se réveilla en nage, désemparé, le crâne prêt à éclater. Il ouvrit les yeux sur un plafond bas aux poutres de bois peintes en bleu, et finit par reconnaître la chambre d’Azaline, à l’auberge du Baladon Gourmand. Il était encore sous le coup de son rêve d’enfance. Et malgré l’incongruité de la situation, ce fut pour lui un soulagement de constater qu’il ne se trouvait pas dans la maison familiale, au chevet de son père mourant.
Dans un effort douloureux, il tenta de se redresser, mais un fulgurant vertige fit tout tourner autour de lui. Un visage flou apparut alors dans son champ de vision, sous les poutres qui semblaient se tordre en tous sens. Xâl se sentit doucement mais fermement repoussé en arrière, et il se laissa aller sur sa couche, avec un long soupir. Du bout de ses doigts, il palpa prudemment la bande de tissu qui lui enserrait le front. Puis il referma les yeux pour lutter à la fois contre la migraine qui lui martelait les tempes et la nausée qui l’accompagnait.
— Repose-toi, mon garçon ! fit la voix de Fârizad, apaisante. Ta blessure n’est pas bien grave, mais elle n’est pas non plus à prendre à la légère. Le soigneur a recommandé de…
— Le soigneur ? interrogea Xâl. Depuis combien de temps suis-je ici ? Quelle heure est-il ?
— Bientôt l’Heure du Crabe de Lave, répondit l’aubergiste. Tu as dormi toute la journée.
— La journée ?... Alors, je dois partir… immédiatement !
— Maintenant que la nuit va tomber ? objecta calmement Fârizad. Et puis, dans ton état, tu n’irais pas bien loin sans défaillir d’épuisement. Ni sans risquer de rouvrir ta blessure.
Xâl se sentit comme blessé par tant de désinvolture. Comment Fârizad pouvait-il se désintéresser aussi aisément du sort tragique d’Azaline ?
— Mais… vous ne comprenez pas ! Il faut les poursuivre… avant qu’ils n’aient pris trop d’avance.
— Ah ! oui ? Et que ferais-tu si tu parvenais à les rattraper ?... Non. La sagesse exige d’abord que tu reprennes des forces. Et la prudence impose d’éviter de se lancer aveuglément à la poursuite d’une escouade d’une dizaine d’hommes armés.
Xâl se redressa sur ses coudes, avec un rictus de colère et de souffrance sur son visage devenu blafard.
— Vous parlez de prudence ! lança-t-il sur un ton cinglant. Mais de la prudence à la lâcheté, il n’y a qu’un pas ! N’avez-vous pas fait ce pas de trop ?
Cette fois, ce fut au tour de Fârizad de blêmir sous l’insulte.
— Ta blessure et ton chagrin t’égarent, mon garçon.
Il tendit une main bienveillante vers Xâl qui la repoussa violemment, d’un mouvement impulsif du bras, avant de se lever d’un bond.
La chambre tout entière tangua comme si l’adolescent se fût trouvé sur le pont d’un navire, au beau milieu du lac Châm. Mais il se reprit en serrant les poings, retrouva son équilibre et fit face à Fârizad avec un regard vindicatif.
— Vous n’avez même pas tenté d’empêcher la capture d’Azaline. Vous avez laissé faire ces yaïnahs au service de Melanius. Vous êtes indigne de la confiance qui a été placée en vous ! Pour cette trahison, vous mériteriez de… de…
— De mourir ? suggéra froidement Fârizad en fronçant ses sourcils roux. Et tu voudrais peut-être te charger de la sentence ? Tu crois en être capable ?
— Ne… me provoquez pas ! s’écria l’éphèbe, le teint rendu livide par la rage.
Ses yeux fous semblaient chercher de droite à gauche, dans la chambre, une arme quelconque dont il pourrait s’emparer. Il avança d’un pas et empoigna soudain le pique-feu en métal qui était accroché sur le côté de la cheminée.
— Mais oui, l’encouragea ironiquement Fârizad. Que voilà un bel instrument pour exercer ta vengeance !
Xâl ne répondit rien, brandissant seulement le tisonnier dans sa main qui tremblait. Il le serrait si fort que ses phalanges en étaient devenues blanches.
— Alors ? Qu’attends-tu ? Frappe ! N’ai-je pas trahi ta compagne ? Ta chère Azaline, livrée par ma lâcheté aux désirs lubriques de l’Élu !
— Taisez-vous ! hurla presque l’adolescent dont le visage scintillait de gouttes de sueur.
— Frappe, te dis-je ! Ma faute est impardonnable. Imagine Azaline dans les bras de ce monstre, brutalisée, souillée…
— Assez ! clama Xâl d’une voix rauque.
Et subitement, il se fendit et frappa d’estoc, aussi vif qu’un sifidi. Mais Fârizad, d’un réflexe étonnant, s’effaça de côté comme s’il avait été fait de fumée. Le tisonnier ne rencontra que le vide et Xâl, entraîné par son élan, faillit s’écrouler sur le plancher.
— Allons ! Je suis là ! indiqua le rouquin grassouillet en écartant les bras, offrant la poitrine à son agresseur. Frappe au cœur ! Je ne mérite pas de vivre un instant de plus. Pense à Azaline !
Le garçon fit volte-face, incapable de maîtriser sa fureur. Ses yeux brûlaient du feu redoutable de la démence. Il se jeta en avant, le pique-feu à l’horizontale, menaçant d’embrocher Fârizad de part en part. Mais une fois encore, la pointe acérée ne fit que pourfendre l’air, avec un sifflement stérile.
Xâl entra alors dans une frénésie incontrôlable. Ivre de rage et d’exaspération, il fit tournoyer son tisonnier, frappant en tous sens, à grands moulinets frénétiques. Mais c’était comme s’il courait après un fantôme évanescent. La tige de métal fit voler en éclats une étagère, brisa un pot de terre cuite sur une ta