L Amnésie des Ombres
160 pages
Français

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L'Amnésie des Ombres , livre ebook

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Description

Elle se croyait aimée, elle était surveillée.
Stéphanie pensait être une simple sorcière, elle va se confronter à ses propres démons.
Et ils ont décidé de faire ce qu’ils voulaient d’elle.
Que feriez-vous si tout ce en quoi vous croyiez n’était que des mensonges ? Si vous ignoriez votre passé mais que vous n’aviez plus d’avenir ?
Oubliez l’amour,
Balayez l’amitié,
Reniez votre famille,
Et plongez avec Stéphanie dans l’univers de « Secrets ».

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 septembre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312047690
Langue Français

Extrait

L’Amnésie des Ombres
Laëtitia Faure
L’Amnésie des Ombres
Secrets I
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2016
ISBN : 978-2-312-04769-0
Prologue
Une nuit glacée. La pluie qui battait le pavé. Tout était gris, étonnante couleur après les braises qui avaient envahi la ruelle un peu plus tôt. Un nourrisson dans les bras, une jeune femme aux longs cheveux châtains regardait à travers la fenêtre de sa maison. Une perle glissa de sa joue, tombant sur le front du bébé qui venait de s’endormir. Du pain d’épices, oui c’était cela, l’odeur qui flottait autour d’elle depuis que la Lune avait saigné, depuis que le ciel s’était mis à pleurer. Mais ils ne la récupéreraient pas.
Elle posa l’enfant dans son couffin et se dirigea vers le plant de menthe qu’elle conservait dans la cuisine. Elle en coupa quelques feuilles ; leur vert était éclatant. La botaniste sourit, fière de ses compagnes végétales. D’un geste de la main, elle fit virevolter autour de ses doigts tout ce dont elle avait besoin. Des racines protectrices de tamaris, le silence empoisonné de la belladone, et enfin la pureté de l’asphodèle pour dire adieu au passé. Elle confectionna une pommade. Ses pouvoirs leur donneraient peut-être un sursis…
La sorcière attrapa ensuite un couteau aiguisé, puis s’approcha du bébé, alors qu’une plainte endormie résonnait à l’étage. « Maman . » Elle arrivait, qu’elle reste sagement dans son lit, elle ne devait pas réveiller sa sœur.
La lame griffa le derrière de l’oreille pour libérer le sang. Sa fille la fixa alors comme si elle comprenait. Les plantes se frottèrent à l’entaille. La jeune mère prit son bébé dans ses bras et monta consoler son aînée.
Les contours s’effacèrent, lavés par la pluie battante qui tapait à la vitre. L’eau avait inondé la maison et les souvenirs de ma mère, noyés dans mon sommeil. Mon esprit avait sans doute enregistré les parfums. Menthe fraîche. Pain d’épices. Et fantasmé le reste ; un bébé ne peut pas se rappeler de ses premiers mois. Il peut juste retranscrire un sentiment, une insidieuse angoisse, un danger approchant, et un tout nouveau réconfort.
Je fronçai les sourcils, saisie par des souvenirs bien plus récents, plongée dans une course haletante.
Un enchevêtrement de rues. Le souffle court. Mon regard croisa mon reflet dans la vitre d’une voiture. La panique. Je tombai à terre, des cris de douleur à mes oreilles, une pique plantée dans mon bas-ventre. Une blessure de plus. « Ne pas l’arracher », me répétais-je, tandis que des ondes grinçantes traversaient mon cerveau. Je m’étais laissé piéger.
Je me relevai dans une grimace, les doigts pleins de sang, alors qu’un corps sans vie rejoignait le bitume, empalé par ses propres projectiles en bois. On aurait pu le confondre avec un simple humain, si le cadavre du démon ne me scrutait pas de ses pupilles verticales. Je secouai la tête, perturbée par les ultrasons qu’il continuait de propager. Dans quelques minutes, ils disparaîtraient, et ma migraine s’éteindrait. Je détournai le regard. Mes sœurs avaient fini le travail, ils étaient tous morts, nous pouvions rentrer à la maison. Je devais arrêter de m’inquiéter. Je n’avais rien en commun avec eux. Je les entendais, et alors ? Un morceau de verre brisé me renvoya ma propre image. Une sorcière aux yeux marron qui n’aurait jamais leurs iris de chat, avides de carnage.
À peine consciente, je me tournai dans mon lit. La nuit ressassait notre attaque de la veille. Nous avions tué des démons qui traînaient dans le centre-ville, à la recherche d’une proie à dévorer. Mais les incantations étaient restées bloquées dans ma gorge qui retenait déjà un râle de douleur. Peu importait, mes sœurs s’étaient occupées d’eux, prouvant une nouvelle fois mon incomparable nécessité. « Plus qu’un an et un jour et tu découvriras ton don », m’avait rassurée l’une d’elles en me faisant boire une ignoble potion. J’avais grimacé. La plaie s’était refermée. Plus qu’un jour et une autre se rouvrirait, bien plus profonde. Kelly ne pourrait rien faire. Elle aussi saignerait.
Je pressai plus fermement mes paupières, refusant d’entendre une nouvelle fois ses paroles. Mais elles s’infiltrèrent, pernicieuses. « Maman est morte, les démons l’ont tuée ce matin. » Inutile de préciser qu’elle avait souffert. Un tel gibier se savoure. Ils avaient pris leur temps, mutilant ses mains afin qu’elle ne puisse plus faire appel à une quelconque aide végétale. Ils avaient ensuite tiré son corps ensanglanté jusqu’à notre porte. C’était beaucoup plus drôle ainsi. Jetant une paume au carreau de notre aînée, une traînée rouge imprimée sur le verre. Bien plus amusant qu’une simple sonnette. Mes sœurs avaient voulu me protéger, m’épargner le spectacle. J’avais hurlé, l’odeur de sang imprégnant toute la maison. J’en avais presque eu le goût sur la langue.
Un an plus tôt, à un jour près…
Je replongeai, perdue dans la vision cauchemardesque d’une autre vie, suspendue entre le passé et l’avenir.
Seule dans les ténèbres, j’avançai vers la faible lueur qui s’esquissait devant moi. Un tintement sur le sol. Du carrelage. Froid . La lumière me réchaufferait, mon esprit transi dans une large chemise d’homme. Le vent souffla. Je me précipitai vers la flamme qui tentait de survivre en grésillant. Je me penchai vers elle, retenant mon souffle, et la ramassai. Ma luciole était un petit pendentif, un pentacle en argent. Il s’embrasa. Je poussai un cri, les doigts brûlés, emplis de cloques purulentes. Le bûcher s’étendit et m’emprisonna. Je ne pouvais plus m’enfuir, j’appelai à l’aide. Le feu déchira mes chairs. Un épais liquide noir coulait sur ma peau sanguinolente. Le ciel se mit à craquer, pauvre squelette broyé, sous le terrible hurlement d’un loup. J’éclatai en sanglots, répondant en écho aux pleurs d’une enfant dans le lointain. « Regarde -moi. » Je relevai la tête, et le feu m’engloutit, happée par deux iris verts qui fondaient avec moi dans le brasier. Cris d’agonie. Notre agonie.
Chapitre I
Je me redressai en hurlant, une sueur glacée sur les tempes. Je rejetai mes cheveux de mes doigts tremblants et allumai la lampe de chevet afin de revenir à la réalité de ma chambre. Je haletais ; la vive lumière qui m’aveuglait ne parvenait pas à éteindre ma crainte. Les coins sombres de la pièce m’épiaient toujours ; les prunelles obliques me poursuivaient. Elles restaient là à me fixer, à me supplier de les suivre dans le noir. Je fermai les yeux pour leur échapper, inspirai jusqu’à calmer les cahots de ma poitrine et me passai une main sur le visage. Tout allait bien. Pas de chair déchirée, aucune boursouflure, aucun adieu. J’étais seule et le bûcher n’avait jamais existé. Mon esprit endormi avait tout inventé. Ce n’était qu’un stupide cauchemar de plus.
Je m’adossai au carcan du lit pour respirer. Inspirer, expirer, inspirer… Ce simple mécanisme me rassurait, j’étais une horloge aux rouages fonctionnels, concentrée sur mon propre tic-tac. Mais mon regard croisa son reflet dans la glace de l’armoire et je rabattis les draps sur moi, rattrapée par l’angoisse. Je me recroquevillai, entourée de mes bras, les yeux fixés sur la lueur phosphorescente du réveil. 02 h 49. Je devais oublier la douleur qui m’incendiait les veines. Ce n’était qu’un mauvais rêve, rien de plus. Juste un mauvais rêve. L’atroce cri qui résonnait encore à mes oreilles n’était pas réel. Seulement les rougeoyantes images qui m’obsédaient refusaient de s’évaporer.
Je pressai plus fermement les paupières, hantée par deux iris verts qui m’emportaient dans le profond gouffre de leurs pupilles, et les ténèbres du sommeil m’engloutirent.
Un rayon de lumière filtra à travers ma fenêtre. La matinée avait l’odeur du chocolat fondu et des tartines grillées. J’étais forcée d’ouvrir un œil. Je m’étirai, posai un pied par terre, me ravisai. J’esquissai un sourire moqueur, à mon âge, j’avais encore peur qu’une main décharnée surgisse pour m’entraîner sous le matelas. J’inspirai à nouveau l’air parfumé et laissai mon estomac creux prendre le contrôle de mon corps tout entier. La porte se ferma derrière moi ; mes cauchemars étaient emprisonnés. Ils ne viendraient pas assombrir ma journée. Je ne devais pas leur conférer un tel pouvoir. Pas aujourd’hui.
Je descendis les escaliers, décidée. C’était un bon jour pour grandir et effacer les fantômes. En me voyant entrer dans la cuisine, ma sœur aînée m’accueillit d’un sourire. Comme à son habitude, c’était elle qui avait préparé notre petit déjeuner. Elle semblait fatiguée, mais sa nouvelle coupe à la garçonne lui allait bien et faisait oublier ses traits tir&#

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