L Hôtel des Trois Soleils
78 pages
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L'Hôtel des Trois Soleils , livre ebook

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Description

Vince est un chauffeur routier belge d’une quarantaine d’années qui sillonne les routes de l’extrême nord du continent américain. Il rêve de motos et de liberté sauvage, négligeant sa famille et sa santé. Pendant une nuit de débauche, ses soucis domestiques l’amènent à se perdre dans l’univers tumultueux du Ganesh Bar, situé au pied de l’Hôtel des Trois Soleils. Le patron, un chinois énigmatique, lui propose une boisson étrange qui peut le régénérer, au risque de se perdre à jamais. La question est de savoir si ce changement sera pour le meilleur ou pour le pire. Le lecteur est plongé dans un thriller initiatique, un jeu de rêves emboités avec la débauche de la société, la corruption et la guerre de l’hydrogène et du pétrole en toile de fond. Un suspense tenu jusqu’à la dernière ligne.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 mars 2023
Nombre de lectures 1
EAN13 9782312132211
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’Hôtel des Trois Soleils
Ramdane Issaad
L’Hôtel des Trois Soleils
Roman
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
Du même auteur
Romans
Sous le nom d’auteur de Sam Saraindead
En Attendant L’Eldorado, (Les Éditions du Net)

Sous le nom d’auteur de Ramdane Issaad
Rushes, Seuil.
L’Enchaînement, Flammarion.
Laisse-moi le temps, Denoël.
Pégase, Denoël.
Le vertige des Abbesses, Denoël.
Inconnu à l’adresse indiquée, L’Harmattan.
A Flux Tendu, (Kindle Amazon)
L’Éveilleuse, (Les Éditions du Net & Kindle Amazon)
Papy Boum , (Les Éditions du Net)
Sur la Vague, (Les Éditions du Net)
Une Saison au Vallon des Fées , (Les Éditions du Net 2019)
Voyages Immobiles (Les Éditions du Net 2021)
Cannabis Social Club Orchestra (Les Éditions du Net 2022

En espagnol
Cannabis Social Club Orchestra (Ed Autografia 2022)
El Hotel de los Tres Soles (Ed Autografia 2023

En anglais
Fault lines, (Creative Commons USA. Amazon)

Essais
La dictature d’Hippocrate, Denoël.)

En anglais
Fault lines, (Creative Commons USA. Amazon)
© Les Éditions du Net, 2023
ISBN : 978-2-312-13221-1
Qui touche à la quiétude, parachève
Tchouang Tzeu
Prologue
« Tu n’es qu’un raté ! Dégage Vince, je ne peux plus te voir en peinture, va au Diable ! » Le hurlement strident de la femme avait tétanisé tous les rentiers à dentier du quartier de villas huppées où était située la maison. Il sourit méchamment en songeant que sa chère et tendre allait le payer au prix fort. Tant pis pour elle ! Plus personne ne l’inviterait aux barbecues du samedi avant des lustres. Une scandaleuse, une pestiférée, voilà ce qu’elle allait devenir avec son sale caractère et ses idées de divorce !
Il se sentait flotter dans l’ataraxie béate qui suit en général l’ingestion d’une pinte de bière bien fraîche, mais il n’avait rien bu avant de prendre le volant. Une folle ! Dorothy avait brandi le couteau à découper comme une furieuse, les yeux en billes de loto et la bouche tordue campée au milieu de la cuisine, prête à frapper son homme. Sitôt que les enfants étaient absents elle n’avait plus de limites. Sept ans de mariage. Ce n’était pas la première fois, il la connaissait comme sa poche. Qu’elle aille au Diable ! Dans le camion au moins il était chez lui. Personne ne pouvait rien contre sa puissance. Son Mack , le camion américain de ses rêves, acquis à la force du poignet. Son bouclier et son épée. Et là-devant, rien que la route sans fin entre les sapins, une route construite spécialement pour acheminer le gaz de schiste et les grumes, la fortune pour ceux qui osent ! Il y croyait encore. Dans une semaine Dorothy aurait des regrets. Ou pas. Il avait trop tiré sur la corde ces derniers mois. Jusqu’à quatre-vingts heures de route par semaine, avec les stimulants qui vont avec et les filles des bars à gogos qui comme lui s’y laissent prendre. D’accord, il avait fait la fiesta, mais il avait payé les traites en priorité quitte à manger un jour sur deux et à dormir l’hiver dans la cabine. Il avait tout donné, et rien reçu en échange. Quelle injustice ! Le manque de générosité était précisément ce que cette garce lui reprochait. D’après elle, il n’avait rien gardé pour alimenter symboliquement le foyer. De grandes phrases ! Les taux d’usure avaient grimpé en flèche, qu’y pouvait-il ? De toute manière elle n’était pas dans la misère, loin de là. Ses parents lui avait fait cadeau de la baraque et elle gagnait trois plus que lui en faisant des traductions. Elle écrivait et parlait le mandarin aussi bien que le français et l’espagnol et les commandes de Taïwan ne manquaient pas. Un clavier, des mots, du fric. Elle n’avait pas à s’en faire la donzelle. Une fille de riches, un pauvre gars, elle gagnerait toujours. C’est à la faculté des lettres et langues étrangères qu’ils s’étaient rencontrés par hasard. Il s’était inscrit en auditeur libre pour y apprendre l’anglais en débarquant de sa Belgique de misère avec trois sous en poche, convaincu qu’il allait faire des affaires en or et gagner de l’argent facile. Tout avait bien commencé, lire avait toujours été dans sa nature et contrairement à la plupart de ses copains de classe, il aimait l’idée de se fabriquer son propre film avec des phrases, bien plus fort que les séries de Netflix . Un matin d’hiver où il avait le spleen, se souvenant qu’en Belgique il avait publié deux trois anecdotes croustillantes pour le fanzine de son lycée et que tout le monde avait bien aimé, il avait sans trop y croire envoyé sa prose rédigée directement dans la langue de Shakespeare au comité de rédaction du journal officiel de la faculté qui comptait quelques pointures en littérature, dont, comme par hasard le professeur de sa Dorothy chérie qu’il ne connaissait pas encore. Contrairement à ses attentes pessimistes, il avait fait la une du numéro spécial de Thanksgiving avec le titre provocateur d’un petit récit de cinq mille signes qui avait reçu les compliments du comité apparemment très enthousiaste au vu du contenu du courrier laconique qu’il avait reçu. Si la beauté sauve le monde, le rire la conserve, bravo, continuez, vous vivrez mieux ! « Un destin de dinde » C’était juste un gag sur les réflexions intimes d’une pom pom girl amoureuse d’un héros du campus et qui se jure finalement de rester célibataire toute sa vie au moment du découpage atroce du volatile mal cuit par son fiancé pompette. Il n’avait strictement rien inventé, c’était arrivé à sa cousine germaine de Lens avec un capitaine de foot. Par chance, il avait horreur des chichis et son style direct avait ravi les anglo-saxons. Il se voyait déjà dans la peau du journaliste globe-trotter au grand cœur en train de donner des nouvelles du front sur CNN quand le coup de foudre avait chamboulé ses projets. Dieu qu’elle était belle la blonde de ses rêves ! Il avait été biberonné par la télé poubelle à la nostalgie de la vague yéyé européenne des années soixante-dix, et comme Dorothy ressemblait vaguement à Vanessa Paradis avec ses jolies dents de l’amour, il n’avait pas pu résister à son charme de blonde aguicheuse. De son côté, comme elle le prenait pour un séducteur français, elle n’avait pas pu résister à l’envie de parader devant ses copines avec ce génial french lover frisé qui ressemblait vaguement à Jim Morrisson . Résultat de l’action fatale des hormones : dix-huit mois plus tard un mariage devant le prêtre organisé en catastrophe par la famille pour cause de grossesse inattendue. Sept ans d’amour fou et de scènes de ménage définitives. Un tango mortel. Il avait ouvert le garage et travaillé comme un chef. Et puis très vite les petits, la routine, l’ennui, la guerre des sexes. Ma liberté, ta liberté. Les reproches les plus sales et les réconciliations sur l’oreiller, l’amour fou sans un mot. La lumière heureuse, la nuit la peur de la perdre, l’angoisse de ne plus jamais la retrouver. À la faculté, ils avaient projeté de faire un tour du monde à la voile, il lui restait encore un reliquat d’héritage pour le lui offrir à l’aise, mais après la naissance de la petite, tout avait empiré. Le jour où Dorothy avait douché ses espérances secrètes restait gravé d’une pierre noire dans sa mémoire. Une phrase assassine qu’il ne lui avait jamais pardonnée. « Mais personne ne lit plus de livres mon pauvre chéri, surtout avec ton style de littérature de gare. » Elle avait dépassé les bornes. Encore à cet instant, l’envie de la gifler le démangeait ! Étant donné qu’elle avait ajouté, en guise de cerise sur le gâteau, qu’il ferait mieux d’accepter le boulot d’homme de paille que lui proposait le beau-père dans la finance, il s’était offert sur-le-champ la même Harley que celle de Johnny Halliday pour se venger de leur mépris et approfondir encore le gouffre du crédit. Des dettes pour quinze ans, même avec son appoint de vingt-cinq mille. Un imbécile heureux ! À présent, il se rendait bien compte qu’il avait flambé ses économies pour matérialiser un fantasme en carton-pâte. Quand il avait enfin saisi qu’il était complètement à côté de la plaque et que ses idoles d’Europe n’étaient que de pâles copieurs des géants du blues et de la pop, son mirage de fan avait volé en éclat. Il en avait chialé en écoutant la radio dans le camion et avait presque regretté l’achat de la moto. Heureusement , la bande du Bandana Negro l’avait adopté. Le week-end, il bricolait la mécanique avec eux au garage, et le dimanche matin il allait quelquefois à la messe, ça apprivoisait Dorothy pour la semaine. Depuis qu’ils ne baisaient plus du tout, elle priait. Il sentait bien que leur belle jeunesse gourmande fichait le camp à toute allure, aux dîners de famille, ils se jouaient de concert la comédie des gens heureux même s’il était le mouton noir du clan Helston , ensuite c’était le vide souriant et poli, les enfants gazouillants sur les genoux, les jeux vidéo idiots, trois phrases sur la météo. Il serrait les dents. Il en avait bavé des miles et des miles de l’enfer sans broncher ! Trois tournées par semaine entre les zones de coupe et les scieries pour tenir le rendement. Au total il avait bien dû faire dix fois la circonférence du globe en allers et retours sur des bourbiers infâmes ou de la glace craquante prête à tout engloutir, avec tellement de coups de bol inespérés à deux doigts de la catastrophe, qu’il avait fini par se dire qu’il était béni des dieux.
Le moteur s’emballait, les chaînes du tracteur patinaient sur l’épaisse couche de neige fondante et à chaque embardée, la double remorque et ses quarante tonnes de troncs oscillaient dangereusement dans le rétroviseur. Il redressa la trajectoire en souplesse et tout-à-coup, droit devant dans le capot, il vit passer sans bruit la silhouette floue d’un gigantesque fantôme aux yeux fluorescents. Un grand élan sorti des fourrés. Le craquement sinistre des os suivi d’une éclaboussure sanglante sur le pare-brise et d’un choc dans le pare-buffle lui confirma l’impact. La scoumoune. Il lança les essuie-glaces, freina sur

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