La Chute de la maison Gemins
362 pages
Français

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La Chute de la maison Gemins , livre ebook

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Description

« — Hardi, je te sauverai, affirma-t-il d'une voix résolue. — Je te l'interdis ! Simorgh a éveillé en moi une force que j'ignorais, je lui en serai éternellement reconnaissant. — Il suffit ! Je te ramène. Ton état ne cesse de s'aggraver, je ne te laisserai pas mourir. Dans une rafale de vent glacial, l'oiseau émit un son perçant. Autour du prince, des babines se retroussèrent, des griffes se contractèrent. Pris au piège, il trembla d'effroi. L'assaut contre lui ne tarderait pas. Hâtivement, il calcula la distance qui le séparait du cheval tandis que ses doigts serraient fermement le manche du poignard. — Je te sauverai, répéta-t-il pour se donner du courage. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 juillet 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342008760
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Chute de la maison Gemins
Esther Robinson
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
La Chute de la maison Gemins
 
 
 
« Au cours de mes voyages, je constatais à quel point malheurs et jumeaux paraissaient étroitement liés… »
Maître Ptolemaeus, patriarche des cartographes
 
 
 
 
 
 
 
Entrez dans la légende.
Découvrez à travers
« La chute de la maison Gemins »
La genèse du cycle
« La guilde des cartographes »
Esther Robinson
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Livre I
 
 
 
Je suis Caleb… Caleb Gemins
 
 
 
 
I
 
 
 
Cité de Radegast – An de grâce 1073 du calendrier Tellusien.
— Allez, courage ! On est bientôt arrivés.
Camillus Inko voyait la silhouette crénelée de la forteresse de Radegast se dessiner derrière les collines. Édifiée sur un piton rocheux, elle surplombait une vallée où la forêt épaisse se répartissait en éventail autour de steppes et de rivières. La cité bénéficiait d’un agencement stratégique exceptionnel avec le beffroi, au nord, qui disposait d’un champ de vision très large couvrant presque toute la vallée. La tour circulaire servait de poudrière et l’on ne pouvait rentrer que par le côté sud, là où se situait le pont-levis.
Le vieux marchand s’engagea dans la cour des gardes, ralenti par la carriole qu’il tractait. C’est qu’il ne fallait pas brusquer les occupants des dizaines de volières posées en équilibre sur le chariot : perruches, paddas, mésanges, geais ou vautours dindons, on les entendait arriver de loin, lui et ses bruyants compagnons.
— Peste ! s’énerva un homme derrière lui. Avancez, vous bloquez le passage !
Ignorant ses récriminations d’un haussement d’épaules, Camillus Inko tira le brancard du canasson vers la gauche pour contourner le puits de Vodianoï. Selon une croyance populaire, il s’agissait d’un gouffre sans fond menant aux portes de l’enfer. Lui ne croyait pas à cette légende, néanmoins, considérant que rien de ce qui était imaginaire ne pouvait être pure invention, il préférait rester prudent et ne pas s’en approcher.
Alors qu’il prenait la direction du marché, le cheval se cabra, fou de terreur. Stupéfait, il ne comprit pas ce qui l’avait mis dans cet état. L’animal s’écroula, menaçant de renverser les volières ; dans les cages, les oiseaux piaillèrent, affolés, et les quelques personnes qui accoururent se révélèrent incapables d’aider la pauvre bête.
— Il s’étouffe, constata seulement un des badauds.
— Regardez ! La bride s’est rompue, le mors a dû glisser dans la gorge.
Un jeune garçon accourut, ouvrit sans hésiter la bouche de l’animal et glissa la main à l’intérieur afin de retirer le mors cassé. Un miracle ! Quand il put à nouveau respirer, il se remit debout lentement et resta immobile, encore tout tremblant.
— Par Bĕlbog 1  ! s’exclama Camillus, admiratif, on dirait que tu as sauvé la vie de ma vieille carne.
L’enfant caressa l’encolure de la bête tout en lui parlant doucement pour l’apaiser, puis il prit une gourde accrochée à sa ceinture et alla chercher de l’eau dans le puits de Vodianoï, ce qui était en soi un autre exploit. Quel courage ! Il est pourtant bien jeune, jugea le colporteur en le regardant faire. Une dizaine d’années tout au plus . Ses cheveux aux reflets bleutés tombaient sur des épaules toutes minces et malgré la simplicité de sa tenue – bas de chausses, chemise de toile fine et sandales en cuir – il apprécia la qualité des vêtements. Sans doute était-il issu d’une famille de riches bourgeois ou de nobles ?
Après avoir abreuvé le cheval, le gamin se tourna vers lui. Là, Camillus fut frappé par l’expression triste de ses yeux gris ; à son âge, on possédait encore la lueur maligne et luronne de la jeunesse, non pas la mélancolie des vieillards esseulés comme lui.
Peu à peu, les gens s’en allèrent. Le garçon s’apprêtait à faire de même quand le voyageur le rattrapa.
— Attends ! Je m’appelle Camillus Inko, se présenta-t-il. Et toi, qui es-tu ?
Les oiseaux piaillaient encore dans les cages et il lui fallut tendre l’oreille lorsque la petite voix murmura :
— Je suis Caleb… Caleb Gemins.
Il avait deviné juste, le garçon appartenait à une grande famille, et pas n’importe laquelle, le clan Gemins régnait sur la forteresse de Radegast et toute sa province.
— Tu as sauvé ce vieux canasson, fit le vieil homme en tapotant sa croupe. Je tiens beaucoup à lui, tu sais, comme à mes oiseaux. Hé, veux-tu les regarder de plus près ?
Le jeune Caleb hocha la tête.
Dès qu’il s’approcha, on se mit à chanter dans les volières, ce qui provoqua un bruit assourdissant. Au milieu de ce joyeux désordre, il remarqua un oiseau roux aux ailes barrées de noir et de blanc et doté d’une drôle de crête de plumes sur la tête. Le regard fixe de ce dernier le troubla. Camillus s’en aperçut.
— C’est une huppe que j’ai recueillie il y a quelques mois, lui dit-il. Elle vient d’une lointaine contrée de la Terre d’Angakuit, dans le grand Nord.
— Son regard… il me transperce.
— Je comprends ce que tu veux dire, c’est un oiseau fascinant, n’est-ce pas ? On le dit lié aux mystères de l’invisible.
Subjugué, Caleb ne le quittait pas des yeux.
— Il se nomme Simorgh, poursuivit le colporteur. J’avoue que je n’ai jamais pu le vendre, personne ne m’étant paru jusqu’à présent digne d’être son maître. Apparemment, cela n’est désormais plus le cas.
Il le retira de la volière et le lui tendit.
— Tiens, je te l’offre.
— Oh ! Merci, monsieur.
À l’instant où l’enfant posa la huppe sur son épaule, le vieil homme perçut un lien mystérieux se nouer entre eux, une entente insaisissable dans laquelle il commençait déjà à se sentir de trop. Il poussa un soupir :
— Tu as un don avec les animaux, petit, j’ai le pressentiment que Simorgh t’aidera à le cultiver. Sois bien à l’écoute de son chant, tu pourrais être surpris.
Sombres paroles. En disant cela, il avait eu quelque peine à contenir son émotion.
— Je prendrai soin de lui, promit Caleb.
— Je n’en doute pas. Adieu, mon garçon.
La bruyante carriole repartit. Camillus Inko remonta la rue sans un regard en arrière, une tristesse affligée inscrite sur son visage parcheminé. Qu’ai-je fait ? se lamenta-t-il. Morbleu, qu’ai-je donc fait ?
 
 
 
Ayant évolué dans des sphères différentes, ils avaient laissé un fossé invisible se creuser entre eux…
 
 
 
 
II
 
 
 
Comme tous les matins, Caleb Gemins se promenait dans la forêt d’Erdély, méandre d’épicéas, de hauts sapins, de mélèzes dont les fleurs couleur groseille annonçaient le retour du printemps. Au loin, derrière l’épaisseur violacée des chênes, se distinguaient les montagnes de Snégourotchka aux neiges éternelles. Il y en avait pour plusieurs jours de marche avant d’arriver à leurs pieds, mais ce n’est pas ce qui arrêterait le garçon bien décidé à les escalader un jour. Sa mère lui disait que rester dans la vallée était plus sage ; il se passait là-bas des choses étranges, des disparitions, on parlait à demi-mot de créatures monstrueuses au caractère hostile. Qu’importe, lui ne pensait qu’à l’aventure !
Le soleil dardait ses premiers rayons dans les brumes matinales, le monde mystérieux de la nuit, avec ses chuchotements, ses craquements, laissait place à une nature diurne bien plus joyeuse. Caleb se baladait au milieu de cette agitation, la huppe perchée sur son épaule. Une voix étrangement proche de lui le fit alors sursauter.
— Le maître de la forêt souffre, va l’aider.
Interloqué, il demanda qui avait parlé, scruta les buissons, appela plusieurs fois,
— Va l’aider.
— Qui êtes-vous ? Et puis, où êtes-vous ?
— Une part de toi a deviné mon identité, l’autre en revanche ne peut admettre que je sois doté d’un langage. Vas-tu enfin me regarder ?
Comme il tournait les yeux vers l’oiseau, les paroles de Camillus Inko lui revinrent en mémoire : «   Tu as un don avec les animaux, petit, j’ai le pressentiment que Simorgh t’aidera à le cultiver. Sois bien à l’écoute de son chant, tu pourrais être surpris. »
Ainsi, le vieil homme savait… Une émotion singulière le submergea, un espoir auquel il osait à peine croire de crainte d’être l’objet d’une imagination trop fertile. La curiosité toutefois l’emporta, le cœur battant la chamade, il posa l’oiseau sur sa main.
— Hé, Simorgh ? C’est toi qui as parlé ?
La huppe siffla en penchant la tête sur le côté.
— Je me suis bercé d’illusions, n’est-ce pas ? Au fond, j’aimerais tellement avoir un ami que je me suis imaginé… bah, c’est idiot, il vaut mieux oublier cela.
— Même les idiots ont des amis, tu sais.
La poitrine de Caleb se gonfla d’une joie indescriptible. Simorgh parlait ! Enfin, il hululait mais lui en comprenait le sens.
— Il y a un cerf près du torrent, lui révéla l’oiseau, le plus beau d’entre tous. Il est le cœur de la forêt, les animaux s’inclinent devant lui comme les hommes le font devant ton père. Il a malheureusement été blessé au cours d’une partie de chasse.
— Crénom, d’où tiens-tu cette nouvelle ?
— Les autres m’ont prévenu.
— Les autres ?
— Ouvre grand tes oreilles. Dans les feuillages, les terriers, partout ! Oiseaux, lièvres, renards… Ne les entends-tu pas ?
— Je n’entends que chants et pépiements, plus d’agitation que d’habitude, certes, mais…
— Écoute mieux.
Le garçon observa les arbres, se laissa imprégner par l’odeur de sève, parfum résineux, se concentra sur chacun des bruits. Peu à peu, son oreille perçut de curieux susurrements.
— Le maître de la forêt souffre, va l’aider.
Du moment où il parv

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