La Dynastie du Royaume de Floss - Tome 3 Brieg , livre ebook

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La magie a disparu. Les dieux ne sont plus que des mythes. Quelques hommes tentent d'échapper au règne terrifiant du nouvel Empereur et l'espoir de reconquérir sa liberté ne tient plus qu'à un fil. Malgré la résistance, la dictature écrase les rebelles et maintient la population dans une peur de chaque instant. Brieg grandit à l'écart des affaires politiques, dans le confort de son chalet au cœur de la forêt d'Ancitar. Bercé par des légendes et des rêves de gloire perdue, il ignore encore que sa vie est sur le point de basculer.

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Publié par

Date de parution

20 avril 2024

Nombre de lectures

0

EAN13

9782490592357

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

CHAPITRE 1 Quelques centaines d’années plus tôt
Diarmaid avait fait ses adieux à sa ïlle Ingrid et son gendre Kiolos, les souverains des Aulnes. Le couple donnerait bientôt naissance à un enfant et perpétuerait ainsi la dynastie du Royaume de Floss. Cette nouvelle princesse possédait déjà le courage et la magie de leur lignée. Une voix avait même murmuré à Diarmaid que sa descendante se nommerait Kahena. Sûre de son choix, Diarmaid s’était donc enfoncée dans la forêt d’Ancitar. Sa sœur Sylve avait disparu de nombreuses années auparavant et Diarmaid avait eu beau la chercher, elle n’avait jamais retrouvé sa trace. De nouvelles informations avaient été portées à sa connaissance. L’un de ses espions rapportait que lors d’un diérend opposant un magicien et un adorateur de Vagnar, la princesse Sylve était apparue. Elle aidait un dénommé Malak, qui prétendait être un puissant nécromancien. Diarmaid avait décidé de tirer cette aaire au clair, mais pour cela, elle devait s’absenter et ignorait si elle reviendrait. Elle avait donc cédé la couronne avec soulagement à sa ïlle. Diarmaid ne s’était jamais senti l’âme d’une reine.
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Après plusieurs jours de chevauchée, elle était arrivée dans une petite bourgade de Merana où avait eu lieu le combat entre les deux mages. C’était à partir de cet endroit qu’elle réussirait peut-être à remonter sa trace. Son estomac se tordait chaque fois qu’elle repensait à la douceur de sa sœur. Comment avait-elle pu les abandonner pour partager son savoir et sa magie avec un être si malfaisant ? La façade de la petite auberge avait un air lugubre et des lézardes couraient le long des murs de chaux jaunis. Les carreaux étaient si sales que l’Aulne ne pouvait voir l’intérieur. Elle poussa la porte. — Bonjour, salua Diarmaid d’une voix assurée en s’approchant de l’aubergiste. J’ai eu vent d’une dispute dans votre établissement entre deux hommes. Il paraît qu’ils ont fait des dégâts et que l’un d’eux était accompagné d’une jeune femme. L’hôtelier qui était seul derrière son comptoir, planté au fond d’une salle déserte, se raidit. Il devint blanc et des perles de sueur coulèrent sur ses tempes. Il les essuya maladroitement avec un mouchoir maculé de taches jaunâtres. Diarmaid ravala son dégout. Elle s’approcha lentement en continuant de l’observer et patienta. Cet homme ïnirait par parler. Elle ôta sa capuche et découvrit son visage. Pendant un instant, les yeux de l’aubergiste s’allumèrent comme s’il avait vu une amme briller dans les ténèbres. Les cheveux argentés de Diarmaid tombaient en cascade dans son dos et ses traits ïns lui donnaient un air angélique. — La femme qui était avec le sorcier vous ressemblait, en plus jeune, murmura l’aubergiste en regardant autour de lui comme si quelqu’un pouvait surprendre ses paroles. Diarmaid sourit. Elle avait plus de quatre cents ans et semblait en avoir trente-cinq. Lorsque Sylve avait disparu, elle paraissait avoir quinze ans tout au plus, mais en avait déjà cent cinquante.
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Elle était plus maligne et habile que la plupart des personnes et adorait se mélanger aux hommes pour être courtisée. Peut-être était-elle tombée sur un amant machiavélique ? — Par où se sont-ils échappés ? demanda Diarmaid. — Vers l’est, murmura-t-il. On dit qu’il possède un grand manoir accroché au anc d’une falaise et survolé sans cesse par des oiseaux de proie. Personne n’ose s’en approcher et ceux qui le font sont retrouvés mutilés ou morts. Diarmaid voulut partir, mais l’aubergiste la retint par le bras. — Faites attention, vous paraissez être quelqu’un de bien, mais cet homme… il n’hésitera pas à vous tuer. Le sorcier avec qui le nécromancien s’est disputé a été aspiré dans une pierre. Enïn pas tout entier, son corps est tombé tout raide... Mais son esprit s’est élevé dans les airs et il a été happé par la pierre… Je n’ai jamais vu un truc pareil… — La femme qui l’accompagnait l’a-t-elle aidé ? — Non… elle semblait ailleurs, elle marchait dans l’ombre du nécromancien et elle n’a pas prononcé un mot. Diarmaid se dégagea lentement et rééchit à cette nouvelle information. Son espion n’avait pas menti, il s’agissait bien d’un nécromancien capable de capturer l’âme d’un défunt et sa sœur l’accompagnait. Elle était d’autant plus abasourdie qu’il n’hésitait pas à faire ses démonstrations en public. Il était étonnant que la couronne de Merana le laisse agir impunément. — A-t-il dit ou fait quelque chose d’autre ? demanda Diarmaid. — Seulement qu’il s’appelait Malak et que rien ne l’arrêterait. Il a ajouté que si on faisait quoi que ce soit contre lui, on ïnirait dans une pierre, dit l’homme en tremblant. Diarmaid remercia l’aubergiste en lui donnant des pièces d’or, susamment pour racheter le matériel que le nécromancien avait cassé dans sa lutte. Elle sortit sans attendre et remonta en selle, prenant la direction de la côte vers l’est.
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Elle avançait à vive allure et ralentit en voyant que son cheval ne tiendrait pas la distance. Elle se laissait une fois de plus dépasser par sa fougue. Le chemin de terre serpentait à travers les herbes hautes qui bordaient les falaises de craie. C’était un paysage magniïque. — Où vas-tu ? tonna une voix dans son dos. Diarmaid arrêta son cheval et regarda par-dessus son épaule. Elle sourit et n’était pas étonnée de retrouver Mazoldars et son air contrarié ici. — Retrouver ma sœur, dit-elle. Mazoldars avança à grandes enjambées et se planta devant Diarmaid, les bras croisés. Il n’avait pas l’air du vieil homme dont il empruntait habituellement l’apparence lorsqu’il se rendait à la cour des Aulnes. Il était apparu à Diarmaid sous sa véritable forme, il était jeune, beau et séduisant. Ses yeux ambre couvaient du regard la belle Aulne. — J’en étais sûr… dit-il d’un ton de reproche. Quand j’ai entendu que tu cédais le pouvoir à Ingrid, j’ai su qu’il se passait quelque chose de grave. Laisse-moi t’accompagner. — Tu n’as pas d’obligations divines à remplir ? demanda Diarmaid avec un sourire furtif sur les lèvres. — Faliate m’a donné du temps libre, répondit-il, piqué au vif. Et puis je t’ai promis d’être à tes côtés dans tous les moments diciles de la vie, celui-là risque d’en faire partie. — Je savais à quoi je m’exposais en tombant amoureuse de toi. Les absences, les non-dits, les secrets, les prophéties… je ne m’y suis jamais faite. Je voudrais pouvoir marcher main dans la main avec toi sans avoir peur des regards ou des conséquences. — Les Aulnes savent qu’Etanael était un bon roi, mais ce mariage arrangé ne vous a jamais rendus heureux, il ne t’a jamais aimée. Personne ne t’en veut de ne pas avoir pleuré lors de ses funérailles et si certains se doutent que tu en aimes un autre, personne ne te juge. Je peux lire dans tous leurs esprits. Tu n’as pas à avoir honte. Nous ne faisons rien de mal.
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— La mort d’Etanael n’était pas un accident, il s’est jeté dans le vide… soua Diarmaid les larmes aux yeux. C’est comme si je l’avais poussé. Tous les matins, il se levait et voyait Ingrid, il savait… Mazoldars aida Diarmaid à descendre de cheval et la serra contre lui tendrement. Leur idylle durait depuis presque trois cents ans, mais ils restaient discrets. Mazoldars était le messager de la déesse Faliate et avait l’interdiction formelle de s’éprendre d’une créature terrestre. Il devait uniquement servir la déesse. Pourtant, il était tombé amoureux de Diarmaid à la seconde où il l’avait rencontrée. Elle était la plus merveilleuse créature que Kuliap, le père des dieux, avait engendrée. Rebelle et magniïque, Diarmaid avait un tempérament de feu et détestait la diplomatie. Ses parents avaient espéré que son union avec Etanael l’adoucirait. Ce dernier était un bon roi, bien que passif et rêveur. Il ne prenait jamais de décision et se cachait toujours dans l’ombre de la reine. Son tempérament mélancolique avait pris le dessus au ïl des ans et il n’avait jamais eu de geste tendre envers sa femme. Le roi savait pertinemment qu’Ingrid n’était pas le fruit de son union avec Diarmaid, mais avait paru soulagé lorsqu’il avait vu le ventre de sa femme s’arrondir. Avec le temps, Etanael avait ïni par se murer dans le silence, il fuyait tout contact et un matin sa dépouille avait été retrouvée en bas des cascades de Keaplopis. Bien qu’il eut été inhumé avec faste, les Aulnes se sentaient profondément trahis, car leur roi s’était ôté la vie. Personne ne prononçait son nom, comme s’il était maudit. En sécurité dans ses bras, Diarmaid remplit ses poumons du doux parfum de son compagnon et resserra son étreinte. — Nous devons nous remettre en route, décida Diarmaid après un moment. Merci d’être là. — Tu n’es jamais seule, je serai toujours là pour veiller sur toi. Je te le promets, murmura Mazoldars en déposant un doux baiser sur les lèvres de l’Aulne.
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Diarmaid sourit et embrassa Mazoldars avant de remonter en selle. Le magicien sauta sur la croupe de la jument et il passa ses bras autour de la taille de sa bien-aimée. Il enfouit son visage dans ses cheveux et elle rit. Elle talonna sa monture qui partit au trot, en direction du manoir de Malak.
L’herbe verte et tendre avait peu à peu disparu pour laisser place à des étendues sèches de petits buissons épineux. L’air de la mer était plus frais et bientôt le sentier disparut. Il ït place à un chemin creusé dans la roche le long de la paroi abrupte de la falaise. Diarmaid et Mazoldars descendirent de cheval. L’Aulne lui ôta son mors et sa selle qu’elle posa au sol. — Elle nous retrouvera quand je l’appellerai, nous risquons d’en avoir pour un moment, dit Diarmaid face au regard interrogateur de Mazoldars. — Ou de ne jamais revenir, auquel cas ta jument préférée ïnirait par mourir sous ce soleil de plomb, conclut-il. Diarmaid esquissa un sourire. Son compagnon avait toujours su lire en elle comme dans un livre ouvert. Ils empruntèrent le sentier et aperçurent au loin une étrange maison coiée de corbeaux et d’aigles. Ils s’arrêtèrent dans un virage et se mirent à plat ventre. Le manoir semblait sorti tout droit de l’imagination d’un architecte fou. Les murs de bois noirs ondulés formaient des vagues. Ils semblaient recouverts de goudron. Les fenêtres, petites et rondes, donnaient sur la mer. Le toit ressemblait à la coque d’un navire retourné, colonisé par des pétoncles morts depuis longtemps. Les oiseaux de Malak avaient sali les bardeaux de bois avec leurs ïentes, laissant paraître des coulures blanches et ocre. Les volatiles faisaient d’ailleurs un raut audible à plusieurs centaines de mètres. — Tu crois que nous pouvons entrer sans nous faire repérer ? demanda Diarmaid.
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— Impossible. Les abords de la maison sont dégagés et ces corbeaux signaleront notre présence. Nous devons attendre la nuit, ça nous permettra aussi de savoir si elle est habitée, conclut Mazoldars. Diarmaid hocha la tête. Si quelqu’un y vivait, on allumerait des cierges ou un feu. Elle remercia Faliate en silence de lui avoir permis de rencontrer Mazoldars, grâce à lui elle ne se précipitait pas tête baissée dans un piège. Elle devrait donc prendre son mal en patience, mais après tout, elle aurait pu être en bien plus mauvaise compagnie… Le soleil déclinait et Diarmaid frissonna, le vent était frais. Elle se blottit contre Mazoldars qui passa son bras autour de ses épaules. — Tu sais qu’on pourrait partir, là, tout de suite et faire comme si nous étions de simples mortels, un couple normal, murmura Mazoldars. Je suis prêt à renoncer à tout pour toi. Diarmaid pinça les lèvres et se mordit la langue. Elle avait attendu toute sa vie que Mazoldars lui susurre ces paroles, fuir avec l’homme qu’elle aimait était la seule chose à laquelle elle pensait depuis de nombreuses années. Mais elle ne pouvait pas reculer, plus maintenant que sa sœur était peut-être toute proche. — Quand nous serons sortis indemnes de cette maison et que j’aurai tiré cette histoire au clair, alors nous partirons. Et nous ne rendrons de comptes à personne, conclut Diarmaid. Mazoldars hocha la tête et un large sourire s’étira sur ses lèvres ïnes. Il embrassa Diarmaid et l’attira plus près de lui. La porte du manoir claqua et deux silhouettes se dessinèrent devant le porche. Une femme et un homme s’avancèrent sur la plage, les vagues léchaient les semelles de leurs chaussures. Ils riaient aux éclats et après quelques secondes, ils disparurent. — On est au bon endroit, ils viennent d’utiliser la magie de Vagnar, dit Mazoldars avec un air dégouté. Mais la femme qui accompagnait Malak n’était pas ta sœur.
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