La fille du vent : 1 – Le pic des cieux
132 pages
Français

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La fille du vent : 1 – Le pic des cieux , livre ebook

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Description

Depuis des centaines d'années, la population du pays de Sigean survit dans les tréfonds de la terre.L'ère glaciaire a transformé le monde extérieur en un milieu hostile, mortel. La jeune Kyria ose pourtant s'y aventurer, dès que la cité souterraine de Tisble ouvre ses portes. Un soir, elle manque le couvre-feu et se retrouve piégée dehors. Elle n'a pas peur. Une force mystérieuse la pousse en avant et lui montre la voie. C'est la volonté du vent… Que lui réserve ce monde inconnu et sauvage ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 décembre 2020
Nombre de lectures 3
EAN13 9782365388740
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA FILLE DU VENT
1 – Le pic des cieux
 
Cécile DORÉMUS
 
www.rebelleeditions.com  
Prologue
La jeune femme sentit une bourrasque ébouriffer ses longs cheveux blonds. Il faisait froid ce matin. Ses joues étaient rougies par un vent glacial et ses lèvres avaient pris une teinte bleutée. Elle se retenait tant bien que mal de claquer des dents, malgré l’épaisse cape de laine recouvrant ses épaules. Pourtant, elle souriait. Le genre de sourire radieux qui n’arrivait que lorsqu’on se sentait en totale harmonie avec soi-même. Elle regarda son compagnon marchant à ses côtés… Rayonnant.
Ils étaient partis depuis déjà huit jours, et pas une fois ils n’avaient regretté leur choix. De nombreux dangers les guettaient, ils en avaient bien conscience. Une extrême prudence était de rigueur, pour qu’ils puissent espérer survivre, mais cela ne les empêchait pas d’être heureux. Incroyablement heureux. L’amour qu’ils partageaient leur avait permis de trouver le courage de tout quitter… S’enfuir, afin de dénicher un endroit où l’espoir existait encore. Ils croyaient en une vie meilleure, ailleurs, là où la soif de pouvoir des hommes n’avait pas encore tout détruit.
L’homme se pencha vers elle et effleura ses cheveux d’un tendre baiser. Il sentit les battements de son cœur s’accélérer face au regard lumineux qu’elle lui offrit en retour. Il l’aurait suivie n’importe où, les yeux fermés. Il ne se sentait pleinement heureux que lorsqu’elle se tenait près de lui, son parfum flottant dans l’air.
Une brindille se brisa, tout près, mettant fin à la quiétude qui embaumait le couple. L’homme se retourna immédiatement, sur le qui-vive. Une sombre angoisse lui martelait le cœur. Ils avaient gagné huit jours. Huit jours d’un bonheur sans nuage. Un bonheur désormais derrière eux. Ils les avaient retrouvés, malgré toutes les précautions qu’ils avaient prises.
Il fixa les tréfonds de la forêt, espérant se tromper, de toutes ses forces. C’était inutile, ils étaient là. Il le sentait, du plus profond de son âme. N’écoutant que son instinct, il saisit la jeune femme par les épaules et plongea son regard dans le sien.
— Quoi qu’il arrive, ne te retourne pas… Continue de courir, toujours !
Conscient que la fin approchait, il prit le temps de la caresser du regard, une dernière fois. Puis il attrapa sa main et ils s’élancèrent. Ils coururent dans la forêt, évitant les branches, sautant par-dessus les racines, manquant de tomber de nombreuses fois. Sans jamais s’arrêter. Sans jamais ralentir. Jusqu’au sifflement d’une flèche, filant entre les feuilles, droit vers sa cible. Il lâcha brusquement sa main et elle se retrouva seule. Du coin de l’œil, elle eut le temps d’apercevoir son corps s’effondrer, pour ne pas se relever.
Les larmes brouillant sa vue, elle accéléra son allure, portée par un sentiment plus fort que la peur… Plus fort que la mort. Elle s’arrêta précipitamment devant un tronc d’arbre, pour déposer entre ses racines un étrange petit paquet. Juste le temps d’un regard d’amour intense. D’une larme qui se brise. D’une supplication de calme et de silence. Elle recula et le recouvrit d’une fine couche de feuilles, pour le masquer à la vue. L’action ne dura qu’une fraction de seconde, déjà elle se détourna pour se remettre à courir.
Elle tint bon encore un certain temps. Chaque mètre gagné était une chance de plus. Mais son sort était scellé. Une douleur aiguë la submergea soudain. Une flèche plantée dans le dos, elle tomba à genoux. Suffoquant, elle parvint à lever la tête. Après une dernière prière au ciel, elle poussa son dernier soupir.
Quelques heures plus tard, une fois que les hommes en gris eurent emporté leurs pauvres victimes, après avoir mené une longue recherche infructueuse, le calme revint sur la forêt. Le silence reprit ses droits en ce lieu d’ordinaire si paisible.
*
L’homme descendit de l’arbre où il s’était perché, pour observer le couple d’Imos qu’il avait repéré dans la matinée. Des oiseaux au plumage d’un violet très doux, avec un bec court et pointu, couleur noir de jais, dont le chant était réputé pour apaiser les âmes en peine.
Il s’approcha fébrilement de l’endroit où la jeune femme avait pris le temps de déposer son précieux paquet. Précieux également pour les hommes en gris, qui l’avaient longuement cherché avant de renoncer. Il le saisit doucement et découvrit avec stupeur un bébé, emmitouflé dans un long châle beige, qui le fixait de ses grands yeux gris.
- 1 -
Il l’aperçut enfin et secoua la tête : elle était allongée, tranquillement, dans un champ de colza. Une multitude de fleurs d’un jaune très vif partout autour d’elle, caressant son visage au rythme du vent. Paniqué, il s’élança vers elle. Le temps pressait.
— Kyria ! Mais qu’est-ce que tu fabriques ? Réveille-toi, enfin !
Péniblement, Kyria ouvrit les yeux. La grosse voix de Mikel avait rugi à ses oreilles, la tirant d’un sommeil paisible. Elle s’était endormie, une fois encore, bercée par le vent. Elle s’étira, sans comprendre pourquoi son ami s’affolait ainsi. Jusqu’à ce qu’un mouvement désagréable à son poignet finisse par la sortir totalement de sa léthargie : sa pierre vibrait. Elle se redressa d’un coup, sachant pertinemment ce que cela voulait dire : le couvre-feu approchait. Il était au moins 15 heures 45, peut-être même plus, car les vibrations étaient vraiment intenses. Or, les portes fermaient à 16 heures pile et, s’ils ne se présentaient pas, ils seraient enfermés dehors, destinés à mourir.
— Allez, dépêche-toi ! Il faut courir !
Kyria sauta sur ses pieds et suivit Mikel, au pas de course.
— Quelle heure est-il ?
— Quand je suis parti à ta recherche, la pierre vibrait déjà. Et j’ai mis du temps à te trouver…
Ils échangèrent un regard angoissé.
— Mais qu’est-ce que tu fais là, Mikel ? Tu aurais dû rentrer, te mettre au chaud !
— Tu oublies que je te connais par cœur. Tu me fais le coup à chaque fois, tu profites de chaque heure autorisée pour sortir dès que les portes s’ouvrent et tu attends le dernier moment pour rentrer. Je te guettais et, comme tu ne t’es pas présentée, je suis parti à ta recherche.
Touchée par tant d’égards de la part de son ami, Kyria lui sourit avec reconnaissance. Mikel se contenta de hausser les épaules, prouvant ainsi que son geste avait été naturel. Il n’attendait pas de remerciement de sa part. Si c’était à refaire, il le referait, peut-être en partant légèrement plus tôt. Ils se concentrèrent sur leur course, conscients des enjeux. Mikel était un soldat, maniant la vitesse et l’endurance. Il s’était mis au rythme de Kyria qui, si elle n’était pas une sportive accomplie, se défendait plutôt bien. Très vite, ils arrivèrent aux abords de leur cité. Devant eux, se dressait une sorte de puits en pierre. De la margelle descendait un escalier en colimaçon interminable, qui s’enfonçait dans les entrailles de la terre et menait au cœur de Tisble.
Seulement, il était trop tard…
*
Les deux amis restèrent un moment devant le puits, fixant la lourde pierre qui interdisait son accès. Ils se regardèrent enfin, apeurés et démunis, face aux terreurs de la nuit qui les attendaient.
— Je suis vraiment désolée, souffla Kyria, honteuse d’avoir mis son ami dans cette situation.
— Arrête, tu n’as pas à t’excuser. Je suis ici de mon plein gré, c’est ma décision.
Malgré son angoisse, la voix de Mikel s’était faite douce et assurée. Il ne voulait pas que son amie se sente coupable. Elle ne lui avait jamais demandé de veiller sur elle. C’était sa responsabilité.
— Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? demanda-t-elle d’une petite voix.
Mikel était résigné. Toute sa vie, on lui avait rabâché qu’il était mortel de passer une nuit dehors. Il ne se faisait strictement aucune illusion et eut un petit sourire triste.
— C’est terminé, Kyria, il n’y a plus d’issue.
Elle resta silencieuse quelques instants, une vague de désespoir s’abattant sur elle. Elle n’avait que seize ans et elle allait mourir. Qui allait prendre soin de Faustine si elle disparaissait

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