La Loi de Milgram
94 pages
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La Loi de Milgram , livre ebook

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Description

Le monde a toujours été une éternelle source de questionnement pour Yahvé. Le laboratoire... La graine qui ensemencera l'Univers. La vie partira d'ICI. Pourquoi ce titre, "La loi de Milgram"? Pourquoi tant de bêtise en ce bas monde... Lorsque la dernière rivière aura été polluée, Lorsque la dernière fleur aura été foulée Lorsque la dernière résistante aura été exécutée... Alors vous saurez ce qu'il en a coûté à Dieu, ô Hommes, que de vous donner la vie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 avril 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342022544
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Loi de Milgram
Damien Lannes
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
La Loi de Milgram
 
 
 
À Silke Benkowski
 
 
 
 
 
 
 
"Vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance".
* * *
Le soleil, comme un démiurge de plomb, précipite ses ors via la lucarne du taudis dans lequel Bip vivote, la réveille sans attention particulière. Comme à son habitude elle urge, elle jette sa couvrante sans laisser à son corps svelte et aryen le temps de se réchauffer : c’est un luxe, déjà, de ne pas vivre dans un des dortoirs populaires.
Bip a quinze ans, et c’est une tête. Le crâne rasé, les yeux bleus, trop grande pour son âge, si on lui laissait avoir des cheveux elle se trouverait belle. Seuls les aristos, affranchis de la dette individuelle, ont droit au bonheur : par exemple, rester au lit, bien au chaud, aussi longtemps qu’on veut, ou avoir des cheveux. Ne serait-ce que des cheveux roux, un chignon, n’allons pas jusqu’au maquillage.
Nous sommes coupables. Nous ne naissons pas libres, nous sommes coupables dès les premiers instants, et pour s’affranchir de cette culpabilité innée, il n’y a que le travail, donc l’argent, et la plupart d’entre les albinos ne parviennent à pas réunir les quinze milles golds du Permis.
Bip le sait bien, et tous les albinos qui peuplent ce monde savent, admettent cette culpabilité, évidente, tellement évidente, établie depuis des siècles. Leurs ancêtres étaient génétiquement semblables aux albinos, et ils avaient une technologie plus élaborée ; c’était l’âge d’or, mais les scientifiques, puis les philosophes, et même les computeurs, ont démontré avec des chiffres et des observations qui dépassent de très loin le postulat spirituel : nous, humains, sommes les pires créatures de l’univers. Le vice, le crime, l’ignominie sont génétiquement inscrits en nous. Il n’y a que la punition, pour ce que nous avons fait, et que nous ferions encore si les temps n’avaient pas changé, aux êtres moins évolués, aux innocents de la création : les chats, les poules et les orties. Ou les souris, dont quelques rats perpétuent encore le souvenir gracieux.
Il existe des droïdes-chats qui, stimulés de la même façon, ronronnent selon des algorithmes aléatoires. Ces jouets coûtent très cher, les aristos eux-mêmes s’en payent rarement. Il existe des droïdes-chats parce qu’un mouvement religieux polythéiste a mené une guerre sans merci contre ce félin, 3000 ans plus tôt et de vrais chats, il n’y a plus.
 
« Il n’y a pas de raison que ce soit un Enfer pour autant »
Bip commence souvent les journées ensoleillées avec cette pensée, pas vraiment interdite d’ailleurs, mais absurde, puisque l’Enfer n’est qu’un mythe comme un autre mort bien avant l’âge d’or, lui-même derrière elle.
Elle pourrait allumer le radiateur, mais ce serait dépenser un gold, et son pécule vers la liberté n’est que de deux cent vingt-huit golds. Par contre il reste la Défonce : c’est un ami à Bip, un grand de sa classe d’hébreu, qui lui a offert ce produit excellent – à en juger par ce qu’elle a déjà pris dans le passé : des choses organiques hors de prix et très addictives.
Si ce stupéfiant expérimental était mis sur le marché, il coûterait sans doute encore plus cher que l’héroïne. Le gars savait comment le fabriquer, mais il a été arrêté en plein exercice de sa liberté d’expression, scandant successivement les trois mots "aristos, ciboulot-robot" devant l’un des palais collectif du pouvoir en place. Exécuté sous ses yeux, c’était quand déjà…
 
Bref, la Défonce.
Un texte banal, souvent une publicité pour des bananes, apparaît à l’écran du vieux computeur qu’elle a acquis en sa qualité d’étudiante assermentée : en tapant ce texte, le clavier truqué lui communique par induction des ondes de sensations orgasmiques qui n’ont rien à voir avec ces tâches de couleurs flottant dans l’air, sur les murs, l’écran qui se multiplient à mesure qu’elle recopie, encore et encore, cette stupide annonce pour des bananes au kilo ; ni les parfums nocifs et capiteux flattant ses narines, ou encore les sons aigus et saturés qui lui vrillent le cerveau. Ces symptômes en eux-mêmes sont délicieux, mais la Défonce est inexplicable : ce n’est pas sensoriel.
Au bout d’un bon quart d’heure, Bip tape la séquence d’annulation du stimulus informatique : sinon elle passerait sa vie sur le clavier truqué. L’addiction s’évapore d’elle-même. Sans s’en douter Bip a dépensé deux golds d’électricité ; mais c’est une journée ensoleillée.
* * *
RAPPORT D’IMPORTANCE E, secteur universitaire de la Plume de souille, cellule D-45, Athènes.
Sujet : Mlle BIP 55 462.
Intensité vibratoire alpha à 8h 05. Mouvement : 8h 05.
L’intensité vibratoire passe au gamma de 8h 07 à 8h 21. Indice très élevé.
Bruits : néant.
Ouverture de la porte à 8h 22. Fermeture validée.
Dépense énergétique : 2,3 golds.
 
Notable : fort indice gamma, intensité et durée supérieure à la norme.
Élévation constatée depuis 28 jours, néant auparavant.
Supposition tenable : tempérament et âge du sujet.
Pas de surveillance à programmer.
* * *
Bip lève le poing droit devant le scanner du sas, et ne peut s’empêcher d’ériger le médium, comme pas mal d’autres étudiants un peu rebelles. Le bras d’honneur a traversé avec succès les siècles. L’opercule électronique valide son droit d’entrée à la salle à manger collective. Reug est là ; Clodo aussi (un vaniteux qui n’a de sentiment que pour lui-même, c’est elle qui lui a trouvé ce surnom et curieusement, ça n’a pas semblé le perturber outre mesure), il y a même Chauve-qui-pleut, un des seuls qui soit capable de tenir une conversation avec elle. Eux aussi sont chauves ; les albinos de ce monde sans âme ne peuvent arborer l’attribut chevelu qu’après s’être affranchi du Permis. Quelques rares filles, mais Bip les hait d’une haine sexuée, elle s’entend souvent dire "T’es pas la seule fille au monde, teigneuse" mais personne n’est sûr de rien par les temps qui courent.
La plupart des femmes ne visent pas les hautes études qui ouvrent les portes de la fonction publique, mieux payées, certes, mais au bout de dures années durant lesquelles tout rapport amoureux est strictement prohibé, sous peine de mort pour "déni flagrant de la culpabilité individuelle". La masturbation est le seul loisir accessible à cette armée de fonctionnaires potentiels. Le genre féminin se consacre surtout aux travaux ouvriers, à des postes de caissières dans les grandes surfaces, à faire le ménage chez les aristos, et à la prostitution. Des femmes-objets, il y en a pas mal ; et des hommes-objets aussi. La télévision, les mass-médias, la publicité, la compétition libérale, toutes ces choses sont d’un autre temps et du capitalisme, nous n’avons gardé que le pire : le fric et l’élitisme.
Bip n’a que quinze ans, elle est plate, et sans cheveux, de toute façon, et aucun de ces garçons ne s’est sérieusement intéressé à elle. Certaines lesbiennes ont tenté de la convertir, mais Bip ne veut pas, d’abord parce que le sexe ici, c’est la grande mort, pas la petite, ensuite, parce qu’elle est hétéro, et surtout, parce qu’elles sont désespérément chiantes et au moins aussi agressives qu’elle.
Il reste une place de choix à côté de Reug.
— On a pas hébreu aujourd’hui. T’aurais dû venir à l’heure, t’as manqué un scoop.
— Bonjour. Un scoop ?
— Oui, un scoop énoooooooorme. La plus belle nouvelle annoncée à notre peuple dégénéré depuis la circoncision du dernier empereur romain. ça va changer ma vie.
— Accouche.
— Je ne peux pas accoucher, je suis un homme.
En sortant ça Reug à l’air on ne peut plus sérieux. Pourtant ça saute aux yeux qu’il est de sexe masculin.
— L’héroïne.
— Oui ?
— Le prix du meuj passe de 20 à 15 golds pendant deux mois.
— Et c’est CA qui va changer ta vie ?
Il hésite un instant. Déconcerté, il retourne à son bol de café, penaud. Baissant les yeux.
— Oui. C’est ça qui va changer ma vie. Écoute, je ne serai jamais fonctionnaire. J’ai déjà redoublé cette année. C’est fini.
Bip sait très bien ce que signifie ce « c’est fini ». Les études, passé l’examen général qui recale la plupart des candidats, sont gratuites ; une bourse est même "généreusement" allouée par le Gouvernement, à titre individuel, et il n’est pas rare qu’un aristo soutienne à titre privé certains étudiants de son choix. Seulement…
Seulement en cas d’échec scolaire, il faut rembourser l’argent prêté pendant les études. Sinon c’est l’exécution. Et Reug ne sait rien faire de ses mains ; Reug n’est pas du genre à travailler ; Reug va tout dépenser dans l’héroïne bradée ; Reug va être passé aux armes. Au revoir, Reug.
— Au revoir, Reug. Je ne dirais rien à personne.
— Il n’y a pas de cours d’hébreu aujourd’hui.
— Pourquoi ?
— Grand discours d’un aristo local, le Capitaine Cham. Cheveux mi-longs, déjà, et il n’a que vingt-sept ans !
— C’est peut-être une perruque.
— C’est peut-être un discours. Mais à mon avis, il va juste nous engueuler pendant deux heures et se rengorger parce qu’il est pété de fric. Et si jamais ça pouvait changer…
— TT, tt, tt. Tu m’as déjà sorti cette phrase cent fois. Rien ne changera, et si tu es coupable, tu l’es au moins autant que moi, seulement toi tu as baissé les bras. (chuchotant) le reste, tes idées hérétiques de révolution, je veux bien en entendre parler, mais pas avec des loosers dans ton genre. Braed’siéné. narhav, narhav nath, ader gorillem no rémanasaï. Il n’y a ni Dieu, ni rédemption, il n’y a que le fric, et donc du travail et des sacrific

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