La Mue imaginale
522 pages
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La Mue imaginale , livre ebook

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Description

Cela fait quelques milliers d'années que la nature a repris le pouvoir et que la Terre lui appartient. Quelques hommes sortent enfin de leur cocon protecteur et, parmi eux, un certain Drick, petit pion sur l'échiquier truqué. Confronté à un univers hostile et dystopique, face aux intrigues et manipulations, à la dictature des sentiments et à la connerie humaine, notre protagoniste va devoir surmonter ses handicaps pour découvrir sa propre nature, ses racines. Et ce ne sera pas Edile, son ex, qui va lui faciliter la tâche... Il en apprendra plus en quelques semaines qu'en de trop longues années d'isolement. Ce sera sa mue imaginale. Et puis une chose est sûre: l'Homme n'aura que ce qu'il mérite !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 septembre 2014
Nombre de lectures 2
EAN13 9782332775979
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-77595-5

© Edilivre, 2014
Alarme
Ce n’était pas la première fois que je me retrouvais seul, déprimé face à mon écran, et en ce jour où tout allait de travers, j’eus le pressentiment que les emmerdes allaient s’accumuler. Prêt à l’endurer, j’espérai secrètement que ces incidents n’engendreraient qu’une douleur passagère.
J’ai toujours préféré un gros malheur à une kyrielle de petits tracas journaliers. Je suis un chanceux et ne me suis donc pas habitué – comme Edile par exemple – à vivre chaque jour son lot de contrariétés qui auraient fini par ruiner mon moral au caractère résolument optimiste.
Certes, j’ai mes tuiles perso, mais je m’en suis jusqu’à présent toujours bien accommodé d’autant qu’elles me paraissent bien insignifiantes au vu des nombreux poissards que je croise régulièrement.
La vie est injuste, et dans ce contexte je me considère comme un bienheureux. D’où cette peur qui grandit alors en moi tandis que je sentais monter une pression incontrôlable. Je pris un anxiolytique pour calmer le jeu.
Il était toutefois trop tard pour que j’influe positivement sur une situation que j’avais laissée, un peu volontairement il faut l’avouer, pourrir par manque d’enthousiasme et beaucoup de désillusions.
Elles m’échappaient. La situation, mon amour.
Je ne sais laquelle des deux provoquait en moi la plus grande paralysie. Je crois que le fait de ne plus maîtriser le contexte l’emportait toutefois sur un constat à l’amiable dont les dégâts étaient toujours présents au terme de trois ans de conflits intimes aussi ridicules qu’inutiles.
J’en étais au point de refuser toute discussion, les qualifiant d’ailleurs de disputions tant elles débouchaient sempiternellement sur les mêmes conclusions stériles, et j’endossai donc sans scrupules le rôle du lâche.
En fait, je restai pétrifié à l’idée de perdre la main. Ma vue se troublait et je distinguai difficilement les merveilleux instants de bonheur vécus en compagnie d’Edile, celle qui à présent devenait la seule entrave à mon petit bonheur égoïste. Il subsistait quand même en moi encore une once de révolte, mais à peine évoquée elle s’évanouissait au vu des complications qu’engendrerait une telle réaction. J’étais découragé à l’avance d’avoir à affronter la TLP-69/007@69/390 qui devait me ramener chez moi en tant qu’abonné privilégié, et dont je n’avais pourtant jamais été friand.
Chaque téléportation me torturait littéralement. Tripes et boyaux s’en retournaient à l’avance, une migraine ophtalmique à la limite du soutenable me tançait pendant de trop longues minutes une fois sur place, et l’impression de mourir pendant la TLP – bien que l’on soit paraît-il inconscient – ne me quittait jamais.
J’en étais là de ces réflexions quand je l’aperçus au travers de la vitre, passant dans le couloir qui longeait mon bureau. À la cadence de ses pas, et d’après l’appui ferme sur les talons, je la sentis militairement prête à affronter un combat fatal. Je cessai mes activités d’espionnage culturel et levai la tête dans l’attente d’un regard, fût-il fugace. Elle allait passer sans m’accorder le moindre intérêt quand au dernier moment elle marqua une courte pause comme pour chercher des clefs qui ne serviraient à rien puisque la porte de son bureau était ouverte, fit la moue et porta sur moi ses yeux noisette pour me transmettre tout ce que pouvait contenir le concept du « Je t’aime, mais je n’y arrive plus ; tu ne peux pas comprendre ».
Je n’eus aucune réaction et n’eus pas longtemps à soutenir son regard puisqu’elle ouvrit la porte de son bureau qu’elle referma sans bruit, comme un doux adieu.
Je pense qu’elle y resta cloîtrée jusqu’à l’heure du déjeuner, et dut partir sur la pointe des pieds cette fois-ci, car alors que je m’apprêtai à frapper à la porte de son bureau pour lui proposer de déjeuner ensemble, la voix de son assistante, Layranne, une grande brune extérieurement baraquée comme un mec et intérieurement aussi fragile qu’une enfant, me surprit dans le couloir.
– Bonjour Drick, vous cherchez Edile ?
– Heu… Oui. Elle n’est pas là ?
– Non, elle est partie en fin de matinée. Une urgence. Et elle n’a pas dit quand elle reviendrait.
– Merci Layranne… lui répondis-je, frustré et un peu déçu.
– Vous mangez en face, au Straplum ?
– Bof…
– Alors, à tout à l’heure Drick.
Je faillis lui répondre « peut-être », mais j’avais assez d’emmerdes pour l’instant. Inutile d’en risquer d’autres, bien plus graves, avec la Haute Autorité des Enquêtes Culturelles.
Ma journée était pourrie à présent. Je n’aurai pas faim. J’irai au comptoir vider quelques bières d’algue, j’écouterai d’une oreille distraite tous les mensonges, philosophies de comptoir et crétineries du jour, mon esprit ne suivra aucune conversation ou bien les suivra toutes à la fois. Je serai un piètre compagnon, absent, désimpliqué.
Je le sentais à présent. Entre Edile et moi, c’était la fin.
Il ne nous restait plus qu’à trouver une porte de sortie honorable, et ce n’était certainement pas une TLP qui nous aiderait.
Edile ne reparut pas de l’après-midi. Personne ne s’en inquiéta, et fait plus surprenant, pas même la HAEC.
Je travaillai mécaniquement, l’esprit en errance, et ma rentabilité devait bien friser le zéro absolu. J’étais doublement angoissé à l’idée d’atteindre cette fin de journée, heure fatidique d’une pénible téléportation vers une destination autrefois tant désirée.
Fin de journée. Tous les ordinateurs de l’agence s’éteignirent automatiquement pour transférer leur contenu à l’Intelligence Centrale de la HAEC. Les lumières étant également programmées pour s’éteindre précisément vingt minutes après la sauvegarde, nous n’avions plus rien à faire dans le bâtiment. Toute heure supplémentaire était d’ailleurs sévèrement réprimée et les rares audacieux qui s’y étaient risqués – en l’occurrence pour une innocente partie de jambes en l’air – avaient reçu le soir même leur mail de licenciement.
C’est avec un moral de plomb que je me dirigeai vers le sas de téléportation. J’allai activer la borne TLP lorsque soudain retentit l’hallucinante alerte sonore !
En douze ans de service, je ne l’avais jamais entendue, et pour le coup ce fut le choc. Je ne crois pas être le seul dans ce cas, au vu des regards ahuris qui m’entouraient. Ce n’était pas une sirène assourdissante. Je dirais même qu’on ne l’entendait presque pas ; juste un sifflement. Mais elle nous crevait intérieurement les tympans, nous rendant quasi immobiles, figés sur place comme électrochoqués !
Le son de l’alarme se mit à faiblir jusqu’à devenir acouphène, et l’on entendit un message diffusé par d’invisibles haut-parleurs : « Edile est priée de rejoindre immédiatement son tube TLP. Fermeture de l’agence dans trente secondes ».
Le temps que je m’interroge sur la situation, l’alarme cessa aussi soudainement qu’elle survint. Nous retrouvâmes nos esprits et notre mobilité, et nous nous acheminâmes comme des zombies vers nos bornes respectives. À cet instant, je ne devais pas être le seul à m’inquiéter pour Edile, mais certainement pas pour les mêmes raisons.
Je n’ignorai pas qu’elle n’avait jamais vraiment souscrit au concept de l’HAEC et de ses méthodes parfois border line , aussi ne fus-je pas troublé par un éventuel licenciement. Ce qui fit germer en moi une boule au niveau du plexus solaire relevait tout simplement de la jalousie. Avais-je bien lu dans ses yeux, ou m’étais-je trompé et lui était-il alors arrivé un quelconque et fâcheux contretemps ?
Mon tube TLP se referma sur ces questions, et afin d’apaiser mes angoisses, je décidai de faire le vide dans ma tête, m’en remettant à la technologie.
La lumière se fit, un doux frisson parcourut mon échine, et je commençai à perdre peu à peu mon enveloppe charnelle.
J’étais parti pour un nouveau mal de tête carabiné, et tandis que je songeais déjà à cette soirée difficile qui s’annonçait en compagnie d’Edile que j’espérais toutefois rentrée à l’appartement, je perdis connaissance.
Contact
Lorsque j’ouvris les yeux dans mon sas récepteur, je sentis immédiatement que quelque chose ne tournait pas rond. J’avais deviné qu’Edile n’était pas là, mais c’était autre chose qui me préoccupait.
Un étrange sentiment d’inconfort.
Le halo TLP s’était évaporé sur une odeur que je ne reconnaissais pas. Une fragrance que j’aurais volontiers qualifiée de douce et agressive en même temps. Je fis un pas dans l’entrée, et inquiet je me retournai afin de vérifier que le code d’activation de la TLP qu’on verrouillait parfois par sécurité, n’était pas enclenché au cas où Edile, si elle n’était pas déjà là, pourrait rentrer.
Toutes les lampes s’étaient automatiquement allumées, mais je n’étais pas dans l’ambiance feutrée que nous avions réussi à créer au sein de notre nid douillet. L’écran hologramme diffusait un programme de sport cérébral. Deux équipes se livraient sans grande conviction un anémique combat de questions réponses, et le team « moins de 25 ans », bien que plus dynamique, était en fâcheuse posture face à un team « plus de 40 ans » qui compensait ses faibles réflexes par son expérience.
L’écran hologramme se mettait toujours automatiquement en marche sur la dernière chaîne présélectionnée, et je ne comprenais pas la présence de cette chaîne ludique, moi qui zappais dès que j’apercevais une bande de crétins s’évertuer à nous distraire pour nous rassembler autour d’un jeu. Si ma mémoire ne me faisait pas défaut, la veille je m’étais couché tard – Edile, épuisée, était déjà tapie sous la couette – et j’avais regardé un documentaire sur les tous derniers progrès technologiques de la TLP. Bien que cette dernière soit encore très p

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