La planète aux deux visages
78 pages
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La planète aux deux visages , livre ebook

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Description

Gaétan aura bientôt douze ans ! Douze années passées à vivre prisonnier, en compagnie de ses parents et de dix autres adultes, dans un assemblage de minuscules pièces lancé au milieu du vide spatial. Pas vraiment le pied pour un jeune chien fou qui ne tient pas en place. Mais le jour approche où il pourra enfin poser ce pied sur un véritable sol : la planète Sylvie. Couverte par une mer végétale sur une face et un néant glacé sur l’autre, cette dernière est enfin à portée de leur navette. Un beau terrain de jeux dont il leur reste cependant à découvrir les secrets.
L’exploration commence et très vite les surprises bonnes et mauvaises s’accumulent, jusqu’à ce jour, maudit et pourtant merveilleux, du vol des vers écarlates. Une apothéose de vie et de mort qui porte en elle une menace sournoise. Bientôt Gaétan se retrouve seul, seul capable de sauver ses parents, ses amis, et l’avenir d’une humanité sur ce coin de l’Univers. Aura-t-il le courage et la force de réussir là où tous les adultes ont échoué ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 février 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312132242
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La planète aux deux visages
Dominique Barraud
La planète aux deux visages
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2023
ISBN : 978-2-312-13224-2
Sylvie
Sylvie serait une nouvelle Terre, un nouveau monde, vierge encore, à défricher et à coloniser. C’était ainsi qu’ils l’avaient rêvée ; c’est ainsi qu’elle leur apparut.
La planète fixait toujours son étoile d’un même regard : le néant glacé sur une face, la vie sur l’autre. Une vie exubérante, végétale, qui avait gagné les montagnes et les océans, résisté aux violentes tempêtes des marges, et que seuls l’obscurité et le froid avaient arrêtée.
P REMIÈRE PARTIE : Le vaisseau
Gaétan et compagnie
– Plus que sept jours ! Tu te rends compte Gaétan ?
Maman voulait rire ou quoi ? Ça faisait presque douze ans que j’attendais, jour après jour, l’occasion d ’ aller me dégourdir les jambes autre part que dans le vide.
Douze années passées dans ce réduit.
Bien sûr, il y avait la salle virtuelle où l’on pouvait gambader et suer sur le Kilimandjaro, où l’on pouvait sans danger escalader la Tour Eiffel, voire même faire de la luge sur les coupoles de la basilique Saint-Pierre du Vatican. Mais toutes ces sensations remarquablement reconstituées n’arrivaient pas à chasser l’idée que tout était bidon, que si je glissais du haut du Pont du Gard, j’atterrirais comme une fleur quarante-huit mètres plus bas. Les frissons eux-mêmes étaient factices.
Non ! Rien ne remplaçait le concret, le vraiment palpable. Du moins, me l’imaginai-je.
Il n’y avait guère que lors des sorties dans l’espace que je ressentais cette sensation, ce picotement du danger. Mais l’espace, même magnifique, au bout de neuf ans on s’en lasse.
Ces sept derniers jours, j’allais les déguster. Et d’ailleurs, je comptais bien en faire profiter tout le monde.
Tout le monde, c’est-à-dire les dix personnes qui composaient l’équipage du Pourquoi-Pas ? Cinq couples scientifiquement profilés et assemblés.
Faut dire ! Imaginez la situation ! C’était comme si vous étiez coincé pendant vingt et un ans avec votre douce moitié dans un camping-car.
Moi, j’étais la onzième roue du carrosse. Né à bord du vaisseau. Une expérience psychologique et physiologique. À vrai dire le risque était assez limité pour la mère.
Je faisais partie des dix mille embryons congelés qui attendaient une occasion pour se développer et naître. On m’avait juste mis dans une cuve au lieu du ventre de ma mère. Vous pourriez penser qu’avec un tel traitement j’ai manqué d’humanité. Eh bien, pas du tout !
Au début, c’est vrai, les premiers enfants qui étaient nés comme ça étaient un peu bizarroïdes. Mais les médecins avaient alors réfléchi et trouvé la parade.
Ainsi , pendant neuf mois, ma mère, Bernadette , avait porté sur son ventre de minuscules capteurs qui reproduisaient tous les mouvements et tous les sons que j’aurais dû normalement percevoir.
C’est d’ailleurs pour ça que j’étais sensé avoir l’oreille musicale : une heure par jour de flûte traversière , ça ne s’oublie pas. Enfin . À priori. Mais il fallait croire que les capteurs n’étaient pas très mélomanes.
Mon père, lui, s’appelait François. C’était un Français. Il venait d’une petite peuplade bravache de la Terre, juste au sud du pays d’origine de ma mère : la Belgique.
À bord, tout l’équipage parlait trois ou quatre langues, mais il y en avait deux qui dominaient : le français et l’anglais.
Dans le camp francophone on trouvait N’Koto et Mariana : un Camerounais et une Roumaine. Lui bidouillait les systèmes de survie, et elle cultivait ses petits jardins secrets. Mariana, comment dire… Tout était doux et rond chez elle, même sa démarche et sa façon de susurrer les mots en roulants les r. C’était fondant. J’adorais.
Quand elle était là, tout devenait un peu étrange. Je flottais sans être en apesanteur. Je trébuchais sur des obstacles invisibles. Je me cognais à des portes ou des tables qui s’étaient discrètement rapprochées de moi. Je versais dans des verres qui se déplaçaient sans cesse. Mais le plus gênant c’était ma langue qui se mettait à raconter des choses sans queue ni tête. C’était comme si un automate idiot s’était emparé de mon corps et de mon esprit.
Mais poursuivons et abordons l’autre camp dans lequel on parlait plus ou moins anglais.
D’abord Jil et Mark , les athlètes, américain et allemand. C’étaient nos pilotes, mais ils possédaient aussi, chacun, un doctorat de sciences : médecine pour Jil , physique des matériaux pour Mark . Monsieur et madame muscle pourvus en sus d’un QI d’éléphant.
Ensuite, il y avait Margareth et Vassili. Tout deux roux, malingres, et moustachus.
Peut-être par affinité, les bactéries et autres cochonneries microscopiques constituaient le passe-temps favori de l’Anglaise. Son mari, un Russe, se défoulait, quant à lui, sur les élevages du bord. Je le soupçonnais d’ainsi assouvir une secrète vengeance contre la mère nature qui l’avait si mal doté.
Enfin, il y avait le vent du Nord : Sïgurd le Norvégien et Helga la Suédoise. Il était aussi petit et carré, qu’elle était grande et fine.
Notre Norvégien était, outre un bon marin, le spécialiste des torches à plasma qui poussaient notre vaisseau. Pour lui, d’ailleurs, notre navigation n’était pas très différente de celle d’un drakkar perdu dans l’Atlantique-Nord.
Helga, c’était notre antenne. Une belle antenne toujours branchée sur les sondes, qui avant nous, avaient ouvert la route.
Pour ce qui était de la Terre, j’aurais eu trois fois ma majorité avant qu’un message lui parvienne et autant avant que la réponse ne nous rejoigne.
Et voilà ! C’était là toute ma famille depuis bientôt douze ans.
Imprévu
La vie dans l’espace est assez monotone, trop monotone. Je m’étais spécialisé dans l’animation à bord. Ma dernière prouesse m’avait valu trois semaines d’interdiction de jeux vidéos mais ça valait bien ça.
J’avais emprunté toutes les grenouilles de Vassili et je les avais glissées dans la douche commune. Les pauvres bêtes. Elles avaient dû avoir un sacré choc.
Je repensai avec joie au cri et au spectacle de Margareth traversant le vaisseau en tenue d’Ève . Cerise sur le gâteau, Vassili l’avait ensuite enguirlandée parce qu’elle avait piétiné l’une de ses protégées.
Sacré Margareth ! J’en riais encore. Il faut dire pour ma décharge, qu’elle m’avait toujours pris de haut et ne se gênait jamais pour me faire des remarques ou me donner des ordres.
Ce coup-là avait été superbe, mais je préparais mieux, et toujours pour Margareth. Désormais c’était la guerre entre elle et moi.
Ce qui servait le plus mes plans, c’était que chacun à bord avait sa vie réglée comme du papier à musique. Désespérant mais tellement pratique.
J’avais repéré un créneau peinard : un moment où je ne croiserais personne, ni dans les couloirs ni dans la salle virtuelle.
Donc, après un coup d’œil au circuit vidéo général, je m’engageai dans la coursive et…
Flûte ! La porte d’à côté s’ouvrit. Vassili en plus ! Il eut l’air aussi stupéfait que moi. Il me regarda comme si j’étais un alien surgit du néant. Puis il prit un air faussement détaché, et… retourna dans son labo.
Là je ne comprenais plus !
Petit un : Vassili ne m’aimait guère. Il aurait dû me renvoyer illico dans mes foyers en critiquant un écart nuisible à ma santé.
Petit deux : il n’était pas sorti prendre l’air. L’air est le même partout dans un vaisseau. D’ailleurs, pour nous, prendre l’air ça signifiait aller là où il n’y en avait pas du tout, c’est-à-dire dans l’espace.
Petit trois : il avait eu l’air aussi ennuyé que moi d’être surpris en dehors de ses marques. Tout ça demandait réflexion.
Et reflûte ! Ça faisait cinq minutes que je cogitais comme un abruti devant les caméras. Je fis volte-face illico. J’avais besoin de réfléchir en toute discrétion.
Une fois chez moi, je rallumai mon ordi et appelai Thérésa. L’hologramme se matérialisa. Une mignonne eurasienne aux pommettes fines apparut. Un vrai petit bijou au sourire narquois que j’avais concocté moi-même.
– Tu désires mon lapin ?
Elle était toujours irrévérencieuse. C’était tellement plus sympa que la politesse mécanique des grands. Je lui relatai ma rencontre inopinée.
– Ah !
– Je ne te le fais pas dire. Qu’est-ce que tu en penses ?
– Que l’Univers s’effondre. Mes circuits eux-mêmes en battent la breloque.
– Hypothèses ? insistai-je.
– Comme ça ! À froid !
Par principe, elle refusait toujours de répondre immédiatement à mes questions.
– Hypothèses ? criai-je presque.
Thérésa faillit me tourner le dos. Nom d’un Big Bang ! Je n’avais jamais réussi à lui faire saisir la différence entre une colère simulée et une vraie.
– Je m’excuse Thérésa, bredouillai-je irrité.
– Je préfère… se détendit-elle finalement. Alors. Hypothèses, disions-nous ! Monsieur Vassili souffre d’un encombrement passager de la vessie ! Monsieur Vassili nous cache quelque chose !
– C’est bien la peine d’avoir un ordinateur pour entendre ça, râlai-je.
Cette fois-ci Thérésa me tourna définitivement le dos.
Je réfléchis. J’étais tellement accoutumé à cet univers mesurable, prévisible, quantifiable, que ce simple incident m ’ alarmait.
– Mh… Les derniers enregistrements du circuit général que j’ai étudiés remontent à quand ?
Aucune réponse. Je pris ma voix la plus douce.
– Thérésa s’il te plaît ?
– Trente -six cycles ! répondit-elle abruptement.
– Trente-six cycles ! Déjà !
Alors, peut-être que des détails nouveaux m’avaient échappé.
– Aurais-tu l’obligeance d’analyser dans les derniers cycles tous les va-et-vient inhabituels ?
– Il n’y en a pas, répondit-elle aussitôt.
Elle fit une moue de dégoût.
– Tu me fais perdre mon temps, conclut-elle.
– Et la dernière sortie de Vassili ? rétorquai-je.
– Je ne l’ai pas.
– Quoi ! hurlai-je.
Là, ça ne collait plus du tout !
– Tu plaisantes ?
– Non ! Je n’ai rien, répondit-elle d’une voix plaintive.
Quelqu’un avait bidouillé le circuit général. Non ! Impossible ! Il ne pouvait être modifié sans l’accord de tous. Enfin…

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