La société de minuit, t2 - Un vent de larmes et de brasier
130 pages
Français

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La société de minuit, t2 - Un vent de larmes et de brasier , livre ebook

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Description

Des apparitions sinistres et inquiétantes. Un être cher qui disparaît. Un vieux carnet rempli de secrets. Eva est poursuivie par les démons, qui lui ont donné un ultimatum qu’elle est bien en peine d’exécuter. Convaincue qu’on la manipule, elle fait tout pour découvrir la vérité. Cette quête la mènera du sommet de ses facultés aux limites de sa raison, jusqu’à ce qu’il ne reste plus que larmes et brasier…

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 mars 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782897658670
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Chapitre 1
La professeure d’art
Il régnait en ce lieu une chaleur étouffante, insupportable. La noirceur était absolue, aussi infinie et brûlante que devait l’être l’enfer. Une odeur piquante et irritante de fumée écorchait la gorge et les poumons de la jeune femme en nage qui se tenait, paralysée, au milieu d’abysses impénétrables. Subitement, une lumière dorée la frappa de plein fouet, blessant ses yeux. Après quelques battements de cils, elle s’habitua suffisamment à cette clarté soudaine pour discerner un ovale lumineux parfaitement découpé dans les ténèbres. Une porte vers un autre monde. Toute cette lumière dorée ne provenait toutefois pas du paradis.
Bientôt, une forme sombre en émergea telle une coulée de lave noire. La jeune femme, en proie au plus vif effroi, recula en trébuchant. Toute cette lave se modela en la silhouette d’un homme plus grand que nature. D’autres sombres entités s’insinuèrent à travers la lumière. Tour à tour, chacune d’elles prit une forme humaine. Le souffle court, Eva sentit son cœur se déchaîner à un rythme désordonné. Elle s’enfonça dans la noirceur pour les fuir, mais elle eut beau courir à perdre haleine, les entités la rattrapaient. Où qu’elle aille, elles étaient toujours derrière elle.
— Ton âme est nôtre, Evana Corvanov , entonnèrent-elles en un chœur terrible, tout en tendant les bras vers elle. Tu nous appartiens pour l’éternité.
Eva se réveilla en criant, trempée de sueur et transie de peur. Son lit de la résidence de l’Institut Moldovan conservait son empreinte fiévreuse et humide. Ce cauchemar se faisait de plus en plus fréquent sans qu’Eva arrive à s’y habituer. Chaque fois, elle éprouvait une terreur qui lui oppressait la poitrine à un tel point qu’elle avait du mal à respirer.
Tandis qu’Eva se calmait et reprenait lentement ses esprits, les visions cauchemardesques s’estompèrent. Pourtant, l’impression angoissante d’être observée persistait. Depuis quelques semaines, une sensation étrange la parcourait dès qu’elle se trouvait entourée de gens, comme si elle était en mesure de percevoir leur énergie. Ainsi, sans même voir ni entendre, elle pouvait détecter la moindre présence dans un certain périmètre autour d’elle. Grâce à cette nouvelle faculté, Eva avait la conviction que quelqu’un l’épiait à sa fenêtre… sous une forme limbique.
Presque un an s’était écoulé depuis qu’elle avait invoqué la tornade ayant tué les membres de la famille Groza dans les ruines de l’abbaye. Eva portait toujours la marque des démons de l’ancienne religion sur sa nuque, le V inversé, sans toutefois subir de manifestations infernales autres que ses cauchemars récurrents. La jeune femme avait donc repris le cours de sa vie. Tout était redevenu normal. Enfin, presque. Au fond d’elle-même étaient constamment tapis la détresse et le désespoir que lui inspirait le souvenir de son pacte. Cependant, elle avait appris à en faire fi au fil du temps et arrivait à chasser ces émotions assez facilement.
Eva se leva prestement et tira les rideaux. Il lui arrivait parfois de les laisser ouverts afin de profiter de la vue du ciel étoilé, de la lune et des planètes passagères avant de s’endormir. Néanmoins, maintenant qu’elle se sentait surveillée, mieux valait se protéger des regards indiscrets et prendre l’habitude de fermer les rideaux en tout temps. Qui pouvait bien avoir intérêt à l’espionner ? Eva n’excluait aucune possibilité : les membres du Conseil, Nayden, son grand-oncle Stanislav ou tout autre ennemi non identifié.
Après avoir enfilé son uniforme, Eva sortit de la résidence rejoindre Tamara qui, comme à tous les matins, l’attendait pour déjeuner. Elles ne suivaient plus les mêmes cours désormais, car chacune avait choisi un cursus différent. Tamara voulait devenir designer d’intérieur alors qu’Eva s’était finalement décidée, après des mois de réflexion, à s’inscrire à une formation en gestion d’entreprise plutôt que de devenir artiste. Pour égayer ses semaines, elle avait également agrémenté son cursus d’un cours d’art avec l’une des meilleures professeures de la région.
Lorsqu’Eva et Tamara eurent atteint la table du réfectoire où Zack était assis, il leur lança :
— Dernière journée, les filles ! Il est temps que cette semaine finisse.
— Oh, oui ! approuva Tamara en se laissant tomber à côté de lui. Nous sommes seulement au début de l’année et j’ai déjà des dizaines de lectures à faire et un portfolio à remplir ! Parfois, je m’ennuie de nos cours du lycée. Ça fait bizarre de ne plus m’asseoir à tes côtés dans mes classes, Eva.
— Oui, à moi aussi.
— Aimes-tu tes cours de gestion d’entreprise, au moins ?
— C’est… aride et pas très stimulant, mais j’apprends beaucoup.
L’année dernière, Eva avait fini par avouer à Tamara sa véritable identité. Son amie en était restée abasourdie durant un moment. Ce qui était compréhensible puisque les Corvanov, ainsi que toutes les autres familles drak du Conseil, étaient connus à Nastov en tant que gens riches et influents. Évidemment, Tamara ignorait qu’ils étaient draks, et Eva ne lui révéla pas ce secret. Néanmoins, Tamara connaissait bien la compagnie Corvanov Tren et n’en revenait toujours pas que son amie en soit l’héritière.
Eva n’était pas l’unique propriétaire. Depuis qu’elle avait commencé à s’intéresser aux affaires de la Corvanov Tren, elle s’était heurtée à un obstacle de taille… et cet obstacle s’appelait Stanislav Corvanov, son grand-oncle et gestionnaire de l’entreprise jusque-là, propriétaire, tout comme elle, de quarante pour cent des parts. Bien qu’Eva suive des cours de gestion et s’entoure d’avocats et de conseillers, elle avait conscience que son savoir était encore très limité. Stanislav ne se gênait d’ailleurs pas pour le lui rappeler constamment tout en essayant de la pousser à lui céder ses parts de la compagnie.
En plus d’apprendre à gérer une entreprise, aussi bien le volet juridique que celui administratif, Eva devait également se renseigner sur la mission de la compagnie, c’est-à-dire les trains et le transport ferroviaire. Or, elle ne s’y connaissait dans ni l’un ni l’autre de ces domaines. Inutile de préciser qu’elle en avait par-dessus la tête depuis le début de l’année scolaire.
— Et Lucas, comment s’en sort-il ? demanda Zack avant d’avaler une gorgée de café.
Après un an passé ensemble, Eva et Lucas filaient toujours le parfait bonheur, et ce, malgré la récente distance qui les séparait. En effet, à la fin de l’été, Lucas avait quitté l’Institut Moldovan de façon permanente afin de suivre des cours de menuiserie dans une école spécialisée de Solviny, la ville voisine. Quoiqu’il ait longuement hésité, tant il était tiraillé à l’idée de s’éloigner de sa bien-aimée, il éprouvait un besoin impératif de se détacher de l’école de son père pour suivre sa propre voie. Oleg avait bien essayé de le convaincre de rester en lui promettant de lui dénicher les meilleurs professeurs en travail du bois, mais Lucas trouvait sans cesse des arguments pour justifier son choix. Il était certain de bénéficier d’un enseignement de qualité supérieure dans cette autre école équipée de la machinerie à la fine pointe de la technologie.
— Lucas va bien, répondit Eva. Il aime son nouveau domaine d’études. Je crois qu’il a véritablement découvert sa passion.
— Arrivez-vous à vous voir un peu ? l’interrogea Tamara.
— Oui… Euh, de temps en temps, surtout la fin de semaine.
En réalité, Eva et Lucas se voyaient presque chaque nuit sous leur forme limbique. Il leur était facile de se rencontrer clandestinement au manoir d’Eva, qui était à mi-chemin entre l’Institut Moldovan et l’école de Lucas. Avec leurs pouvoirs draks, voyager était beaucoup plus rapide. Mais cela, Eva ne pouvait le dire ni à Tamara ni à Zack.
— On devrait sortir en ville tous les quatre cette fin de semaine ! proposa Tamara, pleine d’enthousiasme. Il y a une foire médiévale dans le centre historique. Qu’en dis-tu, Eva ?
— Oui, bonne idée. Ça me remontera le moral après ma visite à la compagnie.
— Ton grand-oncle te donne-t-il encore du fil à retordre ?
— C’est le moins qu’on puisse dire.
Eva comptait se procurer le lendemain les documents financiers que son avocate lui avait conseillé d’examiner. Elle devait les faire analyser par des comptables. Bien évidemment, elle s’attendait à une certaine résistance de la part de Stanislav.
Heureusement, le vendredi, elle finissait la journée par un cours d’art avec maître Elena Solovine, ce qui lui permettait de se détendre et de se vider la tête des notions de gestion, des articles de loi et des divers tracas liés à la Corvanov Tren.
Les heures s’écoulèrent étonnamment rapidement, et Eva se retrouva bien vite devant sa professeure d’art, une grande femme d’une quarantaine d’années à l’œil noir brillant et aux cheveux grisonnants toujours bien coiffés. Elle avait une prestance semblable à celle de Tatiana Sternova, mais contrairement à elle, Elena n’était ni prétentieuse ni austère. Bien qu’Eva ne la côtoyait que depuis peu de temps, elle l’appréciait déjà grandement. Elena était une artiste-peintre qui avait connu une certaine notoriété en Europe. Eva était sa seule élève puisqu’Oleg l’avait engagée exclusivement pour elle.
— Comment allez-vous aujourd’hui, ma chère Eva ? Vous semblez fatiguée.
Elena se montrait tellement polie envers Eva que celle-ci commençait à croire qu’elle était drak tout comme elle. Si c’était le cas, même si le maître et son apprentie ne parlaient que d’art, Elena devait forcément savoir que son étudiante était une drak originelle. Elena était toujours très affable, mais elle se révélait par contre très franche concernant son champ d’expertise.
— Oui, je travaille beaucoup, acquiesça Eva.
— Ne vous en mettez pas trop sur les épaules. Aujourd’hui, ce sera un cours plus léger, si vous le voulez bien. Nous réviserons quelques notions sur la perspective, puis ferons des exercices de dessin

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