La société de minuit, t3 - Un vent d or et de poussières
142 pages
Français

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La société de minuit, t3 - Un vent d'or et de poussières , livre ebook

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Description

Un enfant qui suscite la fascination. Un ennemi terré au milieu d’ossements. Une bataille dans un ciel de tempête et de foudre. Eva et Nayden unissent leurs forces pour protéger ce qu’ils ont de plus précieux, prêts à mourir s’il le faut. Alors que tout semble perdu, Eva sera témoin d’un événement aussi extraordinaire que terrifiant, qui brillera comme l’or, mais qui ne laissera que des poussières…

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 mars 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782897658700
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Prologue
Tous ces couloirs et ces pièces sombres sans fenêtres causaient d’abord un sentiment anxiogène d’étouffement. On finissait par s’y acclimater, après un certain temps, tout comme on se faisait à l’air dense et stagnant qui y régnait. Ce sanctuaire pour les morts constituait une cachette parfaite pour ceux qui œuvraient dans le secret.
Au sein de ce labyrinthe s’était rassemblé un petit groupe dans une grande chambre au plafond bas. Les grosses bougies de suif avaient laissé de longues dégoulinades de cire le long des murs. Ici, il n’y avait pas l’électricité, on s’éclairait comme on le pouvait. Comme l’air ne circulait pas, faute d’ouvertures, la fumée piquante des chandelles restait en suspension et créait un voile grisâtre dans la chambre. Évidemment, cet endroit n’était pas des plus confortables puisqu’on y vivait sans commodités modernes, à l’image des moines du Moyen Âge.
Au fond de la pièce se trouvait un siège en bois semblable au trône d’un seigneur. Pour l’heure, il était vide. En revanche, les deux chaises qui le flanquaient étaient occupées par des personnages vêtus d’une longue robe écarlate à capuchon masquant le haut de leur visage.
Devant eux, au centre de la salle, demeuraient respectueusement inclinés les individus convoqués.
— Chers disciples, les salua l’un des personnages en rouge sans se lever. Nous vous avons fait venir à la maison-mère aujourd’hui pour vous apprendre une grande nouvelle. Nous croyons que l’Enfant du ciel est né.
Des chuintements de surprise et d’émotion parcoururent l’assemblée. Incommodé par l’atmosphère étouffante, quelqu’un laissa échapper une petite quinte de toux avant de demander :
— Qui est-il, apôtre ? Est-ce celui que nous attendions ?
— Oui.
— Alors c’est bel et bien lui, c’est confirmé ? s’enthousiasma une femme dans le groupe.
— Ce n’est pas encore tout à fait sûr. C’est pourquoi votre mission consiste à récolter des informations à son sujet. Nous l’observerons pour déceler les signes. Relayez cette directive dans vos maisons. Ce sera long, mais lorsque nous serons tout à fait certains, nous passerons à l’action.
Celui qui se faisait appeler l’apôtre congédia alors le petit rassemblement d’un mouvement de main. Les disciples sortirent dans un brouhaha de murmures fébriles.
Le deuxième personnage en rouge, celui qui n’avait pas parlé jusque-là, s’exprima à voix basse :
— Nous devrions expliquer mon plan au Prophète. C’est le meilleur qui soit.
— Ça n’en sera pas moins long, et ça le privera de l’un de ses apôtres.
— Il n’a pas besoin de moi. Tu lui suffis.
Les deux individus encapuchonnés quittèrent la chambre pour arpenter les couloirs sombres, faiblement éclairés par des bougies installées sur des appliques de fortune. À cette heure-ci, le Prophète devait être en profonde méditation. Il n’aimait pas être dérangé sans bonne raison.
Sa cellule était dépouillée, meublée seulement du strict nécessaire, exactement comme celle d’un moine cloîtré. Le Prophète, dans le clair-obscur de la pièce, paraissait tout droit sorti d’une peinture religieuse. Il ne lui manquait qu’une auréole au-dessus de la tête. Ses apôtres, après s’être annoncés, s’inclinèrent devant lui. Leur maître était assis en tailleur au milieu de la salle. Sa robe noire brodée d’or et de rouge qui s’étendait autour de lui avait quelque chose des habits liturgiques. Son capuchon était rabattu en permanence sur ses yeux ; on ne distinguait qu’une barbe grisâtre rongeant un visage parcheminé. La présence du Prophète était toujours imposante et auguste, comme celle d’un roi.
Le deuxième apôtre lui expliqua son plan, à la suite de quoi un moment de silence parut s’éterniser.
— J’approuve cette idée, trancha finalement le Prophète. Qu’elle soit immédiatement mise à exécution.


Chapitre 1
Zéphyr
Rien n’avait changé dans la ville de Nastov en un an. Les gens vaquaient à leurs occupations quotidiennes comme à l’habitude, ni malheureux ni très heureux. L’enfilade de façades en pierre beige leur servait de décor intemporel et paraissait jeter sur eux, à travers les fenêtres à carreaux, des regards mélancoliques. Les chemins de pavés cahoteux ajoutaient au charme de l’endroit, quoiqu’ils rendaient inconfortable tout trajet en voiture. Les habitants s’y étaient accoutumés. C’était là une autre chose qui ne changerait jamais.
Le Sanctuaire surplombait tous les édifices, tel un monarque écrasant ses sujets sous son ombre. Tous, sauf l’hôtel de ville. On disait que ces deux austères pièces d’architecture étaient les plus anciennes de la cité. Elles n’étaient pas très loin l’une de l’autre, séparées seulement par quelques toits orangés. Avec leur air impérieux et dominateur, ces deux bâtiments avaient toujours semblé être les uniques complices d’une existence immuable dont même le temps ne saurait venir à bout. Pourtant, l’hôtel de ville n’était pas intouchable ; il avait été incendié quelques mois plus tôt. Depuis lors, la mairie était en rénovation, à moitié cachée par des échafaudages.
Si rien ici ne paraissait avoir changé – hormis l’hôtel de ville –, la vie d’Eva Magaloff, elle, avait basculé du tout au tout durant la dernière année. Ses yeux qui vagabondaient par les fenêtres de la voiture ne pétillaient plus avec l’insouciance de jadis. Les cloches de l’église qui se mirent à résonner dans toute la ville tirèrent Eva de sa contemplation. Presque au même moment, l’automobile s’immobilisa.
— Nous sommes arrivés, mademoiselle Corvanov, annonça le chauffeur.
Sans dire un mot, Eva ouvrit la portière pour sortir. Le vent frisquet d’octobre glissa aussitôt sur la peau de son visage de dix-neuf ans pour tantôt se perdre dans ses longs et épais cheveux noirs, tantôt remonter le long des jambes. Ces tourbillons d’air frais la caressèrent et l’apaisèrent, de même que la vue des quelques passants qui discutaient avec enthousiasme. Cette rue n’était pas très animée, mais elle offrait tout de même un spectacle plus intéressant que les longs couloirs du manoir où Eva demeurait la majeure partie de son temps.
La jeune femme s’immobilisa un moment devant une baie vitrée qui exhibait des robes de haute couture sur des mannequins en bois. Un rayon de soleil chatoyait sur l’enseigne de métal de la boutique, jetant des éclats lumineux qui agressaient les yeux. Deux enfants couraient sur le trottoir ; leurs rires cristallins embaumaient l’air. L’un d’eux, une petite fille, bouscula Eva par accident :
— Pardon, madame ! lui lança-t-elle.
Eva lui sourit, songeuse. Le manteau rouge de la fillette voletait autour de ses petites chevilles potelées.
Après un instant, Eva se décida à pousser les portes de la boutique. Aussitôt, un parfum chaud et écœurant lui emplit les narines. Ce lieu en était saturé. Eva jeta un regard blasé autour d’elle, rêvant déjà de retourner chez elle.
— Bonjour, comment puis-je vous servir, mademoiselle… ? l’interpella alors une dame d’un ton hautain.
— Corvanov.
Immédiatement, les manières de la vendeuse se métamorphosèrent ; sa voix devint sirupeuse, son sourire, guindé, et ses paroles, mielleuses.
— C’est un très grand plaisir de vous recevoir, mademoiselle Corvanov. Prendriez-vous un café ou un thé ?
— Non, merci.
— Que pouvons-nous pour vous, aujourd’hui ?
— J’ai besoin d’une nouvelle robe pour l’inauguration de l’hôtel de ville. Depuis ma grossesse, toutes mes robes sont un peu trop serrées.
— Nous avons toute une gamme pour vous satisfaire, mademoiselle Corvanov. Je suis sûre que vous trouverez exactement ce que vous cherchez. Venez, allons nous installer par ici.
La vendeuse se montra plus qu’affable, presque obséquieuse, prête à tout pour plaire à une cliente aussi riche. Elle suggéra une première robe qu’Eva se dépêcha d’enfiler dans la cabine d’essayage.
Tandis qu’elle s’examinait dans le miroir, Eva crut un instant mirer Tatiana Sternova, la mère de Nayden, à sa place. Elle avait le même regard implacable, la même expression sévère. Rebutée, Eva se secoua pour chasser l’image de son esprit. Les yeux de Tatiana, qu’elle n’avait pas revus depuis quatre mois, étaient noirs, durs et désabusés alors que les siens étaient pâles, doux et mélancoliques. Malgré les désillusions de la jeune femme, son regard luisait encore sous l’effet d’une émotion vibrante, d’une joie pure ou d’une nostalgie douce-amère. Il n’y avait aucune comparaison à établir avec Tatiana Sternova.
Après la quatrième robe, Eva, déjà lassée, avait plus que hâte de rentrer chez elle.
— On ne dirait pas que vous avez accouché récemment, mademoiselle, la flatta la vendeuse.
Eva esquissa un sourire ironique. La robe bleu foncé qu’elle venait de revêtir épousait bien le galbe de ses hanches et ses manches longues étaient appropriées pour une cérémonie d’inauguration. La coupe était classique et discrète, tel qu’il seyait à Eva.
— Je vais prendre celle-ci.
— Bon choix, mademoiselle. Vous avez des goûts très raffinés. Je vous l’emballe immédiatement.
Après avoir payé et remercié la vendeuse, Eva s’enfuit dans un claquement de talons déterminé en direction de la sortie. Une fois dehors, elle fit signe à son chauffeur, garé un peu plus loin.
Eva, qui s’était pourtant réjouie à l’idée de faire un tour en ville, n’avait plus qu’une seule envie : retourner au manoir, où une personne spéciale l’attendait. Enfoncée dans le siège de l’automobile, elle regardait pensivement défiler les édifices, puis les arbres. Elle ouvrit légèrement la fenêtre afin d’aspirer les odeurs de sous-bois riches et musquées que le vent charriait depuis la forêt.
Eva se souvint alors que son détective privé, Marcus Antipov, lui avait laissé un message : il lui demandait de le rappeler. C’est ce qu’elle fit en décrochant le combiné de la voiture. Le détective la contactait chaque mois pour lui faire un rapport sur l’évolution des recherches : il était toujours sur la piste

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