La Soprano indésirable et autres nouvelles chimériques
218 pages
Français

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La Soprano indésirable et autres nouvelles chimériques , livre ebook

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Description

Où une mouche cherche à aider un artiste à réaliser son dessin ; où une épouse, par distraction, lyophilise son mari ; où une partition de piano remue de drôles de souvenirs ; où une femme discrète se révèle soudain ; où la fonte des glaciers oblige la population à se recycler ; où une toile de Chagall absorbe un amoureux ; où un mari, un frère et un amant croient se débarrasser d’une femme ; où un peintre se perd dans une cabine téléphonique ; où une libraire fait une étrange découverte au sujet de son papier à lettres ; où une femme, fatiguée de tout, retrouve la vie en abandonnant son corps et où un chanteur baryton se voit affublé d’une voix de soprano, voilà de quoi voyager dans le surnaturel !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 septembre 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332763198
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-76317-4

© Edilivre, 2014
Dédicace


Pour ceux qui croient que tout et rien peut arriver.
À ceux qui m’ont encouragée et inspirée,
à Claire-Isabelle Attinger et Norbert A. Martin qui ont entièrement relu et corrigé mon manuscrit, merci du fond du cœur.
Véronique Attinger
Préface
Il y a quelques années, j’avais eu l’occasion de lire le premier recueil de nouvelles « Les Taquineries de l’Irréel », publiées par Véronique Attinger. J’en fus enthousiasmé. Lorsque j’appris qu’elle préparait un deuxième ouvrage, j’acceptai bien volontiers d’en faire la relecture. C’est par la lecture de ces textes qu’est ensuite venue l’idée d’écrire une préface.
La lecture de ces nouvelles est, en soi, une expérience vraiment intéressante. Dès les premières lignes, vous êtes pris par l’intrigue et vous vous rendez compte aussi que vous venez de glisser subtilement dans un autre univers où, tour à tour, vous assistez au déroulement de l’histoire ou la vivez de l’intérieur. Une grande richesse d’adjectifs, d’adverbes, de métaphores et parfois de comparaisons légèrement insolites, vous emmènent avec élégance et légèreté dans le cours du récit.
Tout au long de ces intrigues simples et raffinées, qui nous tiennent en haleine d’un bout à l’autre, Véronique nous fait aussi découvrir et vivre tout un éventail de sentiments, d’émotions et d’attitudes aussi, qui mènent bien souvent nos relations, sans que nous n’en ayons vraiment conscience, pour le meilleur et pour le pire, quand les deux ne se sont pas entremêlés. Une perspicacité et une finesse remarquables se glissent ainsi sous la plume de Véronique. Ce qui fait sa force, c’est qu’elle ne cherche nullement à démontrer, ou enseigner quoi que ce soit.
Je vous invite donc à vous laisser porter par ces histoires limpides, empreintes de sagesse et, surtout, de si bonne compagnie.
Norbert A. Martin
Le bestiaire de l’artiste
L’artiste et la mouche
L’artiste dessinait ; il s’était installé bien à son aise sur une chaise rembourrée, face à une table ronde ; il avait posé devant lui une grande feuille de papier d’un blanc très pur, avait saisi un bout de crayon qui traînait par là et sa main gauche se mit en mouvement. D’où venait cet élan si spontané ? Qu’avait-il sous les yeux qui l’inspirât tant ? Etait-ce une construction compliquée pour une nature morte sophistiquée ? Etait-ce le paysage agité du lac qui se drapait de soie cendrée en face de la fenêtre, les stries obliques de la pluie qui battaient le feuillage de la glycine accrochée au petit balcon ? Qu’avait-il en tête, cet artiste aux yeux de ciel d’été ?
En fait, cette impulsion surgissait sûrement du cœur, véhiculée par quelque pensée tendrement artistique : devant lui, rayonnait la photo de sa Bien-aimée dont les yeux plissés laissaient échapper un regard vers un rêve d’infini bonheur, et les lèvres s’étiraient sur un vaste sourire grâce à trois mots qu’elle venait d’entendre, trois mots tout petits et pourtant d’une densité extraordinaire.
Une mouche de taille menue, égarée dans la pièce à cause du mauvais temps, se prit d’intérêt, voire de passion, pour la gestuelle précise de l’artiste, et les milliers de facettes de ses gros yeux rouges papillonnaient toutes à la fois afin de suivre chaque léger mouvement du poignet et de la main resserrée autour du crayon, et parfois de la gomme.
On peut bien dire que cette mouche n’avait aucune intention d’ennuyer qui que ce fût, mais dans sa petite cervelle, il y avait fort peu de place pour une quelconque empathie vis-à-vis d’autrui et elle ne savait pas si sa présence déplaisait ou ravissait, et d’ailleurs elle s’en fichait. Elle suivait son désir sans se préoccuper du résultat, ce qui semble une forme de sagesse à bien des gens. Aussi se mit-elle à bourdonner en toute joyeuse humeur et bonne volonté autour du dessin et de la main de notre artiste concentré.
« Que dessine-t-il ? se murmura-t-elle, pleine de curiosité.
Une multitude de visages et de mains se chevauchaient et elle ajusta ses yeux jusqu’à ne former qu’une seule image.
– Ah ! Une femme ! reconnut-elle. »
Il faut dire qu’elle avait quelques notions d’anatomie humaine, à force de tourner autour de ces bipèdes. Ses facettes oculaires se reportèrent sur le dessin en train de s’accomplir, et comme c’était une mouche physionomiste, elle vit sans effort que le sourire dessiné dénotait un certain déséquilibre : un coin de la bouche se crispait sous la main de l’artiste.
« Oh là là ! » fit-elle avec cet air de suffisance implacable du critique qui croit être le plus à même de juger les œuvres des autres.
Elle décida de l’aider et de le guider. Cette indiscrète se mit à vrombir comme un avion fou autour de la main du malheureux qui sentait déjà monter en lui le subtil énervement du dessinateur ne parvenant pas à exprimer toute la fine substance d’un beau sourire. Cependant, au lieu d’apporter du secours, il sembla au contraire que cette foudroyante apparition du petit volatile indisposa grandement le créateur qui s’empressa, d’une main agacée, de chasser la mouche sans autre forme de procès.
Celle-ci, rabrouée et légèrement étourdie, secoua ses antennes et ses ailes et se posa un instant, mine de rien, sur l’épaule gauche de l’artiste et grogna : « Qu’il est bête, cet humain ! Il n’a pas compris que je désire seulement lui donner un coup de main ! Que croit-il, ce prétentieux ? Ne voit-il pas ses erreurs et ses maladresses ? Est-il sot, tout de même ! » Et ainsi, contente d’elle-même, sûre de son bon droit, elle atterrit directement sur une joue à peine esquissée du portrait et désigna avec deux de ses pattes la bouche défaillante au dessinateur.
Bien évidemment, celui-ci ne vit que la mouche, et non point sa bonne volonté – comment aurait-il pu ? – il poussa un cri fâché et claqua la feuille avec sa paume. La mouche, infiniment plus leste, fila aussi vite qu’elle put et, Dieu merci, réussit à éviter le terrible coup qui l’eut sans doute écrabouillée. Son petit cœur lui parut être sur le point d’exploser et elle se cacha dans un des plis du rideau bleu qui encadrait la porte-fenêtre du balcon, le temps de reprendre ses esprits affolés. Mais elle était têtue. De loin, elle continuait d’observer minutieusement le travail : les yeux prenaient forme.
« Pas mal, reconnut-elle, mais cette bouche, quelle catastrophe ! Je ne peux pas le laisser faire ça et abîmer l’ensemble de l’œuvre ! Oh, et puis ces narines épatées ! De vraies grottes ! »
Elle ne put y résister davantage et fonça sur le dessin, petit moteur ronflant, et se posa sur le trou de la narine gauche du portrait. L’artiste, par effet de mimétisme, éternua violemment puis, dans un cri de rage, balaya l’insecte de son avant-bras droit, d’un geste si ample qu’il l’envoya dinguer à l’autre bout de la pièce. De peur, la mouche avait lâché une minuscule crotte sur le bord de la narine gauche. L’artiste, dégoûté et furieux, dut rétrécir la narine pour maquiller la crotte par une ombre habilement amenée. Enfin calmé, il constata avec une certaine surprise que le nez semblait plus vrai, plus vivant.
« Bah, se dit-il, il y a toujours un bon côté aux évènements désagréables, petits ou grands ! »
C’était un artiste pourvu d’une bonne philosophie ! Rasséréné, il poursuivit son œuvre. Mais il sentit en lui une sorte d’inquiétude : il y a quelque chose qui ne va pas. Mais quoi ? Où ? Le menton un peu lourd ? Le modelé de la joue un peu rude ? Tiens, le sourire est de travers, oh, à peine, mais cela suffit à fausser l’harmonie du visage. Pas facile de dessiner une bouche ouverte sur un sourire pourvu de toutes ses dents ! Comment y parvenir ? Il se disposa à corriger le coin des lèvres qui le dérangeait.
Entre-temps, la mouche ulcérée, se sentant méconnue, prise d’une hargne vengeresse, refusa de se déclarer vaincue et, avec effronterie, comme une fusée lancée dans l’espace, se rua sur le dessin de ce malotru qui n’avait rien compris à son amical soutien, et se planta " toutes griffes dehors " au beau milieu de l’ouverture de la bouche, en plein sur une incisive délicatement ébauchée et s’y cramponna de toute sa vindicte. Le dessinateur, tout d’abord stupéfait de tant d’audace, esquissa finalement un petit sourire malin : très lentement, il prit son crayon et, cette fois, sans bousculer la bestiole, avec une grande douceur, il ferma la bouche en quelques traits appuyés et la mouche, frappée de stupeur, fut avalée par le portrait et disparut, tout simplement. Quand l’artiste fut persuadé de l’anéantissement de la mouche, avec la gomme et le crayon, il rouvrit les lèvres de sa Bien-aimée en un sourire étincelant.
La fourmi et l’artiste
Une petite fourmi se promène sur le dessin en train de naître. Elle escalade les pointes abruptes des Dents-du-Midi représentées en noir et blanc par l’artiste assis sur un banc de bois, au pied des mouvances du lac. Elle s’élève jusqu’aux nuages cotonneux et grisâtres que le crayon gribouille, disparaît un instant dans un amas boursouflé puis repique à travers les brumes ; elle se laisse aller, tombe dans le lac encore inexistant et s’anéantit dans le vide.
Le dessinateur s’empresse alors d’esquisser quelques vaguelettes en des clapotis de mine tendre ; la minuscule bestiole réapparaît mais, affolée, s’agite et gesticule désespérément : elle ne sait pas nager ; du vide, elle passe à la noyade assurée.
Vite, l’artiste, qui sent son cœur se serrer de compassion, dessine une jolie petite barque légère, se balançant gaiement sur les flots brillants. Une microscopique bouée jaillit de la barque et tombe près de la fourmi apeurée, creusant un imperceptible remous ; celle-ci s’a

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