La Transition d Edward Carter
218 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La Transition d'Edward Carter , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
218 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Riche héritier amoureux de l’Égypte antique, Edward Carter ne se doutait pas que l’achat d’une petite statuette à un antiquaire londonien peu scrupuleux allait le confronter à une énigme insolite et l’entraîner dans une quête haletante le menant de Paris à New York, du Caire à Louxor et ses trésors archéologiques.
Mais il ignore que cette piste semée d’embûches le rapproche de plus en plus d’un terrible secret qu’il vaudrait peut-être mieux laisser dormir pour des millions d’années... Les grands prêtres du Nouvel Empire détenaient des pouvoirs que nous ne voudrions pas voir resurgir à notre époque !
Son fidèle compère Maged pourra-t-il le préserver des dangers vers lesquels son obstination le conduit inévitablement ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 janvier 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414008414
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-00839-1

© Edilivre, 2017
Dedicace

A Jean-Emile.
Sans ton insistance amicale, je n’aurais jamais écrit une seule ligne.
Exergue


Tout bienheureux qui connaît le secret d’Osiris caché dans les ténèbres demeure un vivant parmi les vivants.
Textes des sarcophages (VII-364)
Louxor éternelle
–  Shoukran 1  !
En vieil habitué de la Haute Égypte, Edward Carter remercia ainsi, dans sa langue, le serveur qui venait de déposer discrètement le thé sur la table devant lui. Rien n’était plus flatteur pour les égyptiens que les quelques témoignages de politesse des visiteurs étrangers avisés faisant l’effort de s’exprimer en arabe, même maladroitement. Dans le cas de Carter, les syllabes et le phrasé étaient impeccables, tant il était devenu familier de cette langue au fil de ses nombreux séjours dans cette Égypte fascinante, dont il était véritablement tombé amoureux dès son premier voyage, bien des années auparavant. D’ailleurs le garçon de service ne s’en étonnait plus, et encore moins le gérant de l’hôtel, le malicieux Adel dont la peau très sombre trahissait sans ambiguïté l’origine nubienne. Un peuple d’agriculteurs et de pêcheurs pacifiques, maintenu sous le joug égyptien depuis des temps immémoriaux à cause de l’or trouvé dans leur sol qui avait attiré la convoitise de leurs voisins du nord. Jusqu’à la construction du gigantesque barrage d’Assouan, submergeant inexorablement une grande partie de leurs terres, et poussant les nubiens vers de nouveaux villages, plus près de l’autre civilisation. Et maintenant, certains de leurs descendants, comme Adel, s’intégraient à l’économie du pays et profitaient à leur tour de la manne commerciale que représentait le tourisme en pleine expansion. Une croissance explosive. À quelques dizaines de mètres de là, les cars climatisés vomissaient continuellement leur chargement de touristes bigarrés qui attiraient, tel un minerai précieux, la nuée bourdonnante des marchands de tout poil, jeunes et vieux, patentés et clandestins, mais tous unis par un but commun : tondre jusqu’à la peau cette ressource providentielle et toujours renouvelée. Nulle part ailleurs, dans aucun autre pays, Carter n’avait vu à l’œuvre une exploitation aussi systématique, bien que rustique dans son fonctionnement, de la richesse réelle ou supposée des voyageurs de passage. Un must que tous les commerçants du monde entier devraient venir étudier pour décupler leurs profits !
Mais Edward Carter n’aimait guère la foule bruyante et ignorante des touristes qui piétinent les monuments et contribuent sans le savoir à la dégradation inéluctable de tous les sites fabuleux. Ceux-ci avaient pourtant résistés auparavant à des siècles – des millénaires même ! – de la lente usure du Temps, paresseusement endormis dans leur chaude gangue de sable protecteur. Il préférait rester à l’écart, visiter les temples hors saison, à l’aube, quand les étrangers futiles s’extraient péniblement de leur couchette avant de se ruer sur les buffets qui les attendent pour satisfaire leurs appétits bassement terrestres. C’est pourquoi il appréciait d’être là aujourd’hui, en hiver. Il pouvait ainsi profiter de la fermeture annuelle de la providentielle écluse d’Esna pour séjourner à Louxor. Les bateaux de croisière, véritables hôtels flottants, se trouvaient prisonniers en amont de l’écluse, sans quoi il leur aurait été impossible de remonter le Nil jusqu’à Assouan. Et par contrecoup, Louxor était débarrassé pour quelques semaines de la horde envahissante des touristes, sauf en pleine journée, entre leur arrivée en bus vers neuf heures et leur retour par la route jusqu’à Esna, en partant vers dix-huit heures, ou vingt heures pour les plus boulimiques d’entre-eux. Mais la soirée, la nuit et le petit-jour étaient préservés de cette pollution dévorante. Et cela convenait parfaitement aux desseins d’Edward Carter.
Attablé à la terrasse du Winter Palace Hôtel, face à l’Ouest, il pouvait apercevoir l’autre rive du Nil, celle des morts. Au-delà de la rue – la Corniche el-Nil –, du débarcadère presque désert hormis quelques felouques entassées dans un désordre harmonieux, son regard était attiré par le fleuve majestueux dont l’écoulement calme rythmait doucement, encore aujourd’hui, toute la vie de ce pays qu’il avait préservé des déserts environnants, comme un long oasis de plus de mille kilomètres. Malgré les ombres qui commençaient à s’étirer mollement, Carter devinait les champs fertiles de l’autre rive et quelques maisons éparpillées. Il était presque choqué de voir ces modestes masures installées à l’ouest du Nil car il imaginait – sans doute à tort – que, du temps glorieux de l’antique Thèbes, aucun paysan égyptien n’aurait osé bâtir ses murs de briques crues de ce côté des eaux. Sur la rive sacrée qui n’abritait que les tombes royales et les temples funéraires entretenant la vie éternelle de ces souverains absolus, au-delà même de leur mort. Plus loin, les falaises arides des collines de Qurna dans lesquelles avaient été creusées ces tombes secrètes. D’où il se trouvait, Carter ne pouvait bien entendu pas les voir mais sa mémoire faisait ressurgir les images des colosses de Memnon, premier lieu de pèlerinage des étrangers en Égypte à l’époque romaine, le grandiose temple de Deir el-Bahari construit par la célèbre reine Hatchepsout, la Vallée des Rois, dont le site était dominé par la pyramide naturelle de la Mert-Seger – « celle qui aime le silence » –, et qui regroupait les soixante-deux tombes des pharaons du Nouvel Empire, de Ramsès VII à Toutankhamon 2 , les ruines de Médinet Habou, etc, etc… Il avait visité tant de sites et de monuments que leur évocation par l’imagination aurait pu durer des heures, rien que pour la région de Louxor. Mais son esprit revint à la réalité, comme captivé par les rayons du soleil bas qui commençait à disparaître derrière le massif calcaire. Un coucher de soleil majestueux, comme toujours en Haute Égypte, avec son rougeoiement intense (dû non pas à la nébulosité comme en Europe mais à la poussière du désert proche), et le dégradé de couleurs jusqu’au bleu sombre du zénith déjà piqueté de quelques étoiles scintillantes, en passant par l’orangé et une zone imprécise hésitant entre un bleu turquoise et un vert pâle. Presque un arc en ciel. Cadeau somptueux, renouvelé chaque jour, offert par ce ciel magnifiquement pur, exempt de toute humidité, né dans la fournaise inhabitable des déserts voisins. Et l’astre du jour se mourait ainsi chaque soir dans cette manière de cérémonie grandiose et chatoyante, avant de disparaître pour une douzaine d’heures, les Douze Heures de la Nuit. Ce spectacle émouvant, mêlant comme par magie l’agonie sanglante de l’astre de lumière et la poussière immémoriale des sépultures royales, ne pouvait manquer de faire surgir, dans les souvenirs d’Edward Carter, quelques vers du célèbre poème de William Ashbless :
«  … and a river lies
Between the dusk and dawning skies
And hours are distance, mesured wide
Along the transnoctural tide
Too doomed to fear, lost to all need,
These voyagers backward fast recede
Where darkness shines like dazzling light
Throughout the Twelve Hours of the Night.  » 3
Lorsque ce mystérieux poète lakiste coucha ces rimes sur le papier à Londres, attablé à la Jamaïca Coffee House, en septembre 1810, il devait être encore englué dans les souvenirs trop présents de son récent voyage au Caire, songeait Carter. Et dire que ses contemporains avaient jugé ces strophes absconses ! Alors qu’elles avaient une signification tellement intense ! La puissance d’une croyance ancienne jamais totalement compréhensible aux étrangers : la certitude d’une résurrection possible en accompagnant dans son voyage nocturne l’astre mort, sur l’obscur fleuve souterrain dont les eaux noires coulaient dans les ténèbres, d’Ouest en Est, ramenant les morts au pays des vivants, et le dieu solaire à sa barque de lumière pour un nouveau cycle de vie, sa lente navigation diurne sur son arc céleste. Pour profiter de la magie du miracle renouvelé quotidiennement, il faudrait satisfaire à une seule condition : monter à bord de la barque mortuaire, sans éveiller le courroux du dieu protecteur de l’astre endormi, Anubis, le chacal gardien des âmes mortes, et surtout échapper au terrible serpent géant Apep. Bien sûr, toute cette imagerie grotesque était purement symbolique, destinée à transmettre une mythologie complexe par des mots simples que le peuple d’agriculteurs pouvait enregistrer à défaut de les comprendre, mais pour Carter – c’était une certitude –, ce vernis superficiel cachait une réalité profonde et formidable : la possibilité d’atteindre à l’immortalité en employant des rites magiques secrets qui assuraient la survie de l’âme des morts pour des siècles et des siècles. Ce pouvoir terrible n’était accessible qu’aux plus grands et aux plus puissants : les pharaons, ambassadeurs assurant le lien entre les dieux et les mortels. Et quelques autres aussi, peut-être…
Naturellement, sans effort, la mémoire de Carter avait navigué de William Ashbless à Samuel Taylor Coleridge, puis de Coleridge à Shelley, Percy Bysshe Shelley :
«  My name is Ozymandias, king of the kings,
Look on my works, ye Mighty, and despair ! » 4
Ozymandias ! D’après les spécialistes, il s’agirait d’un pharaon mythique dont la seule trace dans l’histoire serait cette inscription énigmatique sur une statue colossale, attribuée en fait à Ramsès II par les historiens. Une simple erreur de traduction commise par Diodore de Sicile qui aurait pris une partie du prénom de ce grand roi pour le nom d’un autre souverain ? Ou une légende obscure dont

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents