Le chasseur
205 pages
Français

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Description

Avant, on me surnommait Hetty ; maintenant c’est 326, le numéro qu’il m’a attribué. On me parle de magie et on me dit que les légendes sont réelles, mais depuis qu’il m’a capturée je ne vois que noirceur et cruauté !
Celui dont je vous parle, c’est Silas, un sorcier noir, fils du Lord Suprême. Pour devenir Chasseur, il devait rapporter une proie : une femme dont le sang nourrirait les autres comme lui… Il m’a enlevée.
Je suis prisonnière de ce château des horreurs, contrainte d’obéir à ses moindres ordres. Il me dit qu’il n’est pas comme ces ignobles magiques noirs et qu’il va me libérer. J’aimerais bien le croire, mais comment peut-il lutter contre une soif qui lui dévore l’âme ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 août 2019
Nombre de lectures 16
EAN13 9782925009061
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Même au travers de la noirceur, une petite étincelle de magie peut faire naître la plus grande des explosions.


Préface
SILAS, SIX MOIS PLUS TÔT
Je me sens souvent comme si j’étais l’ombre de quelqu’un d’autre ; plus précisément, celle de mon père, Thanatos, le Lord Suprême, comme il se fait nommer. Je le hais si profondément que cela hante mon esprit en permanence.
J’ai l’impression qu’il ne reste plus rien en moi, si ce n’est cette aversion dévorante. Cet homme a tout pris : la pureté de ma mère et ma jeunesse. Il m’a transformé comme le docteur Frankenstein, je suis sa créature maudite. Il m’a créé, puis façonné afin que je devienne exactement ce qu’il attend de moi : un être ignoble assoiffé de sang, ce liquide rouge qui est devenu mon obsession, ma drogue.
Il y a deux sortes de magiques noirs dans ce monde pourri : ceux qui sont nés ainsi et ceux qui sont conditionnés à le devenir.
Je suis né d’un père magique noir et d’une mère magique blanche. Mon père a kidnappé ma mère ; il aime pourrir ce qui est pur et elle est la pureté incarnée, du moins elle l’était.
Lorsque Thanatos a compris qu’en réalité je n’étais qu’un magique ordinaire et que je n’avais pas hérité de son gène destructeur, il m’a forcé… Un magique noir se souvient toujours de la première fois où il goûte au sang ; c’est un moment marquant. Cela n’a pas fait exception dans mon cas, mais d’une manière beaucoup plus sombre et tordue.
J’avais quinze ans… Même si, au fond de moi, je savais bien qu’il allait m’y obliger, une partie de moi espérait qu’il me laisse tranquille, qu’il me laisse être comme elle… comme ma mère. Elle me répétait tous les soirs à quel point je n’étais pas comme eux, à quel point elle m’aimait. Malheureusement, tout l’amour du monde n’est pas une armure assez puissante contre la noirceur qui habite ce peuple de morts-vivants, car c’est ce que nous sommes, nous sommes morts à l’intérieur.
Mon père est venu me chercher le matin de mes quinze ans et je l’ai su. J’ai vu dans son regard le dédain qu’il éprouvait envers moi, je savais que ce jour-là serait celui de ma mort. J’allais devenir comme eux…
Il m’a guidé jusqu’à une cellule à l’intérieur de laquelle se trouvait une jeune femme à peine plus âgée que moi. Elle était humaine.
— Tu vas rester ici jusqu’à ce que tu aies assez bu de son sang pour avoir les yeux noirs, m’a dit mon père en me laissant avec la fille en pleurs.
Bien entendu, je n’ai rien fait. Je n’avais pas, comme lui, cet instinct en moi. Je n’ai pas parlé à la jeune femme, même si elle m’a imploré, secoué, supplié de lui dire ce qui se passait. Ce jour-là, j’ai fermé un interrupteur dans ma tête, j’ai éloigné le peu d’émotion qu’il me restait. Il le fallait, car je savais où mon père allait me conduire et pour cela je devais éteindre mon humanité, comme un pare-feu de l’esprit.
Après deux jours sans nourriture, mon père est revenu auprès de nous. Il s’est approché de moi et m’a frappé au visage, ensuite le pire est arrivé. Lentement et méthodiquement, il a retiré ses gants. J’aurais pu courir et m’enfuir, mais j’avais peur de ce qui arriverait à ma mère si je partais. Elle n’a que moi et, de toute manière, j’étais déjà mort à l’intérieur.
Ce qu’il m’a obligé à faire ce soir-là est gravé en moi et me hante toutes les nuits. Lorsque je suis seul, je repense à cette fille. Si je pouvais revenir en arrière, je confronterais mon père ; j’en mourrais, c’est certain, mais au moins, elle, elle serait en vie.
J’entends encore ses supplications pour la laisser vivre, mais je ne pouvais pas m’arrêter. Mon père avait usé de son don de manipulation pour m’obliger à la vider de son sang. Il a pris la première morsure et m’a ensuite guidé vers le cou frêle de la jeune fille. Par la suite, j’ai vomi pendant des heures, mais le sang avait commencé son obscur travail. Lorsque la pauvre est tombée, sans vie, sur le sol et que mon père a vu mes bras s’assombrir, il m’a dirigé devant un miroir craquelé au mur.
— Voilà ce que tu es vraiment, fils… Ne me défie plus jamais !
Il est parti en me laissant avec le corps de la défunte, mais tout ce que je voyais c’était mon reflet dans le miroir, une image qui me suivra pour le restant de mes jours.
Je suis resté là, dans cette cellule, pendant plusieurs heures. Ce sont des cris d’horreur qui m’ont sorti de mon état de transe.
— Nooooooooon ! Mais que t’a-t-il fait ? Que t’a-t-il obligé à faire ? Non !
Ma mère, qui me cherchait, je présume, m’a trouvé. Je suis certain que c’est Thanatos qui lui a indiqué ma position. Il voulait qu’elle me voie ainsi, il voulait lui montrer que sa noirceur était plus forte que l’amour qu’elle me portait. Il désirait gagner sur elle.
J’étais trop tétanisé par les événements pour répondre à ma mère. J’ai alors remarqué que sa robe blanche, auparavant immaculée, était maintenant rougie par son étreinte, par le sang qui me recouvrait le visage et le corps.
Je suis resté muet pendant des jours. Ma mère, habituellement calme et soumise, était hystérique. Elle a frappé mon père, lui a crié toutes les injures du monde, mais celui-ci se contentait de sourire comme le psychopathe qu’il est.
Pendant des jours, elle m’a répété que je n’étais pas comme lui, mais il était trop tard, le feu était mort en moi ; il l’avait remplacé par de la cendre et du sang.
Un jour, Thanatos en a eu assez d’entendre ma mère essayer de me convaincre que je n’étais pas un magique noir. Il est passé à côté de moi, la main dénudée, et il m’a forcé à brûler une rune sur le corps de ma mère. Il voulait la contraindre au silence pour qu’elle ne puisse plus m’atteindre. Tous les jours, il me nourrissait d’hémoglobine, comme ces canards que l’on gave de force. Tranquillement, ma mère s’est éteinte elle aussi, ne devenant que le fantôme d’elle-même.
Je me sens souvent comme un animal coupé de sa conscience, agissant seulement par instinct, animé d’une rage territoriale qui me pousse à dévorer mes congénères, devenant ainsi cannibale. Je sais très bien que c’est contre nature, mais une rage si puissante m’envahit que la soif prend le dessus sur la raison.
Aujourd’hui, je pars pour Hawaï. Je dois trouver ma proie pour la prochaine cérémonie qui aura lieu dans six mois. Comme j’ai très peu d’occasions de partir du château, j’ai voulu au moins choisir une destination qui m’intrigue.
Au fond de moi, je sais très bien que ce que je m’apprête à faire est cruel et insensé, mais en même temps, je suis désormais cette personne et j’ai envie de devenir un chasseur. Je tourne en rond depuis tellement d’années, j’ai besoin de quelque chose de nouveau. Je pourrais m’enfuir et ne jamais revenir, mais je n’ose penser à ce que Thanatos ferait de ma mère, et celle-ci n’a plus que moi, même si je ne suis plus que l’ombre de moi-même.


CHAPITRE 1
« Un oiseau né en cage pense que voler est une maladie. »
Alejandro Jodorowsky
HENRIETTA
— Hé ! Viens ici tout de suite ! Je ne t’ai pas sorti de cette cage pour devoir te courir après.
— Vite, Henrietta, sors de là, laisse faire ce sale oiseau ; il va revenir bientôt, me lance Ally par la fenêtre du salon.
Je croise les bras en fixant l’ara bleu qui s’est perché sur le ventilateur. Je suis entrée chez ma chipie de voisine pour libérer ce pauvre volatile. Je ne peux pas supporter qu’un animal soit en cage, surtout pas quand sa propriétaire est une horrible petite dame.
— Rentre chez toi, sale hippie ! me crie le perroquet entre deux battements d’ailes.
Je ne peux pas croire qu’elle lui ait appris à dire ceci ! C’est ce qu’elle me crie toujours lorsque je fais mon yoga sur la plage le soir.
J’ai emménagé ici il y a un an. Je devais venir passer l’été chez ma cousine Ally pour ensuite m’inscrire à l’école de théâtre de Londres, mais Hawaï est un peu comme un filet 

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