Le Chat noir
302 pages
Français

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Le Chat noir , livre ebook

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Description

La fin du XIXe siècle a gardé quelques relents d’histoires maléfiques dans les brumes du Nord de la France. Les croyances et les superstitions rôdent... Lucien est un jeune homme simple, éloigné de toutes ces balivernes et garde les pieds bien sur terre. Sauf que... Il lui aura suffi d’ouvrir une trappe au milieu de ruines au hasard d’une promenade pour déclencher une avalanche de heurts et de malheurs. Mais que faisait ce chat noir enfermé sous cette fichue trappe ? L’ambiance parfois glaçante d’un récit qui prend de fausses allures d’histoire banale, enrobe les pages d’un halo de mystère qui entoure le lecteur et le fait douter de l’esprit cartésien qu’il pensait être le sien...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 mai 2012
Nombre de lectures 23
EAN13 9782748377378
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Chat noir
Alain Roué
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Le Chat noir
 
 
 
À la mémoire de ma mère et à celle de mes ancêtres flamands.
 
 
 
À ceux que j’aime, en souhaitant qu’ils ne croisent jamais leur chat noir.
 
 
 
À toutes les victimes d’erreurs judiciaires.
 
 
 
 
Chapitre 1. Un petit couple sans histoires
 
 
 
Il vous est sûrement arrivé comme à tout un chacun, d’entendre dire que de croiser un chat noir pouvait porter malheur, cependant comme vous êtes sans doute un esprit rationnel et plutôt cartésien, et que vous n’avez pas pour habitude d’avaler de telles sornettes, vous n’en avez bien sûr sans doute rien cru. Pourtant, après avoir lu les pages qui vont suivre et après avoir découvert l’étonnante et étrange histoire que celles-ci renferment, il se pourrait bien que vous soyez amené à remettre en cause certaines de vos certitudes.
Lucien qui était un jeune homme simple qui ne se torturait nullement l’esprit avec des questions inutiles, ne croyait guère lui non plus en ce genre de balivernes.
C’était un garçon d’un naturel plutôt aimable et enjoué, que la pseudo-malédiction liée à la présence d’un chat noir, d’une échelle appuyée contre un mur ou de toute autre chose du genre, aurait plus volontiers fait éclater de rire, plutôt que de lui occasionner comme à tant d’autres une frousse authentique, ou pour le moins, à défaut d’une peur véritable, de faire naître en lui un sentiment de mal-être générant une plus ou moins grande inquiétude.
Le jeune homme qui avait la tête bien faite et les pieds bien sur terre, n’accordait du reste pas davantage de crédit aux tables tournantes ou autres esprits frappeurs, qui en cette fin du xix e siècle occupaient encore une place non négligeable dans les croyances de populations qui demeuraient encore souvent beaucoup plus crédules qu’on ne peut l’imaginer de nos jours. Et même si ce phénomène touchait incontestablement prioritairement les campagnes et leurs villages souvent éloignés de tout, les villes petites, moyennes ou grandes se trouvaient bien loin d’être épargnées par les croyances surnaturelles les plus folles.
Lucien pour sa part vivait en ville, dans ce milieu urbain protégé et moderne qui chaque soir parvenait même à chasser la nuit et les angoisses qu’elle véhiculait inévitablement sous son grand manteau noir. L’intervention presque magique d’un allumeur de réverbère qui, rue après rue, chassait l’obscurité de la cité, rassurait les citadins grâce à la lueur jaunâtre s’échappant des becs de gaz – cet employé du service du gaz rendait ainsi la soirée plus paisible et la nuit plus sereine.
Le jeune homme vivait dans une ville du Nord de la France, une cité presque à cheval sur la frontière séparant la république d’un petit royaume voisin, ce nouvel État créé de toutes pièces seulement quelques décennies plus tôt par des politiciens toujours avides de redessiner les territoires, dispersant souvent des peuples anciens à la culture séculaire commune, pour en amalgamer d’autres dépourvus de toute unité, qui bien souvent éprouveront les pires difficultés à vivre ensemble. Un cadre typiquement urbain constitué de bâtiments faits de briques rouges entassées les unes sur les autres et devenues presque noires avec le temps, des constructions plus ou moins hautes entre lesquelles sillonnaient, se croisaient et se recroisaient des rues souvent étroites au long desquelles flottait une constante odeur de bière et de pommes de terre frites, des rues qui se rejoignaient parfois pour former ce que l’on appelait une « grand-place ». Un lieu central sur lequel, comme portée par un souffle de vent du large, venait s’adjoindre aux autres senteurs, une odeur tenace de poisson fumé. Car la ville en question s’ouvrait sur la mer et sa vie économique presque tout entière tournait autour de son grand port, la vie lui venait de ces quais sur lesquels la pêche au large et le commerce maritime au long cours cohabitaient en toute simplicité pour constituer ensemble le poumon économique de la ville.
Un port immense, constitué de bassins multiples, séparés les uns des autres par d’interminables quais sur lesquels se dressaient partout les silhouettes massives, imposantes et froides des grues métalliques destinées à aider les dockers à remplir et vider le ventre des cargos et autres navires de commerce de toutes natures qui avaient traversé mers et océans pour venir ici jeter l’ancre, afin finalement d’accoster et dormir un temps contre un quai de pierre, et ouvrir bien grandes des cales exhalant une forte odeur boisée qui sentait bon le bout du monde et ses parfums musqués.
Comme cela était le cas pour de nombreux habitants de cette ville, le port, avec les nombreuses activités qu’il générait, fournissait à Lucien le travail qui lui permettait, selon l’expression consacrée, de « gagner son pain quotidien » ; c’était en effet dans l’enceinte réservée aux activités portuaires, du côté des bassins destinés aux échanges commerciaux avec les autres grands ports d’Europe, d’Amérique ou d’Asie, que le jeune homme avait réussi à se faire embaucher, et qu’il travaillait sans histoire depuis ce jour pour le compte de l’une des plus importantes firmes locales d’armement maritime. Une entreprise qui affrétait certains de ces grands bateaux qui, de retour des îles ensoleillées situées aux quatre coins du monde, venaient faire escale sur les rives de cette mer du Nord trop souvent grise, afin de faire profiter les habitants du vieux territoire de Flandres d’un peu des richesses multiples nées sous le soleil lointain, qu’ils ramenaient sous la forme de produits exotiques multiples et variés qui ressemblaient à des fruits de soleil et de lumière provenant d’un paradis terrestre situé de l’autre côté de la Terre.
Lucien était toujours présentable, avenant avec ses collègues, respectueux vis-à-vis de ses supérieurs ; il ne se présentait jamais en retard pour prendre son poste de travail, en conséquence c’était un garçon unanimement apprécié au sujet de qui personne ne se serait permis d’émettre la moindre réserve. En fait, il était ce qu’il serait convenu d’appeler une sorte d’employé de bureau modèle, qui à défaut de gagner très bien sa vie ramenait néanmoins chaque semaine de quoi manger et se loger de façon descente et même tout à fait honorable et satisfaisante.
Tout allait donc pour lui aussi bien que possible, d’autant plus qu’il venait d’épouser voilà de cela quelques mois à peine, la charmante et délicieuse Margot aux cheveux d’or si blonds et dont le regard plus bleu que bleu le rendait si éperdument amoureux. Un amour que cette jeune femme, qui avait ainsi accepté de l’épouser, semblait du reste bien lui rendre en retour.
Au lendemain de leurs noces, les deux jeunes tourtereaux s’étaient mis en quête d’un petit nid sous les toits de la ville afin d’y abriter leur amour tout neuf et pourquoi pas d’y voir grandir plus tard, une descendance qu’ils pouvaient légitimement espérer nombreuse et en bonne santé.
Après avoir effectué quelques recherches et écarté les logements peu satisfaisants voire insalubres qui leur étaient parfois proposés, après avoir renoncé également – mais cette fois faute d’avoir les moyens financiers pour payer le montant du loyer trimestriel – à d’autre plus spacieux et plus lumineux, le jeune couple avait fini par jeter son dévolu sur un petit deux pièces avec cuisine situé au troisième étage d’un immeuble donnant sur cour. Cela ne ressemblait certes pas à l’un de ces appartements bourgeois que l’on rencontre dans les beaux quartiers ou sur les boulevards, mais le petit logement en question présentait néanmoins l’avantage non négligeable d’être propre, et même de posséder les sanitaires sur le palier, de plus l’immeuble avait la chance d’être équipé du gaz à tous les étages, ce qui constituait pour les locataires un élément de confort remarquable.
L’immeuble quant à lui se trouvait dans un état que l’on pourrait qualifier de satisfaisant, il donnait sur une cour vaguement triangulaire et le spectacle de la rue lui était caché par un autre immeuble de trois étages, sans doute un peu plus cossu, dont les fenêtres des différents appartements regardaient sur la rue. Sous cet immeuble donnant sur rue, un porche imposant permettait l’accès à la cour, un portail démesuré fabriqué dans un bois si épais qu’il paraissait devoir être indestructible, fermait le tout, tenant ainsi les éventuels rôdeurs à l’écart des habitations.
Le troisième des côtés du triangle ainsi dessiné était occupé pour sa part par l’échoppe d’un artisan, un vieux matelassier qui, lorsque le temps le lui permettait, s’installait sur le pas de la porte de son atelier pour carder la laine des matelas dont on lui confiait la réfection. Contrairement aux deux autres, cette troisième construction ne possédait guère plus d’un seul étage et elle ne fermait d’ailleurs pas totalement cette cour intérieure, car une ouverture mal obstruée par une barrière de bois désarticulée permettait également d’accéder à un terrain vague situé derrière les immeubles voisins, une ouverture providentielle dont usaient de temps à autre quelques bambins du quartier pour se rejoindre dans l’espace encore vaguement vert constitué par ce terrain étrangement perdu au cœur de la ville, un terrain d’une déjà belle surface dont il semblait relativement incompréhensible qu’il n’eût pas encore été dévolu à la construction.
Cela constituait pour les quelques enfants, qui de temps

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