Le châtiment d Altaï
166 pages
Français

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Le châtiment d'Altaï , livre ebook

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Description

En Altaï, la guerre a éclaté et le chaos s’installe progressivement dans le royaume. Bannis durant des siècles, les nephilims pourchassent leurs bourreaux jusque dans le monde des humains pour exercer leur vengeance.

Yuna sillonne le royaume pour honorer ses commandes de coursière. Indépendante et solitaire, elle ne reste jamais bien longtemps au même endroit, jusqu’à ce qu’une mission l’amène à Shirolite. Elle y découvre l’horreur qui se cache parmi les Hommes et se retrouve mêlée à une guerre dont elle va découvrir les secrets auprès d’alliés qu’elle ne soupçonnait pas.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 juillet 2022
Nombre de lectures 4
EAN13 9782493078438
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Avertissements
Cette œuvre comporte des scènes explicites susceptibles de heurter la sensibilité : Violences physiques Violences sexuelles Sang, mort, deuil Sexe
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays.
Éditions l’Abeille bleue — 38 rue Dunois 75013 Paris
Collection l’Imaginative
Retrouvez toutes nos parutions sur : https://editions-abeillebleue.fr
Illustration couverture : Marine Aimar
 

Tome 1 Yuna
 
Flora Lune
 
La lumière de la pleine lune inondait le ciel et la terre. Pourtant, jamais nuit ne lui avait paru plus sombre. Il fendait l’air de son corps, semant un léger sillon argenté au-dessus de la cime des arbres. Son cœur battait à tout rompre et se comprimait un peu plus à chaque seconde qui passait, tandis que l’angoisse décuplait sa vitesse de vol.
Il l’aperçut enfin, à des dizaines de mètres sous lui, l’affreuse tache couleur bronze tirant sur le doré. Durant le millième de seconde que lui prit sa descente en piqué, et pour la toute première fois de sa vie, il pria. Il pria pour ne pas reconnaître le visage contre le sol, il pria pour qu’ ils se soient trompés de cible et en aient capturé une autre à sa place… Ses supplications demeurèrent aussi muettes que vaines.
Son corps mutilé et à moitié dénudé gisait, un bras tendu devant elle, l’autre replié en un angle étrange. Des hématomes noirs constellaient sa peau, également marquée de plusieurs entailles. Mais sa plus terrible blessure se trouvait dans son dos, sous l’apparence d’une plaie béante et cruciforme. Il serra les dents, tentant de dominer sa haine. Du travail bâclé en plus de ça. La coupure n’était pas nette, et des nerfs pendaient lamentablement aux lisières. De pitié, il aurait achevé n’importe quelle autre victime. Mais ici, les choses étaient différentes. Elle avait encore une chance. Une chance infime, certes, mais qu’il ne pouvait se résoudre à lui ôter.
Délicatement, il la prit contre lui et sa main parcourut son corps, s’auréolant parfois d’une vive lueur bleutée. Un à un, ses hématomes se résorbèrent, ses os se ressoudèrent, ses entailles se refermèrent. Enfin, il glissa ses doigts jusqu’à son dos et arrêta son geste au beau milieu de la plaie, là où elle était la plus profonde. Il demeura longtemps ainsi, l’étreignant avec toute la tendresse qu’il n’avait jamais su lui témoigner, et ses lèvres, pincées jusqu’au sang, n’empêchèrent pas son visage trempé de larmes de briller sous les rayons de la lune.
Peu à peu, les chairs se reformèrent autour de sa main et la plaie s’effaça à son tour. Alors, il l’écarta doucement et plaça ses doigts maculés sur son front, le pouce entre les deux yeux. Enfin, tandis qu’un halo blanc l’enveloppait, il se pencha vers elle et déposa un baiser sur ses lèvres. Le dernier, sans doute. Car à son réveil, il aurait cessé d’exister pour elle.
 
Épisode 1 La croix de sang
— Ça y est, tu es réveillée ?
Telles furent les premières paroles que Yuna entendit ce matin-là. Un mince rai de lumière que les rideaux ne contenaient pas vint stimuler ses pupilles à travers ses paupières mi-closes. Elle amorça un geste vers son interlocutrice, mais son corps, étonnamment lourd, refusa de répondre.
— Tu es arrivée très tard hier soir, poursuivit la voix de femme. C’est mon mari qui t’a reçue, mais tu étais vraiment épuisée, il a presque été obligé de te porter jusqu’ici… Comme il s’inquiétait un peu, il m’a demandé de monter voir si tout allait bien.
Yuna ouvrit les yeux pour de bon tandis que ses membres s’allégeaient progressivement. Elle fit basculer sa tête sur le côté, et le reste de son corps suivit. Ainsi positionnée, elle découvrit enfin la femme à son chevet, ou plutôt, sa poitrine généreuse drapée d’un tablier blanc et élimé. Ses cheveux châtains déjà marbrés de gris indiquaient un âge proche de la soixantaine, que rajeunissait un visage constellé de taches de son. Un sourire bienveillant ourla ses lèvres.
— Tu m’as l’air encore un peu faible.
Faible... Qu’est-ce qui avait bien pu la mettre dans un tel état ? Elle avait marché, beaucoup marché… ce qui était plutôt habituel chez elle. Une fièvre soudaine ? Une agression ? Elle eut beau fouiller dans sa mémoire, rien de tel ne lui revint. Ses forces l’avaient peut-être tout simplement abandonnée, comme parfois lors de courses trop longues durant lesquelles elle négligeait de se reposer.
Elle rassembla le peu d’énergie dont elle disposait pour se redresser. Soucieuse, la femme se pencha vers elle et l’entoura d’un bras, tout en replaçant les oreillers contre le mur, avant de l’aider à s’y installer. Yuna jeta un regard circulaire à sa chambre, une petite pièce mansardée essentiellement composée de meubles en bois clair. Une vasque en pierre surplombée d’un miroir se trouvait près de la porte, dans le coin opposé au lit qui la tenait encore dans la douce chaleur de son édredon blanc.
— D’où est-ce que tu arrives ?
— Valroux, murmura Yuna.
Aussitôt que le nom fut prononcé, d’autres surgirent dans sa tête et formèrent un puzzle qui s’assembla en quelques secondes. Eunice… un antidote… des baies létales…
La femme haussa un sourcil.
— De Valroux ? Tu n’es pas venue à pied quand même ?
Yuna demeura silencieuse, ce que l’autre interpréta comme une affirmation. Elle poussa une exclamation de surprise.
— Ma pauvre enfant, pas étonnant que tu sois fatiguée, ça fait une sacrée trotte ! Tu aurais dû prendre le train…
Un train ? Oui, maintenant qu’elle y pensait, elle avait bien entendu parler d’une voie ferrée qui reliait entre elles Valcendré, Shirolite, Dyonnes et Fort-Cristal, les capitales des quatre régions. Trop habituée à se déplacer à pied, Yuna avait tout simplement fini par l’oublier.
Quelques coups brefs furent frappés à la porte, qui s’ouvrit sur un grand garçon aux cheveux broussailleux. Il ne semblait pas beaucoup plus vieux qu’elle. Dix-huit ans, peut-être dix-neuf… Un large sourire éclaira son visage.
— J’ai apporté le petit-déjeuner !
— Merci, mon grand. Voilà Clément, mon fiston, ajouta la femme à l’adresse de Yuna. Et moi, tu peux m’appeler Sandra.
La jeune fille amorça un bref sourire.
— Enchantée. Yuna.
Clément posa sur les genoux de sa mère le plateau qu’il tenait. Puis il plongea la main dans une poche intérieure de son gilet et en tira un sac en papier qu’il lui tendit.
— Et ça, c’est pour toi. Comme tu n’as pas déjeuné ce matin…
Gênée, Yuna se détourna tandis que Sandra attirait Clément vers elle et l’embrassait affectueusement. Enfin, la tenancière lui transmit le plateau.
— Voilà qui devrait t’aider à reprendre des forces. Elle est venue de Valroux à pied, tu y crois ?
Clément siffla pour marquer son étonnement.
— À pied ? Mais pourquoi t’as pas pris le train ?
— Trop cher. Merci, au fait. Pour le petit-déjeuner.
— Oh, pas de quoi, fit Clément. C’est compris dans le prix de la chambre.
Yuna ne saisit pas tout de suite où il voulait en venir, mais face à la légère surprise qui avait dû se peindre sur son visage, Sandra rit avant de la rassurer :
— Tu as déjà tout réglé hier soir, alors mange tranquille.
La jeune fille baissa les yeux sur son plateau et, une fois de plus, dut faire un effort pour rassembler ses souvenirs de la veille. Elle se revit, déposant sur un comptoir une poignée de pièces dont elle avait oublié la somme. Mais la clarté blafarde de l’éclairage artificiel et les bruits diffus de rires et de conversations autour d’elle s’étaient alliés à la fatigue pour brouiller sa mémoire, effaçant tout ce qui s’était passé ensuite.
Machinalement, elle prit à deux mains le bol en terre cuite, rempli d’un thé au parfum fruité, et le porta à ses lèvres. Il était encore très chaud.
— Et alors, qu’est-ce qui t’amène de si loin ? s’informa Clément.
— Des baies létales, pour une amie. Et comme on n’en trouve qu ’ici, à Shirolite …
— Pour une amie ? répéta Sandra alarmée. Mais par mes aïeux, est-elle pas folle ?
— Elle est herboriste, précisa Yuna. Elle a besoin de ces baies pour créer un antidote.
Tandis que sa mère poussait un profond soupir de soulagement, Clément éclata de rire et reprit :
— Tu as de la chance, on les cueille vraiment tout près, à peine deux petites heures de marche. Donc si je comprends bien… tu es une sorte de coursière ?
— C’est ça. Un court silence s’installa. Désireuse de détourner le regard inquiet de Sandra qui pesait toujours sur elle, Yuna prit l’un des petits pains posés à côté de son bol et mordilla dedans. La douceur de son goût l’incita à en ponctionner une bouchée plus franche.
— C’est bon, hein ? devina Clément avec un grand sourire. C’est la recette secrète de Bérénice, notre cuisinière.
— Recette secrète que je lui ai transmise, rappela Sandra.
— C’est vraiment délicieux.
Sandra lui sourit affectueusement et se leva.
— Allez, on va te laisser tranquille. Fais-nous signe quand tu voudras repartir, Clément te montrera le Pont invisible.
—  Merci .
Une fois seule, Yuna acheva son petit-déjeuner, puis quitta son lit et s’étira longuement. Ces petits exercices la rassurèrent : peu importait l’effort fourni la veille, il ne lui avait pas laissé la moindre courbature, seulement une inhabituelle sensation de fatigue qui s’estompait déjà.
Elle s’avança vers la vasque déjà remplie pour entamer sa toilette, mais, en apercevant son reflet dans le miroir, quelque chose la perturba. Son visage pointu, ses lèvres arrondies et ses yeux bleus étaient rigoureusement les mêmes qu’à l’accoutumée ; ses longs cheveux blonds et bouclés ne semblaient ni plus propres, ni moins fourchus que la veille. Pourtant, un sentiment de malaise s’était insinué en elle dès l’instant où son reflet lui était apparu. Alors même que son corps lui avait paru alourdi, elle se sentait plus petite et plus menue. Elle se pèserait dès que l’occasion se présenterait. Souvent, lorsqu’elle souhaitait terminer une course au plus vit

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