Le Clan des Immortels
282 pages
Français

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Le Clan des Immortels , livre ebook

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Description

L’univers d’Alice bascule le jour de ses quinze ans, lorsqu’elle reçoit pour cadeau d’anniversaire une enveloppe kraft chargée d’un lourd secret... Elle doit alors rejoindre un mystérieux grand-père châtelain dans le sud de la France.

À la fin de l’été, lorsqu’elle intègre le Manoir français pour y poursuivre sa scolarité, elle se trouve plongée de plein fouet dans l’univers des Immortels qui vivent en marge de la terre des hommes.

Mais qui est cet étrange lycéen qui la protège et lit en elle ? Et voilà que tous les élèves doivent fuir car une guerre gronde...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 septembre 2016
Nombre de lectures 1
EAN13 9782334178853
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-17883-9

© Edilivre, 2017
Le Clan des Immortels
 
 
Dimanche 26 Juin
Ne compter pour rien au sein de sa famille n’a pas que des mauvais côtés. On ne vous met pas la pression, on ne s’attend pas à ce que vous fassiez des exploits… Vous êtes là, intégrée au paysage, comme une photo posée sur un vieux meuble d’angle poussiéreux planté au fond du couloir. On ne vous regarde pas, on ne vous juge pas, on ne s’intéresse pas à vous.
Seulement voilà, on ne remarque pas non plus les changements qui s’opèrent en vous ni les événements qui vous tiennent à cœur. Et pourtant, il y en a eu un aujourd’hui, et de taille car je viens de fêter mes 15 ans. Et quand je parle de fêter mes 15 ans, je devrai plutôt dire que je viens d’avoir 15 ans. Eh oui ! Lorsque vous êtes invisible aux yeux de tous les membres de votre famille, aucun d’entre eux ne songe un seul instant à vous souhaiter votre anniversaire parce que, tout simplement, ils ne se rappellent pas que cette date est importante à vos yeux. D’ailleurs, du plus loin que je me souvienne, mon père, ma belle-mère et mon demi-frère ne m’ont jamais parlé du jour de ma naissance. Comme si le sujet était tabou. Les photos de mon demi-frère sont conservées dans un album qui reste bouclé à double tour dans le bureau de ma belle-mère. De temps en temps, le petit boutonneux va le regarder en douce. Mais moi, j’ai l’œil. Je suis déjà allée fouiner dans le coin. Eh bien, je vous le donne en mille ! Pas une photo de moi.
Ils ne sont pourtant pas bien méchants. Les deux premiers forment un couple ordinaire qui vit dans un quartier tranquille d’une banlieue plutôt aisée située à environ quarante kilomètres de Paris. Le matin, ils se lèvent toujours à la même heure, se disent les mêmes mots avant de partir travailler, chacun de son côté, en poursuivant cette même routine, jour après jour : leur vie ressemble à « Un jour sans fin ». Mais oui bien sûr ! C’est exactement ça : je me lève tous les matins avec cette pénible impression que chaque jour ressemble au précédent. Si je dois vivre cette routine une année de plus, autant en finir avec la vie avant la nuit prochaine…
Le soir, lorsque mes parents rentrent à la maison, ils poursuivent avec leurs rituels imbéciles. Ils posent toujours les mêmes questions à mon frère sur le déroulement de sa journée au collège. Il a l’air d’adorer ces « instants précieux de communication ». Pouah ! Quelle horreur ! Puis, ils s’adressent à moi pour en faire autant. Ils ne pourraient pas m’oublier un peu ? Peu importe mes réponses, car le plus important dans tout ça reste et demeure leurs maudits rituels.
Ils ont ce rictus immuable au coin des lèvres qu’ils appellent un sourire et dont ils ne se départissent jamais. Vous leur annoncez un deux sur vingt en mathématique ! Alors, rictus… Vous leur dites que vous avez été virée du cours de musique parce que vous chantiez du Indochine au lieu de faire vos gammes ! Encore, rictus… Vous leur présentez votre carnet remplit de mots des professeurs et du proviseur ! Toujours, rictus… Enfin bref, avec eux rien n’est passionné ni passionnant, tout est dans la retenue. C’est horripilant à un point que vous ne pouvez pas imaginer !
En cela, mon demi-frère est cent pour cent calqué sur eux. Et je n’ai rien de plus à dire sur lui si ce n’est qu’il est mortellement ennuyeux. Les yeux rivés à son maudit télescope et l’attachement qu’il a pour son satané club d’astronomie me donnent envie de vomir. Lui, malgré mes remarques assassines, continue imperturbablement de se réunir avec sa bande de copains qui forment un groupe de clones binoclards et guindés. A eux tous, ils essayent de résoudre les mystères du système solaire. Ils feraient bien mieux de se regarder dans un miroir pour y voir leurs sales « tronches de cake boutonneux. » Je t’assure que c’est bien plus mystérieux que tout le reste.
Enfin, au milieu de tout ça, il y a moi. Je me demande ce que je fais avec eux car je ne partage aucun centre d’intérêt commun avec l’un ou l’autre. Et puis, je ne leur ressemble même pas. Ils sont plutôt grands et moi petite, ils ont des cheveux bruns soyeux de bébés toujours bien coiffés, alors que les miens sont blonds et rebelles, tout comme moi d’ailleurs. Mes grands yeux bleus dévorent mon visage de poupée alors que les leurs sont marrons, juste marrons, tout simplement marrons et sans expression.
Mais ne crois pas que je me contente de tout critiquer sans jamais rien faire de positif. Non ! Je ne suis pas comme ça. Je me passionne pour le dessin, la photo, le théâtre, les animaux, la nature… Je suis « pleine et entière comme un œuf » comme dirait mon père. Quant à ma belle-mère elle me soutiendrait mordicus que je suis une révolutionnaire révoltée et en sempiternelle opposition avec le système. Elle me compare souvent à une guerrière invincible et ça l’a fait sourire. Puis, son métier de « psy. » refait surface et elle me parle de mon Moi et de mes angoisses… de mon Moi et de mes crises de somnambulisme… de mon Moi et de mon malaise permanent… encore de mon Moi et de ces images étranges qui parcourent mon esprit… puis de mon Moi et de mes éternelles questions sans réponse… et enfin de mon Moi sans ami, seule, décalée… Moi qui m’accroche à mes bouquins comme on se raccroche à la vie. Enfin bref, moi, Alice Personne car je ne suis personne : c’est comme ça que je me suis surnommée du haut de mes un mètre cinquante-cinq, un tout petit bout de fille pas plus haute que trois pommes qui se promène dans les bois, cheveux au vent, avec ce petit air sauvage et arrogant qui dérange tant mais qui, au fond, aimerait bien savoir qui elle est et où elle va.
Mais au fait, je manque à tous mes devoirs, mon cher journal !… Je dois avant tout t’expliquer la raison de ton existence : aujourd’hui, Madame Nevers, ma voisine, a permis de te donner vie en t’offrant à moi comme cadeau ce matin même. Elle est la seule à ne jamais m’oublier et à me comprendre. Elle m’a dit que tu es un livre magique parce que ton histoire n’est pas encore écrite et que j’ai le pouvoir de faire de toi un ouvrage extraordinaire, celui du parcours d’une vie non moins extraordinaire, la mienne. Ainsi, je ne suis plus tout à fait seule car tu es là !
Madame Nevers est une vieille dame charmante qui passe pour une originale dans le quartier. Elle porte toujours des robes en taffetas légères comme de la barba-papa aux couleurs chatoyantes. Ses cheveux gris argentés sont relevés en un chignon vaporeux qui la rend presque irréelle, intemporelle. C’est une toute petite femme fluette qui possède une sacrée manie : ses longs doigts effilés égrènent les perles de son collier en un mouvement régulier qui semble ponctuer le temps ; c’est une sorte de tic chez elle ; je l’adore.
Sa maison est plantée juste à côté de la mienne, au milieu de nombreuses autres maisons toutes identiques du Clos Prieur : cette zone résidentielle se situe entre forêt et campagne ; on y voit parfois des biches promener leur progéniture et de grands arbres que j’escalade avec bonheur. Il semblerait qu’en construisant ce lotissement, les architectes aient vu juste : les maisons se succèdent les unes aux autres mais avec assez d’espaces et de végétaux pour en faire un endroit unique plutôt bourgeois et très recherché. Les maisons d’ici sont toutes blanches avec des toitures en tuiles identiques et des volets aux couleurs réglementées. Ici, seules les haies diffèrent les unes des autres, ce qui n’est pas un mal. La nature reprendrait bien ses droits dans cet endroit ou la végétation est mise à l’honneur. Pourtant, tout le monde passe son dimanche à tondre la pelouse, à tailler les arbustes et à domestiquer tout ce qui pousse un peu de travers. Une chance pour moi, ils n’ont pas encore trouvé le truc pour que ma coiffure s’harmonise au paysage.
Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à Madame Nevers. Cette vieille grand-mère est une personne extraordinaire. Je la connais depuis toujours et c’est grâce à elle que je supporte ma lamentable petite vie insignifiante et sans joie. Quand elle me regarde, les paillettes d’or qui brillent dans ses yeux se mettent à danser comme embrasées dans un feu d’artifice de bonheur.
Elle me convie souvent à venir sur sa terrasse. Elle y a installé une jolie balancelle en bois blanc comme celles que l’on peut voir dans les films américains qui passent à la télé. Là, elle m’offre généralement une citronnade et des madeleines fourrées aux zestes d’oranges et aux pépites de chocolat qu’elle fabrique elle-même avec amour. Ensuite, elle me raconte des histoires fantastiques tout droites sorties de son imagination fertile. Des histoires peuplées d’univers étranges, de fées, de gnomes, d’elfes et de personnages à la vie éternelle et aux pouvoirs magiques fabuleux. Ces héros, qu’elle invente rien que pour moi, vivent des aventures non moins extraordinaires. Quand nous nous installons sur son vieux sofa usé, elle commence toujours notre rituel de la même façon : ce sont des histoires d’adolescents ordinaires, comme moi, mais qui, à l’aube de leur vie d’adultes, découvrent soudainement qu’ils sont destinés à un brillant avenir et à un destin d’exception grâce à des pouvoirs qui leurs sont attribués d’un coup de baguette magique.
Maintenant que je vais avoir quinze ans, je me rends compte qu’elle invente toutes ces histoires pour me donner le courage nécessaire à affronter la vie plus sereinement. Mais, jusqu’à présent, je n’y arrive pas.
Ce matin, alors qu’elle me racontait une nouvelle histoire de son cru, ses doigts n’égrenaient pas les perles de son collier. Cette fois-ci, ils semblaient ponctuer le tempo de l’hi

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