Le Club des érudits hallucinés
264 pages
Français

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Le Club des érudits hallucinés , livre ebook

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Description



« Je commence aujourd’hui cet ouvrage, ou du moins sa première ébauche, consacré au sujet inédit et encore bien peu documenté qu’est la biomutation (le néologisme est de mon cru.) La biomutation désigne un phénomène déjà amplement constaté, mais encore jamais étudié de manière rigoureuse et scientifique : la capacité qu’ont les objets inertes, et ce tout spécialement quand ils atteignent un haut degré de sophistication à, pour le dire vulgairement, prendre vie. »


Brouillons du professeur Mirandol Brussière.


Quand la jeune Eugénia trouve refuge dans la maison du professeur Brussière, physicien en retraite dirigeant un petit cercle d’érudits, elle ne révèle pas immédiatement son extraordinaire nature : elle n’est pourtant autre que l’andréïde, la première femme artificielle, prodige d’une mystérieuse technologie décrite par Villiers de l’Isle-Adam dans L’Ève future. Avec l’aide du professeur et des membres du cénacle, un étudiant passionné, un dandy mélomane, un aventurier aguerri et une voyante excentrique, Eugénia part en quête des secrets de sa conception, car une question obsessionnelle occupe son esprit : une machine peut-elle posséder une âme ?

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9782375681138
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE CLUB DES ÉRUDITS HALLUCINÉS
Marie-Lucie Bougon Editions du Chat Noir
Note de l’éditeur Ce roman est né d’une nouvelle éponyme parue dans l’anthologieMontres Enchantéeset dont il constitue la suite directe bien que totalement indépendant dans sa compréhension. Toutefois, afin de vous familiariser plus facilement avec les personnages atypiques de ce groupe de scientifiques et de curieux, nous avons ajouté en guise de prologue la nouvelle originelle «Le club des érudits hallucinés».
Société savante des amis de l’andréïde Liste informelle Membres fondateurs : • Mirandol Brussière, docteur en physique expérimentale, professeur des universités en retraite • Barberine Fricka, respectable voyante affiliée à l’ordre ésotérique du bassin parisien • Victor Castieux, explorateur et auteur de carnets de voyages Jeune génération : • Eugénia Brussière, fille adoptive et assistante du professeur Brussière • Eusèbe d’Orlille, licencié de sciences physique, assistant du professeur Brussière • Alcibiade de Voraise, esthète, riche bienfaiteur et duelliste de renom Anciens membres : • Gustave ******, ingénieur. • Alphonse Tournai, étudiant en physique expérimentale • Grégoria d’Alesay, conseillère et érudite
PROLOGUE « Félicie ! Le petit déjeuner, s’il vous plaît. » s’écria Monsieur d’Orlille en agitant doucement la petite clochette de bronze qui se trouvait sur son secrétaire. Il s’était levé de bon matin ce jour-là, mais ses longues ablutions avaient retardé le moment de déguster son en-cas, et l’effort intense qu’il avait dû fournir pour trouver une chemise s’accordant avec sa redingote gris perle lui avait ouvert l’appétit. Pour ne pas perdre plus de temps, il avait décidé de prendre sa collation dans son étude, et si Félicie se dépêchait un peu, il aurait peut-être l’occasion de terminer la lecture du traité de métallurgie qu’il avait abandonnée la veille, vacillant de fatigue. Le soleil illuminait déjà fièrement les grandes avenues parisiennes en ce matin du mois de mars et les faisceaux dorés striaient les lames du parquet de chêne. Le jeune aristocrate, ravi de cette luminosité tout à fait adéquate à la lecture, sourit en se carrant dans son fauteuil Louis XV. Sans plus attendre, il saisit le gros ouvrage et se mit à chercher la page précise sur laquelle il s’était endormi la nuit précédente, jurant à coups de silicates, de protoxydes et d’autres termes techniques qu’il n’était pas bien sûr d’avoir compris. Eusèbe d’Orlille était un jeune homme enthousiaste et instable, souvent accaparé par des passions fugaces pour diverses disciplines savantes, de la rhétorique antique à l’étude de la végétation forestière. Il s’était, pendant un temps, particulièrement intéressé à l’alchimie, et avait dépensé des sommes mirobolantes en manuscrits, préférant par-dessus tous ceux qui arboraient des enluminures aux résonances païennes. Son dernier engouement en date était la mécanique. Oh, et quel fascinant domaine ! Émerveillé par l’Exposition Universelle, pantois d’admiration devant les engrenages, les poulies et les chaudières à vapeur, il s’était immédiatement piqué d’accumuler tout le savoir possible sur la question. C’est ainsi qu’il avait fait la connaissance du professeur Brussière, et cette rencontre lui avait ouvert des perspectives extraordinaires lorsque le savant barbu l’avait invité à venir visiter son atelier. De là, sa nouvelle passion avait pris des dimensions incroyables et s’il tentait désormais de comprendre la métallurgie, c’était par souci de mieux appréhender la mécanique. Cependant, alors qu’il parcourait les pages rébarbatives du traité en question, il regretta de ne pas avoir demandé au professeur Brussière quelques ouvrages de référence avant de se lancer par lui-même dans cette tâche fastidieuse. Le pas lourd et pressé de Félicie interrompit sa lecture difficile et ce fut avec joie qu’il huma l’odeur délicieuse de la brioche encore tiède. Rendue quelque peu pataude par l’âge, Félicie manqua de renverser son plateau sur le sol avant de déposer la collation sur le secrétaire d’Eusèbe, observant avec suspicion le volume qu’il étudiait. Ce pauvre garçon lisait trop, ne mangeait pas assez, passait un temps indécent à choisir ses habits et finissait toujours par ressembler à un épouvantail coiffé. Ou du moins, c’est ce qu’il lui évoquait, car la mode adoptée récemment par les beaux messieurs laissait Félicie quelque peu perplexe : quelle pouvait donc bien être l’utilité de chapeaux si immenses qu’ils se heurtaient aux embrasures des portes ? Heureusement, ce fils Orlille était bien gentil, et après la tyrannie du vieux d’avant, Félicie était plus que ravie d’être la domestique du garçon, si maigre et apprêté fut-il. Elle se surprenait parfois à s’inquiéter pour lui, et se demandait si un galapiat aussi coquet allait bien pouvoir un jour se trouver une fille. Félicie n’aurait pas vraiment apprécié que son mari passât autant d’heures dans son cabinet de toilette et commandât autant de parfums sirupeux. Peut-être les demoiselles de maintenant appréciaient-elles ce genre de soins, après tout, Félicie n’en savait rien. Mais pour elle en tous cas, c’était un brin ridicule de passer tout ce temps à se pomponner quand on était un monsieur. « Merci beaucoup, Félicie » lui dit Eusèbe alors qu’elle lui servait du thé. Il était tout de même gentil ce garçon, toujours respectueux, se dit-elle en le voyant tirer une jolie montre à gousset de la poche de son habit, oui, une bien belle montre, très élégante, avec plein de gravures. Elle indiquait deux heures cinq, pourtant. Félicie savait bien que les cloches de l’église venaient à peine de sonner dix coups. Un joli bijou, mais pas bien utile. Le jeune maître avait dû oublier de la remonter, mais pourtant, il la regardait d’un air absorbé. Félicie se retint de pousser un grand soupir et de conseiller à Eusèbe de prendre plus de brioches. Décidément, ce garçon était bien perturbé, peut-être même était-il malade. Elle demanderait à Firmin de vérifier s’il n’avait pas l’air souffreteux quand il l’aidait à s’habiller. Elle ne pouvait pas le faire, elle, non, elle n’avait pas vu monsieur Eusèbe dévêtu depuis qu’il était tout petit, et aujourd’hui, ce ne serait plus très convenable. Félicie sortit de la pièce en claudiquant un peu et Eusèbe se dit avec tristesse qu’elle serait prochainement trop âgée pour être à son service. Soupirant à cette idée, il découpa une tranche de brioche et y étala généreusement la confiture de cerises qui se trouvait dans le petit récipient de faïence apporté par Félicie. Se léchant les lèvres d’une façon fort peu élégante, Eusèbe se replongea d’un air résolu dans le traité de métallurgie qui semblait le provoquer de ses formules complexes. Le rendez-vous organisé par le professeur Brussière n’avait lieu que dans l’après-midi et le jeune érudit comptait bien utiliser tout le temps qui lui restait à démêler les mystères scientifiques de l’ouvrage. Quelle honte ce serait que d’en savoir
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