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pages
Français
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2013
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2013
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Publié par
Date de parution
26 juillet 2013
Nombre de lectures
2
EAN13
9782312012650
Langue
Français
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Date de parution
26 juillet 2013
Nombre de lectures
2
EAN13
9782312012650
Langue
Français
Le Passéroscope
Michel Declaus
Le Passéroscope
LES ÉDITIONS DU NET 22 rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
Ou « On ne vit que deux fois »
Du même auteur :
Trilogie d’un rônin
© Les Éditions du Net, 2013 ISBN : 978-2-312-01265-0
Avant-propos
Certains ont une vie simple et tranquille. La mienne fut un peu plus dissolue. D’abord, je me fais tuer la 1ere fois en 1936, puis ma femme se marie avec un homme qui a voyagé sur le Titanic, et pour finir, je me fais agresser par un chien de 80 ans, en peine forme, juste avant l’accouchement de Kate Middleton. Avouez que ce n’est pas commun ! Et tout ça à cause de quoi ? Cette saleté de Passéroscope.
Berlin 1936
Je sortais, accompagné de mon guide, du complexe olympique. Steve m’avait signifié qu’il était 18 heures, et que le moment était venu de rentrer au centre.
– Alors M.Blondel, ça vous a plu cette journée de sports ?
– Ravi ! Repris-je. Surtout quand Jessie Owen a mis un boulevard aux athlètes allemands. Mais tout le public sifflait !
– Effectivement, c’est pour cela que je vous ai fait rassoir lorsque vous vous êtes levé pour applaudir, on a failli se faire lyncher par le public.
– Excusez-moi Steve, mais j’étais dans un tel moment d’émotion. Merci.
– De rien, c’est mon boulot, je dois veiller à la sécurité du client.
Des la sortie du stade, au milieu de la foule, nous visions l’arrêt de bus. Deux soldats attendaient aussi. L’un tenait en laisse un énorme berger allemand muselé et l’autre portait une mitraillette en bandoulière.
Soudain, quelqu’un se planta devant nous, faisant obstruction à notre marche, et nous dit :
– Steve! M. Loïc Blondel!
– Karl! Fit mon guide tout étonné, que fais-tu là ?
– Ordres du Docteur Malinas, il y a un petit changement de programme. Suivez-moi, j’ai réservé un taxi !
Comme Steve, semblait rassuré, je les suivais avec la même désinvolture. Dans l’auto, personne ne parla. La voiture nous déposa à un arrêt de bus en pleine campagne une demi-heure plus tard, puis soulagée de ses clients, retourna vers la capitale. Une fois seuls, un peu à l’écart de la route, dans les champs, Karl ouvrit le portail à l’aide de son propre boitier, puis me fit :
– Donnez-moi l’appareil photo M.Blondel, Steve va s’en charger.
Je m’exécutais.
– Vas-y en premier Steve ! Continua Karl.
Mon guide pénétra dans la fumée blanchâtre. J’allais lui emboiter le pas, quand Karl me stoppa net, brandissant son revolver dans ma direction.
– Pas vous M.Blondel, désolé !
– Mais vous êtes fou, Karl ! Je ne vais pas rester ici. Mon épouse m’attend déjà sur le parking. Et puis, j’ai payé pour un aller retour.
– Les ordres ! C’est comme ça ! Mais soyez rassuré, vous aurez de l’avance sur votre femme.
J’allais me jeter sur lui quand la première détonation retentit. La balle m’avait touché au ventre. De douleur, je tombais à genoux. Il braqua l’arme vers mon front, et appuya la détente. L’impact me fit exploser la cervelle. J’étais mort !
De nos jours
J’avais cinq minutes d’avance sur mon rendez vous. Il tombait des hallebardes. Dans mon taxi neuf, une VW Passat dont je serai le proprio après sept années de traites, j’en profitais pour relire la brochure du « Passéroscope ». Les tarifs de certains voyages étaient dissuasifs, comme par exemple la crucifixion du Christ ou la construction de Kheops, mais d’autres étaient abordables comme revivre les JO de Tokyo, la chute des Twin Tower à New York ou la décapitation de Marie Antoinette. En fait, plus on remontait loin, plus c’était cher, ce qui était toutefois logique. De plus, pour des raisons de santé, on ne pouvait faire qu’une seule fois un voyage dans le passé, donc, il fallait bien choisir sa destination.
J’aurais voulu allumer une cigarette, mais comme je ne pouvais ouvrir les carreaux à cause du temps, l’odeur aurait incommodé ma cliente. Je la remis dans le paquet à contrecœur. En plus ça me coutait une fortune, fallait vraiment que je me désaccoutume de ce poison.
J’entendis la porte arrière s’ouvrir, et ma cliente s’installa.
– Bonjour Isabelle, en forme ce matin ?
– Bonjour Loïc, quel temps de chien. Ça va bien, et vous ?
– Très bien ! Alors, chez votre fils, comme d’habitude ?
– Oui, mais d’abord, vous ferez un petit crochet par la banque.
– Entendu, ca roule.
Je lançais la voiture. Sur le parcours, je me demandais depuis combien de temps Isabelle Dumoulin était ma cliente. Trois ans, facile, toujours de bonne humeur et généreuse en pourboire. Elle résidait dans une grande maison bourgeoise du centre de Lille. Elle avait perdu l’année dernière son mari, un riche industriel de la métropole. Tous les mardi matin, elle se rendait chez son fils vers 10 heures, je la déposais, et revenais la chercher après le déjeuner. C’était le rituel du mardi.
Après le détour par la banque, je la lâchais à l’endroit habituel, puis je me postais à la gare en tête de station. La conjoncture n’était pas facile, crise oblige, et les clients se faisaient rares. Il y avait longtemps que je n’avais pas pris de vacances. Carburants et péages hors de prix, grèves perpétuelles dans les aéroports et la SNCF, à cause de la puissance des syndicats, et un gouvernement trop mou. Danger d’attentats, de vols ou d’enlèvement. Aller au nord, il faisait trop froid malgré le réchauffement de la planète, au sud, les désordres de l’Afrique rendaient le tourisme inhospitalier, à l’ouest il fallait un an pour avoir un passeport biométrique pour les USA, et à l’est, cela me semblait inintéressant. Plus loin, l’embrasement du moyen orient rebutait le moindre touriste. Heureusement il existait le « Passéroscope »
Par un moyen technique assez compliqué, mais inoffensif, on pouvait remonter dans le passé, afin d’assister aux grands événements de notre histoire. Ils avaient même poussé les expériences jusqu’avant le Crétacé tertiaire, mais quand un des voyageurs expérimental fut dévoré par un T-Rex, cette période fut écartée du projet.
Le soir, après une journée de misère, je rentrais chez moi dans la banlieue de Lille.
Carla, mon épouse, après le diner me demanda si j’avais fait mon choix.
– Hé bien oui, chérie, c’est décidé, je vais prendre la nouveauté du mois : Les Jeux olympiques de Berlin 1936. J’ai réservé et payé en CB aujourd’hui. C’est un voyage inaugural, et figures toi que lundi prochain, je serai le premier client.
– Super !
– J’aurais préféré le cheval de Troie qui entre dans la ville, mais 7000 €, ce n’est pas donné. Pour 2500 € j’ai les Jo, alors je prends.
– Dommage que je ne puisse t’accompagner, hélas ce sont des voyages à une seule personne.
– Si je suis content du voyage, l’année prochaine, je t’y enverrai.
– C’est gentil, mais faut d’abord voir si on sort de la crise.
– T’as raison, une chose à la fois.
Suite à un repas composé de féculents et de jambon, je sortais de table, et pénétrais dans mon bureau, qui servait également de lingerie. Je m’asseyais devant mon vieux PC, qui ramait grave tellement il était obsolète, afin de consulter les comptes sur ma banque en ligne. Ce n’était pas brillant, car nous étions dans le rouge dès le 20 du mois. La maison ne respirait pas le fric, et ma femme portait toujours les mêmes affaires. Sa bague de fiançailles et son alliance étaient toute sa panoplie joaillière. Elle devait vraiment m’aimer, car je ne lui apportais pas une vie de rêve.
Je remémorais ma rencontre avec Carla. En septembre 2002, accompagné de ma sœur Sylvie, nous avions décidés de passer une soirée dans un bal populaire. Celui ci se trouvait sur la place d’un petit village, et organisait une soirée moules frites. C’est là que je la vis pour la première fois. Elle était attablée avec ses parents. Je la dévorais des yeux tellement elle était belle. Ma sœur avait observé le manège, et quand l’orchestre lança la musique, Sylvie me fit :
– Qu’est ce que tu attends ? Allez, invite-la !
– T’es folle, elle est trop belle, je n’oserais jamais.
– C’est bien une réponse de mecs, çà. Donc, toute ta vie, tu vas te taper des moches par timidité ? Regarde ! Les autres cons réagissent comme toi. Personne ne l’invite.
Elle avait raison. Dans un élan de hardiesse, je me lançais et l’invitais. Mes genoux claquaient les castagnettes. Ce fut le début d’une grande histoire d’amour, en vérité, ma seule histoire d’amour.
Le moral dans les chaussures à cause des finances, je retrouvais mon épouse dans la chambre