Le voyage du Capitaine Gournevez
103 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le voyage du Capitaine Gournevez , livre ebook

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
103 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Un voyage initiatique où le passé se mêle au futur, où les légendes se confondent avec la réalité, où les distances et le temps semblent abolis… Des êtres surprenants mais en même temps si proches… Voila ce qui attend Gournevez sur cette planète perdue au fin fond d’une galaxie inconnue.
Un roman de science-fiction bretonne…

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 juillet 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9791029007231
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Le voyage du Capitaine Gournevez
Patrick Le Bihan
Le voyage du Capitaine Gournevez
Les Éditions Chapitre.com
123, boulevard de Grenelle 75015 Paris
Du même auteur
La Harpe Verte et autres poèmes , Les éditions Chapitre . com, 2014
© Les Éditions Chapitre.com, 2017
ISBN : 979-10-290-0723-1
Chapitre 1
Lorsque le capitaine Gournevez posa le pied sur la planète inconnue, il s’aperçut que la couleur rouge-orangée qui couvrait le sol était en fait une couche, relativement peu épaisse, de petits cristaux, comparables à du sable, ou mieux, à de la neige. Son scaphandre spatial lui interdisant d’en apprécier la texture ou la chaleur, il commença l’installation des premiers appareils de mesures, et découvrit que c’était bel et bien une sorte de neige. La température ambiante était d’ailleurs assez basse : – 3 °C. Il paraît qu’on avait autrefois, sur Terre, des températures comme celle-là. C’était avant le réchauffement climatique, qui avait vu les déserts s’agrandir et les océans gagner sur les basses terres… D’autres planètes rencontrées lors de précédentes expéditions supportaient des températures beaucoup plus hostiles !
Ils se trouvaient sur un plateau situé, d’après les appareils de mesures, à près de deux mille mètres d’altitude. Le jour venait à peine de se lever. Ils constatèrent par la suite que la fine couche de neige orangée disparaissait au bout de quelques heures, le pâle soleil réchauffant l’atmosphère de la petite planète.
Tout cela avait commencé quelques mois plus tôt, sur la planète Fitounzate, alors poste avancé de l’invasion (la plupart du temps pacifique) des légions terrestres dans le Grand Cosmos. La mission du capitaine Gournevez était d’aller reconnaître un astre scintillant par intermittence et avec une régularité qui intriguait le Haut Commandement Terrien. S’agissait-il d’un message en provenance d’une civilisation cosmique intelligente ? Devait-on, dans cette éventualité, la craindre, ou, au contraire, allait-on à la rencontre d’une nouvelle race amie qui élargirait la gamme des habitants de l’Empire ?
Le navire avait pris son cap et les manœuvres routinières étaient confiées à l’ordinateur de bord, petite merveille d’intelligence, si ce n’était son penchant à imiter l’homme en tous points (par désir secret de s’humaniser, ou à cause de la maladresse du cybernéticien qui l’avait conçu ?), qui se manifestait principalement par une tendance au commérage, à l’intrusion dans les conversations, et aussi par un esprit joueur et malicieux.
C’est ainsi que Charlie (surnom affectueusement donné par l’équipage à l’ordinateur de bord), surmené par une partie d’échecs particulièrement difficile, avait confondu la diagonale du Fou avec le chenal cosmique de Bételgeuse à Aldébaran, et, par une série de manœuvres inédites, avait à la fois perdu la partie et le navire.
Quelques jours auparavant, le capitaine Padrig Gournevez se mesurait à son second, l’ineffable Gwenn Ar Floc’h, sur les soixante-quatre cases, une des rares distractions de l’équipage, en cette mission lointaine, et essayait de se dépêtrer du piège de Mortimer que tissait avec ses pions et ses pièces mineures son rusé adversaire… C’est alors que Charlie, bavard impénitent, et curieux de surcroît, s’était mis à énoncer une suite de combinaisons étonnantes qui devaient, selon lui, amener de manière inéluctable un mat en vingt-sept coups.
Gournevez , écœuré, s’était alors dirigé vers le réfrigérateur de la kitchenette attenante pour essayer de lire son avenir échiquéen dans les bulles ambrées d’une bière originaire d’un vieux pays d’Europe , tandis que Ar Floc’h défiait l’ordinateur et lui intimait de démontrer sur l’échiquier le bien-fondé de ses théories audacieuses.
Yann Ar Gamm, pendant ce temps, amateur de plaisirs solitaires, intellectuellement parlant et sans aucune arrière-pensée, se livrait au jeu ésotérique et abscons de la grammaire transformationnelle, et plus précisément, essayait – et ce, depuis le début du voyage – de représenter graphiquement la plus longue phrase possible, d’en faire « l’arbre » comme disent les initiés… Cet arbre aux branches foisonnantes remplissait déjà une demi-douzaine de cahiers, esquisse après esquisse : tel groupe nominal s’ornant d’une proposition subordonnée relative dans laquelle, bien évidemment, s’insérait une proposition subordonnée circonstancielle, elle-même garnie d’une complétive où les compléments de noms et d’adjectifs pullulaient… Yann Ar Gamm, grand buveur de chouchenn devant l’Eternel, exultait à chaque nouvelle trouvaille, et, lampant une gorgée de l’élixir doré, redessinait le gigantesque monument avec une patience de fourmi.
Corentin Kaër le chimiste, Kaourintin, ou Kaour, pour les Bretons, passait son temps à une occupation gastronomico-ludique. Ayant récolté sur diverses planètes des fruits comestibles autant que succulents, il les avait fait macérer, ou plutôt « mariner » (à bord d’un vaisseau, fût-il spatial, le terme « mariner » semble plus adéquat), dans une vieille eau-de-vie terrestre, et il en tirait des liqueurs, inventant et réinventant sans cesse de nouveaux cocktails, punchs, juleps, et autres boissons apéritives ou digestives, et parfois même aphrodisiaques, au grand dam de l’équipage, car, en ces temps héroïques, comme chacun sait, les navires spatiaux n’embarquaient pas de femmes, ni brunes ni blondes, et encore moins des rousses, réminiscence inconsciente des temps de l’Inquisition espagnole, où rouquins et gauchers étaient considérés comme créatures du diable, et donc porte-malheur.
Dans l’entrepont, Morvan Bengloan le tisseur, dont les voiles merveilleuses avaient sauvé autrefois la jeep spatiale de vents sélénites atroces et tourmenteurs, s’adonnait à sa passion et tissait, tel Pénélope, les divers poils, cheveux, fibres, lianes, qu’il avait récoltés dans les précédentes expéditions, composant des tapis de lune, ou d’astres capricieux, aux couleurs surprenantes et aux propriétés miraculeuses…
Morvan avait eu une enfance peu ordinaire. C’était un enfant trouvé… Des paysans du village de Tréhorenteuc, qui cherchaient des champignons dans la forêt, attirés par des cris d’enfant, avaient vu une espèce de berceau de feuilles et de branchages près de la fontaine de Barenton, en Brocéliande. Naturellement, ils l’avaient recueilli… Et, en grandissant, l’enfant passait de plus en plus de temps dans cette forêt. Il semblait en retirer une sagesse infinie et des connaissances extraordinaires. Mais il se butait et ne répondait rien quand ses parents adoptifs lui demandaient s’il voyait quelqu’un dans la forêt… Entré au lycée, il se révéla un élève surdoué, et c’est ainsi qu’il intégra plus tard l’école des spationautes… Et depuis quelques années, il faisait partie de l’équipage de ce vaisseau. Il laissait courir le bruit qu’en son jeune âge, il avait été doté par le mage de sa forêt natale de pouvoirs spéciaux et écologiques ; il était à la fois devin, conseiller spirituel, guérisseur et inventeur… Et ses doigts et sa science étaient capables d’apaiser toute douleur humaine, et de tisser du bonheur pour n’importe quelle occasion.
Ce dont se moquait parfois, gentiment bien sûr, Ronan Trividic , dont le domaine était aussi l’entrepont : il s’occupait du matériel, et en particulier des armes, et des robots. Le navire emportait en ses soutes les éléments nécessaires au montage de vingt-cinq robots, dont la carapace, faite d’un métal léger mais ultra-résistant, avait rendu déjà maints services dans des situations à risques. Ces robots, qui venaient du Japon , avaient une finition particulièrement esthétique : une peau de silicone plus vraie que nature les faisait paraître quasiment humains. Ils avaient d’ailleurs tous un nom ou, plutôt, un prénom, et on pouvait les distinguer les uns des autres car chaque visage était unique, et aucun ne se ressemblait.
Ronan Trividic était un colosse de plus d’un mètre quatre-vingt-quinze, tout en muscles, le poil noir, barbu, cheveux mi-longs. Il était originaire de Roscoff , ville dont la devise semblait faite exactement pour lui : « ha rei ha skei atao » (et donne et frappe toujours).
Officier mécanicien, il s’était retrouvé en poste sur la planète Mars pendant deux années, durant lesquelles il avait complété sa formation, en se spécialisant dans l’informatique appliquée à l’entretien des robots. Il avait ensuite accompli plusieurs missions hors de notre système solaire, avant d’intégrer l’équipage du capitaine Gournevez .
Bon vivant, bavard et un peu hableur, comme beaucoup de Léonards, il se sentait bien en compagnie de ses robots, qui étaient toujours d’humeur égale, et

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents