Les Âmes Perdues
295 pages
Français

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Les Âmes Perdues , livre ebook

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Description

Dans cette vie, Victoria, Dana, Julian et Luke ne se connaissent pas. Ils sont pourtant réunis la veille de Noël par Baalberith, un démon incarné qui se présente comme leur guide et leur annonce qu’ils sont les instruments d’une prophétie qui ne leur laisse d’autre choix que celui d’endosser le rôle du Juge, de l’Assassin, de la Clairvoyante et du Guérisseur, et de rendre justice.
Les quatre comprennent rapidement que de leur lien dépend leur survie, et que les adversaires qui se dressent sur leur chemin ne sont pas seulement des esprits…

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 avril 2019
Nombre de lectures 17
EAN13 9782312066264
Langue Français

Extrait

Les Âmes Perdues
Stéphanie Munch
Les Âmes Perdues
Tome I : La Prophétie
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2019
ISBN : 978-2-312-06626-4
Chapitre 1 : Où tout commence
Kingston , la veille de Noël .
La neige était tombée sans discontinuer pendant plusieurs jours sur la petite ville isolée de Kingston, plongeant ses ruelles mal entretenues dans une atmosphère paisible. Un vent léger mais glacial accompagnait les paroissiens en route vers la vieille église, symbole désagrégé d’une communauté qui continuait pourtant à s’y rassembler nombreuse la veille de Noël, mue par cet attachement particulier des villages à leurs traditions.
Parmi eux, Victoria marchait le visage presque entièrement enfoui dans une grande écharpe, perdue dans ses pensées. Elle connaissait bien ce chemin vers l’église pour l’avoir remonté souvent aux côtés de sa grand-mère, au temps où l’édifice n’était pas encore couvert de lierres, au temps où sa seule préoccupation était de se rappeler les textes des prières pendant la messe. Mais sa grand-mère était partie depuis quelques années, et l’insouciance avec elle. Victoria ne se montrait guère en dehors de ces occasions, retenue par son appréhension à se heurter au monde.
Tandis qu’elle croisait des visages familiers, la jeune femme se serra un peu plus dans son manteau, enfonçant ses mains dans les poches comme si elle cherchait à y creuser un abri. La vision de sa grand-mère tenant sa main d’enfant dans la sienne lui revint, puis s’estompa. Au-dessus d’elle, un moineau en quête d’abri ébrouait ses ailes humides en la fixant avec curiosité.
À quelques pas de là, sur le palier d’une maison devenue trop grande, Hugo s’attachait à boutonner le gilet de sa fille qui s’impatientait. Serena, blondinette énergique de sept ans, s’agitait en tous sens, et le quarantenaire peinait à l’habiller.
« Serena, ma douce ! Si tu ne me laisses pas t’habiller, nous allons arriver en retard ! »
Hugo l’attrapa par la taille et lui fit descendre d’un trait les quatre marches qui donnaient sur leur allée, ce qui amusa beaucoup la fillette. Mais un souvenir la rattrapa elle aussi, et elle plissa le front en s’adressant à son père.
« Pourquoi on doit aller à l’église ce soir, papa ? »
« Parce que c’est Noël ! »
Le sourire un peu triste qu’il lui adressa ne réussit pas à la tromper.
« C’est maman qui l’a dit ? »
Tous deux se regardèrent gravement, avec les mêmes grands yeux d’un brun profond.
« Oui, mon ange », lui répondit-il doucement. « Maman a toujours voulu aller à l’église le soir de Noël, alors, on y va, même si elle n’est plus là. »
« Alors c’est bien qu’on y aille, papa, hein ? »
« Oui, ma chérie. »
Tandis qu’ils prenaient le chemin de l’église, un homme filait sous la lumière des réverbères, d’un pas assuré. Son allure était reconnaissable entre toutes, car Julian était le cadet des trois fils Combs, famille d’une bourgeoisie oubliée dont le patriarche possédait encore la plupart des bâtiments de la ville et restait une figure politique influente. Julian avait eu beau renier cet héritage, sa démarche et son tempérament portaient la marque d’une éducation bourgeoise qui le distinguait des habitants de Kingston, pour la plupart pêcheurs, instituteurs ou petits commerçants.
Dans la nuit de décembre, les lumières des stands scintillaient comme pour ouvrir la route. Si quelqu’un avait pris le temps de scruter le regard de Julian Combs, il y aurait aperçu, derrière un sourire discret, l’ombre d’une inquiétude grandissante. Alors qu’il s’approchait de l’un des ateliers, une femme aux cheveux grisonnants et au bonnet improbable le héla.
« Des gâteaux pour une bonne œuvre ? »
Julian se tourna vers la vieille femme qui venait de l’interpeller, et engagea la conversation poliment. Tandis qu’il marchandait avec une feinte bonne humeur, un homme s’approcha de lui presque invisible dans l’attroupement qui s’était formé. Julian l’aperçut du coin de l’œil mais sans montrer de réaction. L’homme, de même stature que lui, se tourna habilement vers Julian pour glisser une enveloppe dans la poche de sa veste, sans être vu de personne, et disparut presque aussitôt. Tout en échangeant quelques pièces avec la vieille dame, Julian replaça subrepticement l’enveloppe bien au fond de sa veste, puis reprit son chemin.
Derrière lui, Luke Lawrence se faufilait entre les paroissiens qui s’étaient massés devant l’église. Son visage fermé dénotait une certaine nervosité. Trop de choses avaient changé depuis qu’il avait quitté Kingston pour rencontrer sa famille d’adoption. Les visages autour de lui ne réveillaient aucun souvenir, comme il s’y attendait. Tandis qu’il guettait avec inquiétude l’ouverture des portes, une jeune femme brune le bouscula par inadvertance.
« Oh, je vous demande pardon ! J’étais ailleurs ! »
Comme elle semblait sincèrement navrée, Luke s’efforça de lui répondre.
« Ce n’est pas grave, vraiment. »
Gênée, Dana Fisher lui sourit brièvement et l’observa tandis qu’il montait les marches. Elle était bien certaine de n’avoir jamais vu cet homme dans les parages, et cela était surprenant. De l’autre côté du parvis, elle aperçut Victoria, qu’elle suivit quelques instants, songeuse. L’horloge indiquait onze heures trente, et les portes de l’église venaient de s’ouvrir.
« Je les ai enfin trouvés. Et puisqu’il semble que mon nom doive être maudit jusqu’à la fin de mon incarnation, j’accomplirai au moins cela. Je serai leur guide et leur unique lumière dans les ténèbres qui les encercleront bientôt. Et lorsqu’ils seront devenus les Quatre , cela voudra dire que je serai libre. J’aurai expié la faute que je n’ai pas commise. J’abandonnerai ce monde pour un autre où le passé ne sera plus. Je serai libre. »
L’atmosphère venait de changer de façon imperceptible, au moment où la foule amassée sur le parvis entrait calmement dans l’édifice. Les dernières discussions s’éteignirent tandis que chacun trouvait sa place sur les bancs, sous le regard bienveillant du prêtre qui rassemblait ses notes. Les voix tues, on percevait maintenant plus distinctement le sifflement du vent au dehors, et Victoria frissonna touchée par cette nouvelle ambiance.
Non loin d’elle, elle avait reconnu Dana Fisher , qu’elle avait côtoyée au lycée, et Hugo Hayes accompagné de sa fille Serena , qui lui lança un regard appuyé, empreint de curiosité. En réponse, Victoria lui adressa un petit salut de la main. L’histoire de cette famille fit monter en elle un soudain sentiment de tristesse. À gauche de l’allée, ses yeux croisèrent sans le vouloir ceux de Julian , le dissident , qui lui sourit. Victoria se sentant rougir se retourna vers le prêtre qui venait de débuter la messe. Quelques rangs derrière elle, elle ne vit pas Luke , qui, étranger à la communauté, s’était mis à l’écart.
Un chant puissant s’éleva du chœur juste au-dessus d’eux, la faisant sursauter. Sans qu’elle puisse en pointer la raison, Victoria se trouvait mal à l’aise depuis quelques minutes. Elle se revit tourner la clé dans la serrure en quittant la maison, le cœur serré. Rien n’avait été simple depuis la disparition d’Eléanore, particulièrement aborder la foule. Elle s’efforça de contrôler sa respiration au mieux, sous les yeux de Julian qui ne se détachaient pas d’elle.
Au-dessus, les voix du chœur s’éteignirent, la dernière note de l’organiste se prolongea un instant, puis le prêtre poursuivit son sermon.
« Mes frères, mes sœurs… Je suis heureux de vous accueillir ce soir dans la maison du Seigneur . Votre présence ici prend tout son sens en cette veille de Noël , particulièrement en notre temps. Car plus que jamais nous avons besoin de nous sentir proches les uns des autres. Plus que jamais nous avons besoin d’ouvrir nos cœurs et de partager. »
Le prêtre fit signe aux enfants de chœur de se réunir autour de lui, mais alors qu’il poursuivait son discours, Victoria décrocha complètement, emportée par ses souvenirs. La cour remplie de cris d’enfants qui jouent, une mélodie étouffée depuis la fenêtre du pavillon d̵

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