Les Buses du manoir étrange
374 pages
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Les Buses du manoir étrange , livre ebook

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Description

En 1991, un jeune couple découvre, en Ardenne, un étrange manoir seulement habité par cinq rapaces (des buses variables) et oublié de tous. Intrigués, ils enquêtent et, de fil en aiguille, prennent pied sur un chemin initiatique qui les mène à la découverte des pouvoirs étranges des oiseaux devenus leurs amis, puis de celle d’êtres non humains. La bonté de ceux-ci les incite à s’investir de plus en plus et, au travers de récits retrouvés, d’un journal d’un vieux curé décédé à celui d’une jeune bonne éprise d’un E.T., de rencontres avec des animaux pourvus de conscience ou non, de personnes terrestres ou non, ils entament un voyage merveilleux qui les mènera au bout de la galaxie et à la création d’un monde meilleur.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 octobre 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414232130
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-23211-6

© Edilivre, 2018
Première partie La découverte
Chapitre I Le manoir
Dans un vallon des Ardennes belges, perdu au fond des bois, se trouve un ancien manoir en ruine que peu de promeneurs aperçoivent.
Même les villageois proches ont oublié son existence. Le manoir fut habité, dans les temps anciens, par une famille dont le nom a disparu et, dans les archives de la commune, ne se trouvent plus que très peu d’informations le concernant.
Jusqu’à la fin des années 30, le curé de la paroisse connaissait son histoire et celle de cette famille. Il la consigna dans ses registres, et, à sa pension, son successeur, issu d’une ville plus lointaine, les rangea dans un coin et les oublia.
Un jour d’été 1991, nous promenant par-là, mon compagnon et moi arrivâmes à l’orée de la clairière au fond de laquelle il se nichait.
Son aspect étrange nous frappa. Il scintillait, là où le lierre manquait, de toutes ses vieilles pierres, comme si celles-ci étaient incluses de poussière d’agate et d’améthyste. Aucun rai de soleil, pourtant, ne le frappait, mais ses arêtes vibraient doucement dans l’air frais, translucides, impalpables. Il ne semblait pas réel, paraissait hors de notre monde, à la lisière de la matérialité.
Nous nous arrêtâmes pour le détailler, tant l’impression qu’il dégageait nous paraissait étrange. Il nous sembla que des elfes pussent en sortir et des lutins surgir de terre, là où nos lois n’agissaient plus.
Même les oiseaux se faisaient discrets. Une douceur ouatée tempérait leurs pépiements, atténuait leurs cris trop stridents. L’atmosphère, presque tangible, enveloppait le décor, les choses, les êtres, la végétation d’une bulle quasi liquide où rien ne semblait solide, palpable, où tout élément participait d’une nature entre la matière et l’aérien sans jamais relever vraiment ni de l’une ni de l’autre.
Nous nous taisions, rendus muets par la beauté du lieu, lorsqu’un son doux et aigu attira notre attention. Là-haut, très haut dans le ciel, droit au-dessus du manoir et en cercle, planaient cinq buses.
Elles montaient, descendaient, remontaient, accordées les unes aux autres, formant un ballet d’une grâce indicible. Leur chant emplit soudain la forêt. Elles se parlaient, se répondaient, mélancoliquement, d’appels d’amour et de tendresse.
Nous restâmes là tout l’après-midi, émerveillés, enchantés, à les regarder évoluer dans ce décor irréel et c’est à regret qu’à la nuit tombante, nous nous forçâmes à retourner au refuge que nous avions loué pour les congés.
Ce soir-là, toutes nos activités : souper, lire et parler, nous parurent bien ternes. Nous étions si imprégnés de l’atmosphère magique du manoir et de ses habitantes que rien d’autre ne nous touchait.
Nous nous couchâmes l’esprit empli de mélancolie, avec le sentiment que loin de ces lieux, nos âmes s’étiolaient. De là-bas, émanait tant de beauté que la seule envie que nous avions était d’y retourner le plus vite possible.
Dès le lever, le lendemain matin, et d’un seul regard échangé, nous nous mimes d’accord et nous préparâmes rapidement pour repartir au manoir.
Dans le soleil levant, au petit jour, il scintillait aussi doucement que la veille.
Nous nous assîmes dans l’herbe et nous laissâmes imprégner de son rayonnement, plongeant dans un monde où la matérialité écrasante du quotidien n’existait plus. Nous nous sentions purs esprits, flottant dans une bulle de légèreté spirituelle jubilatoire.
Les buses finirent par se montrer, planant au-dessus des pierres, du bois, élégamment gracieuses.
Le prévoyant, nous leur avions apporté des friandises, petits déchets de viande que nous plaçâmes sur une pierre à distance respectueuse de nous. Au bout d’un moment, l’une d’elle se posa non loin de la pierre. Elle nous observait un moment, s’approchant puis s’éloignant du festin, tentée et méfiante à la fois.
Nos présents ne les convainquirent pas et restèrent dédaignés mais leur attention fut éveillée car elles entamèrent un va-et-vient entre le ciel et la pierre, va-et-vient qui dura la matinée entière.
Comme nous avions prévu, pour nous-mêmes, un petit repas froid, nous le dégustâmes vers midi, puis la douceur de l’air nous enveloppant, nous nous endormîmes paisiblement.
Lucas me raconta plus tard, à mon réveil, ce qui le tira du sommeil. Une sensation physique sur la poitrine l’alerta. Il ouvrit les yeux et vit, abasourdi, une des buses perchée sur son torse, le regardant paisiblement. Dès qu’elle s’aperçut que les yeux de Lucas étaient ouverts, elle émit un petit cri et, battant des ailes, s’envola rejoindre ses sœurs.
Lucas m’effleura la joue pour me ramener à la conscience et me dit : « Eva, il vient de m’arriver quelque chose d’incroyable ! La buse,…, la buse était posée sur moi. »
« Que dis-tu, répondis-je, je ne vois rien. Que s’est-il passé ? Qu’a fait la buse ? »
Et il me décrivit son éveil et son bref contact avec l’oiseau. Je restai interdite, le croyant à peine, mais son expression extasiée me persuada qu’il avait réellement vu ce qu’il affirmait.
« D’ailleurs, regarde, ajouta-il, elles se sont toutes installées autour de nous. »
En effet, sur les pans de murs restés debout entourant la cour où l’herbe nous accueillait, les buses s’étaient juchées pour former un cercle nous cernant et vrillaient leur regard attentif sur nos deux personnes, comme si elles nous évaluaient.
Que se passait-il dans leur esprit ? Nous ne pûmes l’imaginer, elles échangeaient de petits sons, nous mataient entre deux coups de becs à leur plumage, ou par-ci, par-là, étiraient leurs ailes, comme si elles échangeaient des impressions nous concernant et en débattaient entre elles, méditatives.
Puis, d’un coup, comme d’un commun accord, elles s’envolèrent et disparurent derrière les arbres.
Nous eûmes tous deux un étrange sentiment d’abandon. Elles disparues, le monde nous paraissait, d’un coup, plus froid et vaguement hostile, comme si elles n’étaient venues que pour veiller sur nous, se soucier de nous. Lucas passa son bras autour de mes épaules et nous nous étreignîmes, nous serrant fort l’un contre l’autre. Puis, au bout d’un moment, la mélancolie en nous s’estompa, le rêve se dilua, ne nous laissant que le souvenir de cet instant magique.
Je me levai, pensant à moitié aux buses, à moitié au monde dans lequel il nous fallait bien retourner et dis à Lucas : « Mon amour doux, crois-tu qu’elles reviendront un jour ? » Il leva les yeux vers moi et répondit : « Je l’espère, Eva, vraiment. J’espère qu’elles sont plus qu’un rêve enfui. J’espère, un jour, les suivre dans leur univers avec toi. Il doit être si beau ! »
Il se redressa et, la main dans la main, nous prîmes le chemin du retour. Nous nous retournâmes maintes fois pour regarder le manoir et graver son image dans notre esprit comme si le fait de l’oublier pouvait le faire disparaître à jamais.
Plus tard, lorsque le soleil fut couché, lovée contre Lucas dans le divan, une pensée me vint à l’esprit. Je lui en fis part : « Lucas, ne crois-tu pas qu’il doive y avoir aux archives de la commune, des documents concernant l’histoire du manoir ? J’aimerais en savoir plus sur son passé et les gens qui y ont vécu. Pourrions-nous aller demain au village nous renseigner ? »
Il approuva d’emblée et ajouta : « Il y a la paroisse aussi, ils ont souvent leurs propres archives sur les familles environnantes. Ils consignent les mariages, naissances et décès de leurs fidèles. Chez eux, nous avons quelques chances de trouver des informations. Eva, ton idée est excellente ! »
* * *
Vers 9 heures, le lendemain, nous prîmes le chemin du village. Il passait à travers bois, escarpé, coupé de petits ruisseaux que Lucas m’aidait à sauter. Près de l’un de ceux-ci, quelqu’un avait installé un banc de bois, accroché à la pente qui dévalait vers l’eau. Nous nous y assîmes un instant. Le soleil brillait, le ruisseau murmurait, les oiseaux chantaient. La vie nous entourait, joyeuse, légère et nous riions de tout : insectes accrochés aux branches, lapin fuyant sous les fourrés, fleurs délicates déployant leurs pétales. Une nouvelle gaieté nous envahit. Lucas se mit à chanter en réponse aux oiseaux. Les notes des uns et des autres s’ajustaient, s’entrelaçaient en une symphonie jubilatoire, exultante et je ris aux éclats, submergée par une joie extraordinaire qui, partant de moi, rayonnait jusqu’aux confins de l’univers avec lequel, tout entier, je fusionnai.
J’étais un peu saoule, je crois, de soleil, d’air pur et de vie.
Lucas me sauta dessus, me renversa et nous nous battîmes et nous roulâmes dans les feuilles mortes jusqu’à ce qu’essoufflés, nous demeurâmes sur le dos, nous calmant petit à petit.
Puis, Lucas m’apostropha : « Tu sais, mon amour, si nous voulons arriver avant l’heure de midi, il serait bien que nous repartions maintenant. »
« Tu as raison, nous repartons, mais il faudrait faire un brin de toilette, tu es couvert de feuilles et moi aussi, je crois. Ils risquent de nous prendre pour des hommes des bois. Nous allons leur faire peur. »
Ainsi dit, ainsi fait. Nous arrivâmes au village encore égayés et complices.
C’était une petite bourgade ancienne, bâtie de constructions en pierres de taille, très jolies et nous eûmes un peu de mal à trouver la maison communale qui se cachait derrière un bosquet d’arbres centenaires.
Dans le hall d’entrée, le son de nos pas étouffés par l’épaisseur des murs, nous cherchâmes l’accueil, une petite pièce en retrait où se trouvait une dame avenante à qui nous nous adressâmes.
Elle fut un peu surprise lorsque nous lui eussions fait part de notre demande. « Je ne sais pas du tout de quel manoir vous parlez, s’é

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