Les clés du paradis (Chroniques célestes - Livre I)
249 pages
Français

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Les clés du paradis (Chroniques célestes - Livre I) , livre ebook

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Description

Eleanor menait une vie paisible jusqu’à ce qu’une mystérieuse missive fasse tout voler en éclats. La jeune fille se trouve alors projetée dans un monde qui lui est inconnu.
Le paradis, les enfers, les anges et les démons ébranlent ses croyances. Le roi des cieux lui fait une terrible demande : « Deviens le plus puissant guerrier que ce monde ait porté et combats à nos côtés ». Ce choix changera sa vie à jamais.
Loin au nord, au cœur des Plaines sauvages, les grands maîtres de l’Édénie demeurent, n’attendant que de lui enseigner ce qu’elle devra maîtriser. Le voyage serait aisé, si le conseil des archanges ne lui imposait le pire compagnon qui soit : Abrahel. Un angelot aussi détestable qu’habile au combat. Mais pour la protéger, Eleanor ne peut compter que sur lui.
Plongée au cœur d’une bataille ancestrale, où s’affrontent les deux plus grandes puissances de ce monde, Eleanor devra transcender ses faiblesses. Et devenir celle que tous attendent.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 juillet 2015
Nombre de lectures 1 039
EAN13 9782370113429
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les clés du paradis
Chroniques célestes – Livre I

Marie-Sophie Kesteman



© Éditions Hélène Jacob, 2015. Collection Fantastique . Tous droits réservés.
ISBN : 978-2-37011-342-9
Aux anges d’ici et d’en haut qui m’ont aidée à écrire ce récit en déposant des plumes tout le long de mon chemin.
« Combien de corps célestes se meuvent en secret sans jamais se montrer aux yeux des hommes : Dieu n’a pas fait toutes les choses pour l’homme. »
Sénèque
Prologue


La fin était proche et Gabriel exultait.
En cette fraîche nuit d’été, la pluie tombait dru sur le petit village de Lostmar’ch. Et à cette heure tardive, le hameau surplombant la côte du littoral était désert. Tout semblait indiquer qu’il s’agissait d’un dimanche comme les autres. Tout, si ce n’étaient ces cris qui strièrent soudain la nuit. Aucun individu humain n’aurait été capable de distinguer cette voix des hurlements du vent. Mais humain, il ne l’était pas.
Il se dirigea sans bruit vers la source des lamentations, tendant l’oreille au-dessus des bourrasques. Les plaintes provenaient des ruines d’une maisonnette accrochée au bord d’une falaise au pied martelé par la mer en furie.
Il n’y a aucune raison pour que ça se passe mal, murmura un homme d’âge mûr.
Protégée du vent par l’abri précaire, une jeune femme gisait sur une couverture, les mains crispées sur son ventre arrondi.
Je n’en peux plus… Fais en sorte que ça cesse !
Gabriel sauta avec légèreté sur un pan de mur en partie effondré pour s’octroyer une vue dégagée de la scène.
Le visage de la jeune femme était couvert de sueur et la douleur déformait ses traits. L’homme remonta la jupe qui couvrait les jambes de la future mère et inspecta d’un œil expert le périnée.
Il n’y en a plus pour très longtemps.
Si jamais ta femme apprend quoi que ce soit…
Elle fut interrompue par une violente contraction. Il chassa ses propos d’un geste fébrile de la main et étendit des linges humides entre les jambes de la jeune femme. À cet instant, la malheureuse étouffa un cri en mordant dans un chiffon roulé.
Gabriel retint son souffle alors qu’il regardait, le cœur palpitant, ce couple mettre au monde celui qu’il avait tant cherché. Celui qu’il attendait depuis si longtemps.
Depuis quelques jours, de vigoureuses vibrations émanaient des environs, mais leur source n’avait jamais été claire, jusqu’à aujourd’hui. Au crépuscule, les ondes avaient gagné en vitalité et leur point d’émergence s’était peu à peu défini. En cet instant, les vagues d’énergie semblaient au paroxysme de leur puissance et émanaient du ventre fécond de la jeune femme.
Et à en juger par la force des ondes qu’émettait cet enfant, il serait un guerrier puissant, il n’y avait aucun doute. Il incarnait tout ce dont ils avaient besoin.
Gabriel observa attentivement les deux créatures qui s’agitaient devant lui, se demandant une nouvelle fois ce qui avait poussé son père à leur donner vie. Cette race était un échec. « Les humains ont été créés à l’image des anges » lui avait un jour opposé son géniteur, mais l’archange avait eu beau leur prêter la plus grande attention, il ne leur avait jamais trouvé la moindre ressemblance avec les anges. Leur fragilité si perceptible était désespérante et leur acuité intellectuelle, précaire. Gabriel secoua la tête de dépit. Il ne comprendrait jamais l’intérêt et l’amour que son père nourrissait à l’égard de cette sous-espèce.
Le voilà, souffla l’humain dont le pantalon s’élimait sur le sol rocailleux.
Des pleurs retentirent enfin, emportés par les embruns nocturnes. Si l’archange avait encore su pleurer, il n’aurait pas tenté de tarir ses larmes. Pas aujourd’hui. Sa quête aboutissait enfin. Cent longues années à errer entre les trois mondes, en vain… Mais il était là, sous ses yeux, à s’agiter dans les bras de son père qui tentait de couper le cordon ombilical de sa main libre.
Toujours perché sur le muret, Gabriel se pencha de façon vertigineuse pour observer, par-dessus l’épaule de l’humain, le petit tas de couvertures dans lequel il emmitouflait l’enfant.
C’est une fille ! s’exclama l’homme, un sourire aux lèvres.
L’archange se figea. Une fille ? Le nourrisson hurlait contre l’air marin qui lui embrasait les poumons. Mais le vent criait bien plus fort que lui.
Gabriel se laissa choir sur la maçonnerie. Une fille. Et pourtant, les ondes qu’émettait la petite gagnaient encore en puissance.
Pour un ange, une année paraissait s’écouler en quelques jours, mais cette nuit-là, le temps durant lequel les humains demeurèrent terrés dans leur abri en ruine parut durer une éternité. Assis en tailleur, l’archange expira bruyamment.
On se presse, marmonna-t-il, de mauvaise humeur, en martelant la pierre de ses doigts fins.
Comme s’il l’avait entendu, l’homme se redressa enfin et empaqueta leurs maigres effets. Sa compagne se releva avec peine et, avec une grimace, elle s’appuya lourdement contre lui.
Tu es certaine d’y arriver ? Tu ne devrais pas te lever si tôt…
Gabriel haussa les yeux vers le ciel sinistre. Il n’était pas question qu’il attende un instant de plus.
Après, le jour sera levé, opposa la jeune femme à son compagnon.
L’archange soupira d’aise. Si elle avait pu le voir, il l’aurait certainement embrassée. Cependant, l’humaine était encore faible et elle fit un premier pas hésitant. À cette allure, ils allaient y passer la prochaine éternité.
Sa limite de patience depuis longtemps outrepassée, Gabriel sauta en bas du mur et s’avança vers le couple. Il approcha la main du ventre de la jeune femme et propulsa une infime quantité d’essence vitale au travers de sa paume. Presque instantanément, la mortelle se redressa et, s’appuyant prudemment au bras de son compagnon, elle pointa le sentier du doigt.
Je vais pouvoir le faire. Vas-y !
Ils remontèrent lentement le chemin côtier qui progressait le long des falaises escarpées. Peu à peu, la pluie cessa de molester le sol et le ciel s’apaisa. L’archange suivit les humains d’un air distrait. Il ne se souciait pas des violentes bourrasques qui obligeaient le couple à se courber sous leurs assauts. Cette bise n’avait aucune prise sur lui. Aux alentours, les bruyères s’agitaient avec fureur, tel un sombre parterre où louvoieraient d’ignobles serpents.
Un instant encore, geignit la jeune femme, pour la troisième fois.
Bien sûr, la rassura son compagnon. Prends le temps qu’il te faudra.
Sa peau était moite et son teint pâle sembla inquiéter l’homme. À nouveau, Gabriel céda à l’humaine une infime parcelle de son énergie. Dans les bras de son père, le nourrisson continuait de pleurer, ses cris irritant les tympans trop sensibles de l’archange.
Si seulement ce n’était pas cette enfant ! Il pourrait abandonner ces créatures là où elles étaient et rallier le confort de ses appartements. Cependant, il ne le pouvait pas. Trouver cette petite était sa mission depuis bien trop longtemps et, tant qu’il ne la tiendrait pas dans ses bras, sa tâche ne serait pas accomplie.
Ça va, lâcha l’humaine.
Ne te dépêche pas tant ! Nous avons le…
Nous n’avons plus de temps, Alex ! Regarde : l’obscurité faiblit déjà.
Après une marche pénible, les humains atteignirent une modeste chapelle de campagne érigée au cœur de la lande.
Vite, souffla la jeune femme en poussant son compagnon à l’intérieur.
Elle jeta un regard aux alentours pour s’assurer qu’ils n’avaient pas été suivis et s’infiltra par la porte entrouverte. Ils ne pouvaient se douter que leurs moindres faits et gestes étaient épiés par un être qu’ils n’étaient pas en mesure de discerner. Aucun humain ne le pouvait.
Une fille. Un frisson parcourut l’échine de Gabriel. Qui avait-il offensé pour qu’un tel coup soit à nouveau porté à leur royaume en cette ère déjà si sombre ? Comment allait-il annoncer pareille nouvelle à son père ?
Dépêche-toi ! s’impatienta la jeune femme. Que je puisse rentrer chez moi…
Elle ne cessait de jeter des coups d’œil affolés par la fenêtre alors que l’homme lavait l’enfant dans le bénitier. Le nourrisson pr

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