Les Contes Interdits - La légende de Sleepy Hollow
121 pages
Français

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Les Contes Interdits - La légende de Sleepy Hollow , livre ebook

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Description

Un homme au bord du gouffre à la recherche d’un vieil ami disparu. La dangereuse manie d’un maître chanteur à se faire trop d’ennemis pour son propre bien. L’obsession d’un peintre misanthrope reproduisant la même toile, encore et encore. Un neurochirurgien retraité fasciné par la cryptozoologie qui préfère vivre en marge de la société. La légende d’un cavalier fantôme hantant depuis des siècles le pittoresque village de Val-Dormant. Dans la nouvelle originale La légende de Sleepy Hollow, Washington Irving a réservé au personnage d’Ichabod Crane un destin fort obscur. Préparez-vous à en découvrir un bien pire encore... Prenez garde et veillez à ce que ce Conte Interdit ne vous fasse pas[...]

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 avril 2023
Nombre de lectures 21
EAN13 9782898084058
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

« Et il eût mené une existence assez agréable, en dépit du Démon et de ses œuvres, s’il ne s’était trouvé sur son chemin une de ces créatures qui plongent le mortel dans une plus atroce perplexité que les revenants, les gobelins et la race entière des sorcières – je veux dire une femme. »
— La légende de Sleepy Hollow , Washington Irving


PROLOGUE
Mercredi 31 octobre 2018. Val-Dormant.
Accoudé sur le rebord du pont de pierre surmontant le lac Dormant, Ichabod Crane rumine les événements des derniers jours. Les exhalaisons chimiques de sa cigarette électronique se mêlent à l’épais brouillard dominant les eaux noires et camouflant à demi le ciel d’octobre.
Le temps presse.
Les options salvatrices s’amenuisent et le danger ne cesse de croître.
On ne veut plus de lui ici. Bientôt, quelqu’un mettra un terme définitif à son petit manège. L’espoir de s’en sortir plus ou moins indemne s’est volatilisé à peine dix minutes plus tôt.
Sa tactique n’a pas du tout fonctionné comme souhaité. Au contraire, elle s’est même retournée contre lui. Dans l’éventualité qu’un plan B ne se manifeste pas rapidement à son esprit, il ne donne pas cher de sa peau.
Pris de frissons, Ichabod resserre son foulard et aspire une nouvelle bouffée de glycérine végétale à la citrouille pour se détendre. Un terrible doute l’assaillit. S’est-il montré trop peu belliqueux, trop peu courageux ? Et si, au fond, son intuition lui jouait des tours ? Et si personne n’avait l’intention de lui faire du mal ? S’il mettait à exécution une partie de ses menaces, lui donnerait-on ce qu’il convoite ? Les confrontations directes et brutales n’ont jamais fait partie de son ADN, mais s’il est capable, le temps d’une nuit, d’aiguiser ses dents autant que sa langue, peut-être parviendra-t-il à ses fins ? Ou doit-il plutôt contacter les autorités compétentes pour qu’elles interviennent en sa faveur ? Non, pas tout de suite. Pas encore. Une telle stratégie pourrait davantage lui nuire que le sauver. Demeurer fidèle à son plan d’origine mènerait-il à un dénouement plus favorable ?
L’unique moyen d’en avoir le cœur net est de retourner au manoir Vanasse. La soirée organisée bat son plein et la plupart des convives profitent encore des festivités, cependant Ichabod compte sur la présence d’une seule personne en particulier parmi tous ces invités. Il est temps de contre-attaquer. Il range sa vapoteuse dans sa veste, roule les épaules pour se donner contenance, puis pivote sur sa droite.
Il s’apprête à traverser de nouveau le pont de pierre quand une vive douleur l’assaille au cou. L’impression qu’un étau se resserre lentement sur sa trachée et sa nuque le paralyse.
Sa vision s’embrouille.
Le sang lui monte au cerveau.
Respirer devient plus laborieux, voire désagréable.
Décontenancé, Ichabod titube sur quelques mètres. Il a la sensation que les muscles dans son cou se distendent, qu’une bête invisible plante avec voracité ses canines dans sa pomme d’Adam. En proie à la panique, incapable d’utiliser correctement ses cordes vocales, il a pour réflexe de prendre son cellulaire dans sa poche. Chaque inspiration lui donne l’impression d’avaler d’immenses gorgées d’eau glacée.
Ses oreilles captent tout à coup un puissant bruit insolite, plus loin sur le pont, dans le brouillard. Un son qui n’a pas vraiment sa place ici à cette heure.
Un hennissement.
Trois secondes de silence passent, puis des sabots claquent sur la pierre.
Se rapprochent.
Ichabod recule, trébuche comme un pleutre, échappe son téléphone. Un plouc ! sonore confirme que l’appareil est tombé dans le lac, sous le pont. Ichabod se maudit et se relève péniblement ; sa gorge le fait encore terriblement souffrir.
Soudain, quelque chose apparaît à travers la brume.
Les reflets de la lune dessinent les contours d’un immense cheval à la robe et à la crinière ébène. Une épaisse fumée blanche est soufflée par ses nasaux et se mélange au brouillard. Ses yeux brillants se distinguent l’un de l’autre de la plus effrayante façon : l’un, d’un bleu translucide spectral, est dépourvu de pupille et d’âme, tandis que l’autre, flamboyant d’un rouge vif, semble contenir la lueur d’une entité démoniaque.
Ce n’est toutefois pas la créature en elle-même qui affole Ichabod au point de lui faire prendre ses jambes à son cou et de ne plus regarder en arrière.
C’est son cavalier.
Car celui-ci, tout de noir vêtu, affiche une affreuse particularité.
Ses larges épaules ne soutiennent aucune tête.


CHAPITRE 1
ELLIOT
Dimanche 4 novembre 2018. Val-Dormant.
Elliot n’eut pas le temps de frapper à la porte qu’on la lui ouvrit avec précipitation.
— Il était temps, bonyenne ! On s’était dit une heure de l’après-midi pour l’arrivée, non ?
— Hum… Bonjour, dit Elliot en inspectant sa montre. Désolé, mais… il est juste 13 h 08…
La femme voûtée n’eut pas l’air d’apprécier l’insinuation. Malgré la taille modeste et les bras rachitiques de la vieille, ses profondes rides creusant les coins de sa bouche en U inversé ainsi que ses yeux d’un bleu pétillant suggéraient qu’elle se fichait d’être polie ou courtoise ; que nonobstant son âge, elle n’avait rien perdu de sa pugnacité.
— Toi, tu sais pas tout ce que Danielle Turcotte est capable de faire en huit minutes ! lança-t-elle en tournant le dos à Elliot. Enweille, entre, faut que je parte dans pas long.
L’intérieur de la petite maison de campagne n’avait rien de particulièrement original : du bois, du papier peint, des babioles artisanales qui se vendront pour presque rien dans un marché aux puces d’ici une décennie, des meubles passés de mode ainsi qu’un plancher qui grinçait à chaque pas. Un léger parfum de produits nettoyants bon marché flottait dans l’air. Cela dit, quand il avait loué la place, Elliot ne s’était pas attendu à du gros luxe. Au contraire, il avait craint que ce soit bien plus crade. La résidence, bien que vieillotte et champêtre au possible, n’affichait à priori aucune trace de saleté, de poussière ou de vermine. C’est tout ce que le jeune trentenaire demandait. Et puis, il n’avait pas vraiment eu d’autre choix pour dormir. Pas de motel ni d’auberge dans la petite bourgade de Val-Dormant, en plein centre de la Mauricie, à deux cents kilomètres au nord de Shawinigan ; l’hôtel le plus près se situait à plus de vingt-cinq kilomètres au sud-est, près de La Tuque. Sans compter que c’était ici, au 124, 2 e Rang, que tout semblait avoir commencé…
— On est loin d’un palace, on s’entend, mais tu devrais manquer de rien icitte. Y’a du bois dans la cour pour le poêle, si t’es frileux. Pis assez de serviettes dans l’armoire de la salle de bain pour essuyer ta blonde, ta marmaille pis ta maîtresse !
— Je suis tout seul, je…
— C’était juste une image, raconte-moi pas ta vie, le coupa-t-elle en haussant les sourcils et en secouant la tête.
Elle tendit avec impatience un trousseau comptant deux clefs.
— La plus grosse, c’est pour la porte d’entrée, l’autre, pour le cabanon, mais normalement t’auras rien à faire là-dedans. Mon numéro de téléphone est sur le fridge , si jamais y’a une urgence. Pis j’espère qu’on a la même définition du mot « urgence » ! Je te loue la maison, je suis pas ta bonne ni ta gardienne.
— Oui, compris.
— Pas de wifi non plus. C’est trop cher.
— Oh ! tiqua Elliot. Mais dans l’annonce…
— Quand j’ai publié l’annonce, on en avait, de l’Internet. Pu là. De toute façon, à ce qu’il paraît, les ondes donnent le cancer. T’as amené de quoi manger ?
— Pas… pas vraiment.
— Un ti-gars de la ville habitué d’avoir un IGA à trois coins de rue, hein ? Écoute, si tu veux manger pis avoir du wifi, t’as juste à aller au Bistro du Val, sur la rue Principale. Ça se fait à pied, tu peux pas le manquer, t’es sûrement passé devant en t’en venant. Leur café pis leurs œufs sont bons, plus que leurs pâtisseries en tout cas. Sinon, on a aussi un gros dépanneur à dix kilomètres au nord-ouest qui vend de la bouffe pis du vin. Des questions ?
— Euh, je… Non, je pense que…
— Tiguidou ! Je te laisse, faut que j’aille m’occuper de mon mari. Il est bin, bin malade.
Même s’il ne connaissait rien de l’époux en question, Elliot commençait à avoir de vagues doutes sur les origines de sa maladie. L’humeur de la vieille femme, telles les exhalaisons d’un fumeur de cigarettes, empoisonnait l’air ambiant. Danielle se dirigea d’un pas pressé vers la sortie, mais fit volte-face avant d’atteindre la porte.
— Oh, pis va pas dans la grange, précisa-t-elle en pointant le bâtiment bourgogne en question, qu’il était possible d’apercevoir depuis la fenêtre de la cuisine. Mon p’tit-fils habite dedans.
— Ah bon ?
— Il est un peu… spécial. C’est un artiste . On a aménagé de quoi juste pour lui là-dedans. Il aime pas trop les visiteurs, faque t’es mieux de pas aller le voir. T’inquiète pas, il aura jamais affaire dans la maison.
— O.K., pas de trouble.
— Bon… C’est ça qui est ça. Salut, le jeune !
Pour la forme, la vieille se força à sourire — le résultat ressemblait davantage à un rictus méprisant — puis quitta sa propriété. En vérité, Elliot aurait aimé lui poser plus de questions, mais soulagé de son départ, il poussa un soupir et s’assit sur une chaise berçante dans le salon. Il aurait sûrement l’occasion d’interroger la mégère plus tard.
Il regrettait déjà d’être venu.
Quelle mouche l’avait piqué ?
Il s’efforça de se remémorer la véritable raison pour laquelle il s’était improvisé des vacances ici, à Val-Dormant, au beau milieu de nulle part, et ne pouvait que reconnaître, pour la douzième fois depuis qu’il avait quitté ce matin son condo de Trois-Rivières, son extrême naïveté. Les chances de trouver ici ce qu’il cherchait étaient pour le moins… infimes. Il s’apprêtait à se relever afin d’aller quérir ses bagages dans sa voiture quand, du coin de l’œil, il aperçut un chat noir bondir sur le so

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