Les damnés de Dana, 1
121 pages
Français

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Les damnés de Dana, 1 , livre ebook

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Description

Au pied d'un cercle de menhirs, une jeune femme aux cheveux et aux yeux couleur corbeau se réveille. Qui est-elle ? Elle l'ignore. Où se trouve-t-elle? Elle va bientôt le découvrir...
En plein territoire picte, résistant aux envahisseurs romains, une tribu celte recueille la mystérieuse femme. Rapidement, elle va se trouver mêlée au quotidien de ce peuple, à ses légendes, à ses mystères et à ses désespoirs.
Le cercle de pierres sera-t-il la clef qui lui rendra son identité ? A moins que ce ne soit le vampire qui la surveille dans l'ombre...


Découvrez ou redécouvrez le premier tome de la trilogie vampirique et celtique d'Ambre Dubois, Les Damnés de Dana, dans cette version révisée.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 février 2013
Nombre de lectures 90
EAN13 9791090627147
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ambre Dubois

La Dame Sombre

Les damnés de Dana – Tome 1

Editions du Chat Noir
Aux anciens dieux qui m’ont murmuré cette histoire…
1

De fines gouttes d’eau tombaient sur mon visage de manière désordonnée et agaçante, ruisselant le long de ma joue et de mon front. Je sus alors qu’il pleuvait.
Peu à peu, mon esprit refaisait surface, revenant d’un profond abîme où tout n’était que noirceur et néant. Il s’acheminait lentement vers cette lueur tenue, vers cette âme qui faisait mon être, mon identité, prenant soin au passage de réveiller chaque membre de mon corps pour m’en rappeler son existence.
De légers fourmillements apparurent dans mes jambes et dans mes bras, d’abord comme de douces ailes de papillons virevoltant sur ma peau, puis avec de plus en plus de consistance et d’agressivité.
Soudain, par réflexe, j’ouvris les yeux. Une certitude s’imposa à mes pensées : j’existais.
Lentement, je tournai la tête. Elle était lourde, endolorie et certainement meurtrie. Ma vision rencontra de fines brindilles d’herbe, enrobées de gouttelettes de pluie. J’étais allongée sur le ventre à même le sol détrempé, ma peau froide et humide adhérant à la terre.
Je bougeai avec précaution mes membres supérieurs pour essayer de me redresser sur mes coudes. De la boue et des branchettes restèrent collées sur mon visage et sur mes cheveux, ce qui provoqua une sensation désagréable, comme si une entité étrangère tentait de s’approprier mon existence, comme si le sol voulait m’absorber.
Je levai les yeux. Il faisait nuit, mais je pouvais voir le ciel. De gros nuages s’amoncelaient dans un épais chaos pour libérer toute leur fureur avec avidité. Autour de moi, les arbres et les arbustes se dressaient et s’agitaient au gré des violentes bourrasques. Le vent sifflait dans mes oreilles et, dans le lointain, le fracas du tonnerre se laissait deviner, menaçant et terrifiant.
Mes yeux revinrent se poser sur mes mains, gracieuses, fines, d’une grande blancheur, dépourvues d’artifices ou de bijoux. Mes ongles cassés en de nombreux endroits étaient entièrement recouverts de terre. Mes paumes étaient parsemées d’écorchures et de petites plaies. Certaines blessures paraissaient toutes fraîches et saignaient encore doucement, la pluie se mêlant à la couleur rubiconde du sang pour laisser d’épaisses traînées rosâtres sur ma peau.
Je me relevai davantage, allant jusqu'à m’agenouiller. Je portais une tunique de bure brune qui m’arrivait à mi-hauteur des cuisses. Mes jambes étaient nues, glabres et couvertes, elles aussi, d'entailles en tout genre. Salis par de la poussière et de la terre qui s’entassaient entre mes orteils, mes pieds n’avaient pas plus fière allure.
Mes longs cheveux noirs détrempés collaient dans mon dos et sur ma nuque, lourdement, comme une masse inerte. Quelques mèches sales s’agglutinaient le long de ma mâchoire et de mes joues. Je les repoussai d’un geste maladroit, sans grande volonté.
Mes bras se trouvaient également dénudés depuis les épaules. Ils portaient des traces de stries comme si quelque chose les avait enserrés fortement. Des bracelets ou des fers…
Soudain, une certitude s’imposa à mon esprit : j’ignorais qui j’étais.
L’idée me paralysa un instant, me coupa le souffle, tenta de me replonger dans l’abîme ténébreux duquel je sortais. Une terrible sensation de vide m’envahit, comme si je me tenais au bord d’un précipice et que la chute était inévitable.
J’essayais de me calmer en respirant profondément pour retrouver mes esprits. Pourquoi étais-je là, étendue seule et inconsciente, uniquement vêtue d’une tunique, au beau milieu de la nuit, dans un endroit qui m’était inconnu ? Impossible de m’en rappeler. Quels étaient mes derniers souvenirs ? Seule l’obscurité la plus totale s’imposait à mes pensées comme si j’avais passé toute mon existence dans un gouffre de noirceur.
Un nom, je devais bien avoir un nom. Je portais un instant une main à mon front pour me concentrer. Une fulgurante douleur m’envahit la nuque, dardant sa souffrance le long de ma colonne vertébrale pour me laisser vacillante, chancelante, au bord de l’évanouissement.
Désemparée, mon bras retomba le long de mon corps et mon esprit abandonna l’idée de fouiller sa propre mémoire. Je repris mon souffle et réprimai mes frissons glacés.
Il me fallait me lever et bouger. Trouver quelqu’un ou quelque chose qui pourrait m’aider.
Je posai mes mains sur le sol pour me stabiliser avant de pousser de toutes mes forces sur mes jambes. Elles tremblèrent en tous sens, cherchant un équilibre et un point d’ancrage incertain dans cette terre boueuse et glissante.
D’un coup sec, je me redressai pour me retrouver, enfin, debout. Je fus aussitôt prise de terribles vertiges, des zones d’obscurité envahirent ma vision et des paillettes de lueurs multicolores virevoltèrent devant mes yeux. Je les fermai un instant, essayant de me concentrer sur le bruit de la pluie qui continuait de tomber en claquant sur le sol et sur ma peau dénudée.
Quand je me sentis suffisamment en confiance, je fis un pas, laborieusement, comme si mes épaules soutenaient à elles seules la voûte céleste. Le deuxième fut plus facile. Le troisième s’enchaîna.
Je m’arrêtai de nouveau, levant la tête pour observer le paysage aux alentours. Face à moi, à quelques mètres, un petit bois me cachait la vue de l’horizon. Je me retournai donc vers le côté opposé. Un éclair bleuté jaillit dans le ciel, me faisant sursauter et reculer de quelques centimètres, manquant de me faire perdre mon équilibre si durement retrouvé. L’orage approchait rapidement et devenait plus violent à chaque minute qui s’écoulait.
À la lueur de la foudre, trois gigantesques masses noires, comme sorties de la terre, s’étaient détachées sur ce décor d’apocalypse, à moins de six enjambées de moi. Je forçai mon cœur à se calmer, à retrouver un rythme plus serein, avant d’essayer de comprendre ce qui se tenait devant moi. À la différence des arbres qui se balançaient au gré des bourrasques de vent, les formes inertes semblaient figées et inébranlables, plantées sur la colline comme des remparts.
Je m’avançai vers elles, lentement, laissant ma vision s’adapter à la faible luminosité et aux couleurs, tentant de déterminer le contour et la consistance de ces objets inconnus.
Arrivée au pied de ces formes, je compris enfin de quoi il s’agissait. C’était un cercle régulier de hautes pierres dressées avec, en son centre, une roche basse et plate comme une table ou un autel.
Cromlech, ce mot me vint à la bouche et je le prononçai plusieurs fois d’affilée, comme si je le découvrais.
Je traversai le cercle lentement, prenant soin de marcher à une distance raisonnable de chaque masse pierreuse, devinant davantage leur emplacement que les voyant tant le ciel s’était encore obscurci. Je contournai précautionneusement le dolmen central, évitant d’y poser la main. Les pierres, dans les lumières brutales de l’orage, provoquaient de longues et terrifiantes ombres, me glaçant un peu plus le cœur et les chairs.
De l’autre côté du cercle s’étendaient des plaines couvertes de verdure. Un nouvel éclair blanc déchira le ciel et je pus voir qu’il n’y avait aucune habitation à moins de trois lieues.
Soudain, le vent redoubla d’intensité, faisant s’abattre la pluie avec une plus grande voracité, meurtrissant ma peau et frigorifiant mon corps glacé, plaquant ma pauvre tunique sur mes membres, triste rempart face aux éléments déchaînés.
Avec mes muscles endoloris, je me voyais mal m’aventurer dans ces vastes plaines dans l’obscurité la plus totale. De plus, je craignais d'être une cible trop providentielle pour un éclair de feu du dieu Donar {1} .
La pluie battante fit remonter en moi de précieux instincts de survie. Je me retournai vers ces stèles si angoissantes et la forêt qui se cachait derrière. Là-bas, au moins, je serais davantage protégée des vents et de l’eau glacée. Avec un peu de chance, je trouverais même un abri de fortune en attendant la levée du jour.
Je retraversai rapidement l’amoncellement de menhirs, ignorant les pierres, fixant des yeux mon objectif, les premiers arbres de l’orée. Un nouvel éclair jaillit sans crier gare, faisant craquer le ciel dans un roulement digne de l’enfer. La terre et les mégalithes autour de moi se mirent à trembler sous le choc. Mes jambes flageolèrent et je me retrouvai accroupie, les mains sur les oreilles, attendant pétrifiée que le bruit sourd et la déflagration s’estompent.
La lumière persista quelques secondes sur mes rétines et mon attention fut soudain attirée vers ma droite. Mes yeux restèrent figés d’horreur et mon cœur s’emballa, cognant de toutes ses forces dans ma poitrine.
Là, entre deux hautes pierres sombres, parfaitement immobile, se tenait un homme enveloppé dans une lourde et épaisse cape noire. Sous sa capuche dégoulinante d’eau, je pus apercevoir des parcelles de son visage. Un visage d’une blancheur d’outre-tombe, dur et menaçant, creusé d’ombres et d’obscurité.
Et surtout, ce qui me coupa le souffle fut la vision de ses deux yeux flamboyants d’une lueur d’un rouge écarlate diabolique, reflétant les flammes de l’enfer. Nul être humain ne pouvait posséder pareil faciès et regard aussi terrifiant.
Il ne me fallut pas plus d’une seconde pour réagir, tous mes muscles se bandèrent sous la décharge d’adrénaline et de la terreur. Je me relevai tant bien que mal et me mis à courir de toutes mes faibles forces vers le bois.
Mes pieds glissaient sur l’herbe et la terre détrempée. Mes jambes me faisaient mal, des tas de petites coupures se rouvraient et me faisaient souffrir davantage, accroissant mon horreur. Les gouttes d’eau me chassaient le visage, me brouillant la vue en même temps que mes larmes de désespoir. Mon esprit ne voyait qu’une chose : les arbres, les buissons, l’obscurité, le seul moyen de se cacher et d’échapper à ce démon venu des enfers, à ce regard flamboyant qui n’attendait qu’à dévorer mon âme. La distance à parcourir paraissait s’allonger à chaqu

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