Les enfants d Ève
124 pages
Français

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Les enfants d'Ève , livre ebook

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Description

Comme si l’esprit des lieux avait pu entendre ses réflexions, une barrière de flammes s’embrase tout le long de la rambarde du balcon en fer à cheval, surplombant la salle du haut du troisième et dernier étage. Résonne alors une voix grave et sûre d’elle, qui ne peut qu’appartenir à celui ayant nargué le groupe de son sinistre rire, un peu plus tôt.
***
Sur le territoire de la Rive-Nord du Québec, les disparitions mystérieuses s’accumulent à un rythme anormalement élevé.
Convaincue d’en avoir découvert la cause, l’équipe du lieutenant Friedmann aboutira au manoir Caron, là où tous leurs indices les auront menés.
Seulement, aucun d’eux n’est préparé à ce qu’ils découvriront sur place.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2023
Nombre de lectures 1
EAN13 9782898191374
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À grand-maman Liliane,
qui a tant aimé Les Fils d’Adam


Je suis probablement la personne la plus seule au monde.
Comme il n’y a aucun amour dans ma vie, je dois le remplacer avec autre chose. Alors je le remplace avec de la haine.
— Richard « The Iceman » Kuklinski,
meurtrier américain notoire


Prologue
Mardi 24 décembre 2019
Lorraine
23 h 47
Roberto ordonne à ses poumons de cesser d’inspirer.
En fait, son corps en entier a reçu l’ordre formel de se figer. Seul son cœur, qui rebondit à l’intérieur de sa cage thoracique comme s’il était possédé par le diable, continue de s’agiter.
Sous un grincement railleur, une porte s’ouvre, à quelques mètres de lui.
Va-t’en ! S’il te plaît, va-t’en… S’il te plaît, va-t’en… implore silencieusement Roberto derrière ses paupières closes.
D’épaisses semelles s’écrasent contre le plancher. Elles entrent dans la pièce, mais ne font que deux maigres pas. L’interrupteur principal est actionné, et le luminaire au-dessus de la table s’allume.
Les prières de Roberto ont été ignorées.
Heureusement pour lui, deux des trois ampoules sont brûlées. La lumière que produit la survivante est plus pâle encore qu’une journée nuageuse de novembre. Suffisante, par contre, pour que Roberto puisse détailler les bottes qui contournent à présent la table sous laquelle il a pris couvert.
Va-t’en… répète-t-il.
Mais les bottes et son propriétaire ne vont nulle part, sinon devant le réfrigérateur, à proximité. La porte s’ouvre. Quelque chose en est retiré, puis la porte se referme. Les bottes se déplacent de quelques pas sur la gauche. Cette fois, c’est un tiroir qui s’ouvre. Roberto reconnaît le bruit distinct produit par un tas d’ustensiles de plastique dans lequel une main pige.
C’est quoi les chances qu’il vienne prendre une collation à cette heure-là ? se décourage le Dominicain.
Plus que jamais, la panique s’empare de lui. Son front se met à transpirer abondamment. Plusieurs des gouttelettes qui s’échappent de ses pores de peau traversent ou contournent ses sourcils pour venir lui brûler les yeux.
Le temps presse.
Elle sera bientôt là. La Diablesa . Son heure approche.
Un second grincement retentit. Celui émis par une chaise que l’on tire, et dont les pattes frottent contre le plancher. Roberto est aussitôt tiré de ses horribles réflexions.
Non, non, non ! Prends ta bouffe et fous le camp ! Reste pas manger ici en plus…
Un derrière vient choir mollement sur la chaise, et une paire de genoux effleure le nez de celui blotti sous la table. Toujours à quatre pattes, Roberto sent ses bras trembler malgré le fait qu’ils n’ont pas à supporter énormément de poids. Au-dessus de sa tête, il entend le bol fraîchement récupéré du frigo être déposé sur la table. La seule chose plus dégoûtante encore que le bruit de succion émis par la cuillère qui y creuse, c’est le bruit produit par la bouche qui en mastique le contenu, à demi ouverte.
Profitant du fait que l’intrus semble concentrer toute son attention sur son goûter, Roberto risque un discret déplacement. Dans un silence absolu, il parvient à faire pivoter son corps sur sa gauche. Il abaisse ensuite la tête et cherche à connecter son regard à celui de son complice, planqué debout, dos au mur, à couvert derrière l’énorme garde-manger. Visiblement plus posé que lui, son acolyte n’en paraît cependant pas moins inconfortable. Par l’entremise de différentes grimaces, Roberto tente de lui communiquer ses états d’âme, simagrées auxquelles le complice met rapidement fin d’un regard glacial.
Leur cœur à tous les deux passe bien près de leur remonter le long de la gorge et de leur sortir par la bouche lorsque la porte de la cuisine s’ouvre à nouveau, résultat d’un violent coup de pied. L’homme assis à la table doit avoir eu aussi peur qu’eux puisqu’il en échappe sa cuillère de plastique, qui dégringole pour atterrir sur la main de Roberto. Les petites pâtes orangées qu’elle contenait, enduites d’une couche de salive, lui glissent entre les doigts. Plus que jamais, le Dominicain sent sa dernière heure approcher.
— Qu’est-ce que j’vois là ? demande une voix féminine et glacée en faisant irruption dans la pièce. Un petit rat… Euh, Mike ? Veux-tu ben m’dire c’que tu câlisses ici à cette heure ? T’es censé être dehors, en train de faire ta tournée ! J’ai failli te prendre pour un invité ! Un peu plus pis j’te stabbais dans l’front !
D’où il se trouve, Roberto arrive à voir que le dénommé Mike pose une main contre son cœur.
— Bâtard, j’ai failli chier dans mes culottes ! Euh… Désolé, Ève. C’est que j’avais pu de Kraft Dinner dans ma shed . Pis j’me suis rappelé que j’avais laissé un bol dans le fridge ici le mois passé. Comme j’avais vraiment faim, je…
— Prends ton plat gastronomique, pis va le finir dehors ! J’ai le feeling que quelqu’un va essayer de se pousser à soir. C’est Noël, pis ça serait vraiment cool d’avoir un show pour l’occasion.
— C’est bon. J… Je ramasse ma cuillère pis j’arrive.
Michel pousse sur le sol avec ses pieds. Sa chaise recule bruyamment.
— Tout d’suite, Mike, le somme Ève, au moment où il tend le bras sous la table. Tu mangeras avec tes mains, au pire. C’est pas comme si je t’avais jamais vu le faire.
Pas très chaud à l’idée de mettre la patience d’Ève à l’épreuve, il obéit timidement et s’éclipse, son bol de mixture froide et pâteuse à la main.
Même une fois la lumière et la porte de nouveau fermées, Roberto et son complice patientent de longues minutes avant de bouger, ne serait-ce que pour soupirer de soulagement. L’idée d’abandonner leur projet d’évasion, de revenir sur leurs pas et de retourner à leurs chambres leur traverse momentanément l’esprit.
On est pratiquement arrivés au hall d’entrée. On a probablement plus de chances de se faire prendre si on revient en arrière, se convainc Roberto.
Sans faire de bruit, les fuyards abandonnent leur cachette respective et vont coller une oreille sur la porte.
Rien. De l’autre côté, il ne semble pas y avoir âme qui vive.
— C’est bon. Je pense qu’on peut y aller.
Comme les pentures se lamentent dès qu’elles sont sollicitées, Roberto tire le battant avec précaution et se faufile par l’ouverture dès que cela lui est physiquement possible, suivi de près par son acolyte.
La chance donne l’impression qu’elle continue de leur coller aux basques, puisqu’ils parviennent à combler la distance qui les sépare du hall sans croiser qui que ce soit.
— Je te l’avais dit : le plan de leurs itinéraires que j’ai trouvé est précis à la seconde près. C’est le gros colon de Michel qui aurait jamais dû se pointer dans la « salle à manger » personnelle de Kenny.
Roberto acquiesce en silence.
Bien que très sombre, le hall n’est cependant pas complètement plongé dans le noir. Quelques rares lampes tamisées fournissent un minimum d’éclairage et permettent de circuler aisément. À gauche comme à droite, la pièce est meublée de luxueux canapés. Elle compte également plusieurs tables basses, quelques cadres dont il est impossible de discerner ce qu’il y a de peint dessus ainsi qu’un duo de mannequins revêtus d’une armure métallique gardant chaque côté de la porte maîtresse. Mais Roberto ne porte pas la moindre attention à toute cette décoration. La seule chose qui a de l’intérêt pour lui se trouve directement en face : un signal lumineux, bleu clair, clignotant à intervalles réguliers tout près de la porte principale. Fébrile, il scrute les alentours avec minutie, craignant soudain que l’un de monstres qui habitent l’endroit ne soit dissimulé dans l’ombre, prêt à le surprendre.
— Tu vois bien que le hall est désert ! Grouille avant qu’on se fasse repérer, lui reproche son compagnon. Envoye, on sort d’ici !
Fouetté par ces paroles, Roberto traverse la pièce d’un pas sautillant, le dos arqué, et ne s’arrête qu’une fois devant la porte. Il laisse cependant toute la place à son complice, qui, après tout, est le grand responsable de leur évasion. Ce dernier s’empare tout d’abord d’un morceau de ruban adhésif transparent qu’il gardait sur lui, ruban taché d’une empreinte bien grasse. Il se dépêche de l’apposer sur le dispositif de reconnaissance digitale. Le système reconnaît immédiatement l’empreinte et une petite lumière verte s’allume. Les deux hommes ont besoin de toute leur volonté pour ne pas pousser le cri de joie qui se forme dans leur gorge.
— Allez, allez ! La voix, maintenant ! marmonne Roberto.
— Les nerfs ! Tu penses que je fais quoi, au juste ? lui répond l’autre, tandis qu’il soulève son chandail afin de retirer un petit appareil que plusieurs tours de ruban adhésif maintiennent en place sur son abdomen.
Seulement, avec le bas de son chandail prisonnier entre ses dents et le tournevis qu’il s’entête à conserver dans sa main gauche en guise d’arme, la tâche semble pénible.
— Hey ! Le tournevis ; donne-le-moi !
— Bas les pattes ! Je te l’ai dit cent fois depuis qu’on a quitté nos chambres : pas question que je m’en débarrasse !
Roberto grimace. Vrai qu’il aimerait se rendre utile et permettre à son complice de travailler avec plus d’aisance, mais il se sentirait également plus rassuré s’il avait en sa possession n’importe quel objet susceptible de l’aider à se défendre au cas où les choses tourneraient au vinaigre.
— C’est bon, je l’ai…
Sitôt l’appareil libéré, on l’approche du dispositif de reconnaissance vocale. La touche Play est pressée et une voix familière s’échappe du petit haut-parleur intégré.
« Les émissions que j’écoutais quand j’étais jeune ? Bah, y’en a pas mal ! J’ai toujours été un grand fan des Tortues Ninja , ça c’est un secret pour personne. Ha ! Ha ! Sinon j’aimais ben gros Radio Enfer . Le Géant du Château , avec Bruno pis Guy. La Forêt verte . Sur la rue Tabaga … »
Une seconde lumière verte s’illumine, juste au-dessus de la première. Les yeux des deux homm

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