Les Moissons de l éternité
334 pages
Français

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Les Moissons de l'éternité , livre ebook

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Description

Deuxième partie d’un ensemble de trois histoires relatant les aventures de trois hommes liés par les liens du sang, ce roman nous conte les premiers pas de l’homme hors du système solaire.

En lisant Les Moissons de l’éternité, vous retrouverez Lyorand Bosc (entraperçu dans les dernières pages de L’Étroit rivage du cosmos) devenu adulte, tenté à son tour par la découverte des territoires (encore) vierges de la planète rouge. Les hommes et les femmes qui l’entourent ont l’espoir de faire ensemble les moissons de l’éternité. Reste à savoir où les conduira le destin...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 décembre 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332828293
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-82827-9

© Edilivre, 2014
Chapitre Premier Terre des Robots
Juin 2105 BORDEAUX
I
I l était six heures, ce matin là, lorsqu’une voix familière réveilla Lyorand, le rappelant doucement à l’ordre.
Il ouvrit péniblement un œil, aveuglé par la lumière crue du soleil levant. Pendant un instant, il se demanda pour quelle raison son ordinateur le réveillait aussi tôt, puis se souvint, apercevant la date clignotante inscrite sur l’écran plat appliqué sur le mur : 20 Juin 2105. C’était le seul jour de l’année où il devait quitter son domicile pour des besoins professionnels. Pendant neuf mois, il dispensait des cours de physique via l’espace virtuel académique, mais aujourd’hui, il devait se rendre au Lycée pour lequel il enseignait, afin de surveiller les examens de fin d’année. Il lui semblait aberrant de ne jamais avoir rencontré ses élèves, de ne les connaître qu’à travers l’écran tridimensionnel de son bureau, mais de devoir malgré tout exercer la surveillance des examens.
Un demi-siècle auparavant, un certain Benjamin Ariskhan – alors Ministre de l’éducation – avait institué un système tenant à la fois du monde virtuel, de la messagerie, du réseau social et de l’espace de travail partagé permettant de dispenser les cours et de contrôler à distance la présence des élèves ainsi que leurs connaissances. Dès son entrée dans le système scolaire, chaque élève se voyait mettre à disposition un ordinateur terminal de réseau tridimensionnel devant lequel il devait dès lors s’installer afin de suivre les enseignements correspondants à son niveau. Chaque professeur possédait également un ordinateur connecté au même espace virtuel par l’intermédiaire duquel il interrogeait ses élèves et répondait à leurs questions sans jamais les rencontrer. On s’interrogeait parfois sur l’utilité réelle de ce dispositif contraignant. Mais Benjamin Ariskhan avait d’excellentes raisons d’imposer l’utilisation de ce réseau : la mémoire collective gardait le souvenir de retentissants procès gagnés par de malheureux candidats recalés à leurs examens. Leurs avocats avaient pu faire la preuve que leur échec n’était en fait dû qu’à la partialité d’un jury trop impliqué dans une relation proche avec les candidats. Pendant très longtemps, ce problème n’avait eu aucune raison d’être, puisque l’anonymat des candidats avait été soigneusement protégé, mais depuis que les diplômes s’obtenaient presque exclusivement par un contrôle continu, le jugement que les professeurs portaient sur leurs élèves était bien plus important que les épreuves elles-mêmes et l’on avait bien dû se résoudre à dresser une barrière physique entre les différentes parties. Il y avait même de quoi se demander à quoi servaient les quelques examens finaux survivants, si bien que la question revenait en boucle depuis toujours : ne pourrait-on se passer des épreuves ponctuelles ? D’autre part, Benjamin Ariskhan avait décidé de mettre un terme définitif aux agressions verbales et physiques dont étaient victimes les professeurs, mais aussi au racket, à la terreur et aux rixes qui empoisonnaient l’existence des élèves. Depuis l’époque où ce système avait été mis en place, les statistiques de la petite délinquance avaient brutalement chuté, et la plus grande victoire de Benjamin Ariskhan était sans conteste d’avoir vaincu l’insécurité scolaire en choisissant d’isoler les individus dans un univers virtuel plutôt que de leur apprendre à vivre ensemble dans le monde réel.
Lyorand avait lui-même passé près de vingt ans de sa vie à étudier ainsi avant de s’installer à son tour à la place du professeur et de disposer enfin d’assez de liberté pour se permettre de s’absenter de son poste plus de cinq minutes sans risquer de se faire prendre en flagrant délit d’absentéïsme virtuel pendant que ses élèves s’acharnaient sur les problèmes qu’il leur avait demandé de résoudre, griffonnant leurs réponses sur un tapis conducteur qui enregistrait tout, même leurs hésitations, et retranscrivait le résultat de leurs efforts sur l’espace de correction de Lyorand.
Généralement, Lyorand ne reprenait sa place devant son écran tridimensionnel que lorsque les premiers feuillets virtuels s’affichaient sur le mur. Il lui arrivait parfois de se sentir coupable vis-à-vis de ceux qui avaient achevé leur raisonnement les premiers et attendaient patiemment le retour de son avatar dans la classe virtuelle. Mais ce n’était là qu’un vestige du ressentiment qu’il avait lui-même éprouvé, bien des années plus tôt, lorsqu’il lui arrivait d’attendre quelques minutes, coincé devant sa machine, que l’avatar tridimensionnel de son professeur reprenne la parole et réponde enfin à la question qu’il venait de poser. Mais aujourd’hui, ce serait différent. Depuis bientôt treize ans qu’il exerçait son métier d’enseignant, il avait toujours surveillé les examens de fin d’année et éprouvait une certaine joie mêlée de crainte à l’idée de découvrir ses élèves, même s’il lui était impossible de mettre un nom sur leur visage. Il savait seulement que quasiment tous seraient reçus quel que soit le résultat qu’ils obtiendraient cette année-là. Lyorand, par curiosité, avait consulté les dossiers de ceux de ses élèves qui achevaient leur dernière année de lycée. Il avait découvert que les notes qu’il avait attribuées tout au long de l’année étaient somme toute semblables à celles que ses collègues avaient eux-mêmes données les années précédentes, confirmant ainsi son jugement.
Lyorand était en train de rêver, assis au bord de son lit, lorsqu’un léger miaulement le ramena à la réalité. Jacynthe, petite boule de poils noirs, venait de sauter sur ses genoux et l’observait, son regard vert planté dans les yeux de son maître.
– Alors, Jacynthe, déjà réveillée ? Demanda-t-il en lui grattant le menton.
La chatte plissa les yeux, miaulant doucement ; elle jouait avec les franges du jeté de lit comme elle l’aurait fait avec une souris ; Lyorand se demandait souvent comment il était possible de recréer aussi exactement le comportement d’un animal. La véritable Jacynthe était morte depuis bientôt quinze ans. L’animal qui mettait tant de vie dans sa maison n’était qu’un robot à l’image de la chatte disparue, reproduisant jusque dans les moindres détails le caractère du petit félin. Il arrivait même à Lyorand d’oublier que Jacynthe n’était qu’un robot et il devait parfois faire un effort, en l’entendant ronronner, pour se souvenir du jour où Jacynthe avait en quelque sorte été ressuscitée par la robotique.
Pour la première fois depuis son réveil, il prêta attention au flot d’informations que déversait la radio dont la mise en marche avait été déclenchée par l’ordinateur de gestion.
–  « …… La réunion des députés Européens s’est poursuivie jusqu’à une heure avancée de la nuit. Il semblerait que la campagne en vue de la prochaine élection présidentielle soit déjà entamée. Nous vous rappelons que le prochain président européen sera Allemand et élu pour une durée de cinq ans. Le 12 Avril 2106, 700 millions d’électeurs seront appelés aux urnes… »
La voix continuait, monotone, évoquant l’éternel anticyclone des Açores bien implanté sur l’Europe, ce qui fit sourire Lyorand. Il savait prévoir le temps du lendemain à quelques signes donnés par la nature, et il ne se trompait que rarement.
Il s’apprêtait à sortir de sa chambre lorsqu’un frottement familier attira son attention. Jared, le robot domestique, avait certainement dû remarquer qu’il fallait beaucoup de temps à Lyorand pour rejoindre la cuisine. En fidèle serviteur, il venait probablement s’inquiéter de la santé de son maître. Le robot s’arrêta devant Lyorand et leva la tête de quelques degrés, l’air interrogateur.
– Quelque chose ne va pas ? Résonna sa voix un peu métallique.
– Non, Jared, tout va bien. J’ai simplement traîné un peu. Tu n’as pas à t’inquiéter, répondit Lyorand.
– Bien, dit le robot avec une nuance de soulagement à peine perceptible. J’ai programmé ton petit déjeuner à la cuisine et préparé moi-même tes vêtements.
Lyorand commença à descendre l’antique escalier de bois noir qui menait au salon, suivi de Jared qui prit place sur une petite plate-forme coulissant le long du mur. En quelques secondes, le robot fut au pied de l’escalier et pivota sur ses roulettes, accélérant l’allure pour rejoindre son maître à la cuisine.
Il le trouva assis sur l’un des hauts tabourets de métal, face à un solide petit déjeuner traditionnel.
Lyorand n’aurait pour rien au monde renoncé aux délices de son bol de chocolat ; il aimait à préparer lui-même quelques tartines beurrées, et ce n’était que par respect des institutions qu’il acceptait, bien à contrecœur et en vertu de la diététique, de compléter son repas de quelques pilules vitaminées, comme son frère le lui avait recommandé.
Il se sentait parfois gêné par la présence continuelle de Jared ; mais celui-ci était un excellent serviteur et, en quelque sorte aussi un ami, même ce terme ne pouvait convenir pour un robot.
Le soleil inondait la pièce, dardant ses rayons à travers le fin voilage écru qui masquait la double porte vitrée. Lyorand tendit la main vers une sphère noire logée au centre de la table, et, tel un arpégiateur, fit jouer ses doigts sur les faisceaux de lumière qui en émergeaient. Aussitôt, le rideau s’anima et la porte s’ouvrit, dévoilant le jardin déjà habillé par l’été. Lyorand sortit faire quelques pas, glissant ses pieds nus dans l’herbe encore humide et flaira l’air en connaisseur, jetant un œil sur la girouette qui ornait son toit. Le vent soufflait du sud-est, presque indécelable, mais légèrement frais. Il jugea que la journée serait douce, sans chal

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