Les Ombres de Roseland
150 pages
Français

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Les Ombres de Roseland , livre ebook

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Description

« Elle se penchait vers lui. Il retint sa respiration. La bouche de la visiteuse n’était plus qu’à quelques centimètres, une odeur de champignons des bois lui parvint. Elle lui posa un doux baiser sur la joue, comme une caresse. Les yeux de Julien s’ouvrirent complètement pour apercevoir un visage féminin, d’une couleur laiteuse, ou plutôt opaline, recouvert d’un voile transparent. Les yeux de la femme étaient suppliants, lorsqu’elle retira la bouche, dans un murmure, elle souffla : — Icrem ! Julien se leva brusquement, il alluma. La chambre était vide ! »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2010
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748374551
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les Ombres de Roseland
François Garcia
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Les Ombres de Roseland
 
 
 
À Nanette
  
 
 
Merci à : Antonia Garcia Véronique Bigny.
 
 
 
 
Prologue
 
 
 
Persuadé de son éternité, il égrenait les jours, non pas en se disant un de moins, mais un de plus .
 
Les arbres se découpaient à peine, dans les premières obscurités de la nuit au-dessus du parc qu’on devinait plus qu’on ne voyait.
De la terrasse, éclairée seulement par la lune en forme de croissant doré, on pouvait voir les lumières de la ville, presque endormie après une journée animée. Les bruits de la circulation commençaient enfin à s’estomper. Peu à peu, le temps devint lourd, un léger vent se leva, grandissant progressivement. Les nuages apparurent, signe d’un imminent orage.
Elle était appuyée contre la rambarde de la terrasse, les yeux dans le vide, bercée par la douce voix qui murmurait dans son dos. Elle n’entendait pas les paroles, presque des prières, qui accompagnaient les deux mains qui doucement s’approchaient d’elle. Elle eut envie de se retourner, mais une force invisible semblait la retenir. Les deux mains n’étaient plus qu’à quelques centimètres de ses épaules, elle pouvait sentir le souffle dans son cou.
Un éclair zébra le ciel, le temps d’un instant, la pièce s’illumina comme éclairée par un gigantesque flash, pour replonger dans l’obscurité. Le grondement du tonnerre, au loin, couvrit tous les bruits de la ville, puis, le silence et la pénombre régnèrent. La vie semblait s’être arrêtée, vaincue par le règne de la nuit. La luminosité de la lune revint, enfin, elle éclairait l’immeuble en le faisant resurgir du néant où il avait été plongé soudainement.
La terrasse était vide. Un deuxième éclair, encore plus spectaculaire que le précédent, illumina un sinistre décor : en contrebas, sur le trottoir, le corps de la jeune femme, formant un S, gisait tragiquement. Un filet de sang coulait vers le caniveau. Le nouveau coup de tonnerre fit vibrer les vitres de l’immeuble. Tel le rideau qui tombe, la nuit enveloppa de son manteau noir le sinistre décor.
Quelques étages au-dessus, une porte claqua.
 
 
 
Chapitre I. Flamand et Lombard
 
 
 
Quand viendra le matin livide, tu trouveras ma place vide, où jusqu’au soir il fera froid.
 
Charles Baudelaire
 
 
Appartement du troisième étage gauche.
On sonna à la porte. Des pas se firent entendre, puis un moment de silence, à peine perturbé par le bruit d’un effleurement de doigts : les visiteurs se sentaient observés à travers le judas de la lourde porte en chêne. Encore un instant de quasi-silence, de respiration retenue par une invisible présence. Enfin, on ouvrit. La silhouette grise et intriguée de Jacquelin se dessina dans l’encadrement de la porte. Montrant une carte de police, le plus corpulent des deux hommes se présenta :
— Inspecteur Flamand. Pouvons-nous entrer ?
Sans attendre la réponse, les deux policiers s’avancèrent sous le bougonnement du maître des lieux qui, s’effaçant, fit entendre un inaudible :
— Je vous en prie.
Après les premières questions d’usage, l’inspecteur s’éclaircit la voix pour récapituler.
— Ainsi donc, Monsieur Jacquelin, vous êtes un jeune retraité de la fonction publique, votre passe-temps préféré est l’observation des oiseaux avec des jumelles.
— L’ornithologie, rectifia Jacquelin.
— C’est cela, l’ornithologie amateur, poursuivit Flamand d’un ton ironique, et hier soir, à l’heure des faits, vous regardiez un film et vous n’avez rien remarqué de particulier. Mais au fait, quel était donc ce film ?
Sans prendre le temps de réfléchir, Jacquelin répondit :
— Il s’agissait d’une vague histoire de mari trompé dans une sombre histoire de vengeance, je n’ai pas tout compris ; devant la télé, en général, je m’assoupis, sauf s’il s’agit d’un documentaire animalier et plus particulièrement d’un documentaire sur les oiseaux. Mais ce genre de reportage est plutôt rare, le roi audimat préfère les scandales, les faits divers et autres révélations graveleuses. Cette dernière phrase fut dite avec le ton accusateur d’un avocat en pleine plaidoirie.
Manifestement, l’inspecteur n’avait pas de commentaire à faire sur les documentaires animaliers, il questionna :
— Le titre du film ?
Jacquelin se gratta la tête comme si on lui demandait la capitale du Tadjikistan 1
 
— Pas la moindre idée, c’était je crois sur la trois.
L’autre policier qui n’avait encore rien dit jusqu’alors :
— La femme infidèle de Chabrol.
 
Légèrement étonné, Jacquelin se tourna vers l’inspecteur cinéphile :
— Merci, en effet, maintenant que vous le dites, ce doit être ça.
Flamand enchaîna :
— Avez-vous constaté des allées et venues dans le couloir, hier dans la journée ? Auriez-vous aperçu des personnes qui n’habitent pas l’immeuble ?
 
Ironique tout en restant poli, Jacquelin s’empressa de répondre :
— Vous n’êtes pas sans savoir que notre immeuble possède un ascenseur, vous avez certainement dû le prendre pour monter jusqu’ici. De plus, je ne suis pas d’un naturel curieux, sauf pour ce qui concerne les oiseaux. Les allées et venues de mes voisins ou des visiteurs ne m’intéressent pas.
— Bien continua Flamand, en refermant son calepin, si des souvenirs vous reviennent, n’hésitez pas à m’appeler à ce numéro, même si cela vous semble anodin, prenez le temps d’en faire part à la police. Je vous remercie de l’accueil et je vous souhaite une bonne journée.
 
Jacquelin raccompagna les deux hommes en les saluant respectueusement. La porte fermée, il retourna s’asseoir dans le fauteuil du salon et prit un livre, resté posé sur la table. Il était ouvert à la page cent vingt-huit, la photo en couleurs représentait un vautour déchiquetant un cadavre d’animal, au-dessus du bec sanguinolent, les yeux du rapace luisaient sinistrement. L’air satisfait, Jacquelin referma l’ouvrage en étirant la tête en arrière, les yeux rivés au plafond, un sourire narquois sembla se dessiner sur ses lèvres.
Les deux policiers sonnèrent à l’appartement d’en face, troisième étage à droite. Sur la porte était inscrit « Monsieur et madame Tomasini et leurs enfants » Aucun bruit, aucun signe de vie, l’inspecteur Flamand insista, toujours rien. Il se tourna vers son adjoint, l’inspecteur Lombard :
— Il faudrait aller te renseigner chez un voisin en bas.
Sans mot dire, l’adjoint de Flamand descendit les escaliers. On entendit dans le couloir le bruit d’une sonnette, une porte qui s’ouvre, quelques mots d’une brève conversation, puis le claquement de la porte.
Quelques minutes plus tard, Lombard revint, essoufflé :
— D’après le jeune couple du deuxième, ils sont partis en week-end, tôt ce matin.
— Bon, rétorqua Flamand, on s’en occupera plus tard. Allez, on descend d’un étage.
L’appartement en dessous de Jacquelin : Fabiani.
Confortablement installés dans des fauteuils de cuir rouge, les deux policiers prenaient leurs aises, les jambes croisées, cigarette à la bouche et bourbon glacé servi copieusement dans des verres à whisky. Habituellement, les deux inspecteurs refusaient de boire « pendant le service » selon la sacro-sainte expression. En général, c’était Flamand qui décidait du refus sans que son adjoint n’y trouve à redire. Seulement, cette fois-ci, l’étiquette de la bouteille avec ses roses au nombre de quatre avait été plus forte que le refus au nom du service. Assis en face des deux policiers, Fabiani les regardait l’œil triste, comme accablé. L’annonce de la mort de Julie l’avait foudroyé : au bord de l’évanouissement, un alcool fort s’était imposé, c’est ainsi que les trois hommes s’étaient retrouvés autour d’un verre de bourbon. Après les premières gorgées, Fabiani avait retrouvé des couleurs. Les questions posées par les policiers résonnaient dans le vaste salon, comme si elles étaient posées à un enfant en bas âge, comprenant à peine et surtout se trouvant dans l’incapacité de répondre en raison de son langage momentanément limité à des monosyllabes.
Après quelques instants de flottement, les inspecteurs comprirent que la victime, Julie était en fait la cousine de Fabiani. Il montra du doigt une photo posée sur un meuble. À ses côtés, se tenait donc Julie, la victime. Il devait s’agir d’une photo de vacances, le cadre était enchanteur avec un décor exotique de palmiers et de cactées. Mais au premier regard, on pouvait voir le contraste entre les yeux bleus de Julie qui étaient plein de vie, et ceux de Laurent Fabiani empreints d’une indéfinissable nostalgie.
Fabiani retrouva enfin l’usage de la parole. Il parlait d’une voix monocorde. Il expliqua aux deux policiers l’histoire de Julie. Orpheline à l’âge de douze ans, ses parents avaient disparu dans un accident de la circulation. Les Fabiani étaient sa seule famille, l’oncle Antoine était le frère de son père. Elle fut ainsi accueillie par ces parents qui devinrent sa nouvelle famille. Elle grandit et fut élevée avec son cousin, Laurent Fabiani, qui la considérait comme une sœur. Il marqua une pause, il semblait être écrasé par un poids invisible. Puis, il se leva en appuyant fortement les avant-bras. Il se dirigea vers une commode en acajou. Il en sortit un album-photo. Il le nettoya du revers de la main, un peu de poussière s’en échappa. Il revint s’asseoir en soufflant profondément, comme s’il venait de fournir un violent effort. Il tourna quelques pages de l’album, puis il le tendit aux les policiers. Les photos prenaient le relais, elles prolongeaient son histoire

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