Les sylvestres aventures de l enfant-soldat. Roman
103 pages
Français

Les sylvestres aventures de l'enfant-soldat. Roman , livre ebook

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103 pages
Français

Description

L'histoire, adaptée de faits réels et fréquents en Afrique, se passe dans la jungle d'une immense forêt équatoriale, dans un pays, la République démocratique du Congo, qui vit une série de guerres depuis plus de vingt ans, occasionnant plus de huit millions de morts dont la presse occidentale ne parle quasiment pas. Le héros, c'est Bahati, un garçon de 15 ans. Il vient d'échapper aux groupes armés qui, deux ans plus tôt, l'ont enlevé, après avoir brûlé son village et massacré les habitants. Ils ont fait de lui un enfant soldat, jeté dans la guerre et séquestré très loin de sa région natale. Il n'a qu'un désir : y retourner. Mais il lui faut pour cela affronter la jungle et ses dangers. Casimir, un vieux chasseur qui en connaît tous les secrets, l'accompagne dans ce périlleux périple.

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Informations

Publié par
Date de parution 05 février 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782140170843
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0024€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Déo Namujimbo
Déo Namujimbo
LES SYLVESTRES AVENTURES DE L’ENFANTSOLDAT Roman
Écrire l’Afrique Écrire l’Afrique
© L’Harmattan, 2021 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
www.editions-harmattan.fr
ISBN : 978-2-343-22008-6 EAN :9782343220086
Les sylvestres aventures de l’enfant-soldat
Écrire l’Afrique Collection dirigée par Denis Pryen Romans, récits, témoignages littéraires et sociologiques, cette collection reflète les multiples aspects du quotidien des Africains.Dernières parutions François MBIYANGANDU TSHIBILA, Le destin de Laurent Tshiosha, 2020. Adrien POUSSOU,République centrafricaine, EN TOUTE FRANCHISE,Radioscopie d’un mandat présidentiel désastreux, 2020 Isabelle JOURDAN,Ouaga système. Burkina Faso, motos, moutons, cellulaires et compagnie…,2020. Recxon Kabuasa BIKO,L’enfer au paradis,2020. Kouadio Koffi Richard KARA,KOLÉMA. Conte de femme, 2020. Eric ROZET,Sur le chemin de l’identité frano-africaine, Impressions et paroles d’Afrique, tome 2, 2019. Paterne NGOULOU,Longue est ma route,2019. Hourmadji DOUMGOR MOUSSA, Dans les tourmentes du Tchad. 1973-2008, 2019. Edmond BERTRAND, Des ONG de rêve, 2019. Yannick DUPAGNE,Gros temps dans la Mongala, Récit d’un séjour en République démocratique du Congo, 2018. Bernard N’KALOULOU,Sauvage toi-même !, Roman, 2018. Emmanuel Y. N’GORAN,Le parcours d’Emmanuel, Un garçon de brousse aux Nations unies, 2018. Philippe GÄRTNER,Poussière d’ivoire, Roman, 2018. Jean-Christophe ROUVET,Un jeune Toubab au Sahel, Nouvelles, 2018. Patrick Serge BOUTSINDI,Le voyage d’un Africain en Lorraine, 2017. Issa Yeresso SANGARE,La télévision ivoirienne (RTI) de 1963 à 2011, Média de développement ou instrument du pouvoir ?,2017. Babacar dit KHALIFA NDIAYE,Les babouches du rat,2017.
Déo Namujimbo
Les sylvestres aventures de l’enfant-soldat
Roman
Aux millions d’enfants congolais qui ont reçu des mitraillettes en lieu et place de stylos.
À tous les enfants d’Afrique à qui on a appris à tuer alors qu’ils ne demandaient qu’à vivre.
Chapitre premier La forêt est dense, les arbres gigantesques. Par endroits la boue pâteuse mélangée à un épais tapis de feuilles en putréfaction témoigne que le soleil a du mal à atteindre le sol. Sous les arbres fruitiers de toutes espèces, les baobabs, les eucalyptus et les palmiers, se dissimule une vie sauvage, inquiétante. Tout d’un coup, les branches épineuses s’écartent, un chemin apparaît. Un petit sentier d’à peine un mètre de large, sur lequel on reconnaît des traces de toutes catégories d’animaux. Celles des léopards sont les plus nombreuses. Il y a aussi, à perte de vue les empreintes laissées par les phacochères, les éléphants, les zèbres ou encore les antilopes. De temps en temps, une traînée sinueuse traverse la piste et témoigne du passage récent d’un serpent minuscule ou d’un énorme python. Ou encore, surtout dans les endroits boueux, mais c’est plus rare, le moulage d’une main démontre qu’un primate a traversé le sentier il n’y a pas bien longtemps. Une toute petite menotte quand il s’agit d’un petit singe, un énorme battoir lorsque c’est un gorille qui est passé par là. En levant les yeux, on aperçoit à peine le ciel intensément bleu, la plupart du temps caché par la frondaison des gigantesques arbres centenaires, millénaires. Presque tous dépassent les cent mètres de hauteur et ont un diamètre de cinquante, quatre-vingts, parfois même plus de deux cents mètres. Des multitudes de singes et d’écureuils s’agglutinent autour des fruits bien mûrs qui font ployer les branches des arbres et produisent un assourdissant tintamarre auquel se mêle le délicieux ramage d’oiseaux de toutes les tailles et de toutes les couleurs. La plupart du
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temps, le silence pesant est régulièrement interrompu par le barrissement d’un éléphant, le rugissement d’un lion, le feulement d’un léopard ou encore le ricanement d’une hyène. Il n’est pas rare de voir un magnifique écureuil tout roux faire un remarquable vol plané entre deux arbres distants d’une centaine de mètres. Ils sont reconnaissables à leur immense queue en panache. De temps en temps des branchages sont accumulés au pied d’un arbre sur le bord du sentier : ce sont les lits des gorilles à dos argenté, les plus gros des primates et qu’on ne retrouve guère que dans cette partie du monde, tout comme le gracieux okapi, mélange de zèbre et de girafe, ou encore le lamantin. La forêt tropicale s’éclaircit, cédant la place à la savane. Les gros arbres ont été remplacés par des arbustes pas plus hauts qu’un immeuble de deux étages, clairsemés dans une immense étendue d’herbes hautes d’un mètre et demi. En portant son regard plus loin autour de soi, on aperçoit des collines et des hautes montagnes sur les flancs desquelles une herbe d’un vert intense fait penser à une pelouse soigneusement entretenue. Ou encore à un champ d’épinards. La forêt s’arrête là. Le petit chemin continue et mène, parmi les herbes, jusqu’au sommet de la colline la plus proche. À son pied, une rivière aux eaux brunes traverse un village. Tout au long de la rivière, de nombreuses bananeraies abritent une multitude de villages, tous identiques, parfois éloignés de quelques kilomètres. Des cases en torchis et des huttes rondes faites de paille, construites au milieu d’un écrin de bananiers, sortent des filets de fumée. Des enfants noirs simplement vêtus de culottes courtes trouées aux fesses, mille foisrecousues, rafistolées, courent dans tous les sens. À bien y regarder, on dirait sans trop peur de se tromper que les vêtements de ces gamins comportent plus de trous que de tissu. La plupart des garçons jouent au ballon ou à la lutte, tandis
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que les fillettes aux cheveux tressés bercent dans leurs bras maigres une inflorescence de bananier qu’elles appellent affectueusement « mon bébé chéri » ou qu’elles ont baptisé de noms d’enfants. Les filles plus âgées portent sur le dos leurs petits frères et sœurs, pendant que les mamans pilent le manioc, le sorgho ou le maïs dans de grands pilons faits de troncs d’arbre coupés et évidés. Les hommes quant à eux soit labourent les champs qui entourent le village au moyen de houes rudimentaires soit pêchent dans la rivière, debout dans des pirogues tout aussi rudimentaires, elles aussi taillées dans des troncs d’arbres. C’est une véritable féerie que de voir ces géants au torse nu, simplement vêtus d’un pagne qui leur arrive à peine aux genoux, et pêchant à l’aidede vieilles moustiquaires raccommodées, et ravaudées. Dans ces filets improvisés frétillent en scintillant d’innombrables poissons multicolores. À quelques mètres du village, un groupe d’hommes âgés tient conseil. Assis par terre, à même l’herbe d’un vert soutenu, presque tous tiennent entre les dents une longue pipe en terre ou en bois dans laquelle brûlent des feuilles de tabac séché au soleil. La plupart portent de vieux tee-shirts crasseux en haillons et de longues culottes qui leur arrivent à mi-jambe. Seul le plus âgé a sur la tête un chapeau en peau de léopard. Il tient à la main un bâton au moyen duquel il dessine dans la terre glaise une sorte de plan ou mieux d’itinéraire. Les militaires diraient une carte d’état-major ou encore un bac à sable.y On reconnaît des montagnes, des rivières, des villages et des savanes. Les autres l’écoutent respectueusement, presque religieusement, en hochant la tête et en ponctuant ses explications de petits grognements approbatifs. De temps en temps l’un d’eux interrompt le vieux sage pour donner une explication supplémentaire ou ajouter un détail qui revêt son importance. À deux reprises, un des vieux s’est
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éloigné du groupe pour aller ordonner aux enfants qui gardent les vaches et les chèvres un peu plus loin de faire moins de bruit et d’être plus vigilants : à la moindre distraction un léopard ou un lion peut tuer une chèvre et l’emporter sous les arbres. Seul un gamin à peine sorti de la puberté fait partie du conseil de vieux. C’est à lui que s’adressent les aînés, à son intention que se tient cette réunion peu ordinaire. Il écoute religieusement les instructions du vieux en prenant des notes dans un cahier d’écolier tout en y reproduisant au fur et à mesure le plan tracé sur le sol. Malgré son jeune âge, il a pris la plus importante décision de sa vie : retrouver son village, revoir les cases qui l’ont vu grandir, les prairies où il a fait paître moutons et chèvres, les collines verdoyantes sur lesquellesil a chassé oiseaux et sauterelles, les ruisseaux où il a attrapé des grenouilles et les grillons. Surtout, oui surtout, une idée le hante nuit et jour : il doit à tout prix remettre la main sur les totems de son clan, les talismans et autres bracelets qu’il a bien des fois promis à son père de protéger au péril de sa vie. N’est-il pas le successeur de son père le chef du clan et donc le dépositaire de la coutume ? Or, sans ces attributs sacrés, le mot « chef » n’a plus de sens. Comme au pays des Blancs, lui a-t-onappris à l’école, le roi se distingue de ses sujets par sa couronne et son sceptre, dans sa communauté le chef se reconnaît aux insignes en ivoire, en bois ou en cuivre qui se transmettent de père en fils, au cours de somptueuses cérémonies qui durent parfois des semaines entières et auxquelles sont conviés tous les villages environnants, certains invités venant parfois de très très loin, et même de la ville pourtant située à des dizaines de kilomètres. Il sait bien qu’il a peu de chances d’y arriver, car il doit marcher pendant des semaines, peut-être des mois, à travers la forêt inhospitalière et la savane traîtresse, affronter le soleil accablant des journées, le
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