Mémoire de l ancien temps
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Mémoire de l'ancien temps , livre ebook

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Description

À la lisière d'un système solaire marqué par les séquelles de la Grande guerre entre la Terre et ses colonies, un équipage tente de survivre tant bien que mal aux aléas qui secouent leur univers. Parmi eux, un vétéran qui a été jusqu'à oublier son propre nom pour mieux s'adapter au nouveau monde et une mystérieuse arrivante qui n'a rien de ce que l'on attend d'une simple contrebandière. Toujours à l’affût des bonnes affaires, l'équipage va tomber sur un message de détresse qui bouleversera leur perception d'eux-mêmes et les poussera à explorer leur propre passé, dans un système solaire peuplé d'individus rongés par une atmosphère d'amertume et de déclin.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 avril 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414074761
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-07474-7

© Edilivre, 2018
Premier fragment
Rapport d’avancement du Projet Spinoza n°22 (Avril 2378) (non reçu par le destinataire)
Nous touchons du bout des doigts l’aboutissement de six années de travail. Après plusieurs échecs, le projet Spinoza est sur le point de porter ses fruits. Seules quelques modifications du cœur restent à faire, mais nous serons toujours dans les délais promis. L’esprit de l’équipe de recherche est bon malgré une atmosphère de compétition omniprésente et quelques rixes sporadiques. Nous tenons à remercier le gouvernement de la République Populaire pour son financement ainsi que… (La suite du document est censurée).
Avis personnel : Outre le très positif bilan de nos travaux, il est néanmoins de mon devoir de vous informer de mon point de vue personnel quant à ce projet. En termes brefs, mon sens éthique et moral ne parvient pas à cautionner les sacrifices qu’il aura fallu pour mener cette expérience à son terme, quel qu’en soit les résultats qui en découleront. Je remettrai par conséquent ma démission de l’académie des sciences de la R.P. Dans les plus brefs délais à mon retour sur Terre. Je m’engage également à quitter tout organisme étatique, corporatiste ou lié à la République Populaire. Ne vous en détrompez pas, je suis un patriote convaincu mais je refuse après ce que j’ai vu, de prendre part plus longtemps à ce génocide intellectuel. Je ne peux plus mettre mon esprit au service du même culte de l’oubli semblable à celui qui a faillit mener l’humanité à sa perte il y a trois siècles de cela.
Extrait de l’avant-dernier rapport de Erik Halden, directeur du centre de recherche Jiang Shen, situé dans l’orbite de Sedna – 23 avril 2378 après J.C
« MAYDAY… MAYDAY, ici le Moskova, vaisseau de surveillance de la R.P. (interférences) demande de l’aide à tous les bâtiments du secteur de Kuiper ! (interférences) Niveaux de radiations records au centre Jiang Shen. Les compteurs pètent les plombs et personne ne semble savoir ce qui se passe sur cette station ! (communications interrompues) »
message enregistré sur une balise de détresse située à 32 UA de Sedna – 24 avril 2378 après J.C (reçue en 2413)
Partie I Les fossoyeurs
L’ancien entend le grondement d’un canon à rail, puis plus rien : pas un son, pas un mouvement. Tout l’équipage du pont est fiché contre les hublots. Une première vibration presque indécelable survient, puis une seconde bien plus forte. Un jet de lumière aveugle la salle de contrôle mais lorsque le capitaine comprend enfin ce qu’il se passe, il était déjà trop tard. « Les combinaisons ! ». Un vent de panique saisit les plus téméraires d’entre eux, ceux qui s’étaient battus sur les lunes glacées de Jupiter, sur Cérès et à travers la ceinture d’astéroïdes durant près de six ans. Ces « héros » se rappellent qu’ils pouvaient mourir comme tout le monde. La guerre les avait lassés d’un patriotisme à tout épreuve et d’ailleurs la plupart pensaient qu’ils avaient perdu cette dernière depuis longtemps. L’ancien arrache la combinaison des mains d’un cadet, 17-18 ans à vue d’œil, tandis que ce qui devait arriver vient finalement sous la forme d’un immense orage d’éclairs, l’énergie d’une pièce d’artillerie tesla. Le réseau électrique du vaisseau lâche, les néons sautent un par un et on peut entendre la coque fendre de part et d’autre. Le bruit de l’acier broyé achève de semer la panique dans les rangs. La fin est proche. L’ancien la sent venir, cette petite brise de glace dans son dos. L’écran du cockpit épais de plus d’un mètre se brise comme on déchire une feuille de papier. Il s’accroche désespérément à la rambarde du pont principal. Il voit le cadet qu’il avait privé de combinaison se faire happer par le vide et gesticuler fébrilement dans l’espace avant de se figer. L’ancien murmure au vaisseau, d’une voix douce, presque mélancolique « et pis merde… » avant de plonger à son tour dans le vide. Le chaos devient silence, un silence qui aurait été apaisant s’il n’y avait pas eu ces sépultures glacées flottant tout autour de lui. Les capsules de secours s’éjectent de la carcasse du Poseidon une à une, laissant celui-ci sombrer dans l’atmosphère martienne tel un cadavre jeté à la mer. Les croiseurs ennemis font feu sur les capsules et ce même s’ils les savent inoffensives. Faire des dommages collatéraux, les terriens appellent cela comme ça. Inutile de se débattre dans le vide, il ne lui reste plus que les yeux pour contempler ce qui fut jadis la grande flotte des peuples de Mars, de Titan, d’Encelade et de Callisto en pleine débâcle. La République Populaire avait soigneusement placée des canons tesla derrière la face cachée de l’astéroïde que l’on nommait Phobos. Le stratagème a diaboliquement bien fonctionné. A chaque navire détruit, une fréquence de son canal radio crie à l’agonie puis s’éteint aussi subitement qu’elle s’était fait entendre. L’ancien entend chacun de ces hurlements : le Gagarine est le premier , ensuite vient le Prométhée puis le grand cuirassé Brejneva et pour finir, le Nieuw Rotterdam qui est réduit en poussière dans un feu d’artifice. Désormais il ne reste plus qu’un canal d’ouvert, celui du cuirassé Hannibal. Les autres ? Détruits ou en déroute. C’est leur amiral qui parle, un homme qui n’est pas nécessairement cruel mais qui est allé trop loin dans son sacrifice et dans son devoir, si bien qu’il n’a jamais remis en question les ordres d’incompétents aussi stupides étaient-ils. Il est quasiment considéré comme un dieu et pourtant sa voix tremble. Les mots lui écrase la gorge à chaque syllabe et même les interférences ne peuvent le cacher. C’est sa dernière parole : « D’un commandant à ses subordonnés, il est horriblement ironique de mourir de la même façon que vous, vous qui avez tous été envoyés à la mort sur mes ordres. C’est peut-être un début de justice ». Le canal radio se ferme et le vieux assiste impuissant au spectacle de l’ Hannibal s’écrasant contre le flanc du Scipion, fleuron de la flotte populaire, des points scintillants de capsules de sauvetages pullulant dans tout l’horizon. Les deux vaisseaux s’embrassent dans un choc dont même le vide intersidéral ne peut faire évanouir les vibrations. L’étreinte engendre des explosions bleutées se succédant à un rythme infernal tandis que le Scipion est coupé en deux. L’ancien les voit disparaître dans une intense lumière : horrible et magnifique.
Il est seul dorénavant, tout lui paraît si grand et lui est si petit. Autour de lui ne gît plus que des carcasses, tombeaux de plusieurs centaines de milliers d’hommes et de femmes sous la couleur rouge sang du ciel de Mars. Il sent un poids étrange sur sa poitrine, une douleur atroce, puis soudain sa radio s’emballe. Son micro vibre à nouveau, c’est une voix de femme, douce et cruelle : « Je sais que vous m’entendez. Je sais ce que vous ressentez. Laissez votre instinct décider à votre place, laissez moi faire mon travail… c’est tout ce que vous savez faire, n’est-ce pas ? »
« Capitaine… réveillez vous… REVEILLEZ-VOUS !!! »
« merde… où est-ce que je suis ? »
Les yeux s’ouvrent dans un effort herculéen, les poings se ferment, les jambes se rétractent. C’était un cauchemar. Il avait l’air si réel, il pouvait même sentir le toucher des objets autour de lui. Il voit son ingénieur à son chevet. Sa réaction ne se fait pas attendre :
– Qu’est ce que tu fous dans ma cabine, Shu ? Dégage de là ! Je te paie pas pour me regarder pioncer.
– Eh bien… vous avez crié, donc je suis venu… c’est ce que je fais, en général. C’est pas que je m’inquiète pour vous, mais Simon a capté un signal intéressant et je me disais juste que ce serait pas mal de remplir la caisse avec du liquide. J’en ai marre de retaper les parois du vaisseau à la glue… et ça éviterais une petite mutinerie par la même occasion, donc… – lui répond Shu adossé au mur, les mains dans les poches.
– Mouais, je me disais bien que tu serais pas venu si c’était pas pour ta paie. Merci de m’avertir quand même, tu peux dégager maintenant.
L’ancien se lève piteusement du futon. Il a peut-être la quarantaine mais sa démarche en a quatre-vingt. Avant de plonger sa tête dans l’eau stagnante du lavabo, il effectue son rituel musical de la matinée : un morceau de folk martienne à son oreillette. S’ils ne savent pas faire rire, les habitants de cette planète savent faire pleurer, cela se ressent dans leurs chansons.
Chaque jour, je regrette
Je regrette ce que nous avons été
et ça fait longtemps que je me demande
si tous les obstacles avaient été surmontés
Si nous n’avions échoué
ce qui se serait passé, ce qui se serait passé
Lorsqu’il relève enfin la tête de l’eau, il s’aperçoit ce qui est advenu de lui dans ce miroir parsemé de tâches crasses : un vieux vétéran aux cheveux grisonnants, scarifié de cicatrices et de rides, usé par l’âge, puant la défaite et avec sur les galons de son antique veste, un symbole à demi-effacé ne signifiant plus rien : les six mondes de l’Alliance des colonies libres. Quelle belle idée que cette alliance et quel joli nom… mais aussi une sacrée connerie. L’Alliance des six mondes n’existe plus : elle a vaincue en début de guerre par un élan de liberté jamais vu, puis son armée de « braves volontaires » s’est embourbée monde après monde, à vouloir défendre un territoire trop grand pour elle, et tout cela s’est brisé face à un mur de briques. Cela fait maintenant presque douze ans depuis la bataille de Phobos et la fin de la Grande guerre, et l’ancien se demande toujours ce qui ce serait passé s’il avait donné la combinaison au cadet : aurait-il eu une famille ? Des enfants ? Aurait-il été utile à la société ?

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