122
pages
Français
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2017
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Ebook
2017
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Publié par
Date de parution
04 juillet 2017
Nombre de lectures
0
EAN13
9782312053066
Langue
Français
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Date de parution
04 juillet 2017
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0
EAN13
9782312053066
Langue
Français
Métalliques
Francis R. Taft
Métalliques
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
Du même auteur
Retour 1962, Paris LEN 2014
Virnutcya , Paris LEN 2014
Insolite , Paris MPE 2013
AEMI tome 1, Paris MPE 2017
© Les Éditions du Net, 2017
ISBN : 978-2-312-05306-6
Chapitre 1
Le temps avait brusquement viré au froid et Karia n’aimait pas cela. Ce n’est pas qu’elle le craignît, mais la brutalité de l’attaque hivernale l’avait trouvée sans préparation. Le cache-visage protégeait bien de la pluie, du vent, du froid, mais les parties génitales dévoilées, sans une protection adaptée, transmettaient un inconfort certain. Bien sûr, tout était adapté aux rigueurs possibles, mais l’éthique exigeait que l’on exposât ce qui était à l’origine de toute vie et qui faisait aussi l’objet des soins les plus attentifs. Tous les Humains tenaient absolument à mettre en valeur cette fraction de leur anatomie. On se saluait en se touchant respectueusement le bas ventre, mais jamais on ne montrait son visage à des inconnus ou à un proche sans nécessité absolue. Naturellement, les médecins étaient habilités à examiner les têtes et à poser des questions, souvent embarrassantes. Les actions biologiques, se nourrir, s’hydrater, indispensables à la vie, ne s’accomplissaient que dans la plus stricte intimité. Les cache-visages permettaient du reste une hydratation discrète mais limitée. Et dans toutes les habitations, un lieu spécial était réservé à ces fonctions. C’était le « cabinet des toilettes », au pluriel car les fonctions naturelles pouvaient s’y accomplie en toute discrétion.
L’alimentation se présentait uniquement sous forme de concentrés diététiques. Le goût était absent de ce monde, les odeurs de nourriture proscrites elles aussi. Il fallait avoir un grand entrainement et une grande force de caractère pour supporter ces agressions. Le corps médical y était préparé. Le Professeur Uluska {1} , le découvreur de la « Planète sauvage », appelée Terre en langage vernaculaire, avait eu du mal à combattre le dégoût qui s’était emparé de lui quand les Indigènes lui avaient offert, en guise de bienvenue, un repas accompagné de boissons fermentées.
Cela se passait dans les ruines d’une grande ville, il y a cinquante deux ans. Les survivants avaient dû réaliser des prouesses pour ce présent qui offusquait tous le Firanassiens {2} . Les autres contacts avaient été beaucoup plus brutaux et de nombreux explorateurs étaient morts dans des attaques. Les « Sauvages », ainsi nommés à cause de leurs coutumes, avaient connu une brillante civilisation, partiellement effondrée à cause de la guerre qui les avait opposés les uns aux autres. Les ravages atomiques avaient été amplifiés par une recrudescence de phénomènes tectoniques, volcans et tremblements de terre sur toute la bordure du plus grand océan de la planète mais aussi de nombreuses autres régions du globe.
Les volcans en éruption en crachant dans l’atmosphère d’importantes quantités de gaz carbonique et de cendres, avaient mis en mouvement un cycle compliqué de périodes froides et torrides avec la complicité du Soleil. En effet, depuis plusieurs années, son activité s’était accrue sensiblement. Les cendres volcaniques avaient pour effet de renvoyer dans l’espace la chaleur rayonnée par le Soleil, le gaz carbonique, lui, gardait la chaleur prisonnière de la Terre. Mais ces actions n’étaient pas réparties uniformément. Au centre des océans, il n’y avait ni cendres ni excès de gaz carbonique. La température, en augmentant, donnait naissance à des cyclones immenses dont l’énergie venait de l’eau trop chaude. Sur terre, au contraire, les cendres empêchaient la chaleur du Soleil de pénétrer. Le gaz carbonique avait au début réussi à compenser ce manque, mais au bout de quelques années, les poussières étant toujours là, la température avait considérablement diminué. Le contraste entre les masses d’air générait de violents cyclones, ce qui contribuait à dévaster encore davantage les régions concernées avec des tornades, des pluies diluviennes, des vents aux vitesses hallucinantes.
Ces dramatiques conditions de vie avaient réduit la population de la planète à un milliard d’habitants contre près de dix avant le déclenchement des hostilités. Les plus grandes mortalités avaient été enregistrées près des côtes et dans les très grandes villes : telle agglomération qui comptait dix ou quinze millions d’habitants était tombée à cent cinquante mille sur le même territoire. L’approvisionnement était presque inexistant. Dans les villages dispersés de quelques milliers d’habitants, l’impact avait été plus faible. Les habitants parvenaient à se nourrir et à subvenir à leurs besoins. Mais ce qui avait bien résisté, c’était les machines, les moyens de communication, radio, télé, téléphone tant qu’il y avait de l’énergie pour les alimenter.
Malgré les destructions, la mort des individus et la disparition de nombreuses institutions, les ordinateurs recelaient un savoir potentiel énorme. Il devenait maintenant accessible à tous car les institutions, l’administration n’étaient plus là pour exiger des références, établir des classifications entre ceux qu’on jugeait dignes d’entrer dans le cercle fermé et les autres. Ces organisations avaient disparu avec l’important pourcentage des décès pendant l’après guerre. Maintenant , on partageait les savoirs, on les répandait, et on n’était plus tenu par des considérations politiques ou économiques. On ne se préoccupait pas du financement. On faisait ce qui était nécessaire. Autrefois , les connaissances n’étaient partagées que si on estimait pouvoir en tirer des bénéfices. Ce n’était plus le cas. Angela avait eu cette chance, grandir au milieu de gens instruits avec des machines autour d’elle et les connaissances nécessaires pour les faire fonctionner malgré les difficultés liées aux déplacements.
Karia tira sur son bas ventre un pli de son panlonge et se risqua dans la rue. Le gel avait transformé les pavages de son jardin en patinoires irrégulières. Le vent s’engouffrait dans ses vêtements et son cou ressentait cette attaque bien que le cache-visage remplisse parfaitement sa fonction. Elle se dirigea vers le Centre Préparatoire à l’Exploration Planétaire ( CPEP ). C’était un grand bâtiment non loin de son habitation où se retrouvaient les scientifiques qui tentaient de comprendre d’où venaient des machines retrouvées dans une structure enterrée, il y a maintenant plus d’un siècle.
Longtemps les Autorités avaient nié l’existence de cette grotte artificielle. On devrait dire casemate car tous les côtés étaient rectilignes. La taille même de cette construction à un seul niveau était stupéfiante : presque quatre cents hectares. L’édifice était enfoui dans un pan de colline avec une profondeur maximale de deux cent cinquante mètres. L’effondrement par érosion d’un groupe de roches avait mis à jour une petite surface de la partie supérieure. On ne s’expliquait pas cette aire apparemment bétonnée et cachée sous la roche. L’analyse des terrains avoisinants montrait que l’entourage de cette structure était resté intact depuis quarante mille ans environ.
Cette datation était en contradiction formelle avec l’histoire officielle. Celle-ci expliquait que les Humains avaient vu le jour sous leur forme actuelle il y a environ dix mille ans. Avant, on parlait de préhominiens, mais aucune trace n’avait été retrouvée. Le CODIM, livre sacré de la religion dominante, donnait sensiblement la même date pour l’apparition des Humains sur Cnaan, conformément à la volonté de Dieu. Avant cette date, la planète était occupée par différentes espèces animales mineures. Leur fonction aurait été de préparer la planète à l’apparition des Humains par la mise en place d’écosystèmes harmonieux mais différents selon les climats.
Aucun scientifique n’aurait parié là-dessus, mais la séparation entre science et religion était telle que les plus septiques pouvaient admettre en privé les certitudes les moins fondées si elles étaient de nature religieuse.
Dès cette découverte, on décida le percement d’un trou. Ce fut extrêmement difficile, car la matière constituant l’enceinte était très résistante, d