Pluie Rose
163 pages
Français

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Pluie Rose , livre ebook

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Description

Moros-sur-Mer.
Une explosion dans la nuit, suivie d'un incendie. Une étrange absence de vent, un climat qui semble mis sur pause.
C’est à ce moment-là qu’emménagent Raven et Lucas avec leurs parents.
Les jours passent et au lycée, de nouvelles amitiés se créent. Mais dans l’ombre, le Mal rôde...
La nature souffre, la ville étouffe, à mesure qu’une étrange pollution la recouvre.
La rancœur d’une étrange entité naît.
Alors que les adultes cèdent au chaos de leur esprit, les adolescents, eux, cherchent des réponses.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 juillet 2023
Nombre de lectures 2
EAN13 9782384110469
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L ’ autrice




Bretonne de souche, Camille Salomon est correctrice, assistante éditoriale et autrice de romans engagés.
Pour la jeunesse, elle aborde des thématiques fortes telles que la place de la femme dans la société, la protection de l’environnement ou encore les affres psychologiques auxquels sont confrontés les enfants et les adolescents.
Passionnée par l’écriture et l’exploration du pouvoir des mots, elle n’hésite pas à s’engager sur d’autres formats et pour d’autres publics.


Camille Salomon
Pluie Rose




Inceptio Éditions
Direction éditoriale et Commerciale : Guillaume Lemoust de Lafosse
Direction presse/médias : Ophélie Pourias
Couverture : Ev@side
Diffusion : DOD&Cie
© Inceptio Éditions, 2023
ISBN 978-2-38411-045-2
Droits réservés
Inceptio
contact@inceptioeditions.fr
www.inceptioeditions.com


« Nous sommes la première génération à vivre les conséquences du dérèglement climatique, et la dernière à pouvoir y faire quelque chose. Si vous luttez déjà, à votre manière et à votre mesure, cela vous arrive peut-être de trouver le costume trop grand, le rôle trop vertigineux – c’est mon cas parfois, et même souvent. Et pourtant nous ne devons pas flancher ni fléchir. Notre responsabilité est grande et nous ne pouvons pas, nous ne pouvons plus nous permettre d’attendre qu’une élite éclairée à la lampe à pétrole prenne des décisions pour nous. Nous devons désobéir, monter sur nos tracteurs, enfourcher nos vélos et descendre dans la rue, entrer en résistance, en création, mettre les mains dans la terre, mettre la Terre dans nos programmes scolaires. Et tant encore. Mais la suite s’invente ensemble. Et ensemble, nous sommes une force immense. C’est là qu’est le pouvoir, c’est là qu’est le nôtre : à leur mort, opposer nos vies. »
Socialter, L’écologie ou la mort , prologue de Camille Etienne


Chapitre 1
Samedi   15   octobre 2033, durant la nuit

Anton ouvre les yeux, surpris. Il se passe une main sur le visage avant d’attraper son téléphone sur la table de chevet   : 3  h  12.
Il a l’impression d’avoir entendu une explosion, peut-être qu’il ne s’agit que de pétards. Lorsque trois coups sont frappés à sa porte, le doute l’étreint à nouveau. Si Nora est réveillée elle aussi, c’est qu’il n’a pas rêvé.
—   Entre ! dit-il d’une voix qu’il espère calme.
La jeune fille se tient dans l’embrasure de la porte. La même silhouette que sa mère , pense-t-il. Elle s’approche doucement, comme si elle craignait de réveiller quelqu’un dans la maison, alors qu’il n’y a qu’eux. Ses cheveux sont emmêlés et l’index de sa main droite s’acharne sur la peau de son pouce, un tic trahissant sa nervosité.
—   T’as entendu ce bruit ? C’était quoi ?
—   Je sais pas… une bande de jeunes qui s’amusent ?
—   On aurait dit une explosion, tranche-t-elle d’une voix mal assurée.
Au même moment, comme pour faire écho à ses paroles, d’autres bruits sourds retentissent, faisant trembler la maison. Nora se jette sur le lit en poussant un cri, affolée. Anton la serre dans ses bras et ne compte que trois secondes. Mais trois secondes, lorsque la terre tremble, c’est une éternité. C’est suffisant pour imaginer le pire, pour se créer le plus effroyable des scénarios. Lorsque les bruits cessent et que le calme revient, Anton se détache de sa fille, se lève et presse l’interrupteur près de la fenêtre. Le volet électrique remonte, laissant apparaître à sa droite, d’étranges lueurs orangées.
—   Alors ? demande Nora, bien trop tendue pour aller voir ce qu’il se passe.
—   Je crois que quelque chose a explosé un peu plus loin, on verra mieux de l’autre côté. Descends aussi. Si ça tremble encore, je préfère te savoir près de moi.
Nora acquiesce, court jusqu’à sa chambre pour y enfiler son peignoir et descend à la suite de son père. Il déverrouille la porte d’entrée et sort sur le perron. Sa fille reste derrière lui, et remarque que tous les voisins ont eu la même idée qu’eux. Tous s’observent à la dérobée, les bras repliés devant leur poitrine, comme un bouclier. En haut de la rue, des colonnes de fumée s’élèvent dans la nuit. La jeune fille met un moment avant de les distinguer dans l’obscurité. Quand ses yeux s’habituent enfin, elle constate avec effroi que la fumée s’épaissit de plus en plus, recouvrant peu à peu le quartier de sa chape brumeuse.
Hypnotisée, elle a l’impression que les ténèbres avalent la ville, jusqu’à la faire disparaître. Elle ne voit déjà plus le panneau « Stop  » au bout de la rue. Au-dessus de sa tête, une nuée d’oiseaux la fait sursauter. Des mouettes, croit-elle distinguer. Les volatiles poussent des cris stridents avant de s’enfuir vers le rivage. Elle se crispe en entendant les portes des maisons voisines se refermer et reste abasourdie. Fermer la porte aux ténèbres les empêche-t-elles vraiment de rentrer ? Lorsqu’une quinte de toux la saisit, elle croit s’étouffer, imaginant déjà l’Enfer se déverser dans ses poumons. Anton remonte le haut de son pyjama sur son nez et la pousse à l’intérieur.
—  Ça va  ? s’inquiète-t-il en la dévisageant, avant de s’éloigner vers la cuisine.
—   Oui, oui, juste cette satanée fumée. Putain, qu’est-ce qui se passe, papa ?
—   Allume la télé, ils doivent déjà en parler !
Il revient avec deux verres et une carafe d’eau. À l’écran défilent des bandeaux d’alerte. En seize ans, c’est la première fois qu’elle voit un reportage sur sa ville   : Moros-sur-Mer. Et en plus, il s’agit d’un flash spécial !
—   Ancr’Armor…, murmure Anton… Eh ben… même pas deux ans que l’usine s’est installée là.
Nora se souvient de l’état dans lequel était son père à l’annonce de leur implantation. Ils étaient venus vivre ici pour profiter de la nature, des plages et des champs qui entouraient le quartier. La ville était réputée pour son calme, car malgré la présence d’un collège et d’un lycée, le centre-ville n’offrait pas beaucoup de distractions. Les jeunes n’avaient pas d’autre choix que de prendre le bus jusqu’à Saint-Trieg, la ville voisine. Beaucoup plus grande, elle offrait son lot de bars et de restaurants à petits prix.
Nora se rappelle vaguement leur emménagement. S’ils étaient venus là, c’était surtout pour sa mère. Elle était photographe et travaillait pour plusieurs magazines nature. Elle était très douée pour immortaliser la vie dans les forêts, la campagne ou le bord de mer. La situation géographique de Moros-sur-Mer lui permettait de multiplier les projets écologiques intéressants. Durant plusieurs années elle avait travaillé avec un parc naturel, Valembrume, dans le département voisin. Elle mettait en valeur cet espace boisé à couper le souffle et alimentait ainsi toute la communication autour de cette incroyable aventure familiale.
Elle parcourt le salon d’un regard triste. Sur les murs trônent plusieurs de ses photographies   : le brouillard matinal sur le sous-bois endormi, un goéland prenant son envol, le bec ouvert, prêt à projeter son chant dans le vent ou encore un cerf, majestueux, se découpant dans les rayons du soleil couchant. Son cerveau capte de nouveau les informations qui tournent en boucle sur le grand écran de la télévision. Elle intègre le principal   : le feu sera bientôt sous contrôle et les habitants doivent se confiner jusqu’à nouvel ordre. Le journaliste fait état d’une météo plutôt calme ces derniers jours – étonnant pour la région de Britane , se presse-t-il d’ajouter.
—   Quand on y pense, c’est vrai qu’il fait doux en ce moment, pas beaucoup de vent.
Nora ne répond pas. Elle a été un peu préoccupée ces derniers jours, elle n’a pas pensé au temps qu’il faisait dehors. Elle n’est d’ailleurs pas beaucoup sortie, même après l’école, bien trop peur de tomber sur eux, ses bourreaux.
***
Quand les explosions font trembler Moros-sur-Mer, Sarah et William font l’amour. William se délecte des cambrements de sa femme sous lui. Lorsque se produit le premier tremblement, il n’y prête pas attention, son corps expulse le fruit de son plaisir, tandis que se dessine le visage d’une autre dans son esprit. Il se laisse ensuite lourdement tomber sur le côté, tâchant de ma î triser les battements de son cœur. Sa femme soupire de ravissement, un peu trop fort, quand la terre tremble à nouveau. Trois secondes. Un temps suffisamment long pour faire deviner à William, le maire de la ville, les problèmes qui arrivent. Trois secondes, le temps pour Sarah de regarder son époux et de réaliser le temps perdu à ses côtés.
Dans sa chambre, Nathan était déjà réveillé. Son père n’est pas un modèle de discrétion. Il l’a entendu rentrer tard du travail, l’a entendu se décapsuler une bière devant la télé, puis une deuxième. Jusqu’à ce qu’il regagne le lit conjugal et qu’il réveille sa femme pour satisfaire son désir. Nathan a serré les poings, comme souvent. Il a enfoui sa tête sous la couverture pour atténuer les exclamations exagérées de sa mère.
Il a ressenti le premier tremblement, sans en réaliser la portée. Premier réflexe   : envoyer un message à Aiko.

T’as senti ça ma puce ?
Oui, toi aussi ??? C’était quoi ? Un tremblement de terre ??
Aucune idée, fais gaffe à toi.

Lors du troisième tremblement, il s’est brusquement redress é et est tomb é de son lit. Trois secondes par terre, un temps passé à ne penser qu’à elle. Le temps de réaliser sa chance de l’avoir dans sa vie pourrie. Lorsque les secousses ont cess é , il n’a pas os é aller dans la chambre de ses parents, de peur de les trouver nus.
Sa mère arrive en panique, alertée par le bruit de sa chute. Elle porte un peignoir enfilé à la va-vite, dont le cordon de la ceinture, peu serré, laisse deviner sa poitrine nue.
—   Oh mon chéri ! Ça va ? s’exclame-t-elle.
—   Oui, maman, pas de soucis. Ç a m’a surpris, c’est tout.
Son père arrive à so

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