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Description

Le printemps est à nos portes. Et avec lui, c’est l’hiver qui se meurt et l’espoir qui renaît. Ou peut-être pas.


Irez-vous dehors profiter de la clémence du temps, ou préférez-vous encore vous abriter, rien qu’un peu ?


Peu importe, car c’est là toute la beauté de cet entre-deux. Tout est permis, tout est possible. On peut renoncer ou croire. Vivre ou mourir.


Alors, prenez place, et laissez nos auteurs vous faire découvrir toutes les nuances d’un printemps.


***



Plongez parmi nos plus belles plumes.



Les Éditions Haro et ses auteurs vous présentent leur premier recueil sur le thème du printemps.



L’occasion de découvrir le talent de Caleb Caulfield, d’Eve Terrellon, de Seana Landchild, de Charly Reinhardt, de Barjy L. et d’Alessia Dan.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 mars 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782493680235
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Collectif Éditions Haro
Recueil de Printemps
nouvelles
Éditions Haro
N° ISBN Papier : 978-2-493680-07-5
N°ISBN Numérique : 978-2-493680-06-8
© Éditions Haro 2023, tous droits réservés.
© Haro et Adobe Stock, pour la présente couverture.
Suivi éditorial et correction : Jennifer Verbeurgt
Dépôt légal : mars 2023
Date de parution : mars 2023
Éditions Haro :
200 route de Bordeaux, 40 190 Villeneuve de Marsan
Site Internet : www.editionsharo.fr
 
Art L122-4 du CPI : Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite. Il en est de même pour la traduction, l'adaptation ou la transformation, l'arrangement ou la reproduction par un art ou un procédé quelconque.
 
Art L335-2 du CPI : Toute édition d'écrits, de composition musicale, de dessin, de peinture ou de toute autre production, imprimée ou gravée en entier ou en partie, au mépris des lois et règlements relatifs à la propriété des auteurs, est une contrefaçon et toute contrefaçon est un délit. La contrefaçon en France d'ouvrages publiés en France ou à l'étranger est punie de trois ans d'emprisonnement et de 300 000 euros d'amende. Seront punis des mêmes peines le débit, l'exportation, l'importation, le transbordement ou la détention aux fins précitées des ouvrages contrefaisants. Lorsque les délits prévus par le présent article ont été commis en bande organisée, les peines sont portées à sept ans d'emprisonnement et à 750 000 euros d'amende.
 
Art L335-3 du CPI : Est également un délit de contrefaçon toute reproduction, représentation ou diffusion, par quelque moyen que ce soit, d'une œuvre de l'esprit en violation des droits de l'auteur, tels qu'ils sont définis et réglementés par la loi. Est également un délit de contrefaçon la violation de l'un des droits de l'auteur d'un logiciel définis à l'article L. 122-6.
 
 
Satanistes zen et trous de lapin
Caleb Caulfield
 
 
Il paraît qu’une mère est capable de soulever une voiture pour sauver son enfant. Et moi, je ne suis pas foutu de sortir mon pied d’un trou de taupe.
Je venais placer les derniers barbelés dans le potager de Grandma Nora quand je me suis enfoncé dans ce terrier.
Oui, des barbelés . Ma grand-mère est obsédée par la sécurité de son jardin, au point où j’ai dû installer un portail avec grille en acier galvanisé à la place de son portillon en bois, renforcer et rehausser le muret avec deux mètres de parpaings, et saupoudrer le tout de verre pilé et de fil de fer barbelé. Après une semaine de travail acharné, son jardinet bucolique ressemble à une prison de haute sécurité. Ce qui n’a pas empêché une foutue taupe de venir creuser un tunnel pile à l’endroit où j’ai posé mon pied.
Il faut dire que ça n’est pas contre les taupes qu’elle protège son précieux potager, mais contre les satanistes. Quand mes parents m’ont proposé de passer les vacances de printemps chez ma grand-mère, ils ont totalement oublié de préciser qu’elle habitait près d’une secte d’adorateurs de Satan voleurs de courgettes. Moi qui espérais apprendre à jardiner auprès d’une experte pleine de sagesse, je me retrouve à construire une forteresse pour ses artichauts et à tomber dans un piège tendu par une taupe démoniaque.
J’ai tortillé mon pied dans tous les sens, poussé, tiré, gratté la terre, mais rien n’y a fait. Je suis coincé.
Je crie depuis vingt minutes, sans aucune réponse. Il est temps que je passe le coup de fil de la honte. Heureusement, mon smartphone ne quitte jamais la poche de mon jean.
Au troisième appel, Grandma décroche enfin :
—  Qu’est-ce que tu veux, feignasse ?
— Je suis coincé.
—  Ça, j’ai bien vu. Ta mère t’a élevé comme une fillette, tu te conduis en fillette.
— Non, Grandma, je suis coincé dans un trou . Mon pied est bloqué. Tu peux venir m’aider ? Avec un chausse-pied.
Elle grogne et raccroche. Elle passe toutes ses journées avachies sur le canapé à regarder des rediffusions de vieilles séries en grignotant des biscuits apéro. Je n’avais pas énormément de souvenirs de ma grand-mère, que je n’avais pas vue depuis dix ans. Je commence à comprendre pourquoi mes parents ont déménagé à mille kilomètres d’elle.
Je l’avais idéalisée en dame qui prend soin de son jardin et m’aurait appris à faire un herbier tout en me contant les fables du temps jadis. À la place j’ai une très vieille ado grincheuse qui me fait faire ses travaux. Moi qui voulais me sortir de ma vie d’étudiant qui ne se salit jamais les mains, je suis servi.
La voilà qui se traîne comme si je l’avais tirée du lit à trois heures du matin pour un caprice quelconque.
— Oh, c’est quoi cette grosse plante moche qui a poussé ? On dirait mon empoté de petit-fils.
Elle me jette une truelle-plantoir et repart aussi sec. Merci, Grandma.
Il me faut quinze minutes pour décoincer mon pied du trou de taupe, et quinze autres minutes pour essayer de sauver ma Converse gauche, qui a perdu son si beau rouge ketchup pour devenir marron beurre de cacahuète. L’étoile noire du logo s’est pris des coups de truelle et ressemble maintenant à la rencontre d’une crotte et d’un ventilo.
J’aurai mieux fait d’aller passer le Spring Break en Floride avec mes potes de fac, à faire semblant de trouver les filles sexy et à participer au concours du plus long coma éthylique.
***
— Il me faudrait du produit contre les taupes. Et aussi, vous savez s’il y a une boutique de chaussures près d’ici ?
Le magasin de bricolage est le plus grand commerce de Bloomwood, ce qui ne veut pas dire grand-chose, vu la taille de leur bureau de poste (aussi petit que ma chambre d’étudiant). Il n’y a même pas de supermarché ! Je pensais que c’était obligatoire dans toutes les villes, comme les églises et les bars.
— Du produit ? Pour les tuer ?
La caissière n’a pas l’air de saisir le souci.
— Non, pour les shampouiner. Bien sûr pour les tuer ! Le potager de ma grand-mère en est infesté !
Voilà que l’humeur de Grandma déteint sur moi. S’occuper d’un jardin est censé nous relaxer, bordel !
— Des taupes à Bloomwood ? s’étonne quelqu’un derrière moi.
Je me retourne pour découvrir un homme de mon âge, mais qui ne ressemble à aucun étudiant de ma fac. Il a un sourire bienveillant qui lui donne des airs de moine bouddhiste. Avec des cheveux. Et des muscles. Encore que c’est difficile de juger sous des vêtements si amples. Il porte une chemise et un pantalon en lin clair qui semblent accordés à ses cheveux fins et pâles. Il dégage une odeur d’huile d’olive. L’arrosoir qu’il vient d’acheter complète son allure de jardinier paisible. Il ne lui manque plus qu’un chapeau de paille. Il respire tellement la tranquillité solide et rassurante que mon humeur s’adoucit d’un coup.
— Oui, des taupes.
J’ai soudainement honte de mon allure, avec ma Converse crottée et ce vieux T-shirt AC/DC. Je n’ai même jamais écouté leurs albums, c’est Grandma qui me l’a prêté parce que je pouvais le salir durant les travaux et qu’il était assez grand pour « une asperge de deux mètres », comme m’a joliment décrit mon aïeule.
— À Bloomwood ?
Le jardinier zen fronce les sourcils, comme si j’essayais de l’arnaquer. Je sors mon téléphone pour lui montrer la photo que j’ai prise – avec mon pied coincé – pour faire rire mes potes de fac. Puis j’ai un mouvement de recul. Est-ce bien malin de montrer à quel point je me suis ridiculisé ? Devant mes camarades de classe, ça semblait logique, on rit souvent de mes gaffes. Mais face à ce joli jardinier, j’ai soudainement un doute. Trop tard, il a vu la photo.
— Ça, c’est un terrier de lapin, pas de taupe. Pourquoi vous avez cherché à rentrer dedans ? Vous êtes trop grand.
Est-ce qu’il se fout de moi ? On dirait une blague, mais son expression est totalement neutre, comme s’il posait sérieusement la question. Je n’aurais jamais dû montrer cette photo.
— Ah, par contre, j’ai du poison à lapin, intervient la caissière. À vrai dire, ça pourrait pt-êt marcher sur des taupes aussi.
Je n’ai plus très envie de les tuer. Des taupes, ça va, c’est moche et c’est nuisible. Enfin, je crois. Mais des petits lapins ? Tous les dessins animés Disney repassent devant mes yeux en accéléré. J’y vois des lapins mignons qui ne font de mal à personne et veulent juste nourrir leurs petits. Je ne me souviens d’aucune taupe dans les Disney.
Le jardinier zen semble suivre mes pensées rien qu’en me regardant droit dans les yeux. Je rougis d’être aussi transparent. Ou est-ce que je me fais des idées ? Il se demande peut-être comment j’ai pu me croire assez petit pour rentrer dans le terrier.
— Pourquoi ne pas plutôt l’adopter ? me propose-t-il.
— Hein ? Qui ? Moi ?
— Le lapin qui a fait son terrier dans votre jardin. Ils font de merveilleux animaux de compagnie, aussi joueurs et câlins que des chats.
— Ah ? Mais je crois que ma grand-mère est plus du genre : « Tuons ce qui nous dérange. »
— Je ne parle pas à votre grand-mère, mais à vous.
Son regard toujours planté dans le mien, j’ai l’impression qu’il essaie de m’hypnotiser. Ses yeux sont d’un vert forestier, un vert qu’on trouve sur la mousse des arbres, un vert magnifique et doux. Je referme ma bouche en sentant de la bave s’en échapper. Il faut que je me reprenne.
— C’est pas évident à capturer, un lapin, dis-je en déglutissant. C’est plus facile de le tuer, non ?
Je ne crois pas à mes propres arguments. Jamais je ne tuerais un pauvre pipinou. Quand je suis gêné, je raconte toujours n’importe quoi, c’est mon grand point faible. Enfin, l’un de mes points faibles.
— Je peux vous aider, si ça lui sauve la vie, propose le jardinier zen. Et je l’adopterai.
Eh bien voilà, je venais chercher du poison, et j’ai un ange aux yeux verts à la place. Plutôt pas mal, pour un gamin qui se coince les pieds dans des terriers.
— Mais à une condition, rajoute-t-il.
Forcément, il va falloir le payer. Grandma ne voudra jamais. Et moi, je dois économiser pour mes nouv

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