Quatre nouvelles étranges inspirées d Écosse
158 pages
Français

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Quatre nouvelles étranges inspirées d'Écosse , livre ebook

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Description

L'inexplicable décès d'un professeur spécialiste du zombie vaudou, l'enquête d'une ex-inspectrice au service du gouvernement au sujet de disparitions dans un village reclus, l'histoire d'un ivrogne qui hante toute personne qui l'entend, et le rêve incroyablement marquant d'un voyageur déprimé ; autant d'histoires que peut inspirer l'Écosse rurale, ses paysages et son atmosphère sombre et ancestrale.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 avril 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414401635
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du Président Wilson – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-40504-6

© Edilivre, 2020
Exergue


« Quel est le sens, pour un écrivain de mettre son nom sur un livre ; qu’est-ce qui pousse certains auteurs à se cacher derrière un pseudonyme ; est-ce qu’un écrivain, finalement, possède une existence réelle ? »
Paul Auster, La Cité de Verre (La Chambre dérobée, 4).
Le chiffonnier d’Emma Hüss
« Le seul défaut qu’on lui reprochait était un singulier penchant à la rêverie et à la solitude, et une réserve si excessive dans son langage et ses moindres actions, qu’on l’avait surnommé la Petite Fille (…) il est vrai que sa conduite justifiait un peu ce sobriquet, surtout par la façon dont elle contrastait avec les mœurs de ses compagnons. »
Alfred de Musset, Mimi Pinson , I.
I
« Je m’aime, donc je suis. »
Jacky Hill se mirait devant la psyché de sa chambre depuis plusieurs minutes déjà, détaillant l’une après l’autre chaque partie de sa personne. Il se trouvait très beau dans sa petite robe sexy. Irrésistible, en vérité !
Une envie incontinente le prit de glisser sa main dans sa culotte afin de se contenter. Il n’y tenait plus et, pourtant, il le savait, s’il cédait à son premier mouvement, il romprait la magie de cet instant, en sorte qu’il se faisait violence pour n’y pas céder. Cette délibération intérieure polluait souvent ses séances d’auto-contemplation et y mettait parfois un terme prématuré.
Il se trouvait pris dans un nœud cornélien : il se désirait en femme et, s’il se rappelait sous ces dehors féminins qu’il était un homme, il se dégoûtait. Comment résoudre une équation par essence insoluble ?
Ah ! Il maudissait le jour où il avait fallu choisir (disons que la nature avait choisi pour lui), ce jour qui l’avait vu naître homme, conscient que, s’il était né femme, il eût dénoncé ce choix, tout autant. C’était selon lui une étroitesse de la nature de ne pouvoir être alternativement, à son gré, voire à la fois, l’un et l’autre.
Pour résoudre quelque peu ce dilemme, il lui fallait, c’était le résultat de ses réflexions, ou, du moins, son instinct qui parlait, fixer son désir sur un objet extérieur à lui. Puisque la nature l’avait voulu homme, sur une femme, donc. Mais pas n’importe quelle femme. Une femme qui lui ressemblerait. Lui, en somme, mais en-dehors de lui.
Il la chercha longtemps, cette femme « idéale », qui le (la) ferait s’oublier. Si longtemps qu’après avoir désespéré, il avait fini par négliger l’objet de sa quête et s’était peu à peu résigné au manque.
Pour autant, ce n’était pas parce qu’il ne trouvait pas une patère à laquelle se raccrocher que ses instincts n’étaient pas vivaces, et peut-être davantage que s’ils s’étaient abîmés contre un sein aimé.
Longtemps, il avait cherché un succédané pour étouffer en lui cette déferlante de désirs, qui procédait d’une lame de fond, soulevait tout son être, l’élevait très haut pour l’abandonner ensuite, sonné, pantelant, comme un naufragé échoué sur le lit d’une plage.
Il avait finalement trouvé la parade. Elle était peu académique, mais efficace, comme le lecteur va en juger.
Jacky s’approvisionnait d’abord dans les magasins dédiés aux femmes, comme de raison. Il se faisait passer pour le mari ou bien l’amant, qui souhaite faire cadeau d’une jolie tenue à sa dulcinée, avec des airs mystérieux dans le regard, qui lui valaient instantanément la complicité de la vendeuse. D’un coup d’œil, il voyait ce qui lui siérait comme un gant, sans même avoir besoin d’ essayer le vêtement (il avait eu, plus jeune, et sur un temps très court, une vocation tout aussi brève mais intense au stylisme).
Le stratagème fonctionnait bien.
Mais un jour, il avait dû s’oublier, au point de trahir ses intentions cachées, à moins que la vendeuse, qui était nouvelle, ou pour cette raison même, ne l’eut deviné en dépit de ses précautions, à un petit geste infime peut-être, tandis qu’il mimait la pose devant un miroir : lisant dans son regard comme en un livre ouvert, il avait deviné en elle la réprobation, sinon la consternation.
Aussi bien qu’un aveu, pris de panique, Jacky avait fait tomber le vêtement à ses pieds et s’était enfui à toutes jambes. Ce fut la dernière fois qu’il franchit le seuil d’une boutique. Il lui semblait à présent, en effet, que son secret s’était éventé, par sa propre faute, et que celui-ci était peint désormais au milieu de sa figure à l’encre indélébile.
De là date sa propension à l’isolement, jusqu’à rechigner à sortir en public. Il sacrifiait aux devoirs de la vie sociale uniquement poussé par les nécessités d’argent, acceptait des missions d’intérim, dans différents métiers du bâtiment.
Il avait l’avantage de cumuler des qualités qui sont réputées appartenir soit aux hommes, soit aux femmes exclusivement. Car il se reconnaissait double : à la force de l’homme, s’accolaient, s’acoquinaient, la délicatesse et l’intuition de la femme.
Jacky ne pouvait pourtant renoncer à s’habiller en femme ! Tant il y éprouvait un besoin viscéral. Quand il eut épuisé tous les attraits de son ancienne garde-robe, il lui fallut bien trouver une alternative.
Un jour qu’il passait devant un container contre lequel une vieille dame bataillait pour y vider un petit sac de vêtements (même les vieilles gens ont de vieux vêtements. Ce n’est pas tant qu’elles les jettent qui apparaît surprenant, mais qu’elles les jettent pour faire place à de nouveaux. Peut-être ont-elles le déni de leur vieillesse ou pensent-elles qu’il faut, au contraire, égayer leurs vieux jours), il eut une idée, et même une révélation : non seulement c’était le moyen de dégotter des vêtements de femme discrètement, et, ce qui ne gâchait rien, à peu de frais, mais, au surplus, ces vêtements avaient déjà été portés, étaient imprégnés d’un vécu, constituaient, en quelque sorte, la porte d’entrée d’autres vies, lui permettaient de pénétrer les arcanes d’existences dérobées. Enfiler ces vêtements lui offrait la possibilité de se couler dans la peau d’inconnues. A cette seule perspective, il frémit de plaisir.
Dans un élan d’enthousiasme, il embrassa la vieille dame, trop âgée assurément pour éveiller en lui la moindre étincelle de désir. Celle-ci ne s’offusqua nullement de ce geste cavalier et pensa plutôt qu’il se trouvait encore des gens serviables et aimants sur cette terre. Sans aucun doute, si elle avait dû témoigner à son procès devant l’Eternel, elle eût volontiers protesté de sa bonne moralité.
Jacky se mit, à compter de ce jour, à surveiller les containers de vieux vêtements. Bien souvent, face à la prolifération des déchets, ces réservoirs débordaient, véritables cornes d’abondance où il était libre de puiser sans limites. Il faisait mine lui-même d’apporter sa pierre à ce noble édifice, temple de la religieuse récupération, flanqué d’un petit sac de circonstance, rempli tantôt de ses propres haillons, tantôt, quand il avait épuisé sa réserve – car il ne pouvait tout de même pas se démunir de tous ses habits d’homme –, des effets qu’il rejetait à la faveur du tri méticuleux qui succédait à ces razzias. Il n’était pas rare qu’il repartît souvent plus chargé qu’il n’était venu ! Il récoltait tous les sacs qui étaient à sa portée. Il en remplissait le coffre de sa voiture, pour les dépecer tout à loisir plus tard, à l’abri des regards, à l’exemple d’un charognard au fond de son repaire.
Les vêtements d’hommes étaient écartés, encore qu’il fît parfois de bonnes affaires – il n’avait plus guère de frais de toilette – ; les habits de femmes étaient triés selon ses goûts du moment, par thème, par âge (probable), par taille (car il fallait aussi que le vêtement soit à ses dimensions).
Il n’était pas d’un gros gabarit, mais il avait les hanches assez larges.
Il avait une prédilection, comme de bien entendu, pour les petites culottes et les soutiens-gorge. Cependant, en fait de lingerie fine, il se retrouvait le plus souvent avec des culottes de grand-mères, aux élastiques distendus, aux hanses béantes, et des soutiens-gorge aux tailles de bonnet improbables ! Le bel accoutrement ! Ces lointains souvenirs de féminité ne profitaient pas longtemps du grand air, car ils retournaient aussi vite au rebus qu’ils en étaient sortis !
Beaucoup plus rare était le vêtement d’adolescente ou de jeune femme active, aux belles formes idéales.
Jacky ne se décourageait pas, cependant. C’était tout le sel de sa quête : que son Graal ne lui soit pas livré sur un plateau, tant le plaisir s’augmente de la difficulté ; qu’elle lui réserve des surprises… jusqu’aux vêtements malodorants et malpropres, voire même, certaines fois, abominablement souillés ! Il y mettait volontiers le nez, car il n’était pas dégoûté. Tout au contraire, il appréciait ces fumets, maudissait tous ces vêtements aseptisés, qu’un simple lavage privait de leur âme. Tout de même ! Certaines avaient oublié de se torcher et semblaient prendre plutôt ces récupérateurs de tissus recyclables pour une poubelle…
Une autre fois, il avait mis la main sur une culotte trouée à deux endroits. Elle avait été reprisée de façon artisanale, en sorte qu’il en avait déduit que ces trous ne pouvaient être le fait du hasard, mais bien le fruit d’un calcul savamment étudié. Il s’était exclamé, en forme d’aveu : « Il y a donc peut-être plus dérangé que moi ! » Ce n’était guère rassurant ! Cette culotte percée légitimait en quelque sorte sa propre déviance, l’alimentait en arguments nouveaux. Il imaginait les doigts, les sexes et les langues aptes à passer par tous ces orifices. Un véritable festival ! Il l’avait adoubé « la culotte du plaisir ». Elle figurait en bonne place dans sa collection.
Il tombait certaines fois sur le vêtement parfait, en osmo

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