REBELLES
373 pages
Français

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Description

Après une tragique nuit sans précédent, le gouvernement Pascitier doit affronter une fronde unanime et alimentée par les opposants officiels ou radicaux. Jusqu’où iront tous ces politiciens ambitieux pour prendre le pouvoir ?


Pour le président de la République André Danier, l’arrestation du terroriste Le Corbeau reste une priorité salutaire, harcelant la juge Anne Graftiaux. Mais que prépare encore cet électron instable ? Et sera-t-il le seul à parvenir à ses fins ?


Quant à la société clandestine Dragon Air, maintenant annihilée, ses derniers employés doivent trouver le moyen de rentrer chez eux. À moins que Zins Shanan préfère assouvir une vengeance personnelle et kamikaze ?


Une révolution est en marche, dans les rues et dans leurs vies.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 février 2023
Nombre de lectures 2
EAN13 9782956492658
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Dominique Convard de Prolles
 
 
REBELLES
2 e partie

« Qui suis-je ?
Je suis “Lambda”, une personne parmi d’autres dont l’esprit suit furtivement ce qui se passe dans mon pays et dans le monde. J’ai assez de temps pour connaître les faits, mais pas assez pour rechercher la cause et la conséquence. Bref, ma vie et ma capacité de réflexion, en termes de temps et d’énergie, m’obligent à me conforter du peu d’informations que me fournissent les médias, alors que je suis, je pense et j’agis pour moi, pour ma famille, mon entourage, ma communauté, mes institutions et mon pays. Et aujourd’hui, pour le monde. Le moindre de mes gestes d’intérêt social, civique ou humain est lié à ce que je sais et à ce que je connais.
Mais si je suis informé, que je dois agir, alors que je ne connais pas, voire ne comprends pas, mon action sera-t-elle appropriée ? »
 
 
RÉVEIL
 
 
Toute la nuit.
Toute la nuit fut un ballet. Au milieu des multiples brasiers mourants, comme des puits de lumière dans les ténèbres, les débris de verre, d’acier et de plastique scintillaient davantage que les étoiles dans le ciel nocturne, telles des myriades de lucioles synthétiques couchées dans les herbes folles qui entouraient les pistes et les bâtiments de l’aéroport Roissy–Charles-de-Gaulle. Le premier acte débuta dans ce décor de désolation, quand les gyrophares bleus et oranges dansèrent sur le rythme des sirènes hurlantes, comme des feux-follets surexcités rasant le sol. Les véhicules d’intervention offrirent les premiers soins, pendant que les engins militaires apportèrent la sécurité et la discipline, tandis que les fourgons d’officiers et d’officiels glanèrent de funestes constatations. Puis un poste de commandement fut mis en place et chorégraphia les mouvements de centaines d’individus en soutien aux silhouettes gémissantes, au chevet d’ombres décharnées ou à l’enlèvement de formes inanimées.
Toute la nuit fut une tragédie. Il y eut les premiers comptes-rendus militaires sur une situation imprédictible. Aucun cerveau n’avait eu la capacité de détecter une intrusion d’une telle force et aucun général ne remettait en cause le sang-froid des commandants et la bravoure des pilotes. Les mesures prises étaient à la hauteur des capacités d’action des institutions de défense, et proportionnées aux renseignements fournis par les services d’intelligence et d’espionnage. Puis les rapports officiels des forces de police, présentes pendant tout le déroulement du drame, énumérèrent les événements au sol, nommèrent les protagonistes, affirmèrent la puissance des opposants, détaillèrent les actes de chacun et édifièrent une conclusion macabre. Ensuite, les notes de service, les messages instantanés et les courriels provenant de conseillers, de secrétaires ou d’assistants dépêchés sur les différents lieux meurtris, s’ajoutèrent sur les bureaux des ministres, envahis de dualité extrême. L’imprévisibilité assurée et argumentée d’un tel acte de guerre rassurait sur la compétence des femmes et hommes aux prises des décisions, mais l’horreur brutale et radicale angoissait ces mêmes individus plus habitués au métronome des parlements et à la douceur des médias.
Toute la nuit, le brasier fut alimenté. Bien sûr, les gens disaient que tout commençait par une étincelle, mais quel détonateur avait bien pu déclencher une telle explosion de violence, de destruction et de morts ? L’effervescence avait traversé les institutions comme une ligne de poudre enflammée que personne n’avait su contrôler ni arrêter. Le dénouement sinistre et instable ne pouvait que contaminer les médias, les réseaux sociaux et le peuple. Un foisonnement d’images alimentait les yeux avides de sensations fortes, une déferlante de commentaires remplissait les oreilles réclamant des détails, et la multiplicité des argumentaires instantanés stimulait les esprits qui se noyaient sous l’incompréhension, la stupéfaction, voire l’angoisse.
Et après une nuit interminable, le jour se leva sur des terres de désolation et des âmes perdues.
 
Toutefois le spectacle continuait d’attirer les curieux. Mais la foule attendait surtout le spectateur.
La voiture officielle s’engagea sur la route qui bordait la clôture de l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle. La longue berline Citroën était escortée par les motards de la Gendarmerie mobile. Malgré la vétusté de la route, les engins étaient sollicités pour rouler à vive allure.
À l’approche d’un accès à la zone sensible, qui ouvrait sur les pistes, les hangars et les embarcadères, la colonne motorisée dut ralentir. Une horde de journalistes s’était agglutinée au carrefour et les CRS présents n’arrivaient pas à contenir ce flux de curieux professionnels. Les motards s’arrêtèrent, laissant la grosse berline noire poursuivre seule quelques mètres à l’intérieur de la foule dense.
Des gardes du corps formèrent une ligne jusqu’à la voiture et poussèrent les reporters braillards d’un bon mètre. L’un d’eux ouvrit la portière arrière. Une tête grisonnante apparut. Les rides faciales trahissaient une existence faite de stress et de tracas. Les poches noires sous les yeux indiquaient une nuit blanche passée à lire et à écouter.
Charles Pascitier eut un moment d’égarement durant une microseconde. Le temps d’hésiter. Mais son rôle de Premier ministre l’obligeait à suivre un couloir protocolaire de fortune qui devait le mener sur un promontoire herbeux. Le quinquagénaire fut emporté par ses escorteurs et traversa une nuée de requêtes, qu’il laissa sans réponse.
Le portail grillagé se referma sur leurs pas, devant les journalistes incrédules retenus par les policiers.
Un homme en tenue de préfet retira ses gants et s’empressa de serrer la main du haut responsable.
« C’est par ici, monsieur le Premier ministre », lui indiqua-t-il.
Pascitier se contenta de suivre. Après tout, il n’était là que pour voir. Juste un petit moment de tranquillité loin de l’effervescence de son bureau. Il monta la colline, marchant sur des planches de bois posées sur le sol. Arrivé au sommet, un chaud soleil matinal l’assaillit. Il dut porter sa main aux sourcils pour cacher l’astre.
Un spectacle de désolation s’offrait à lui. À une centaine de mètres, un profond cratère remplaçait le hangar de la société américaine. Un mélange de terre brune, de cendres grises et de sol carbonisé en tapissait le fond. Tout autour, des débris blancs dessinaient grossièrement mais sûrement les limites du néant. Des grues mobiles ramassaient déjà ces particules d’un autre temps et les déposaient dans des bennes de camion. Au milieu de tout ce ballet mécanique, des policiers semblaient inspecter une dernière fois ces preuves matérielles et la scène de crime. Sur le parking aéroportuaire, des avions de ligne étaient le ventre à terre ou couchés sur les flancs. Des gerbes d’étincelles s’échappaient des carlingues et trahissaient l’œuvre d’équarrisseurs avioniques. Au loin, le tarmac brillait de mille feux. Les rayons solaires se réfléchissaient dans le milliard d’éclats de verre, de bris de plastique et de lambeaux de métal.
Les journalistes étaient tenus à l’écart de cette zone. Des patrouilles motorisées empêchaient les chasseurs d’images de se positionner et de prendre des clichés du désastre. Toutefois, les rédactions ne s’inquiétaient sûrement pas d’un manque de matériel pour étoffer leur une. Les services de communication de l’aéroport et des sapeurs-pompiers se chargeaient déjà d’amasser des photographies et des vidéos pour leurs propres comptes. Quelques-unes finiraient bien par être partagées.
Mais si les journaux avaient accès à ces détails de l’Histoire, les adversaires de Pascitier n’attendraient pas longtemps pour le réduire en loque médiatique.
« Monsieur le Premier ministre, je vous présente le juge Lapierre, qui est à l’origine de cette intervention. Voici le commissaire Igniacio, le directeur d’Aéroports de Paris et le directeur de la Direction générale de l’aviation civile.
— Messieurs, bonjour. »
Pascitier serra rapidement la main des quatre hommes et préféra leur parler tout en examinant le triste panorama.
Habitué des aéroports depuis l’époque où il avait été député, Pascitier fut surpris du silence qui régnait dans cette zone habituellement bruyante en raison des nombreux réacteurs en fonctionnement. Mis à part les moteurs vrombissants et crachotants des engins de déblaiements, il lui sembla entendre des oiseaux piailler.
« Quel est le bilan ? demanda Pascitier.
— Il y a trente-deux morts, dont les quatre criminels, et trois cent soixante-quinze blessés, dont dix dans un état préoccupant, répondit le préfet.
— Les dégâts sur l’aéroport s’élèvent en milliards d’euros, reprit le directeur d’ADP. Les trois quarts ne seront que des dédommagements envers les compagnies aériennes pour leurs avions endommagés. Mais les infrastructures ne seront pas réutilisables avant plusieurs mois.
— Combien exactement ?
— Je ne sais pas encore. Les experts viennent juste d’arriver. Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’Orly est saturé, et l’ouverture du Bourget n’y changera rien. Je dois déjà avoir des plaintes de riverains sur mon bureau. Et puis, Air France et KLM ont leur service d’entretien sur cet aéroport, ils ne peuvent pas faire atterrir leurs avions ailleurs.
— Est-ce que vos instruments de contrôle ont été touchés ? Et qu’en est-il des pistes ?
— Tout est fonctionnel à ce niveau-là. Ce sont surtout les embarcadères qui posent un problème.
— Vous ferez alors circuler des cars depuis la gare.
— Mais je n’en ai pas assez. Ni de cars ni de chauffeurs.
— Je vais voir avec l’Armée de Terre pour vous octroyer quelques cars.
— Merci, monsieur le Premier ministre, mais je ne suis pas…
— Écoutez, faites comme moi, apprenez à faire avec ce que vous avez. Nous n’avons pas le choix : cet aéroport est une source vitale pour le tourisme et le commerce. Nous ne pouvons le fermer rien qu’une semaine.
— Bien, étouffa le directeur d’ADP. Messi

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