Requiem pour une Citrouille
172 pages
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Requiem pour une Citrouille , livre ebook

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Description

En 2113, la Terre est devenue terriblement barbante. Les soulèvements, le réchauffement climatique, les pizzas à l’ananas, tous les pires fléaux ont rendu obsolète tout espoir de retour à une forme de normalité paisible.


En 2113, une petite partie de la population terrienne a donc décidé, depuis un petit moment déjà, d’installer sur Mars une colonie appelée Isidis composée d’un million des plus riches humains du système solaire. Une espèce de country club gigantesque, où chacun rivalise d’étalage de richesses et de cocktails-partys coûtant le PIB d’un pays développé.


En 2113, l’homme le plus riche d’Isidis se fait assassiner. Une enquête délicate se profile, remplie de pressions politiques, de coups fourrés et de légumes vénéneux. Personne ne veut de l’affaire. Et quand personne ne veut de l’affaire, on n’a pas le choix : on appelle Sam Neff.
La plus incompétente détective privée de Mars.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 février 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782490630967
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’Auteur
Alors l’auteur… Comment dire ? Ben il a des cheveux, déjà, et il le précise parce que ça va pas durer. OK, un grand nombre des cheveux en question sont blancs, mais quand même. Ca compte. Il a des lunettes aussi. Et des pieds. Deux, pour être exact.
Ses influences littéraires vont de « La charabiole » au Disque-Monde, en passant par « L’Equipe » et le cycle de Fondation. Moyennant quoi, le résultat est le plus souvent un grand mélange de machins et de trucs dans tous les sens. En allant au-delà de cette page, vous serez amenés à le constater. Il ne s’en excuse pas, mais il n’en est pas toujours très fier pour autant.
Sinon, dans l’ensemble, il va plutôt bien, merci bien. Même si le temps commence à bien se rafraîchir. Et vous, ça va ?
(Si vous venez le voir, en salon ou en dédicace, il vous demande de bien vouloir amener des bonbons. Ou de la bière. Ou un billet de 50 euros. Ou à défaut un mot gentil, quand même, merde).
Vincent Dionisio Requiem pour une citrouille
I NCEPTIO
Direction éditoriale : Guillaume Lemoust de Lafosse
© Inceptio Éditions, 2022
ISBN : 978-2-490630-95-0
Inceptio Éditions
13 rue de l’Espérance
La Pouëze
49370 ERDRE EN ANJOU
www.inceptioeditions.com
À mes parents, que j’ai toujours vu et entendu rire,
Sorte d’introduction
Putain de vie de merde.
Je suis en pleine course-poursuite, une prime de 500 crédits en ligne de mire, l’adrénaline à fond et les poumons en feu, et voilà que je pense à mon bal de promotion. Je vais enfin pouvoir payer mes dettes, peut-être même manger à ma faim, il faut que je me concentre pour pas laisser ma cible s’échapper, et je pense à mes 18 ans.
Qu’est-ce que ça vient foutre ici ? Je revois ma grosse robe rose de meringue, ma fleur au poignet, le cavalier choisi par défaut, les parents émus… Toute l’année, j’avais proclamé haut et fort que je n’irais pas, que c’était une tradition ancestrale de merde à laquelle je ne me plierais pas, que je passerais la soirée à fumer de la novroche en réalité suprême, les électrodes bien fixées à mon crâne, l’esprit loin des slows embarrassants. C’est marrant, je pensais vraiment être anticonformiste. Avec mes pompes éclatées, mes jeans déchirés et mon attitude improvisée-préparée. Je criais que je voulais être différente en me complaisant dans la banalité.
Qu’est-ce que j’avais une grande gueule à l’époque. Mais qu’est-ce que ça me manque. C’était un autre temps, j’étais jeune, j’étais insouciante. J’étais sur Terre.
J’esquive un véhicule qui manque de me fracasser la hanche et je coupe par une ruelle déserte. Avec un peu de chance, ça va me faire gagner quelques mètres. Il ne s’échappera pas cette fois.
À vrai dire, plus je repense à ma jeunesse, plus je me demande comment j’en suis arrivée là. Ma vie s’est toujours plus ou moins déroulée comme prévu. J’ai fait mes choix. J’ai atteint mes objectifs. Je ne peux même pas me cacher derrière un traumatisme fondateur, ou une connerie de ce genre. Mes parents sont morts relativement tard. Je n’ai pas connu d’aventure amoureuse destructrice. Je n’ai même jamais filé un collant. Ni même porté un collant. Alors, merde, comment j’en suis arrivée là ?
Peut-être que c’est ça, la réponse. Peut-être que le fait de ne pas avoir connu d’échecs ou de tragédies majeurs me fait voir les choses pires que ce qu’elles sont. Peut-être que ma situation n’est pas si mal. Après tout, combien sommes-nous à avoir la chance de vivre sur Mars ? Aux dernières nouvelles, on était un peu moins d’un million. C’est pas si mal, pour une population humaine de 17 milliards. OK, je n’ai pas de quoi me payer de nouvelles fringues, ni faire le plein de mon slide, ni de quoi climatiser mon appartement, ni de quoi payer ma facture de Hi-Nan 1 … Mais je vis sur Mars. Ça devrait me suffire… Non ?
Au détour d’un virage, je percute une vieille dame, qui s’écroule de tout son long sur le trottoir. L’espace d’un instant, j’hésite entre poursuivre ma cible et la laisser crever, ou lui porter assistance. 500 crédits, putain. Une bonne bière fraîche. De la viande. Rien à foutre, je continue.
J’avais une mèche rose dans les cheveux, à mon bal de promo. Je pensais que ça ferait mignon, mais avec du recul, je pense que c’était plutôt ridicule. Qu’est-ce qu’on est conne quand on a 18 ans. Et en même temps, qu’est-ce qu’on est conne tout court quand on galope comme une dératée dans les rues d’Isidis, à 42 ans, célibataire, sur Mars, pour 500 crédits. Clairement, ce n’est pas ce que j’imaginais quand je suis devenue détective privée. J’ai dû regarder trop de tibhi, ça m’a ramolli le cerveau. J’aspirais à une liberté que je n’avais pas dans la police pour résoudre les cas qui m’intéressaient et gagner gros au passage. Ah le super plan ! Ça a marché deux mois, la blague. Et maintenant, je poursuis des fugitifs pour 500 crédits…
Je me retourne un instant et je remarque deux personnes qui courent derrière moi. Merde, elles ont eu le même tuyau ? C’est que je commence à être crevée moi ! Je serre les dents et essaie d’accélérer, mais je vois les deux types me rattraper. Et je ne gagne pas vraiment de terrain sur ma cible. Putain de merde, je l’ai déjà vécue cette scène, j’en ai marre de me faire enfler. Pas le choix, il faut que j’élimine la concurrence.
Je dégaine ma matraque et me retourne subitement pour expliquer le droit d’aînesse aux deux cons qui me piquent mon idée. Mais ils sont déjà sur moi, me poussent et me foutent au sol.
— Ça va pas non ?
Ils sont au-dessus de moi et me regardent, les yeux rouges de colère. Qu’est-ce qu’ils me veulent ces guignols ? J’ai 500 crédits qui s’échappent là !
— T’as vu ce que t’as fait à ma grand-mère, poufiasse ?
— Et même pas tu t’es arrêtée pour l’aider. T’as été élevée dans la forêt ou quoi ?
OK, erreur manifeste de diagnostic. Ils n’en avaient peut-être pas après mes 500 crédits après tout. Je me relève sur mes coudes pour essayer de m’expliquer, mais le plus grand des deux gars pose sa botte pointure 45 sur mon torse et me plaque au sol.
— La prochaine fois, tu feras attention à tes aînés, connasse. Montre un peu de respect !
J’envisage une seconde de lui montrer l’ironie de la situation, étant âgée d’au moins quinze ans de plus que lui, mais son pote me met un coup de pied dans les côtes qui me coupe le souffle. J’entends quelques rires moqueurs éclater autour de moi. Je jette un œil et je vois une dizaine de personnes, la plupart filmant la scène. Les bâtards. Mon orgueil encaisse déjà mal le coup, et voilà que le plus jeune des deux types me crache dessus. J’entends les rires redoubler et, quand je lève la tête, je vois Trunk et Hayhol, deux flics que je déteste par-dessus tout, filmer la scène en se marrant.
Ça devait être une bonne journée. 500 crédits facilement encaissés. À la place, je suis encore une fois la risée d’Isidis. Je tourne la tête pour fuir le regard de ces deux cons de flics, et je le vois. À cinq mètres devant moi. Il me nargue. Le connard de chat que je coursais.
Putain de vie de merde.
1 Comme un smartphone, mais dans le futur. Et sur Mars.
1
Sam entra en furie dans les locaux de son agence, laissa la porte s’écraser contre le mur voisin, jeta son blouson en cuir sale sur son bureau et se dirigea vers le minibar. Les mauvaises langues disaient qu’il était toujours plus ou moins l’heure de l’apéro chez Sam Neff. En l’occurrence, l’humiliation publique, les vidéos partagées, les coups dans les côtes, les crachats essuyés, tout renforçait l’idée que, oui, elle avait désespérément besoin d’alcool. De beaucoup d’alcool et d’alcool fort.
Deux verres lui réchauffèrent le gosier et l’amour-propre avant qu’elle n’accorde un regard à Danny. Son frère trônait dans sa position sempiternelle : assis, renversé sur son siège, un livre à la main, une expression de condescendance travaillée sur le visage. La vision de son branleur d’associé poussa Sam à se resservir un verre.
— Ne le prends pas mal, chère sœur, mais tu n’as pas l’air d’avoir passé une bonne journée.
L’intéressée engloutit son whisky cul sec. Mais ses naseaux fumaient pour une autre raison.
— Pas vraiment non.
— J’en conclus que les 500 crédits nous sont passés sous le nez. « Il y a plus de grandeur dans la pauvreté que dans la richesse », après tout.
Danny était ce que l’on pouvait communément appeler une baltringue. Pas forcément un idiot, ni un connard ou encore un gros con. Non, quelque chose dans la sonorité et dans la projection imagée du mot « baltringue » lui allait comme un gant. Il n’inspirait pas nécessairement ni l’antipathie, ni la haine. Plutôt une forme d’amusement moqueur face à sa posture théâtrale et ses citations hors contexte.
— Non Danny, reprit Sam dans une colère froide. Ils ne « nous » sont pas passés sous le nez. Pendant que tu restais ici à lire des trucs trop compliqués pour toi, je me cassais le cul à essayer de payer mon loyer et, accessoirement, le tien.
La plupart du temps, Danny engloutissait des ouvrages de philosophie auxquels il ne comprenait rien. Sam le soupçonnait de n’ouvrir ses livres que quand il se trouvait quelqu’un pour le regarder. En général, il mémorisait une ou deux citations dont il ne percevait pas vraiment le sens, et les ressortait vainement dès qu’une jolie femme entrait dans l’agence 1 .
— Je ne vais pas m’exhorter à te rappeler nos rôles respectifs dans cette entreprise, déclara solennellement l’aîné de la fratrie.
— C’est pas ça que ça veut dire « exhorter ». Putain, mais même la moitié des mots que tu prononces tu ne sais pas ce qu’ils veulent dire… Oh et puis tu sais quoi ? Continue de glander, le cul sur ta chaise toute la journée. C’est sûr que ça va faire avancer notre affaire.
Les trois premiers verres avaient été plus cathartiques qu’autre chose. Le quatrième, il était pour le plaisir. Danny n’avait même pas levé le nez de son livre pour lui adresser la parole. D’une manière générale, son attitude l’agaçait prodigieusement. Mais elle était dans une logique culturelle qui voulait qu’on ne la

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