Sutures
139 pages
Français

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Description

Recueil de nouvelles - Fantastique - 260 pages


Même si nous sommes enchaînés à notre destin, notre vie ne tient qu’à un fil, celui que les Moires, divinités de la mythologie grecque, peuvent couper à tout moment. Quoi que l’on fasse, la souffrance et la mort ne sont jamais bien loin. Elles guettent le moindre de nos faux pas, afin d’imprimer dans notre chair et notre esprit des cicatrices indélébiles...


... des sutures que nous nous efforçons de cacher.



Vingt-trois nouvelles qui vous plongeront dans les profondeurs des ténèbres !


Prix Masterton 2015

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 11
EAN13 9782379614316
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sutures


Frédéric Livyns
Frédéric Livyns


Mentions légales
Éditions Élixyria
http://www.editionselixyria.com
https://www.facebook.com/Editions.Elixyria/
ISBN : 978-2-37961-431-6
Illustration de couverture : Camille Kuo
Préface


Frédéric Livyns, un auteur de talent…
Marc Bailly

Tu connais Frédéric Livyns ?
Heu non…
C’est un écrivain.
Je ne connais pas tous les écrivains.
Il est belge et il écrit du fantastique.
Là, j’étais un peu mal…
En plus, il travaille ici…
Cette petite scène se passe à Bruxelles, dans l’administration pour laquelle je travaille. Il y a de cela quelques années. En fait, Frédéric Livyns, je le croisais tous les jours. Il travaille en plus au même étage que moi, dans un bâtiment qui abrite plus de 1400 personnes… Et c’est un collègue qui m’en parlait.
Depuis, je le connais beaucoup mieux. Nous étions tous les deux très étonnés, vu que nous nous croisions régulièrement. Lui me connaissait de nom. Pour moi, il était un collègue comme les autres.
J’ai découvert l’auteur Frédéric Livyns au travers de ses écrits, « Les contes d’Amy » en tête, mais aussi ses romans « Danse de sang », « le souffle des ténèbres » en passant par ses textes les plus anciens et tous ses nouveaux délires. Car des délires, il en invente encore et encore, tous les jours, il me les raconte. Et là, ça en devient vraiment très intéressant de voir et de comprendre comment il construit un texte. De l’embryon de départ, à l’élaboration rapide ou lente au fil des mots et des phrases. De voir qu’un texte, une idée, peut évoluer, complètement prendre une autre tournure, un autre chemin. C’est un véritable honneur pour moi de pouvoir côtoyer presque journellement un auteur de cette trempe, de pouvoir échanger, discuter avec lui.
Car du talent, Frédéric en a, beaucoup même, et de l’énergie également qui le fait partir dans tous les sens. C’est amusant et excitant tout à la fois, de voir cette petite flamme s’allumer dans ses yeux gris-bleu quand une esquisse y pointe le bout de son nez.
Il a écrit maintenant plusieurs romans et des nouvelles au kilo et, pourtant, il m’étonne toujours autant. Le recueil que vous tenez entre les mains est le fruit d’un travail de sélection que j’ai accompli avec lui, en le suivant simplement dans son ivresse et en choisissant les textes les plus appropriés, les plus fous, les plus forts. Inutile de vous dire que je suis très fier des nouvelles présentées ici.
On dit souvent que Frédéric Livyns est classique… Dans son écriture, son style peut-être, mais je vous assure que ses nouvelles ne le sont pas, classiques. Elles vont vous faire frémir, trembler, suer, monter aux rideaux. Et je vous conseille de ne pas rater les prochaines productions de l’auteur, car elles vont décoiffer, croyez-moi. Il nous prépare quelques surprises…
Alors oui, Frédéric Livyns est un auteur, mais c’est avant tout un conteur d’histoires, excellent qui plus est… Et aussi un type formidable. La Belgique et le monde tiennent là un digne successeur de Jean Ray, un digne représentant de l’Imaginaire avec un grand « I ».
DIRTY HENRY


Henry Verien referma le tiroir de son bureau métallique suffisamment fort pour que le bruit attire l’attention de tous ses collègues. Cela ne rata pas, et il ébaucha un petit sourire de satisfaction lorsque plusieurs d’entre eux se retournèrent vers lui.
Il n’était pas apprécié, il le savait très bien et il s’en moquait royalement. Après plus de vingt-cinq ans passés dans ce poste de police, il avait réussi à faire l’unanimité contre lui. Personne n’aimait travailler en sa compagnie. Henry était un flic grossier et brutal, usant parfois de pratiques à la limite de la légalité pour obtenir ce qu’il voulait. Cette agressivité de tous les instants lui avait valu le sobriquet de Dirty Henry, allusion moqueuse au personnage célèbre incarné par Clint Eastwood. Mais cela le faisait rire. Il en retirait même une certaine fierté. Ses méthodes ne plaisaient pas ? Et alors ? Ses statistiques parlaient pour lui. Plus de quatre-vingt-quinze pour cent d’aboutissement dans les affaires qui lui avaient été confiées. Ces chiffres incroyables lui avaient d’ailleurs sauvé la mise à plusieurs reprises. Il avait fait l’objet de nombreuses comparutions durant toute sa carrière, suite aux plaintes en cascade posées contre lui. À chaque fois, il avait trouvé la parade ou la pirouette lui permettant de s’en sortir. Henry avait une philosophie bien à lui : les lois sont faites pour être respectées et quiconque les transgressait ne méritait pas le respect. Il ne comptait plus le nombre de fois où on lui avait seriné qu’il ne pouvait s’en tenir à des concepts aussi manichéens, mais il n’avait jamais dérogé à sa ligne de conduite. Cela lui avait coûté cher au cours de sa vie, mais un principe reste un principe ; une valeur sacrée que l’on doit préserver quoi qu’il nous en coûte. Telle était sa conception des choses. Même son épouse n’avait pas supporté sa façon rude d’inculquer à leur enfant unique le respect des choses à coups de ceinturon. Elle avait quitté le domicile conjugal avec leur fils et était partie s’installer à plus de cent kilomètres. Jamais il n’avait cherché à revoir son ancienne épouse ou son enfant. Cela ne l’intéressait pas. Il était certain qu’en grandissant avec une éducation aussi laxiste que celle qui lui serait dispensée, son fils ne tarderait pas à devenir soit un bon à rien, soit une graine de voyou. Quand son épouse quitta la demeure familiale, Henry réalisa quelque chose. C’était si évident qu’il avait peine à croire qu’il lui avait fallu autant d’années pour s’en rendre compte. Il était bien mieux seul ! Loin des jérémiades enfantines et des complaintes ménagères. Après tout, qu’est-ce que sa femme avait à lui apporter qu’il n’aurait pu trouver ailleurs ? Une bonne cuisine ? Son salaire lui permettait de se faire régulièrement des restaurants s’il le voulait et, de toute façon, la cuisine surgelée avait fait d’énormes progrès ces dernières années. Quant au sexe, bien des professionnelles étaient prêtes à lui offrir de bien meilleurs services que ceux qui lui furent dispensés durant ses années conjugales. Non, il n’avait absolument aucun regret.
Voilà, son paquetage était prêt et il n’avait plus rien à faire en ces lieux. Il souleva la caisse et la reposa immédiatement lorsqu’un point au cœur le transperça brusquement. Il se rassit et respira longuement. Cela lui arrivait parfois ces derniers mois lorsqu’il s’énervait. Il fallait absolument qu’il se calme. Après tout, une nouvelle vie commençait pour lui. La retraite ne l’effrayait pas. Il s’y préparait depuis de nombreux mois maintenant. Il avait décidé de monter sa propre affaire d’enquêtes et de filatures. Il était peut-être trop vieux pour la police, mais certainement pas pour abandonner un travail qui lui plaisait et représentait toute sa vie. Bon nombre de personnes feraient appel à ses services. Il en était persuadé. Il se leva et repoussa sa chaise sous le bureau. Ses collègues le regardaient. Peut-être attendaient-ils des adieux en bonne et due forme, mais Henry détestait les au revoir. Il savait de toute façon très bien qu’il ne manquerait à personne à part à Robert Pilson. Le seul flic avec qui il ait jamais réussi à s’entendre. Ils étaient de la même trempe, mais une balle dans le poumon lors de l’une de ses premières interventions avait mis fin à ses rêves d’être policier sur le terrain. Robert avait bien failli mourir ce jour-là et seule la rapidité d’intervention de Henry lui avait sauvé la vie. Depuis, ils étaient liés. À la vie à la mort. Ils étaient équipiers à l’époque et s’entendaient à merveille. Lui au moins partageait les mêmes vues que Henry sur la manière dont traiter les malfaiteurs. Quand il resongeait à cette période de sa vie, Henry éprouvait un peu de nostalgie, ce qui lui arrivait très rarement. Maintenant Robert croupissait dans un service administratif à l’étage supérieur. Il était aussi peu aimé que Henry lui-même et personne ne lui adressait la parole. Il s’en moquait parfaitement et disait souvent qu’il se suffisait à lui-même, que seuls les faibles ont besoin du regard des autres. Il n’avait d’ailleurs pas manqué de venir saluer une dernière fois son ancien équipier, ce matin même. Ils avaient parlé cinq minutes ensemble et Robert était parti en lui tapotant l’épaule et en lui assurant qu’ils se verraient très bientôt.
— Salut les gars ! lança-t-il à la cantonade en guise d’au revoir.
Il n’attendit pas de réponse – il n’en eut aucune de toute façon – et enfila sa veste. Il remarqua alors une petite carte de visite qui dépassait de sa poche.
Qu’est-ce que c’est que ça ? se demanda-t-il en s’en saisissant.
La carte était noire et brillante. De petites lettres rouge sang se détachaient sur le recto.
« Monsieur X et ses amis ont le plaisir de vous inviter à les rejoindre ce jour à 19 heures » stipulaient les caractères.
Au verso, une typographie identique mentionnait une adresse qui ne lui était pas inconnue. Henry dut fouiller dans sa mémoire mais, au bout de quelques secondes, il identifia le lieu mentionné. C’était l’endroit où Robert et lui avaient effectué leur dernière enquête en commun. La coïncidence l’amusa, vu qu’il venait justement de penser à cela quelques minutes plus tôt. Il savait que l’endroit avait été transformé en salle de réception pour divers événements tels que banquet de mariage ou autres. Il fut assez surpris de voir que ses collègues lui avaient réservé une fête d’adieu. Il ne faisait maintenant aucun doute que Robert devait être le fameux Monsieur X mentionné par la carte. Henry était également certain que son ami avait glissé cette carte dans sa poche en venant lui rendre visite plus tôt dans la matinée. Il ne s’attendait absolument pas à cela et, contre toute attente, en fut quelque peu ému. Du coup, il hésita sur la conduite à adopter et décida finalement de faire comme si de rien n’était. Après tout, il ignorait qui serait présent à cette r

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