Un temps pour naître et un temps pour mourir , livre ebook

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2019

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Deux nouvelles, deux enfants qui s’éveillent à la vie.
Sans mère ni père, sortis des éprouvettes de la science à cause de la folie des hommes : quelles seront leurs premières sensations ? Quel sera leur rapport avec le monde ? Quel est le but de leur existence ?
Deux expérimentations, deux clones, deux façons de vivre ou de mourir.

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Date de parution

07 juin 2019

Nombre de lectures

2

EAN13

9782372270755

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

2 Mo

UNTEMPSPOURNAÎTREETUNTEMPSPOUR
MOURIR
Nouvelle de Jean Bury Couverture de Thomas Budach
ERREURSYSTÈME
L’éveil du garçon est immédiat, brutal, sans palier de décompression. Une seconde, léthargique, inconscient, il vivait au ralenti dans un sommeil à peine peuplé de rêves vagues et d’images fugitives ; l’instant d’après, i l est totalement éveillé. Lucide. Plongé dans la terreur la plus folle. La première chose qu’il ressent, c’est cette brûlur e qui irradie depuis son estomac dans tout son corps, chauffant à blanc chaque nerf, chaque jointure, chaque articulation, chaque membre. Il ne comprend pas. Il n’a jamais eu mal. Il ne sait pas ce qu’est la douleur. Pour la première fois, il voit. Pas bien, du reste. Sa vision est brouillée, comme si quelque chose sur ses yeux filtrait les images, une texture inconnue, étrange, liquoreuse, qui l’entoure totalement, dans laquelle il est en suspension. Le liquide entrave aussi ses gestes – car le garçon se rend co mpte, au cœur de sa souffrance, qu’il a le pouvoir de bouger. Il n’est pas limité q ue par la densité du fluide : un réseau de câbles gainés de cuivre et de tuyaux reliés à so n torse, à ses bras, à ses cuisses, complique ses mouvements. En poussant plus fort de la jambe, il sent du bout des orteils, à quelques centimètres devant lui, une sur face lisse et incurvée. À l’instinct, il essaie d’avancer les mains, devant, sur les côtés – partout autour de lui il retrouve cette cloison transparente au-delà de laquelle, mal gré le liquide épais, il entrevoit vaguement quelque chose. Le besoin incontrôlable de sortir s’empare de lui. Il éprouve toujours cette insupportable douleur dans tout son corps. Autre ch ose, également, quelque chose de neuf, de tout aussi inconnu : un sentiment d’enferm ement, la conviction irraisonnée qu’être ligoté à des câbles dans le fluide glauque d’un gigantesque tube à essai, c’est terrifiant et anormal. Il ne sait pas ce qu’il est, il ne sait pas où il est, il ne sait même pas ce que veut dire «être quelque part», il n’est qu’un bloc confus de sensations, de pensées chaotiques, de réactions instinctives à des stimuli inintelligibles. Il a tout de même une certitude : de l’autre côté de la paroi, i l y a autre chose. Quoi ? Quelque chose, il ne sait pas, peu importe : il doit mettre fin à tout prix à sa captivité et n’importe quoi d’autre, c’estmieux. Il se met à bouger plus violemment. Il comprend en les testant que ses mouvements peuvent gagner en force et en ampleur, m algré les entraves et le liquide : les heurts de ses genoux et de ses poings contre la cloison rendent à chaque fois un son plus net, plus puissant. Ça fait mal de taper c omme ça contre un mur dur, mais si ses mains souffrent, alors, forcément, la paroi aus si. Peu à peu, il sent monter en lui un nouveau sentime nt, quelque chose de différent qui commence presque à prendre le pas sur la claust rophobie, la peur et la douleur. Une sensation agréable, presque exaltante. Frapper de plus en plus fort, de plus en plus vite, cela fait bouillonner en lui une excitat ion enivrante – il éprouve soudain l’envie de hurler pour accompagner sa lutte. Il ten te d’expulser de ses poumons tout l’air qu’ils contiennent. Rien ne sort. Une embouch ure moulée à ses lèvres le relie à un tuyau souple. Une fraction de seconde, sa panique e n est renforcée, mais aussitôt le désir de détruire sa prison reprend le dessus. Et c ette fois, tout, la peur, la souffrance, l’exaltation, la claustrophobie, tout se fond en un e rage démentielle qui l’envahit complètement et réduit à néant les efforts qu’il fa it depuis son éveil pour organiser ses sensations désordonnées et ses pensées chaotiques. Il tape continuellement, sans
souci d’autre chose, avec toute la puissance de mus cles dont il ignore qu’ils ont été manufacturés génétiquement pour dépasser en force t out ce dont un muscle humain est capable. La paroi cède brusquement. Sans que rien ne l’annon ce, elle explose sous la violence des chocs infligés par l’adolescent, le li quide se déverse d’un coup et le garçon suspendu à mi-hauteur s’effondre avec lui, a rrachant la plupart des câbles qui le reliaient aux machineries extérieures. Il tombe rudement sur les rotules, tendant les bras par pur instinct pour ne pas donner du front s ur le sol. Sa rage disparaît aussitôt. L’exaltation de tout à l’heure lui revient une seco nde, un peu différente, plus intense : triomphante. Il est libre. Il se redresse sur ses g enoux au milieu des éclats de verre poisseux de fluide vert, il arrache le tuyau qui lu i obture toujours la bouche et cette fois il crie. Un hurlement sauvage, inarticulé, d’une ex traordinaire puissance, qui lui paraît d’une douceur indescriptible. C’est quand ses poumons vides le contraignent à se taire qu’il comprend qu’il respire. Fasciné par cette découverte, il se met à inspirer et à expirer profondément. Il se sent calme, apaisé. Il a mal, toujours mal, mais il s’y habitue. Sans le saisir clairement, il perçoit que la plénitude a maintenan t dépassé la rage et la terreur. Il est intelligent et il déduit que ce nouvel état...
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