Une affaire de temps
276 pages
Français

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Une affaire de temps , livre ebook

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Description

Qu'est-il arrivé à Blanche ? Sa disparition dévaste Paul, son compagnon.

Il partira à sa recherche, sans relâche, jusqu'au constat évident. Blanche victime d'un accident de « téléporteur » est prisonnière quelque part dans une improbable zone temporelle.

Il fera le deuil de son amour. S'il tend vers l'éternité, l'amour n'est pas éternel. Néanmoins, quelque chose dans l'azur décidera du contraire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332855367
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-85534-3

© Edilivre, 2014
Une affaire de temps
 
 
Dans la pénombre, le vaporeux ruban horaire serpentant tranquillement autour du lit affichait huit heures.
« Lumière ! » susurra Paul ensommeillé. Progressivement la chambre révéla ses contours.
Figaro, son androïde F3 déposa le plateau déjeuner et son bol de café fumant sur le chevet.
« Bonjour, Monsieur ! Nous sommes le 22 mai 2113. Temps variable, température de l’air 21 degrés. Nous fêtons Sainte Rita, patronne des causes désespérées. »
Vêtu d’un costume à plastron, nœud papillon et couvre-chef pour dissimuler ses articulations efficaces mais sans fioritures, Figaro avait la dégaine d’un majordome d’aristocrate.
Bientôt quatre ans qu’ils frayaient ensemble. Paul y était attaché comme à une vieille paire de pantoufles, avec parfois l’impression qu’il devinait ses pensées.
Figaro n’était pas qu’un ordinaire grille-pain comme ses ancêtres. Son microprocesseur, apte à modéliser les idées abstraites, pouvait produire un comportement intelligent. Il comprenait ses propres raisonnements, ressentait une conscience de soi et éprouvait de vrais sentiments (quoi qu’on puisse mettre derrière ces mots).
Se fondant sur le constat que l’intelligence a un support biologique (donc matériel), les scientifiques du siècle dernier ne virent aucun obstacle à tenter l’aventure avec la machine de Turing.
Certes, était-il un peu dépassé en comparaison de la récente vague des G5 + conçus et fabriqués par leurs parents les G5.
Ceux-ci affichaient un très haut niveau de cognition. Traitement de l’information, mémoire, résolution des problèmes, fonctions exécutives frôlaient la perfection. Leur stock lexicologique était impressionnant. On pouvait heureusement réguler leur débit, du mode silencieux pour taciturnes au mode moulin-à-paroles pour âmes esseulées.
En dépit de leur programmation pour une obéissance indéfectible, Paul craignait un dysfonctionnement. Ferrailler avec un androïde affranchi, ou pire psychopathe, n’était guère à son goût.
Mais son imagination l’engageait dans des dérives hasardeuses.
« Tu romances aisément ! ironisait Blanche.
– L’imagination est plus importante que l’intelligence ! dixit Einstein. »
Si la vie distribue un peu au hasard ses moments aigres et doux, celui du premier café matinal est sa petite réussite.
Lisa avait coutume de dire : « Les petits bouts de plaisir font le bonheur, à condition de les considérer tels. »
Jeune adulte, cette représentation lui semblait minimaliste. Il y adhérait de plus en plus. Tout dépend de notre approche des choses de la vie. S’il avait prisé contrariétés et embûches, n’aurait-il pas été comblé ?
« Ouverture des baies ! »
Le R.C. (réseau central) dégagea trois pans de mur. À claire-voie, la chambre était comme un cube de cristal taillé dans le ciel.
Il occupait, au vingt-cinquième étage d’une tour, un appartement conçu en décrochés, de telle sorte que très peu de pièces puissent être attenantes.
Quelques cloisons pouvaient se dénuder pour un éclairage optimal et la sensation de vivre dans des cieux rouges, pourpres, orangés ou azur profond. Selon.
Son agenda était serré. Il avait rendez-vous avec sa dulcinée, Blanche, et son aïeule, Lisa, grippée et hospitalisée au centre de Santé.
De nombreux fléaux du XXIe siècle étaient éradiqués. Le traitement et la prévention des maladies génétiques avaient progressé à grands pas. Cependant, la médecine restait toujours démunie face à certains virus.
Comme les blattes ou les cafards, des sérial-killers aussi anciens que le monde narguaient l’humanité.
Le centre de Santé traitait les maladies orphelines, toujours oubliées de la recherche médicale, mais son secteur d’activités biotechnologiques, transplantation d’organes artificiels et artefacts, était le plus florissant.
Déconseillant une visite, Lisa était en passe de terrasser l’ennemi mais le risque de contagion persistait, le RC proposa un visuel holographique.
Quatre femmes se matérialisèrent dans son bureau. Son bouquet de mamans, respectivement âgées de 50 ans, 90 ans, 110 ans et 140 ans.
Lisa accusait son âge mais les trois autres, sans rivaliser avec des gravures de mode, avaient conservé leur lustre et leur truculence. Cette petite esquille de jeunesse dans le regard.
Lisa avait toléré quelques implants (il en avait perdu le compte et l’historique), greffe d’une puce sur le nerf optique, d’une oreille électronique, quelques os, une vessie, mais opiniâtrement boudé le recours à la chirurgie esthétique.
Plus coquettes, les trois autres avaient livré un combat de haute lutte contre la déliquescence, morceau par morceau, abattis par abattis, années après années, pour un résultat honorable.
« Comment se porte mon archi-mamie préférée ? s’enquit-il, s’asseyant à ses côtés, en l’occurrence le fauteuil du salon.
– Le malin a sectionné quelques ficelles de la marionnette ici présente. Quelle racaille ce virus ! J’ai cru ma dernière heure venue.
– Allons ! Tu es increvable !
– La vie, c’est bonjour, au revoir. Un endroit pour naître, un temps pour vivre, un endroit pour mourir. Fiston, je ne mourrai pas, mes artefacts et ajouts cesseront leur office. Je ne suis que du temps, de la poussière de temps passant au travers moi, ni tout à fait femme, ni tout à fait apparence. »
Elle soliloqua sur la vanité de la condition humaine, sa finitude prochaine, le carcan de sa vie, son enfer sur terre. Mortifère. Il réprima poliment son agacement. Les autres subissaient gentiment sa litanie.
Après la grippe, la diarrhée mentale. Inévitable.
Il plaidait coupable. Cette dégoulinade était prévisible. Il avait abordé la rencontre sur un ton badin et impersonnel. La légèreté est quelquefois cruellement hors sujet.
Madeleine, sa maman, tenta une diversion mais la vieille rouée en rajoutait.
L’atmosphère s’était alourdie à tel point qu’en dépit de sa compassion, il trancha net.
« J’ai rendez-vous dans un quart d’heure, il me faut déconnecter. Un petit quelque chose pour te remonter le moral ? Friandises ? Compilation de clips de ton époque ?
– De l’extrait de lavande, une pièce de savon de Marseille, des berlingots de Carpentras, énuméra Lisa ».
Caprice qu’il promit de satisfaire, avant de les embrasser par le biais d’une gigantesque bouche pulpeuse vomissant en rafales des petits cœurs cyanosés.
La chambre en fut inondée avant de s’abîmer dans le néant. Maussade, il s’en voulut d’avoir abrégé la conversation et de son manque de patience. Il devait se recomposer avant son rendez-vous avec Blanche.
Si les coquettes rajustent leur maquillage, les bonnes dispositions d’esprit prévalaient pour lui. Il ne souhaitait pas la contaminer de sa morosité. L’autre n’est pas un exutoire à notre mauvaise humeur.
Aller vers autrui pour offrir et non prendre. Cette discipline de longue date était une manière d’exister dont il ne savait plus si elle était innée ou acquise.
Tyrannique contrat d’excellence frappé du sceau de sa fierté, il en était conscient.
« Paraître à son avantage en toutes circonstances ? Crainte d’être rejeté. Les bonnes intentions sont oxydables à l’air, elles ne se déballent pas », diagnostiquait Blanche qui avait entrepris sa marche vers moi.
« Allez vers soi, c’est comme escalader l’Everest en talons aiguilles ! »
« Essence de lavande, savon de Marseille, berlingots de Carpentras », récapitula-t-il à haute voix.
Immédiatement, il fut transporté sur un petit chemin des Alpes-de-Haute Provence pour une excursion à bicyclette sous un soleil aveuglant.
Il entendit crisser le gravier sous les pneus. Le parfum des prés, éclairés de boutons d’or et ensanglantés de coquelicots, combiné à celui des pins, composait une fragrance originale dans ses narines.
Sans fatigue, il pédala jusqu’à une boutique aux rayons garnis d’une myriade de flacons étiquetés.
« Interconnections et bifurcations, Marseille ! » annonça la voix primesautière du R.C. (il ne parvenait pas à en modifier le timbre).
Marseille aux senteurs marines et couleurs bigarrées. En décapotable, il sillonna la Canebière, les Réformés, jusqu’à la vieille route d’Aubagne où une ancienne entreprise familiale perpétrait l’art de la fabrication du savon.
Quatre grosses pièces brutes à l’odeur étrange furent ajoutées à son panier, après que le vieux marseillais lui ait raconté sa vie en long en large et en travers.
Malgré une prospection poussée à Carpentras, il ne trouva pas de berlingots, dont la fabrication avait cessé. Sur sa lancée, il eut envie de globe-trotter et se fit transporter aux chutes du Niagara.
Tumulte et fureur, écume et bouillon de vie. Cette débauche évoqua la conception divine de Platon, pour lequel Dieu est mouvement. Il se jura de s’y rendre en chair et en os.
Le virtuel comblait quatre des cinq sens. Ouïe, vue, odorat, toucher. Un ersatz de saveurs était synthétisé par le cerveau à partir des autres.
Le virtuel ? Vaste débat ayant suscité des kilomètres de rapports et comptes rendus, une foison de commissions d’enquête, meetings et manifestations de rue.
Les réactionnaires prétendaient qu’il se bornait à faire resurgir une gamme de sensations connues et reconstituait une atmosphère truquée et erronée. Nocif et frustrant.
Il avait bourlingué aux quatre coins du monde en virtuel et vécu de nombreuses expériences. Il n’était pas une pâle copie de la réalité mais un leurre efficient. Une création dans la création. Un rêve dans le rêve ? On pouvait s’en satisfaire, faute de mieux.
Il poursuivit son périple par les pyramides d’Égypte pour y éprouver une nouvelle fois l’équilibre pérenne entre l’espace, le temps et l’histoire.
Son escapade s’acheva au Ta

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