Vauverdanne , livre ebook

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Au début dix-neuvième siècle, dans une Savoie qui abandonnera le royaume de Sardaigne pour devenir une région française, le docteur Taverlet consacrera toute sa vie à l'énigme du « paisible » village de Vauverdanne où de jeunes femmes se révèlent atteintes d'un mal bien étrange... Mêlant mystère et chronique rurale, une enquête passionnante qui saura captiver un large public.

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Date de parution

28 septembre 2016

Nombre de lectures

0

EAN13

9782342056198

Langue

Français

Vauverdanne
Gianni Peralta
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Vauverdanne
 
 
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet : http://www.peraltagianni5.wixsite.com/auteur
 
 
 
 
Apprends à écrire tes blessures dans le sable et à graver tes joies dans la pierre.
Lao-Tseu
 
Introduction
Il y a quelques années j’ai trouvé un vieux manuscrit dans un tiroir d’un vieux meuble dont le contenu était pratiquement illisible. Il me fallut patience et détermination pour le déchiffrer. Les fines pattes de mouches utilisées pour illustrer le domaine médical ou scientifique me firent appréhender de poursuivre la lecture. Pourtant la curiosité étant innée chez moi, j’entrepris de m’y essayer, en faisant toutefois appel à un ami pour me seconder dans les sciences.
Ce manuscrit date de 1863, à cette époque on croyait aux oracles de Charcot. Ces théories ont depuis lors été abandonnées.
Je m’appelle Claude Taverlet. Je suis médecin de famille et me suis consacré toute ma vie à démonter les méthodes fantaisistes à propos de jeunes femmes possédées soit par l’Église ou d’un neuroscientifique. C’est dans cette demeure que le manuscrit m’est apparu dans toute sa splendeur. Pendant quelques mois j’ai occupé la chambre où, disait-on, des « possédées » avaient subi toutes sortes d’expériences.
Il me semble avoir vécu une vie parallèle à mes propres souvenirs. Aujourd’hui encore il m’arrive de douter de ma réalité.
L’histoire des possédées existe vraiment. Les personnes interrogées au fil des ans s’en souviennent comme au premier jour.
La vallée de Vauverdanne a été jadis isolée du monde. Son accessibilité a été rendue possible grâce à quelques amoureux des sports d’hiver.
Entrez dans le monde des possédées.
1
6 novembre 1862
Il pouvait être neuf heures du soir, lorsque je dînais tranquillement d’un bol de soupe accompagné d’une assiette garnie de Comté et de pain campagnard. Le repas terminé je lus une revue médicale. À cette heure généralement personne ne venait me déranger, parce que les patients étaient rares, au début en tout cas. Il y a tout juste un an, je sortais de l’école diplômé en médecine. Je me suis installé dans une petite bourgade savoyarde administrée par le roi de Sardaigne, mais remplacé par l’empereur Napoléon III.
J’ai quitté sans regret la vallée des Alpes où je suis né et d’où mon père encouragea l’officier de santé (médecin), à me pousser aux études. Là-haut, à Vauverdanne ma sœur aînée garde la maison familiale, où je me retrouve avec plaisir en période de chasse.
La lampe à huile à la panse verte et brillante éclairait mes livres empilés auxquels je déteste qu’on y touche. Le bruit de vaisselle ne parvenant plus de la cuisine, cela m’inquiéta, fortement. Sans doute la bonne s’apprêtait-elle pour la prière du soir ou remettait-elle sa jupe en ordre ?
La journée brumeuse de novembre s’achevait dans une pluie fine qui tombait encore sur le gros figuier appuyé à ma galerie. J’aime cette maison même si elle est vieillotte parce qu’on y accède par un vieil escalier en pierre en colimaçon. Les habitants disent avoir porté chaque pierre pour la construction de ce monumental escalier. La maison est pittoresque avec ses plafonds en poutre supportés jadis par des piliers à leur croisement. De ma chambre j’ai le bonheur de voir se lever ou se coucher le soleil.
Cette petite ville reflète la joie de vivre de ses habitants. Traversées par un ruisseau chargé d’emporter les immondices, les rues semblent englouties d’un sommeil millénaire. Les locaux sont méfiants lorsqu’une nouvelle tête s’aventure dans les rues paisibles. Pourtant leurs mœurs craintives disparaissent dans le café et en période de vendanges, lorsque les rues silencieuses s’animent de chants ou de beuveries vomies par un tas d’ivrognes au caractère rustre.
« Il a une belle robe !
— Un corps excellent cette année !
— Nous sommes le seul versant à le posséder. »
Il s’agissait du vin bien entendu. À les entendre, on aurait pu croire qu’il s’agissait du roi, tellement ils se montraient respectueux avec le breuvage. Cependant, le roi avait un traitement plus familier – dans les veillées, on chantait :
« C’est le roi de Sardaigne,
Qui va au marché,
Vendre ses châtaignes,
Pour acheter des souliers. »
Ce qui est incontournable et plaisant est l’hôpital du treizième siècle, entouré d’une cour d’arcades rappelant le cloître d’un couvent.
Je tressaillis lorsqu’un coup de cloche retentit dans le silence. J’écoutais avec appréhension. La bonne avait dû traverser le corridor pour arriver à ma porte, frapper et enfin tourner bruyamment la grosse clé dans la serrure et son spectre m’apparut fantomatique, surtout lorsqu’elle me lança au visage :
« Monsieur le maire demande s’il peut passer la nuit ici. »
Je levai ma carcasse trempée d’une sueur glacée et m’apprêtai à l’accueillir comme un général en campagne militaire. Vauverdanne est un village respectable par sa taille ou sa réputation. Bien qu’il fût maire, ce fut un grand paysan que je vis entrer, en proposant un visage tendu vers l’avant et des yeux clignant de sommeil. Il avait une morphologie repoussante, jamais je n’ai pu m’habituer à ses traits peu expressifs et à la ruse bestiale qu’il offrait de prime abord.
« Bonjour, dis-je sans enthousiasme. Que se passe-t-il ? »
Avant de répondre, le maire attendit que ma bonne sortît et qu’elle refermât la porte derrière elle. Puis il adopta un ton mystérieux.
— Nous avons besoin de tes services, Claude. Là-haut, il se passe des bizarreries… Je ne sais pas comment appeler cela, dit-il.
Je lui proposai une chaise où il laissa tomber sa carcasse de montagnard. Son pantalon et ses grosses chaussures avaient empli ma maison de boue.
« Tu viens de Vauverdanne à cette heure ?
— Oui, Claude.
— À pied ?
— Oui.
— Qu’y a-t-il de si important ?
— Je vais tout te dire, mais il faut hâter le pas.
— Attends. Tu es éreinté. Trente kilomètres à travers la montagne dans le froid…
Je lui tendis une bouteille d’eau-de-vie dont il avala deux verres cul sec. Après s’être réchauffé de ce remontant, je lui demandais si tout allait bien, il répondit que oui.
« Je dois remonter cette nuit parce que je ne veux pas que l’on s’aperçoive de mon absence, dit-il.
— Pourquoi cela ?
— Je dois rentrer avant que le jour se lève et il ne faut pas qu’on nous voie ensemble », ajouta le maire. 
Je le regardai avec surprise cherchant vainement à sonder son esprit. Il avait dû quitter le village vers quinze heures parce qu’en cette saison la nuit tombe très vite dans les profondeurs des étroites vallées. La curiosité me poussa à investiguer davantage aussi je lui posais des questions pertinentes.
« Qu’y a-t-il de si incroyable là-haut ?
— Je te le dis comme à un frère même si tu n’es pas né ici.
— D’accord, je suis tout ouïe, dis-je.
— Vingt-deux femmes semblent avoir perdu la raison entre Vauverdanne et Irminthe. Elles crient, se roulent par terre, insultent tout le monde, elles ont fait peur à plus d’une mégère crois-moi !
— Qu’en pense le curé ?
— C’est le premier qui a fui.
— Cela m’étonne de lui.
— Il dit qu’elles sont… possédées par le démon !
— C’est un bien grand mot, tu ne trouves pas ?
— Sans doute, Claude. Mais si tu les avais vues…
Il rit sarcastiquement, je m’associai à cette invraisemblance. Il ajouta plus sérieusement néanmoins :
« Je ris parce qu’elles sont folles à mon avis et mon conseil va dans le même sens. On raconte que notre curé a écrit à l’évêché pour faire venir un grand vicaire. D’autres curés sont également venus croyant résoudre cette affaire en un tour de main, mais ils se sont brûlé les ailes si je puis m’exprimer ainsi. 
— Je ne veux pas d’histoires irrationnelles dans ma commune, il en va de notre réputation – tu imagines si les médias se mettaient à fouiner comme des vampires assoiffés de sang.
— Je ne crois pas qu’un journaliste veuille couvrir un tel événement, dis-je pour rassurer le maire.
— Imagine si l’on me voit en ta compagnie, nous serons la risée des Alpes. Par contre, si l’on te voit arriver seul… C’est différent.
— Je comprends.
— Il ne manque plus que l’étincelle pour démarrer l’incendie comme on dit.
— J’ai l’habitude de venir dire bonjour à ma sœur, j’apporterai un regard curieux.
Il me fixa d’un regard voilé par de lourdes paupières velues. J’étais intrigué par cette révélation hors du commun.
— Depuis combien de temps la maladie frappe-t-elle les villageoises ?
— Cela remonte à plusieurs mois déjà. On ne sait plus vraiment comment cela a commencé. Au départ, les gens se cachaient par honte, je suppose…
— Le confrère, qu’en pense-t-il ? »
Le maire leva les épaules avec mépris.
« À vrai dire, je ne crois pas qu’il soit médecin » on dirait qu’il prescrit, juste trois je vous salue marie, et puis il laisse le travail au curé. J’ai peur, Claude. Peur qu’il arrive quelque chose que nous ne pourrions maîtriser.
— Qui sont les femmes ayant sombré dans la folie ?
— Je ne crois pas que tu les connaisses, Claude.
— Dis toujours, on verra bien.
— Il y a la couturière, la grosse Virginie, sa belle-sœur, les deux nièces du Moulin, la fille du Moulin, la fille du maréchal et… Le reste ben on l’ignore pour le moment.
— Elles sont dispersées on dirait.
— J’oubliais, la fille de l’ancien charron dans le fond de Pimberty. Elle n’a que seize ans – vous êtes parents par votre grand-mère, il me semble.
— Il parait. Penses-tu qu’il sera facile d’en trouver une en état de crise ?
— Le dimanche à la mess

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