Vies de chat
76 pages
Français

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Vies de chat , livre ebook

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Description

Les rues d’Hoggu ne sont pas sûres pour les enfants des quartiers pauvres. Et lorsque le jeune Calus décide par bravade de s’y aventurer, il ne se doute pas que son geste le met à la merci du redoutable Cruzac. Ce dernier lui offre un avenir étonnant, à condition de renoncer à son passé.


Pour cette nouvelle aventure, Sophie Moulay remonte aux sources et nous révèle les secrets de l’enfance et l’adolescence de Calus. Un vrai bonheur pour les fans de la saga L’Élu de Milnor et pour tous ceux qui découvrent ici l’univers de l’auteur.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 février 2016
Nombre de lectures 99
EAN13 9782374531137
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Extrait
Les mains serrées autour de son larcin, Calus s’engouffra dans la ruelle voisine au pas de course. Derrière lui, sa sœur jumelle Linéa le suivait de toute la force de ses petites jambes.

— Rends-moi ma poupée ! s’égosillait-elle entre deux sanglots.

En fait de poupée, il s’agissait plutôt d’une armature en bois surmontée d’une boule d’argile cuite au soleil. Linéa l’avait enveloppée à la façon des nourrissons d’un vieux tissu aux bords effilochés.

Calus fit soudain volte-face et agita le jouet.

— Elle est moche comme tout, je vais la jeter !

— Nooon, elle est à moi…

Les larmes coulaient sans retenue sur les joues de Linéa. La transpiration poissait ses cheveux blonds, qui d’ordinaire attiraient des regards envieux. Elle avait oublié le chapeau que leur mère leur imposait à chaque sortie. Leur teint crémeux supportait mal le climat chaud qui régnait dans l’empire hargor, et pourtant Linéa avait joué dehors tout l’après-midi. Avec ses yeux gonflés et ses coups de soleil, la petite fille de sept ans faisait la paire avec sa poupée informe.


Un sourire aux lèvres, Calus détala avant que sa sœur l’ait rejoint. Il adapta son allure, juste assez lente pour que Linéa ne désespère pas de le rattraper, juste assez rapide pour rester hors de sa portée. Son chapeau menaçant de s’envoler, le garçon l’enfonça davantage sur sa tête.

Il slaloma entre les hommes qui rentraient chez eux en fin de journée ; les plus chanceux revenaient avec quelque argent en poche. Arrivé sur la place du quartier, Calus effleura le soleil de bronze décorant la fontaine, un geste porte-bonheur qu’il esquissait à chacun de ses passages. En prenant le virage de la rue suivante, il commença à sentir un point de côté. Galvanisée par la colère, Linéa n’abandonnait pas la poursuite. Il l’entendait cependant crier d’une voix essoufflée. Le jeu s’éternisait, il fallait en finir.

Calus obliqua dès que possible en direction du nord, vers les faubourgs plus aisés. Entre deux trouées, il apercevait la masse imposante des remparts protégeant le quartier administratif. Plus haut, la lumière de fin d’après-midi éveillait des reflets dorés sur les murs de marbre blanc du palais impérial. Avec un rien d’imagination, on aurait pu croire qu’il était bâti d’or pur ; les ponts arachnéens reliant les différentes tours figuraient les fines chaînettes dont les femmes nobles aimaient parer leur chevelure.

La frontière implicite avec les faubourgs cossus se profila. Dès que Calus l’eut passée, il ralentit le pas. Linéa n’oserait pas franchir cette limite interdite par leur mère. Il était temps, les muscles de ses jambes le brûlaient.

— Calus ! appela la petite fille. T’as pas le droit d’aller là-bas ! Les militaires vont t’attraper !

Il stoppa net et fit face à sa sœur. Il lâcha d’un air goguenard :

— Tu es bête, ce sont des histoires pour faire peur aux enfants.

— Non, elles sont vraies, c’est Maman qui l’a dit. Et puis, si tu ne reviens pas, je lui raconterai tout.

— Je reviendrai… tout à l’heure !


Bien que pas complètement rassuré, Calus ne voulut pas perdre la face devant sa petite sœur. Tournant les talons, il pénétra plus avant dans ce quartier qu’il connaissait mal. Il jeta un dernier coup d’œil par-dessus son épaule. Linéa s’approchait à pas hésitants.

— Caluuus ! Si tu me rends ma poupée, je ne dirai rien à Maman. S’il te plaît…

— Si tu rapportes, je casserai ta mocheté en mille morceaux.

Sans attendre de réponse, Calus disparut au premier coin de rue.
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