Souvenirs d enfance
172 pages
Français

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Souvenirs d'enfance , livre ebook

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Description

On pousse une porte, c'est un jaillissement : les morts ressuscitent et animent leur maison. Celle de mes parents, celle de mes grands-parents.
Survient la guerre : j'ai sept ans et j'expérimente, terrifiée, la présence de la mort. Rescapés, réfugiés dans une ferme, un jour nous voyons flotter le drapeau français au sommet du clocher du village voisin : c'est la Libération. La vie renaît avec son cortège de fêtes et de cérémonies, dont l'impécuniosité de mes parents n'altère pas la beauté. Sous la canne-baguette magique de mon grand-père, forêt et campagne deviennent enchantées.
A l'école, comme pendant les vacances, de petits drames peuvent éclater.
Soudain ma grand-mère meurt. Je ne suis plus une enfant. Mais je garde un trésor intact, une source intarissable pour la vie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 février 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332648396
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-64837-2

© Edilivre, 2014
Introduction
Je plonge dans mon enfance et je n’en retiens que les coulées de lumière : instants fugitifs ou longues périodes douces et dorées, petites souffrances, moments heureux que rien ne relie et qui m’ont façonnée.
Premières images
La robe
Debout sur la table de la salle à manger, Maman, Mémée et la couturière m’entourent. Il s’agit d’arrondir le bas d’une robe bleue qu’on est en train de me faire. Elle est de forme trapèze avec un petit col rond et des manches ballon. Bleue, moins à cause de la couleur de mes yeux qu’en raison d’un vœu fait par Maman. Je suis vouée au bleu pour plusieurs années par dévotion à la Sainte Vierge. De ma position élevée je domine tout le monde et avec ravissement j’entends trois voix :
« – La robe tombe parfaitement.
– Et ce bleu qui lui va si bien !
– Comme elle est mignonne ! »
Je suis petite. Je n’ai pas encore toute une bande de frères et sœurs ; tout au plus deux frères, des garçons ; je suis donc fille unique, le centre du monde. Si aimée et si belle !
La poussette
Il fait beau. Nous sommes partis en promenade. En campagne, bien sûr. La campagne est si proche. Elle enserre la ville. C’est le printemps.
Papa nous a installés, mon petit frère Louis et moi, dans la poussette à deux places. J’occupe la place avant, celle de l’ainée. Entre les jambes de Papa et mon siège – très confortable avec son petit dossier –, la route file, file, grise comme la poussette.
Au bord du talus, les fleurs et les herbes des champs nous frôlent presque.
Les hirondelles volent à toute vitesse au-dessus de nos têtes. Papa aussi marche à toute vitesse et il chante.
Je ne vois pas Maman et je ne l’entends pas. Elle est pourtant sûrement là car elle raffole des promenades et elle marche bien. Elle doit suivre Papa en poussant le landau où se trouve mon deuxième petit frère, Jean-Yves.
Sous la table de la salle à manger rue Nationale
Je faisais rarement des bêtises. Ce jour là, j’en avais fait une. Laquelle ? J’ai oublié. Plutôt une petite méchanceté qu’une désobéissance. Toujours est-il qu’étant rarement en faute je n’ai pas l’habitude d’être réprimandée, encore moins punie et je l’accepte très mal. Donc je boude. Je suis installée sous la table de la salle à manger. La scène se passe chez mes grands parents rue Nationale. On a dû me dire : « Mets-toi là, en pénitence. Tu sortiras quand tu auras demandé pardon. » En attendant tout le monde s’est installé à table pour dîner. Je ne veux pas demander pardon. Au contraire. Le repas commence. Sans moi. Assise sur le tapis, placé sous la table, j’imagine une vengeance. Devenue grande, après avoir quitté mon ingrate famille et trouvé refuge dans une autre plus aimable, je reviens voir mes vrais parents et je leur reproche amèrement leur conduite passée. Ils ont honte. L’histoire se termine là.
Que faire maintenant ? Je regarde les grands pieds des grandes personnes, leurs grandes chaussures. Les dessins du tapis aussi ; ils sont intéressants.
Tout à coup j’ai faim. Il faut se décider. Je soulève la nappe. J’apparais. Les grandes personnes ne disent rien. A contre-cœur, je bafouille un pardon grognon. On m’embrasse, on m’installe à ma place. On remplit mon assiette avec un sourire. Je mange.
Je n’arrive pas à m’endormir
Les jours sont longs. C’est presque l’été. Comme je suis petite je dîne avant les grandes personnes.
Et me voilà déjà dans mon lit sans aucune envie de dormir. On m’a couchée dans le petit divan qui se trouve dans la chambre de mes grands parents. Ils sont à table à leur tour avec Tante Madeleine et Tante Jeanne dans la salle à manger, la pièce voisine. Dans ma famille, on n’a pas l’habitude de fermer les volets. Pour m’occuper je contemple les dessins du papier peint qui recouvre les murs. Ce sont des fougères qui se croisent et se superposent : les unes ont la couleur vert tendre du printemps ; les autres sont vert sombre ou rousses. C’est très joli mais je me lasse vite. Le sommeil ne vient pas. Il fait chaud. Je me tourne et me retourne dans mon lit. De la salle à manger me parvient la rumeur assourdie de la conversation. C’est paisible et calme.
Mais tout à coup le calme du soir est brisé ; il éclate brusquement : un avion passe très bas, au-dessus des toits. On entend rarement des avions. Plus tard, dans peu de temps, on en entendra beaucoup à cause de la guerre.
Ce n’est pas encore le cas. J’ai très peur. Je pleure et j’appelle au secours. C’est Tante Jeanne qui vient me consoler ; elle m’embrasse et me rassure mais je n’ai toujours pas sommeil et je pleurniche « Je n’arrive pas à m’endormir ». Alors Tante Jeanne a une très bonne idée : elle me prend dans ses bras et m’emmène rejoindre le reste de la famille. On me donne le droit de picorer successivement dans chaque assiette. Ce qu’ils mangent est délicieux. Est-possible qu’on m’ait servi la même chose avant eux ? Bienfaits de la nourriture : me voilà toute calme maintenant. On me porte dans mon lit. Je m’endors en regardant la statuette du petit Jésus de Prague sur l’étagère à côté de moi.
Les deux maisons pièce par pièce
Rue Porte Saint Léonard
Le corridor
Pour accéder à notre étage il faut d’abord traverser le rez de chaussée où l’on ne s’arrête pas, d’autant moins que c’est le local professionnel, public en quelque sorte. Les clients de l’Agence d’assurances dirigée par ma grand’mère, secondée par Papa et mon oncle Joseph, y passent forcément. Dans certains cas, extrêmement rares, Maman fait une incursion au bureau pour téléphoner, parfois pour demander à Papa de venir séparer les garçons qui se battent.
Une volée de quelques marches très douces mène au premier étage. Entre le premier et le second étage les marches, toujours cirées deviennent plus raides.
Sur le palier une grande armoire contient nos manteaux d’hiver. Etant dix avec mes parents l’armoire est pleine à craquer. Pressés de retrouver Maman au retour de l’école nous ouvrons la porte du corridor. Des rangées de porte-manteaux sont alignés à des niveaux différents : ceux des enfants sont en bas ; sous les porte-manteaux les pantoufles ou les chaussures selon qu’on rentre ou qu’on sort. Papa cire les chaussures une fois par semaine. Le corridor est lumineux, orienté au Sud. L’hiver nous posons nos gants dans l’embrasure de la petite fenêtre à moins que ce ne soit sur la machine à coudre toujours encombrée et installée au fond, près de la verrière le long de laquelle végètent des géraniums géants.
Nullement gêné par l’encombrement Papa en rajoute encore. Une année il aura l’idée saugrenue de poser une cage contenant des poussins dans l’embrasure de la petite fenêtre. Mignons pendant quelques jours les poussins se transformeront en adolescents hideux et puants. Résignée au début, maman se débarrasse assez vite de ces locataires indésirables. Ils finiront leurs jours dans le poulailler de ma grand’mère.
Ce modeste passage est transfiguré certains matins d’hiver par la magie du givre. Je me souviens de notre émerveillement à tous en voyant le soleil rouge de Février illuminer les étranges fleurs qui ornent les vitres.
Le Dimanche matin après la messe de huit heures, Tante Madeleine apparait dans le vestibule. Elle porte un manteau de fourrure, un chapeau et un beau rouge à lèvres cerise éclaire son visage plein de douceur. Je la trouve belle. Profitant du congé dominical elle vient aider Maman à l’heure où l’on lave les petits dans la baignoire de zinc remplie de l’eau chaude du bain-marie.
La petite salle à manger
Elle n’a pas un grand intérêt. On y prend nos repas des jours ordinaires. Maman déplore qu’elle soit orientée au Nord comme la plupart des pièces. Toute sa vie Maman aura rêvé de la lumière du soleil pénétrant à flots dans les pièces : rêve irréalisable et irréalisé. Cette image remonte à la surface de mes souvenirs : le bras de Papa assis à côté de moi à table : un bras solide couvert de taches de rousseur. C’est dans cette pièce que nous faisions tous ensemble notre prière du soir. Papa, pieux mais distrait, regardait avec un sourire attendri les plus petits de la famille.
La cuisine
La cuisine exiguë et triangulaire est beaucoup plus intéressante. Quand je rentre de l’école à midi je m’y précipite pour voir ce que Maman est en train de préparer. La cuisinière occupe une place importante ; elle comporte un compartiment profond et étroit : le bain-marie.
C’est la seule source d’eau chaude que l’on utilise pour remplir les bouillottes en hiver et une fois par semaine pour le bain des petits dans la baignoire de zinc posée sur la table.
Le four sert essentiellement pour les rôtis, entremets et gratins mais aussi pour chauffer les « briques » qui, enveloppées dans un sac en tissu, bassineront les lits de ceux qui n’auront pas de bouillotte.
Une des deux portes de la cuisine donne sur l’escalier de service. Peu éclairé, étroit, incommode avec ses marches hautes il abrite le garde-manger dans l’épaisseur arrondie du mur. A mi-étage se trouve l’entresol où l’on pénètre courbé. Papa y accumule des tas de choses ; en ce qui me concerne, je n’y entre que rarement à cause des souris. La buanderie est tout en bas avec sa grande cuve double en ciment ; le garage qui a succédé à l’écurie a cessé d’être un garage pour devenir un débarras. Pendant les années de guerre et d’après-guerre il n’y avait plus de voitures. Ces réduits ou dépendances sont en ligne directe avec la cuisine.
La « grande » salle à manger
Séparée de la petite salle à manger ou reliée à elle par la chambre des garçons la grande salle à manger remplit les fonctions de salle à manger, bien sûr, les jours de fête et de réunion

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