Subterra
154 pages
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Subterra , livre ebook

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Description

Subterra fut publié, pour la première fois en 1904. Les nouvelles de ce recueil décrivent la violence existante, au niveau des rapports sociaux, dans un Chili qui commençait à s’industrialiser. Concernant la vie des travailleurs dans les mines de charbon, le sujet principal de ce recueil, deux nouvelles se distinguent tout particulièrement par l’intensité de leurs conflits : « La porte-numéro 12 » et « Le coulis du diable ». Dans la première, on voit comment un père de famille oblige, en utilisant la contrainte physique, son fils, âgé d’une dizaine d’années, à assumer la tâche de portier, dans une galerie de la mine. Dans la seconde, deux mineurs doivent accepter un poste de travail, dans un endroit très dangereux, où finalement ils finiront par périr.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 décembre 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332628565
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-62854-1

© Edilivre, 2014
Baldomero Lillo Figueroa (Lota, 1867 – Santiago de Chile, 1923) Écrivain chilien. Pour écrire ses œuvres, il s’inspira des misérables conditions de vie des mineurs chiliens du charbon.
Suite au décès de son père, il fut contraint d’abandonner ses études secondaires. Il prit alors un emploi dans l’économat d’une compagnie minière de sa région. Il grandit en écoutant les histoires des mineurs et observant leurs dures existences. En même temps qu’il s’imprégnait de narrative réaliste et naturaliste (Balzac, Zola) ainsi que de grands romanciers russes, Dostoievski en particulier.
En 1898 il part vivre à Santiago où son frère Samuel (écrivain lui aussi) l’aide à obtenir un poste administratif à l’Université du Chili. Dans sa jeunesse il avait manifesté un certain intérêt pour la poésie. On connait de lui un poème intitulé : « La mer » qui publia en 1898 par la Revue comique. En 1903 il emporta le concours des nouvelles, organisé par la Revue catholique , avec son récit Juan Fariña. Il collabora aussi avec la revue Zig Zag et le journal Les Dernières Nouvelles.
Il obtint la reconnaissance générale, de la critique et du public, avec son œuvre Sub-terra . Un recueil de nouvelles publié pour la première fois en 1904. Il raconte dans ce recueil la vie des mineurs du charbon. Plus tard on qualifiera cette œuvre de « littérature de contestation ». En 1907 il publia un autre recueil de nouvelles intitulé : SubSole . Les treize histoires de ce recueil traitent des sujets concernant l’émergence d’une nouvelle société industrielle : par exemple « L’âme de la machine ». Entre 1906 et 1907, Baldomero Lillo publia douze nouvelles dans la presse. Ces nouvelles seront compilées et éditées en 1942 par Jose Santos Vera avec le titre : Récits populaires . Quatorze ans plus tard, José Zamudio publia encore trois nouvelles de Baldomero Lillo avec le titre « La découverte et autres récits de mer » (1956. En 1963 on publia encore trois autres nouvelles avec le titre « Enquête tragique ».
Malgré sa brièveté l’œuvre de Baldomero Lillo est un pilier très important de la littérature chilienne. Bien qu’il soit l’un des principaux exposants du réalisme social, l’esthétique moderniste est présente dans ces récits. Il utilisa un langage direct et précis. Il plonge le lecteur dans les souffrances de ses personnages ; ainsi que dans l’univers dans lequel ces souffrances s’insèrent. Les fins de ses nouvelles, toujours réussies, provoquent un impact très fort.
Les invalides
Dans la mine on sort rarement un cheval de la fosse. Voilà donc la raison pour laquelle, ce jour-là, tous les hercheurs du carreau de fosse restent, en ce moment, groupés autour du puits. Ces hommes sont tous vieux. Ils ne peuvent plus travailler dans les profondeurs des galeries. Le cheval qu’on est en train de sortir y a labouré pendant dix ans. Comme eux, c’est pour ainsi dire, un vétéran de la mine. Par conséquent, les hercheurs lui réservent la même sympathie qu’on réserve à un vieux camarade.
Maintenant qu’ils attendent sa sortie, ils se souviennent de l’époque, à présent lointaine, lorsqu’ils travaillaient dans les tailles en tant que piqueurs. Des années bénies pour eux. Ils étaient jeunes et vigoureux. Leurs rivelaines s’enfonçaient, d’un seul coup, n’importe où dans la roche. C’est quand cette période arrivait à sa fin qu’ils connurent Diamante. Il trainait les rames remplies de minerai à travers les couloirs des galeries. Infatigable, pendant toute la journée, il ne faisait jamais défaut. Quant à eux, si la fatigue paralysait leurs bras, il leur suffisait de le voir passer et ils retrouvaient tout de suite leurs forces. Ils reprenaient ensuite avec beaucoup plus d’entrain leur labeur de fourmis perforeuses.
Aujourd’hui, ils sont tristes pour lui : il boite et on ne peut point le guérir. Déclaré inapte au travail, il doit partir vers sa destinée finale : la plaine. De vastes espaces désolés, où on décèle seulement la présence de quelques rares buissons poussiéreux.
Le carreau de fosse de la mine est situé en haut d’une colline. Plus en contrebas se trouvent les corons. La fumée noire, qui les surplombe, rend l’air de ces corons presque irrespirable. Le paysage environnant, déjà assez sinistre, devient plus sinistre encore. La poussière du charbon noircit les visages des hercheurs. Accablés par la chaleur, ces hommes s’appuient sur leurs berlines, en essayant de profiter au maximum de la petite pause que leur procure la manœuvre en cours. Soudain, on entend sonner la cloche. Les poulies du chevalement commencent alors à tourner. On attend quelques instants avant qu’apparaisse un filet contenant une masse obscure et presque sans forme. Dégoulinante d’eau sale, cette masse s’arrête à quelques mètres au-dessus de la margelle. Dans le filet, un cheval noir se balance avec ses pattes écartées. Vu d’en bas, ce cheval ressemble à une gigantesque araignée. Une image à vrai dire plutôt grotesque. Ce filet se balance dans l’air pendant quelques instants, avant que le machiniste le descende tout doucement. À l’arrivée quelques ouvriers l’éloignent de l’ouverture du puits.
On dégage Diamante du filet. Une fois dehors, il reste debout sans bouger, en respirant avec beaucoup de difficulté. Comme tous les chevaux qui travaillent dans les fosses, il est de petite taille. Son aspect étonne beaucoup les hercheurs. Sa belle peau de jadis n’existe plus à présent. Celle-ci est désormais parsemée d’innombrables cicatrices. Des blessures suppurantes indiquent l’endroit où on plaçait ses parures. Ses sveltes pattes d’autrefois, où on devine les traces d’anciennes tumeurs, sont à présent complètement déformées. Il est devenu ventru et son cou s’est allongé, flasque et sans force. Sa croupe n’a plus la prestance d’antan. Les coups de fouet ont fait disparaître presque tous les poils de sa crinière.
Comme elle avait changé cette bête ! « Elle n’est maintenant qu’un tas de viande nauséabonde bonne seulement pour les vautours », pensent les hercheurs. À quelques mètres du puits, un hercheur très âgé se lève de sa berline. Il regarde autour de lui d’un air inquisiteur. Son visage fané, mais de lignes correctes, garde une expression grave. Il regarde d’abord le cheval, puis ses vieux camarades de travail. Son constat est amer. À l’instar de Diamante, tous les ouvriers présents sont devenus des ruines vivantes.
Le regard, l’attitude pensive de ce hercheur disent avec force : pauvre animal, on te chasse parce que tu ne sers plus à rien. Ton destin n’est pas trop différent du nôtre, tu sais. Dans la mine on est tous pareils. Dès que nos forces sont épuisées, elle nous jette tous dehors. Tu es la vraie image de notre vie, tu sais. Comme toi ; la seule chose que nous savons faire, c’est travailler, endurer les souffrances que nous réserve le destin, et, quand notre heure arrive enfin, mourir. Il n’est pas le seul à réfléchir ainsi. On devine dans les visages d’autres hercheurs des pensées semblables aux siennes. Au moment de se disperser, certains jettent encore un dernier coup d’œil compatissant au cheval.
De son côté l’animal reste toujours à la même place. De temps en temps il remue un petit peu ses oreilles, ou cligne ses paupières. La lumière du soleil l’éblouit trop, il baisse sa tête pour la cacher entre ses pattes. Ses yeux de nyctalope ont besoin d’un refuge. Mais la lumière est si envahissante que ses paupières ne peuvent pas les défendre. Alors la pauvre bête fait à peine quelques petits pas hésitants, avant que sa tête ne heurte une barrière. Apeurée, elle flaire le mur en s’ébrouant d’inquiétude. Puis, cherchant toujours une sortie, elle recule. Elle veut sortir du carreau de fosse. Cette démarche s’avère toutefois presque impossible pour elle. D’autres obstacles lui font barrage : des piles de bois, des berlines, et, bien sûr, les poutres du chevalement. L’animal circule au milieu de ces obstacles, comme un aveugle. Pour marcher, se croyant toujours dans la fosse, il soulève ses sabots comme s’il esquivait les traverses d’une voie d’écoulement.
Un autre supplice vient s’ajouter, à ceux qu’elle est déjà en train d’endurer. Elle commence à être harcelée par les mouches. Les coups qu’elle leur donne avec sa queue nue ne leur font pas peur. Les insectes s’acharnent sur elle avec une férocité inouïe. Elle reste toutefois peu de temps près de la plate forme. Un garçon des écuries vient la chercher quelques minutes plus tard. Il attache Diamante par le cou avec la corde qu’il porte sous le bras. Puis, en le tirant par le licou, il l’emmène sur la route. Une bande goudronnée qui se prolonge jusqu’à l’infini.
Après avoir marché un bon moment ensemble, le garçon s’arrête à côté d’une dépression du terrain. Il lui enlève la corde du cou et lui donne une tape sur la croupe pour qu’il s’en aille.
Quand il pleut, cette dépression se remplit d’eau. Avec la chaleur de l’été, cette eau s’évapore très vite, mais les parties basses arrivent à garder un peu d’humidité. Cette humidité permet la présence d’un peu de végétation. Dans des endroits bien cachés, on trouve aussi de petites mares d’eau. Ceci étant dit, Diamante, qui souffre énormément à cause de la chaleur, ne peut guère en profiter. Tous ces endroits sont inaccessibles pour n’importe quel animal. Même pour les plus jeunes et vigoureux.
Le soleil tape si fort que l’air semble bouillir. L’animal respire bruyamment. Ses paupières restent contractées. Ses yeux souffrent toujours de l’excès de lumière. Soudain, on entend un bourdonnement déchirer l’air. L’animal hennit, fait un bond, puis se met à courir sur un terrain accidenté et buissonneux. Ses

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