410
pages
Français
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2020
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Publié par
Date de parution
10 novembre 2020
Nombre de lectures
20
EAN13
9782373000269
Langue
Français
33 ans flic pour rien est le témoignage percutant et sans fard d'un commandant fonctionnel de la PJ grenobloise, au confluent des plus nocives routes de drogues européennes et d'affaires retentissantes de la région Rhône Alpes Auvergne. L'auteur, qui fut n°2 de la PJ de Grenoble, témoigne de son expérience des indics et des stups. La chute de son patron, Michel Neyret, le touche personnellement et ébranle la PJ au plus haut niveau, jusqu'au "36", le fameux quai des orfèvres.
"C'est un boulot qui colle à la peau ; transcende, pousse aux limites, donnant à celui qui l'embrasse un sentiment d'utilité, un besoin de reconnaissance, mais aussi parfois une impression de puissance poussant à négliger les dangers et les pièges du métier". Où, quand, combien ? Trois réponses qu'un indic doit apporter au flic, un "condé" qui sait sortir de l'eau son "tonton" !
Ce livre est un document d'actualité, brut, direct. C'est l'histoire d'une aventure humaine, celle d'un flic, toujours sur la brèche, avec ses joies et ses peines, celle d'un "accident de flic" en vraie grandeur et que seuls les passionnés peuvent connaître.
Publié par
Date de parution
10 novembre 2020
Nombre de lectures
20
EAN13
9782373000269
Langue
Français
GILLES GUILLOTIN
33 ANS FLIC POUR RIEN?
De Neyret au 36, la PJ malmenée
© Editions Temporis 2020
9, rue Vaneau
75007 Paris
www.editions-temporis.com
ISBN : 978-2-37300-026-9
Pour toi Domi.
Pour tout le courage dont tu as fait preuve et que tu as su partager.
Tous mes remerciements à Eric Merlen sans qui ce livre ne serait pas.
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Paris, juillet 2014. La capitale grelotte et pourtant c’est l’été, une saison pourrie.
Le soleil se cache, les parapluies fleuris- sent, les touristes déambulent, se précip- itent dans les boutiques de luxe et pho- tographient la plus belle ville du monde, la lumière des riches.
Ces milliers de visiteurs aux poches rem- plies de devises, chinoises, japonaises, américaines, canadiennes. Canadienne ? J’y reviens plus tard.
Les Français ont un seul horizon, les bul- letins météo pour une seule conversation, les conditions climatiques.
Un homme, seul, sort du 36 quai des orfèvres, Île de la Cité parisienne, lour- dement chargé de deux sacs.
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Il ne traîne pas en route et disparaît au coin de la rue. Il porte une casquette et n’est pas franchement reconnaissable.
36 Quai des orfèvres, direction régionale de la police judiciaire de la préfecture de police, un mythe usé et une réalité si méconnue.
Cette entité de police est compétente à Paris et en petite couronne sous le contrôle d’un directeur. La célèbre brigade criminelle, dirigée par un commis- saire divisionnaire, est composée de trois sections de droit commun et d’une section anti-terroriste.
Celle que l’on nomme « la crim » offre un chiffre exemplaire de 65 % d’affaires résolues. Ces enquê- teurs travaillent parfois sur des « cold cases » dans la limite de la prescription. Des crimes en série comme la célèbre affaire Guy Georges, enlèvements et meurt- res. Héritière de la brigade du Tigre, elle a fêté ces 100 ans en 2012. La BRB, de l’autre côté du Palais de Justice, a fêté ses 50 ans en 2015. Une brigade de répression du banditisme qui multiplie les anecdotes et une réalité au-dessus des fictions.
Les deux autres fleurons du 36 sont les brigades des stupéfiants et l’antigang, celle du commissaire Broussard, de l’affaire Mesrine et tant d’autres.
L’été est pourri et c’est la brigade des stups qui est sur le devant de la scène, médiatique, politique, du mauvais côté de la lorgnette. Une simple visite dans le local des scellés de cette brigade a permis de
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constater la disparition de 52 kilos de cocaïne, de très grande pureté.
30 000 euros le kilo, achat en gros. Le coupage par trois ou quatre. 40 ou 50 euros le gramme au détail. Une manne extraordinaire, un pognon fou, pour celui qui en fait commerce. Une « perte » considérable pour la police et la justice.
Les médias se déchaînent parfaitement aiguillés par des hommes du sérail. L’info circule en boucle sur toutes les chaînes d’informations. D’une simple dis- parition, on passe rapidement à un vol puis à un vol commis avec une complicité intérieure, l’aide d’un flic.
Un flic parmi plus d’une centaine que compte la bri- gade des stups. Un flic qui va jeter l’opprobre sur tout un service, sur tout un chacun qui œuvre au 36.
Le 36 nourrit tous les fantasmes des amateurs de polar, au cœur de nombreux scénarii. Il jouxte le pal- ais de justice de Paris, avec ses locaux vétustes et parfaitement inadaptés pour une bonne administra- tion de la police. Lieu que personne ne veut pourtant quitter et qu’aucun politique ne veut faire déménager. Mais ça viendra. Le poids de l’histoire, des histoires.
Stupeur dans les rangs de la police, consternation dans les sphères hiérarchiques, agitation dans le microcosme parisien en partie en sommeil durant cette période estivale mais qui se réveille très vite.
Tout le monde se pose la même question. Comment une telle disparition peut-elle avoir lieu au sein même de la brigade des stupéfiants, dans un local dédié aux
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scellés, sécurisé autant que faire se peut avec les moy- ens du bord ?
L’accès à la salle se fait par l’intermédiaire d’une clé sécurisée de type Fichet, copiée en deux exemplaires et détenue par des membres de la hiérarchie. L’accès ne doit jamais se faire seul, mais au moins à deux, et les entrées et sorties de personnes et de matériels doivent être consignées sur un registre idoine.
Le dernier Commissaire en date, avait demandé l’in- stallation d’une caméra devant la porte d’accès mais n’avait pas vu sa demande satisfaite pour cause de budget étriqué.
L’accès à la brigade des stupéfiants n’est possible que par un escalier vétuste. Pas d’autre accès si ce n’est par les toits, bon nombre de bureau sont mansardés.
Les abords du 36 sont sous surveillance vidéo. Cette sécurité semble parfaitement suffisante en théorie et en l’espèce, nous sommes au sein de la préfecture de police.
Néanmoins ce système fonctionne sur une rigueur absolue et sur la durée, la routine s’installant, je ne suis pas sûr que l’on soit resté à ces valeurs sûres. Certaines clés se sont certainement perdues, des dou- bles ont certainement été effectués et les inscriptions sur le registre négligées.
Au vu de ces éléments, connus de tous, on s’imagine mal, un policier s’emparant de deux gros sacs, sor- tir la drogue à l’insu de ses collègues. Néanmoins, du fond de mon fauteuil, je me suis demandé comment
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un tel vol aurait pu être réalisé sans que son auteur puisse être démasqué.
Plusieurs possibilités, mais toutes reposent sur la période des vacances estivales.
Une telle disparition est inenvisageable hors vacances scolaires, en présence de tous les effectifs, du moins de 70 % de présents selon les quotas réglementaires. Là nous sommes en juillet et seul 50 % des effectifs sont au travail et encore, la période est plus au farni- ente qu’au boulot.
Les vacances judicaires battent leur plein et les demandes d’assistances sont considérablement réduites.
Plusieurs hypothèses donc. Sortir la drogue par les toits, en une seule fois ce qui évite les manipula- tions, mais pas facile de se balader avec seulement les étoiles sur la tête au cœur de la nuit parisienne.
Pas facile facile, mais certainement possible. Ensuite, la sortir en une seule fois, la stocker dans un endroit différent de la brigade, et la transporter dans un sac de sport en plusieurs fois.
Une énième possibilité car la liste fournie par mon imagination n’est pas exhaustive, loin s’en faut, et est celle choisie par l’auteur de ce vol.
Dérober les 52 kilos de cocaïne en une seule fois, la transporter dans deux gros sacs de sport, se faire filmer en état, peu ou prou grimé, et parier sur la chance. Mais pour cela, il faut être joueur.
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Extrêmement joueur car quand la « cuenta » va arriver, elle risque d’être salée.
Transporter 52 kilos de cocaïne conditionnés en pain de 1 kilo est une chose terriblement ardue. J’ai eu l’occasion au cours d’un « go fast » de constater com- bien il était difficile de transporter 40 kilos dans deux sacs alors 52 kilos, je n’imagine même pas.
Mais quand la motivation est là, elle soulève... les sacs.
Le deuxième souci est de passer devant un planton au pied du 36 avec ces deux sacs. Le troisième est la vidéo surveillance de proximité du quai des orfèvres.
Mais le tout peut être contourné avec le facteur chance multiplié par le vecteur congés annuels. Je m’expli- que : ma supposition est que l’auteur du vol s’est per- suadé que durant les congés scolaires, les vacances judiciaires, personne n’irait voir les scellés dans la salle dédiée.
Que tant que personne ne constaterait le vol, personne n’irait faire des recherches sur le système vidéo. Et une fois la disparition constatée, la vidéo aurait écrasé les images compromettantes.
Un système vidéo tourne en boucle et enregistre les images qui se conservent pendant une période don- née, de quelques jours à un mois pour les bons sys- tèmes. Ensuite, si rien ne vient perturber l’enregis- trement, quand il n’y a plus de place pour le stockage, les plus anciennes disparaissent et ainsi de suite.
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Si la disparition avait été constatée début septembre par exemple, les images du vol de juillet auraient dis- paru. Et quand vous ne connaissez pas la date du vol, il est très difficile de se souvenir d’avoir vu passer, une nuit, à une heure très tardive ou très matinale, un collègue portant deux gros sacs.
Pour peu que les plantons soient des services de garde extérieurs au 36 et le tour est joué.
A la lecture des éléments fournis par les médias, je pense que c’est ce pari que l’auteur du vol a tenté. Il a perdu pour un grain de sable. Un stagiaire a voulu voir ce que représentaient 52 kilos de cocaïne, et le pot aux roses a été découvert, beaucoup trop tôt pour l’auteur du vol.
Ces 52 kilos de cocaïne qui avant même de disparaître avaient connu une drôle d’histoire. Ils faisaient partie d’un énorme stock appartenant à deux dealers origi- naires des Antilles, deux frères.
Ils ont ensuite été dérobés par une équipe de nar- cotrafiquants concurrente qui n’a pas hésité à enlever un membre de la première équipe et le torturer à mort pour connaître la planque des deux frangins.
Cette seconde équipe a été « tapée » par la brigade des stupéfiants de Paris et la drogue s’est retrouvée sous scellés au 36.
La suite vous la connaissez. Cette drogue porte mal- heur à tous ceux qui l’ont approchée.
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Les scellés, acte essentiel dans le cadre d’une procédure j