À la recherche de soi , livre ebook

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« Procéder, en somme, à une réhabilitation en profondeur de son être et restaurer une harmonie entre son corps et son esprit qui s'est brisée au fil du temps en raison des contraintes qui leur avaient été imposées. Voilà donc le but premier de cette étude : redécouvrir mon moi, le vrai, l'authentique, l'original, celui-là même qui n'a connu aucune des contraintes de l'existence, celui qui a vécu librement sans masque, sans artifice, celui qui a goûté sans remords aux plaisirs simples et qui s'est vautré dans le ressac des mers enchantées ! » Au cours de sa vie, René aura porté bien des masques, emprunté bien des chemins, souvent tortueux, qu'il n'avait pas choisis et qui ne débouchaient sur rien. Pourquoi ? Comment remettre en perspective un destin, saisir une personnalité, comprendre enfin ? D'une jeunesse douloureuse à sa difficile lutte contre un accident lombaire, l'auteur se confie et se révèle, en même temps qu'il amène chacun à réfléchir au sens à donner à l'existence, à la quête de soi, à la fin de vie. Un témoignage éclairant qui ne peut laisser indifférent.

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Date de parution

31 mars 2017

Nombre de lectures

1

EAN13

9782342151961

Langue

Français

À la recherche de soi
René Leclerc
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
À la recherche de soi

Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
 
 
« Connais-toi toi-même. »
Socrate
Démarche
«  Il est parfois difficile de dissimuler un secret au fond de soi-même. Il faut, à la fin, l’ouvrir à la face du monde et respirer librement.  » (RL)
Je me regardais dans le vieux miroir pendu au mur de mon atelier du sous-sol qui, sans aucune gêne ou retenue, se plaisait à imprimer sur mon visage les taches de rouille qui l’ont souillé au cours des temps.
J’avais l’impression bizarre qu’il cherchait à partager les ravages de son âge et à colorer de noir tous ceux qui osaient s’y refléter. Il m’offrait l’image d’un homme de quatre-vingts ans, que j’avais du mal à reconnaître tant les années s’étaient plu à le façonner à l’effigie d’un iconoclaste sans nom.
J’avais beau scruter son regard, il demeurait toujours étranger. Tant de scories l’avaient souillé au cours des âges, à son insu et malgré lui, spoliant le portrait original, celui pour lequel il était né, et dont il devait tirer les traits tout au long de son cheminement terrestre. Je me range, à cet égard, du côté d’Aristote qui soutient que :
« L’esprit est dépourvu d’idées innées et de toute connaissance dérivant de l’expérience. Toutes les idées sont contenues dans l’esprit en puissance. L’expérience a notamment pour rôle d’actualiser ces idées et de les rendre effectives dans l’esprit qui pense. »
 
Premier objectif
Faire tabula rasa , soit me défaire de tout préjugé et abandonner toutes les fausses idées gravées au cours des ans, de même que toutes celles qui ne sont pas assez stables pour m’aider à repartir à zéro. Il m’incombait alors d’effacer de mon esprit toute idée acquise et de me reconstruire moi-même une connaissance personnelle, stable et vraie. En somme, endosser l’adage du Moyen Âge : « Rien n’est dans l’intelligence qui n’ait été d’abord dans les sens. »
 
Première tâche :
Relever l’ensemble des manières de penser, de sentir, d’agir qui caractérisent mon « moi ».
Ayant la ferme conviction que notre esprit est né vierge et est marqué, formé, « impressionné » par notre seule expérience, j’étais conscient que ces démarches devaient être essentiellement fondées sur un choix personnel et libre, dépourvu de toute contrainte ou influence extérieure.
Procéder, en somme, à une réhabilitation en profondeur de son être et restaurer une harmonie entre son corps et son esprit qui s’est brisée au fil du temps en raison des contraintes qui leur avaient été imposées. Voilà donc le but premier de cette étude :
Redécouvrir mon moi, le vrai, l’authentique, l’original, celui-là même qui n’a connu aucune des contraintes de l’existence, celui qui a vécu librement sans masque, sans artifice, celui qui a goûté sans remords aux plaisirs simples et qui s’est vautré dans le ressac des mers enchantées !
«  Les souvenirs sont la poussière de nos rêves.  » (RL)
L’éveil
«  Parfois, mieux vaut marcher dans les ténèbres que dans la lumière.  » (RL)
Revenons donc aux premiers instants de mon existence qui ont présidé à mon premier souffle, à mes premiers cris, à mon premier sourire, ceux-là même qui me lançaient sur la route de la vie, celle que je devais baliser à l’effigie du modèle qu’on avait dessiné pour moi, modèle unique et original inscrit dans la mémoire des temps, auquel on me poussait à me conformer au iota près et d’ajouter ainsi ce qui manquait à l’univers.
«  On naît muni d’un carnet de route que l’on doit suivre tout au long de son existence terrestre.  » (RL)
Ces premiers instants, ceux qui ont suivi ma naissance, furent marqués au fer rouge, ce qui stigmatisa, tout au long de ma vie, une grande partie de mes actions et de mes pensées, tout en rendant impossible toute liberté future d’effectuer des choix qui correspondaient à mon être propre et à mon esprit.
Pour le dernier enfant d’une famille de dix, il fallait viser haut et grand et lui « choisir », pour ne pas dire « imposer », une vocation brillante et remarquable qui couronnerait de façon éclatante les efforts procréateurs de ses parents.
« Celui-là aura nom “René” comme son parrain et sera prêtre un jour ! » a déclaré péremptoirement sa marraine, madame Bernier, aux premiers jours de sa vie.
Cette phrase, quelque peu banale pour le commun des mortels, venait stigmatiser à tout jamais l’esprit de René, de même que tous les gestes qu’il était appelé à poser. Que restait-il de son originalité, de son individualité, de ce qui le faisait « lui » ?
On venait, du même coup, briser l’harmonie qui l’aurait uni à ses pensées et à ses démarches, ce lien indivisible d’une parfaite unité.
On venait d’anéantir une vie. Une vie qui aurait été bien différente de ce qu’elle fut .
On brisait, sans pudeur, les ailes de l’oiseau appelé à arpenter la liberté des grands espaces et à vaincre la violence des vents du nord.
« Torture d’une âme », « viol d’une identité », « massacre d’une vie » ne sont pas trop forts pour décrire la profondeur des blessures que l’on m’infligeait. Ces gestes « criminels » ont toutefois été posés par de bonnes gens, des personnes qui cherchaient avant tout mon épanouissement personnel. Malheureusement, tous sortiront blanchis de ce gâchis
«  Le plus grand crime de l’humanité reste donc impuni : celui de détruire aveuglément un être humain.  » (RL)
À l’éveil de son esprit et de ses sens, vers l’âge de cinq ans, René fut confronté à cette réalité désastreuse mais irréparable. L’onde de choc s’est amplifiée au fil du temps et au fur et à mesure qu’il réalisait qu’il avait été prématurément mis en cage sans espoir de voir la lumière, la vraie, la sienne, celle qui l’aurait guidé dans un sentier choisi par lui-même sans contrainte aucune, un sentier qu’il aurait balisé à la saveur de ses sentiments.
Soit il entendait une voix, une voix qu’il avait peine à reconnaître tant son timbre était étranger et qui ne faisait pas partie de son monde à lui. Ne lui inspirant aucune confiance, cette voix lui faisait peur, lui suggérant des démarches qui ne correspondaient d’aucune façon à ce qu’il était ou à ce qu’il voulait être, au plus profond de lui-même.
Mais bientôt l’heure était venue, celle où son entourage devait le confronter douloureusement à cette « vocation », celle qu’on lui avait imposée sans remords, celle qu’il avait peine à imaginer tant elle n’existait pas en lui :
— Dis, René, que vas-tu faire plus tard ? interrogeait-on d’un ton moqueur.
—  Un prêtre, balbutiai-je, dans la confusion la plus totale, sans trop savoir ce que je disais.
Éclats de rire…
Je ne comprenais pas. Je ne comprenais pas leurs réactions. Je me sentais humilié au plus haut point. Pourquoi se moquer de moi ? N’est-ce pas la réponse qu’ils m’avaient enseignée, la réponse qu’ils attendaient ?
«  La confusion naît souvent de l’incapacité de l’être humain à reconnaître ses réactions, ses pensées, ses sentiments, en somme, à se reconnaître.  » (RL)
Je m’interrogeais confusément sur ce qu’était un prêtre. Les implications, les conséquences sur ma vie, mon esprit, mes pensées. Je ressentais également une gêne profonde d’avouer que je « voulais » devenir prêtre, ou plutôt qu’ils voulaient que je devienne prêtre sans consultation aucune pour, à la fin, en tirer une gloire personnelle.
Qu’avaient-ils à gagner ? Sinon une fierté éphémère acquise au prix de la destruction d’un esprit, d’une âme, d’un être humain dans toute son identité. Un rêve idyllique s’était soudain réalisé pour eux : un prêtre en fin de course.
«  Les souvenirs douloureux et ineffaçables déchirent l’âme causant des blessures d’où s’échappent fiel et venin !  » (RL)
Premier désastre

«  Le premier pas de la vie entraîne souvent une chute irréparable.  » (RL)
Une autre épreuve venait également ternir les rêves de mon enfance et enrober d’un linceul les instants de bonheur qui, à l’occasion, balisaient ma route. Vers l’âge de sept ans, je fus victime d’agressions sexuelles répétées.
Subjugué par mon agresseur trop près de moi, je n’osais réagir ni dénoncer ces touchers qui m’horrifiaient et me dégoûtaient au plus haut point. Je ne comprenais pas ces agressions qui me faisaient mal et ternissaient la pureté de mon âme et la foi chrétienne qu’on avait enracinée au plus profond de moi. Je réalisais bien la profondeur du mal de ces gestes qui ne correspondaient en aucune façon aux aspirations spirituelles de mon être.
Ces agressions répétées ont entaché, de façon indélébile, ma jeune sensibilité et laissé des meurtrissures profondes que le temps n’a jamais pu guérir .
Je ne comprenais pas. J’étais cette petite bête traquée de toutes parts, que l’on force à boire le nectar empoisonné, celui qui, en apparence, pouvait lui assurer l’immortalité.
C’est après tant d’années de souffrance que je romps aujourd’hui le silence, espérant que cette confession pourra jeter un certain baume sur mes blessures non encore cicatrisées. Même si ces actes ignobles me faisaient horreur, je me sentais coupable, coupable d’avoir gardé silence, de ne pas avoir réagi et dénoncé celui qui violait, sans pudeur, mon innocence.
Cette dénonciation aurait, de toute façon, servi à quoi ? Le mal était fait. Aussi, aurait-on porté foi à mes confessions ? Ce mal, tel un venin, qui s’é

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