Abandonné(e)s
264 pages
Français

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Description

Rien n’est simple dans la vie de ceux que nomme Josiane Marie Régi, les « abandonnés », d’un nom générique qui les englobe tous. Il regroupe l’enfance oubliée, enfermée, affamée, parfois négligée, souvent maltraitée et abusée, malheureusement aussi torturée, ainsi que tous ces adultes délaissés, exploités, violés, blessés par la barbarie des hommes. Tous ceux que des irresponsables ont trompés. D’ailleurs, rien n’est simple non plus pour les réfugiés ou exilés, tous les laissés pour compte, sans logis, sans ressources ; tous les abandonnés de l’histoire, de notre Histoire. Tous vivent dans le manque...Et si beaucoup a été entrepris il reste encore à faire. L’auteure nous exhorte d’essayer de comprendre ce malheur, de saisir cette douleur, d’offrir un peu d’empathie, de compréhension et de compassion, car ce n’est pas une plainte, un cri d’exaspération ou un râle de colère, ce sont les maux de la souffrance pour d’autres mots qui permettraient de les accueillir. Un espoir, une prière, un vœu.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 septembre 2020
Nombre de lectures 1
EAN13 9782414476688
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194, avenue du Président Wilson – 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-47667-1

© Edilivre, 2020
Du même auteur
Essais
Organisation d’équipe et placement d’enfants, Essai , Editions de l’Harmattan, Paris 2002.
L’agression sexuelle chez les adolescents placés, Essai , Editions de l’Harmattan, Paris 2005.
Les coulisses du travail social, Essai , Chronique sociale, Lyon, 2012.
Système et société, 101 clés pour penser, parler, agir autrement, Essai , edilivre.com, 2018
Changer le système , Essai , édilivre.com 2019
Récits et Témoignages
Un orphelinat au Maroc, 1913-1963, Récit, Mémoire de notre temps, Montpellier 2006.
Juste un grain de sable entre France et Maroc, 1949-1965, Témoignage , Mémoire de notre temps, Montpellier 2008.
Un centenaire au Maroc, Historique de l’implantation d’une congrégation religieuse au Maroc 1912-2012, Chez l’auteur, 2012
Itinéraire d’une formatrice, Témoignage, Raconter la vie, Seuil 2016
Enfances au Maroc , Témoignages , édilivre.com 2019
Roman
Le 366 ème jour, 1952-1953 au Maroc. Roman , Mémoire de notre temps, Montpellier, 2010.
366 jours après, réédition du roman « le 366 ème jour », édilivre.com, 2014
Albums photographiques et maximes
Le couchant de nos vies, un siècle de portraits, 1900-2000, Album , Mémoire de notre temps, Montpellier 2010. Épuisé
Ports et bateaux au Maghreb 1900-1960, Album en collaboration avec Jean Bellis, aquarelliste illustrateur . Mémoire de notre temps, Montpellier 2011.
Chez l’Auteur , 2014/2019
— Réclame et humour au Maghreb avant 1960, album.
— D’or, de soie et d’ombre , 6 albums avec citations , Femmes du Maghreb et d’ailleurs . Photos Alain Régi.
— Enfances au Maroc , 2 albums photographiques noir et blanc.
Préambule
Ce livre regroupe des témoignages et commentaires, sur l’abandon, l’abus et le viol sous forme de réflexions classées par ordre alphabétique, reprenant les termes utilisés le plus fréquemment par les interviewés.
Dans les années cinquante du vingtième siècle, nul n’aurait osé s’aventurer à aborder ce type de questionnement concernant l’abandon, l’abus, le viol et autres maltraitances, sans être renvoyé à l’interprétation psychanalytique qui envahissait les cabinets médicaux, pour plus tard s’épanouir dans la psychiatrie puis procéder au développement de la psychologie dans les années soixante, soixante-dix. Cela a évolué lentement, trop lentement. Et si nous parlons aujourd’hui de ces sujets, c’est bien parce que les persécuteurs s’en tirent en général à bon compte. Les persécutés eux, restent pendant des années des incompris, incompréhensibles, après avoir écopé de la double peine : avoir eu des parents défaillants et avoir dû vivre enfermés ou relégués chez d’autres, pas toujours bienveillants. Avoir été abandonnés de tous, abusés, violés et par la suite montrés du doigt et accusés de mythomanie vaut bien une explication.
Pour ma part j’ai lutté comme j’ai pu contre des préjugés profondément ancrés dans une tradition où la fille puis la femme n’avait pas droit au chapitre. Elle devait subir, se débrouiller et se taire. De toutes les façons, elle était vraisemblablement coupable de ne pas se contenter de son sort. Les parents devaient être vénérés et leur parole prépondérante était garante du bon droit. Plus tard j’ai milité au Mouvement français pour le planning familial afin d’accompagner et d’aider celles qui étaient victimes de sexisme, de mauvais traitements, d’invraisemblables croyances les obligeant à mettre au monde des dizaines d’enfants jusqu’à n’en plus pouvoir. Avec les lois sur la contraception et l’interruption volontaire de grossesse, conquises de haute lutte, l’éducation sexuelle a pénétré très timidement dans les établissements scolaires sous couvert de biologie et de physiologie. Plus tard encore, les facultés de psychologie se sont ouvertes à leur tour à d’autres approches du développement humain et féminin, permettant de proposer des thérapies de couples, de familles et du conseil conjugal et familial. Parallèlement un féminisme non agressif lutta contre les clichés et autres balivernes limitant la liberté de la femme et l’égalité homme/femme dans tous les domaines. L’évolution fut importante, ce qui n’empêche pas que subsistent des zones d’ombre autour de l’inceste, du viol et du harcèlement, plus récemment dénoncés.
Une fois de plus je voudrais contribuer à une meilleure compréhension de la psychologie et surtout du ressenti de ces enfants et de ces adultes qui un jour se virent relégués sans comprendre pourquoi, harcelés, maltraités et manipulés, abusés ou violés, abandonnés de tous, seulement parce que c’était honteux d’en parler. Mon expérience personnelle et professionnelle m’y autorise et les témoignages recueillis m’ont confortée dans ce projet. Le lecteur trouvera donc ici une réflexion qui se veut raisonnée, enracinée dans le vécu, assimilée dans la douleur, conceptualisée dans ma pratique de psychologue, consolidée par les nombreuses rencontres et échanges établis depuis les années soixante-dix, puis quatre-vingt/quatre-vingt-dix, au Québec et à Rome, en Belgique, en Martinique, en Polynésie et partout en France dans la cinquantaine de départements que j’ai sillonnés inlassablement avant de me consacrer à la Protection de l’Enfance.
Je suis une fervente défenseure des droits des femmes, je ne cautionne pas pour autant la délation ou la désignation d’hommes ayant commis délits ou crimes prescrits par la loi ou ayant purgé leur peine. Je crois à la réhabilitation et la réinsertion possible. Que l’on milite pour obtenir qu’évolue ce temps de prescription, je l’ai fait avec SOS Inceste et d’autres associations 1 ; par ailleurs, que l’on dévoile par solidarité avoir été victime de harcèlement, de viol ou d’agression sexuelle, bien sûr, mais, désigner nommément une personne sans qu’elle ait été reconnue coupable par la Justice est douteux voire inadmissible. C’est se substituer à la Loi, oublier la présomption d’innocence et proche de l’identification à l’agresseur qui s’en moque. Enfin, si je suis favorable, bien entendu, à ce que l’on donne la parole aux femmes abandonnées, délaissées, abusées et violées en leur offrant les moyens de se libérer de leur histoire ou de l’emprise de leurs persécuteurs, je voudrais également qu’on affine notre pensée et nos décisions envers les enfants victimes de toutes ces maltraitances, qui eux restent souvent mutiques malgré leur grande souffrance 2 !
C’est donc par solidarité que j’emploierai parfois le « je » ou le « nous », et par souci de fraternité renvoyant à mon expérience personnelle d’orpheline. C’est aussi au nom de toutes celles et ceux qui se sont épanchés et ont cherché auprès de moi quelque réconfort que j’assume cette personnalisation, ce qui pourra expliquer que j’utilise plus volontiers les pronoms et l’accord féminins en rapport avec mon expérience professionnelle et celle de mes camarades d’enfance. La résonance permet l’empathie, le transfert, la sympathie, sans toutefois aller jusqu’à la confusion. Certes, la limite entre les deux états peut être ténue. Peu importe. L’essentiel est que toute cette cohorte de personnes ayant souffert y ait trouvé son compte. Je les appellerai les abandonnés car, quelle que soit leur histoire, ils le furent d’une façon ou d’une autre…
J’ai en son temps effectué une enquête dans les archives de l’orphelinat qui m’avait moi-même accueillie pendant quatre ans dans les années cinquante du siècle dernier, recensant des données sur une cohorte de trois mille enfants qui y avaient séjourné ; puis j’ai recueilli les histoires, souvenirs et commentaires d’une trentaine d’entre eux que j’ai pu retrouver en 2005. Cela a donné un premier livre, puis un long témoignage ; J’ai également travaillé auprès d’enfants placés en Protection de l’enfance recueillant leurs doléances, un millier environ dont beaucoup d’entre eux étaient orphelins, abandonnés, avaient été abusés et agressés sexuellement. Quelques-uns devinrent, à leur tour, agresseurs, ce qui a donné lieu à un troisième puis quatrième livre sur ces thèmes. Enfin ma longue carrière de thérapeute familiale m’a fait approcher la grande souffrance de certains enfants et adultes adoptés, d’autres violés et enfin plus récemment certains traumatisés par l’exil, les catastrophes et attentats. 3 J’ai également abordé et compris, à travers les témoignages d’anciens nés en Afrique ou plus loin encore, dans la première moitié du vingtième siècle, qu’être déplacés, chassés puis réfugiés, rapatriés ou exilés en pays inconnu ou qui était devenu hostile, c’était aussi manquer de l’essentiel, s’éloigner à jamais de son lieu de naissance, de l’environnement qui fit sa sécurité, c’était se séparer de ses biens, acquis à la force du poignet, laisser ses souvenirs derrière soi, là où sa famille est parfois enterrée sans pouvoir y revenir, sachant le cas échéant, les sépultures profanées.
« Mon grand-père est enterré au Maroc où le cimetière est inaccessible, délaissé, régulièrement visité par les animaux qui déterrent les ossements. Mon oncle, dans une autre ville de ce pays, n’a même pas de pierre tombale car il se trouve avec deux autres personnes sans que son nom y figure. »
C’est un terrible oubli de l’Histoire. C’est l’effacement, l’abandon d’une histoire de famille, celui d’une enfance, parfois de toute une vie de labeur que l’on ne pourra plus honorer. C’est une séparation, une rupture, une blessure secrète, une nostalgie de tous les instants frisant parfois la mélancolie et la dépression.
J’espère donc aujourd’hui qu’après ce passage en revue, un par un par ordre alphabétique, de quelques termes recensés dans les récits de nombreux pr

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