Angèle, celle qui a osé
69 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
69 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description





Ardèche, fin du XIXe siècle. Angèle sait qu’elle ne vivra pas à la campagne. Elle ose dire « non ! » et quitte sa famille pour aller vers son rêve : être une femme libre et habiter la ville. Depuis le départ de son village du Coulet à son expérience de la ville et de la Grande Guerre, ce récit raconte le parcours de cette femme à la volonté inébranlable.






Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 septembre 2022
Nombre de lectures 1
EAN13 9782383511021
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Angèle, Cellequi a osé
LaSAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires deproduction participant à la réalisation de cet ouvragene sauraient être tenus pour responsables de quelque manièreque ce soit, du contenu en général, de la portéedu contenu du texte, ni de la teneur de certains propos enparticulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ilsproduisent à la demande et pour le compte d’un auteur oud’un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entièreresponsabilité.
Geneviève Cecchini
Angèle, Celle qui a osé
Àla mémoire de ma grand-mère
Telle une douce thérapie, l’écriture soulage, cicatrise et guérit.

JahOlela Wembo 
PROLOGUE
Elle s’appelaitAngeline mais ne répondait qu’au prénom d’Angèle.Elle naquit à la fin du XIX e  siècle, le17 novembre 1892.
Angèle avait osés’opposer à la loi paternelle. Elle l’avaitdéfiée… Raison pour laquelle on parla beaucoupd’elle dans les villages voisins et alentour.
J’admirais cettefemme pour sa force de caractère, son tempéramentbattant et fougueux qui l’avait emmenée jusqu’aubout de ses rêves.
Dans mes souvenirs,elle n’était pas très grande, avec des cheveuxgris argenté. Ses yeux bleus porcelaine, mis en valeur par unepaire de lunettes à monture dorée, venaient illuminerson visage rond.
Angèle étaittoujours élégante, joliment vêtue. L’été,elle habillait ses jambes de bas blancs et portait des chaussuresassorties à son sac à main.
L’hiver, c’étaitles bas, le sac et les souliers noirs.
Un peu de rose auxjoues et sur les lèvres rehaussait son charme naturel.Lorsqu’on la rencontrait, rien n’aurait pu laisser penserqu’elle était issue de la campagne.
Angèle nereniait pas ses origines, elle avait voulu connaître une viemeilleure.
Une vie de femme,reconnue par un mari qu’elle avait choisi.
Elle était unepersonne à part entière, se donnant le droit des’exprimer tout haut, ce qui à l’époqueétait surtout réservé aux hommes.
Elle écrivait,aimait les mots, les lettres. Elle passait son temps libre àlire et avait toujours envie d’apprendre. Elle savait tant dechoses !
J’aimais luirendre visite, parler avec elle. Elle avait toujours des histoires àraconter, des histoires sur son pays de l’Ardèche, sursa vie d’avant moi, celle que je n’ai pas connue.
Angèle avait eula chance de rencontrer sur son chemin des personnes qui l’avaientaidée à devenir ce qu’elle était. Elle medisait souvent, en souriant, qu’une bonne fée avaitveillé sur elle, toute sa vie.
C’étaitune femme déterminée, avec une force de caractèresans pareil.
Elle était magrand-mère, c’était « Mémé ».
LE VILLAGE : LE COULET
Il est dit que tous leschemins mènent à Rome, mais un seul mène auCoulet.
La ville la plus procheest Aubenas. Ce village, tout comme son voisin, Vernas, dépendde la Commune de la Planche de Gourdon, petit hameau situé àtrois kilomètres.
Pour se rendre auCoulet, il faut quitter Saint Privat, bourgade assez importante, puiss’engager sur une route sinueuse, traversant des paysagesvariés aux nombreuses couleurs.
Enfin, avant la Planchede Gourdon, une voie très étroite serpente àtravers les bois de châtaigniers, les genêts, lesbruyères et les fougères qui, pour un temps, mêlentleurs couleurs et leurs odeurs. Après un dernier virage, aubout, c’est Le Coulet.
Il se situe àflanc de forêt, d’un côté. De l’autres’étend la plaine.
À cinq centsmètres d’altitude, dans le département del’Ardèche, c’était le fief de la familled’Angèle. La route se terminant à Vernas, denombreux petits sentiers rejoignent d’autres bourgs, dans lamontagne.
Seuls les habitants enconnaissent parfaitement les itinéraires.
Le Coulet, en cetemps-là, était très prospère. Lespaysans y vivaient en harmonie.
Même si la vieétait dure et difficile pour les femmes comme pour les hommesc’était un village familial. L’entraide n’étaitpas un vain mot…
Lorsqu’un hommeétait malade, on venait aider. Il en était de mêmepour l’absence des femmes.
L’une desprincipales ressources provenait des châtaigniers, on lesappelait « arbres à pain ». Lachâtaigne, en effet, était un des aliments de base. Biensouvent, elle remplaçait le pain. On en faisait aussi dessoupes, des purées. Une bonne partie de la production étaitainsi vouée à la consommation familiale. Lorsque larécolte était importante, lorsque le fruit étaitbeau, on pouvait la vendre à l’usine de Privas (UsineClément Faugier.). Les fruits abîmés étaientréservés pour les animaux tels que les porcs. Àcette époque, ces arbres étaient très priséset la demande particulièrement forte, pour les industries.Appréciés pour les charpentes et les meubles, ilsfaisaient vivre l’économie du bois .
La plupart des foyerspossédaient une basse-cour, un élevage de chèvres,de moutons et de cochons. L’importance de ces cheptelsdépendait du niveau social et financier de chaque famille.
Le troupeau d’Angèleétait important, les moutons étaient essentiellementdestinés à la laine. La tonte avait lieu chaque année,au printemps. Une équipe d’une dizaine d’hommespassait dans les villages et se louait. Lorsqu’ils arrivaient,c’était une grande effervescence. Les enfants allaientet venaient, criant et riant. Le troupeau était amenéet parqué dans la grange devant la maison. Avec de grossescisailles, appelées forces, ces hommes tondaient la bêteet la laine était récupérée dans dessacs. Les femmes, quant à elles, effectuaient un véritabletravail de fourmi, le soir, à la veillée. La laineétait dépoussiérée, trempée, lavéeet dégraissée. La deuxième opération, lecardage, consistait à démêler et enlever lestoutes dernières impuretés de la toison. C’est ceque faisait Angèle, avec les autres enfants, à l’aided’un peigne à carder. Puis venait le filage sur desfuseaux. C’était un outil très intéressantcar il pouvait se transporter facilement. La fillette l’emmenaitdans sa musette. Ainsi, elle pouvait avancer l’ouvrage, tout ensurveillant son troupeau. C’était à la mèred’Angèle que revenait l’ultime travail de lalaine. Elle utilisait un rouet. Le soir, devant la cheminée,le frère et la sœur s’asseyaient à côtéde leur mère. Ils regardaient cette danse que faisaient sespieds sur la pédale, les gestes aériens de ses mainspour diriger le fil de laine sur la bobine. Ce murmure, si spécial,ce ronronnement les tranquillisait et les endormait.
Lorsque le fil étaitbien tendu, que la pelote était réalisée, lesfilles fabriquaient des écheveaux. Elles utilisaient le dosdes chaises ou, encore, se plaçaient face à face. L’unedévidait la pelote en entourant les avant-bras de l’autre.Lorsque ce travail était terminé, la laine pouvait êtrevendue dans les foires ou les marchés. C’étaitune bonne ressource financière. La laine des moutons d’Angèleétait d’une très belle qualité. Lesmarchands venaient des grandes villes pour l’acheter.
Les chèvresproduisaient du lait pour la fabrication des tommes et autresfromages. Ils pouvaient être consommés frais, enfaisselle ou secs, comme les picodons. C’était untravail de femmes ; elles les conservaient en les entourant defeuilles puis les mettaient dans une jarre en terre.
Les villageoisgardaient quelques bêtes pour la reproduction. Le soir, lesenfants allaient les traire avec leur père. Tout petits, illeur enseignait les gestes pour récupérer le lait. Puisce fut au tour d’Angèle de guider ses frères etsœurs. Bien souvent, la chèvre envoyait un coup de sabotdans le seau, celui-ci, alors, se renversait, le lait étaitperdu.
Les rires fusaient maisil ne fallait surtout pas le dire aux parents.
Ce troupeau, dans safamille, était aussi important que le cheptel de moutons.
Ce qui marqua le plusl’enfance d’Angèle, dans ces rites familiaux,c’était le mois du cochon.
Du mois de décembreau mois de mars, on tuait l’un des porcs élevésdepuis des mois, les autres étaient vendus.
Cinq hommes du villagede Vernas venaient très tôt le matin et tout uncérémonial commençait. En général,au Coulet, cela se passait vers la fin du mois de janvier. Dans lacour, s’il n’y avait pas de neige, sinon dans la grange.

Au moment de lasaignée, le hurlement du porc était si fort qu’ilpouvait s’entendre à des kilomètres à laronde. Angèle s’enfuyait dans le bois, derrièrela maison. Bien qu’habituée, elle craignait toujoursd’entendre cette détresse, ce cri de peur, ce cri demort. Les femmes n’étaient pas présentes, c’étaitsurtout un travail d’hommes. Elles, elles n’intervenaientque pour des tâches bien précises, comme la fabricationdu boudin. On le mangeait le jour même, accompagné depommes de terre. Angèle en avalait, contrainte et forcée.Le lendemain de ce jour funeste, on salait les jambons, onfabriquait, entre autres, des saucisses, des saucissons et de la têteroulée.
Le plus intéressantpour elle, c’était la fête dans le village, demaison en maison, pendant tout un mois. C’étaitl’occasion de réunions familiales et de partages.
Les familles pouvaientvivre de leurs produits, l’essentiel était fourni.
Le chemin principaltraversait le bourg. Pour se rendre aux jardins, au puits, au lavoiret à l’étendage, les habitants descendaient pardes sentiers. Les femmes se retrouvaient pour laver le linge, c’étaitun point de rencontre journalier, un bon et joyeux moment debavardages.
Elles étendaientla lessive sur des fils. Quant aux draps, ils étaient posésà même l’herbe. D’un blanc immaculé,ils séchaient au soleil. L’hiver, c’étaitun peu plus difficile, on les lavait moins souvent.
Les jardins potagersétaient aussi l’affaire des femmes. Elles ytravaillaient tous les jours.
Les légumescueillis servaient à la vie quotidienne des familles. En casde récoltes abondantes, on les vendait aux marchéshebdomadaires ou aux foires.
Les prairies, enpaliers ou en terrasses, étaient destinées au pâturage.Les champs de foin et de luzerne se trouvaient un peu plus bas. Enpériode hivernale, le fourrage servait de nourritureprincipale pour les chevaux et pour les autres animaux.
Durant l’été,la moisson s’avérait être le labeur le plus dur,le plus long, le plus redouté.
On préparait letravail. Il fallait organiser les équipes entre

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents