Aparempto
324 pages
Français

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Description

Aparempto (La Légende)... Cet acronyme apparaît dans le paysage du Togo et en France à partir de 1966. De 1962 à 1968, plus de six cents enfants originaires du Togo ont bénéficié d'une chaîne de solidarité pour venir étudier en France. Cet élan de solidarité a été orchestré par le clergé du Togo et les congrégations religieuses de France. Plus d'un demi-siècle plus tard, l'auteure revient sur ce pan d'Histoire qui a été un élément majeur dans l'évolution de l'immigration des jeunes du continent africain. À l'heure où il est question de comptabiliser l'apport de la Diaspora dans l'évolution du continent africain, il semble intéressant de faire un saut dans le passé, qui éclairera les débats futurs.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 mars 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414439348
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Avertissement
Les patronymes, autres que ceux de nos bienfaiteurs à l’origine de cette légende et de ceux qui ont expressément donné leur aval, sont de pures inventions.
A l’époque des faits rapportés, le Togo était un tout petit pays d’à peine trois millions d’âmes, aussi toute homonymie, ou toute ressemblance avec les patronymes de personnes existantes ou ayant existées sont pure coïncidence et ne pourraient en aucun cas engager la responsabilité de l’auteur.
Dédicace
C’est à la recherche de leur identité de ceux qui dans ce monde n’ont fait que migrer de pays en pays, ceux qui sont déracinés, malmenés, ballottés,
Ceux qui au cours de leur vie de migrants n’ont jamais compris pourquoi, malgré tout, ils n’étaient pas comme les autres,
C’est leur mal-être qui m’a donné la force,
C’est leur vécu qui m’a poussé à livrer ces lignes.
J’ai vu et entendu des témoignages sur le mal-être de ces personnes, sur leur éternelle quête de soi, sur cette si insoutenable errance de l’âme.
MMN
Remerciements
Je suis pleinement redevable à beaucoup de personnes, au Très Révérend Père Fidèle Blewusi : Ses encouragements à me rapprocher de mes frères et sœurs de cette aventure, ses récits. A Mgr Philippe Kpodzro qui par son homélie des funérailles du RP Fidèle Blewusi a apporté des éclairages sur le travail, les actions menées par ce dernier et qui ont conduit à la naissance de APAREMPTO.
Je remercie Paul A.A. pour ses critiques constructives, pour sa patience et son amour inconditionnel. Paul est toujours resté à mes côtés, me soutenant dans la tourmente et m’encourageant lorsque j’avais entrepris de retracer le parcours de ces enfants.
Mes remerciements à mon neveu Yao Métsoko, cet immense artiste de la diaspora qui m’a permis d’utiliser l’une de ses toiles pour l’illustration de ma page.
J’ai aussi bénéficié des encouragements, d’une relecture et de critiques constructives de mon ami Philippe Louet.
Tous mes remerciements à ma sœur Happiness. Ses encouragements répétés m’ont permis d’aller jusqu’au bout de cette aventure.
Je remercie tous mes frères et sœurs de cette aventure, qui ont bien voulu me livrer leurs vies. Je ne pourrai pas tous les citer, la liste serait trop longue. Cependant, je tiens particulièrement à remercier, Madeleine, Hélène, notre benjamine, Maguy., Opouékou, Augustin et son frère Noël, Théo, Benfako, Lawrence, Gene, Komi, etc… Que tous les autres me pardonnent et sachent que je leur porte une affection particulière.
Introduction
Mars 2015. Je suis retournée au Togo. Le Révérend Père Fidèle Blewusi venait de mourir le 28 février. Je me devais d’être présente pour le porter en terre. Il était le dernier de la longue fratrie de ma mère. Après lui, si nous n’y prenions garde, la famille éclaterait.
Je me devais d’être présente à son enterrement. Je me devais de lui promettre sur son lit de mort. Je voulais me libérer de souvenirs enfouis au plus profond, au plus obscur de mon âme. Je voulais lui dire que je le remerciais pour tout ce qu’il m’avait donné, mettre à ses pieds tout ce que j’étais devenue, moi sa nièce, tout ce qu’il était advenu de ma vie de gamine de Tomégbé, partie trop jeune pour l’Europe, même si je reconnais que ce départ était une planche de salut, un passeport pour ma survie.
En toute chose, l’Eternel sait ce qu’il fait. Mon avion ne décolla jamais de Roissy. Je suis arrivée à Atakpamé bien après qu’il fut porté en terre. Je n’ai pu voir que sa tombe déjà refermée et scellée.
En ce jour de mars 2015, devant cette tombe, je suis restée un moment sans prononcer une parole, puis les larmes ont envahi mes yeux, mon visage fut bientôt inondé. Je ne voyais plus rien. Plus rien n’existait pour moi et autour de moi.
Assise par terre, près de cette tombe, j’ai commencé à saisir à quel point ma vie et celles des autres du groupe APAREMPTO, pouvait être racontée. J’ai pris conscience que je devais narrer notre parcours de déracinés. Je pourrai dans ce récit retracer le parcours de beaucoup des nôtres.
Je me suis levée et ai essuyé mes larmes. Debout au pied de la tombe pour que mon illustre oncle puisse bien me voir, les souvenirs ont commencé à refaire surface progressivement.
Des flots de souvenirs se télescopent dans ma tête. Une dernière fois, je m’incline devant la tombe, le cœur lourd, plein de tristesse et je regagne ma chambre d’hôtel. Là, sur le lit, je suis détendue, immobile, mon époux respecte mon silence et sort de la chambre. Bientôt calmée, après une douche bienfaisante, je le rejoins dehors sous les acacias. Il pose doucement ses mains sur moi.
Je frissonne :
– De quoi as-tu peur ?
– Il est temps que je rédige les cinquante ans d’APAREMPTO
– C’est une superbe idée, il serait bon que nos enfants apprennent enfin votre histoire
– Comment vais-je m’y prendre ?
– Ce livre sera-t-il un témoignage, un documentaire, ou bien devrais-je lui donner une forme romancée ?
– Que devrais-je y mettre ?
– Que devrais-je exclure pour ne pas choquer ?
– Mes frères et sœurs de l’aventure accepteront-ils l’image que je donnerai d’eux à travers ces lignes ?
– J’ai confiance en tes émotions, tu t’en tireras très bien. Tu dois être le plus près possible de la vérité.
Ainsi réconfortée et de retour à Paris, j’ai entrepris de regrouper tous mes divers écrits couchés sur différents supports.
En octobre 2016, j’ai retrouvé certains des nôtres à Lomé. Ils y avaient élu domicile et avaient fait leur carrière, comme nos bienfaiteurs auraient souhaité. D’autres, comme moi, faisions notre come-back . Nous sommes tous à la retraite et c’est un bon signe. Mes frères et sœurs pourront avoir plus de temps à me consacrer pour me raconter les anecdotes qui me manquent et les parcours que j’ignore. Ma détermination d’écrire notre histoire est renforcée.
Sans, toutefois leur livrer mes intentions, aidée de Nela notre benjamine et de Manu, nous avons eu maintes et maintes occasions de bavardage, autour de bouteilles de bière.
Assise parmi mes frères et sœurs, j’ai des sentiments mitigés. Nos camarades qui étaient revenus et avaient professé en Afrique, ont l’air réellement du continent. Qu’en est-il de nous qui revenons après tant d’années, plus de cinquante ans d’Europe.
Avons-nous gardé, enfouie au fond de nous, notre âme africaine ? Sommes-nous réellement demeurés des enfants du Togo alors que nous sommes pétris de culture occidentale ?
Assurément oui. Nous sommes demeurés Togolais et le sang togolais coulera toujours dans nos veines. Même si nous rapportons des manières policées, même si nous parlons mal la langue, même si nous nous offusquons du manque de courtoisie, de l’incivilité et de la rouerie, tous ces vices devenus seconde nature chez nos jeunes compatriotes, alors que ces travers nous étaient inconnus, cinquante ans plus tôt. Malgré tout cela, nous appartenons bien aux deux mondes.
Maintenant que nous sommes à la retraite et souhaitons un retour sur la terre natale, il ne sera pas facile de faire le tri, pour un emménagement dans notre nouvelle vie, entre notre vécu occidental et notre africanité.
Préface
Cinquante ans ont passé et je me suis sentie obligée d’écrire ces lignes pour donner écho à tout ce qui a pu être dit et ce qui n’a pas été dit, pour que nos enfants se souviennent et n’oublient pas le parcours de leurs parents.
Ces lignes sont un rappel, un éclaircissement, une manière de relater des faits historiques sur l’immigration en France de certains jeunes du Togo depuis 1962.
Elles sont un hommage aux hommes, aux prêtres dévoués qui ont œuvré, au risque de perdre leur honneur, pour nous ouvrir la voie vers cet autre ailleurs, synonyme d’espoir pour un meilleur devenir.
Les parcours décrits découlent d’une longue histoire d’évangélisation et de colonisation de l’Afrique et du Togo. Il y a eu des conditions morales et aussi des élans de générosité issue de l’euphorie de la dernière guerre, puis de la décolonisation .
Ces lignes retracent le parcours des personnes qui à l’époque étaient des pré-adolescents ou des adolescents, filles et garçons. Les conditions d’éligibilité pour leur départ étaient d’être, en priorité, des filles et fils de catéchistes, ensuite des proches parents des prêtres ou des enseignants de la mission catholique, dont la vie était très modeste.
L’objectif de ces départs était de donner, à ces enfants défavorisés, la chance d’être formés.
Autour de ce projet humanitaire, au-delà de l’accueil généreux des congrégations religieuses de France, le drame du souvenir d’un autre monde, les complexes, la susceptibilité, les affres de l’orgueil face à l’idiotie de certaines moqueries et de blagues, vous y découvrirez des vies réussies ou fracassées.
Puissent leurs réussites, leurs échecs, leurs parcours, servir de base de réflexion pour l’époque que nous vivons avec le flot d’immigration qui submerge le vieux continent et notre pays d’adoption, la France.
J’ai débarqué en France, comme quelque mille deux cents jeunes, il y a une cinquantaine d’années. Notre venue était la conséquence d’une chaîne de solidarité orchestrée par les congrégations religieuses françaises et la mise en place d’un projet éducatif.
Nous venions du Togo, indépendant depuis quatre ans. Le pays était majoritairement constitué de paysans pauvres. Dans les campagnes, nous n’avions d’autre choix que rester pour cultiver la terre avec les houes et les coupe-coupe, comme avaient fait nos grands-parents, nos parents, et ce serait bientôt notre tour… ainsi jusqu’à la fin des temps, sans aucune vision de parvenir à nous mécaniser. Nous n’avions ni eau courante, ni électricité, ni toilettes. Les voyageurs, qui faisaient l’effort de venir jusqu’à nous, nous racontaient leur vie. C’est alors que l’insatisfaction de nos conditions de vie a grandi et commencé à nous étouffer. Nous nous prenions à rêver d’un meilleur ailleurs.
Il y a eu la période d’évangélisation. Cette ère, savamment orchestrée par le Saint-Siège en totale adéquation avec les politiques des pays d’Europe

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