Au cœur de la guerre : témoignage d un rescapé de la guerre du Congo
140 pages
Français

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Au cœur de la guerre : témoignage d'un rescapé de la guerre du Congo , livre ebook

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Description

Le 29 octobre 1996, la destinée de neuf membres d’une famille, dont Chris, change. Ils doivent quitter leur maison à Bukavu dans l’est du Congo car la ville vient de tomber aux mains des rebelles. C’est le début d’un long et périlleux parcours qui les conduira à travers les rudes montagnes et les dangereuses forêts de l’est et du nord du Congo. En outre, ils doivent faire face aux rebelles tutsis congolais, aux guerriers traditionnels Maï-Maï et aux soldats gouvernementaux déchaînés avant d’atteindre la ville de Kinshasa, à environ 2400 km.

Le 26 août 1998, l’Histoire se répète. Cette fois-ci, Chris et d’autres jeunes garçons abandonnés par les soldats gouvernementaux doivent faire face à d’autres rebelles qui viennent de prendre d’assaut la ville de Kinshasa.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 juillet 2015
Nombre de lectures 1
EAN13 9782332923615
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-92359-2

© Edilivre, 2015
Citation


« Ce que j’ai vu et vécu durant la guerre de la République démocratique du Congo de 1996 et la bataille de Kinshasa en 1998 »
Chris Kalenge
Dédicace


À ma mère Albertine Ngiulu Kalenge
Bien que je ne t’aie pas vue durant mes dix années de séjour en Algérie et qu’il n’y ait plus aucun espoir de te revoir dans ce monde, je sais que ton amour et tes conseils vivront toujours dans mon cœur, et à travers eux, je continuerai à voir ton visage .
Avant-propos
J’écris ce livre dix-neuf ans après les événements qui ont occasionné notre départ forcé de la ville de Bukavu en octobre 1996 pour plusieurs raisons. En fait, je m’étais toujours refusé à partager ce témoignage car cela me rappelait une période difficile de ma vie.
Après avoir été forcé de quitter la ville de Bukavu par les rebelles tutsis congolais en 1996, j’ai vécu durant deux ans à Kinshasa où j’ai terminé mes études secondaires en 1998. Au cours de cette dernière année, nous avons fait face à une nouvelle guerre connue comme la « bataille de Kinshasa ».
En 1999, j’ai obtenu une bourse d’étude pour l’Algérie où j’ai vécu durant dix ans avant de me rendre en Italie pour effectuer d’autres études. Mon premier retour à Kinshasa a eu lieu en 2013, soit quatorze ans plus tard. Ce retour, après les événements vécus en 1996 et en 1998, a été un grand moment de réconciliation avec mon passé ainsi qu’avec moi-même. Cela m’a aussi donné la motivation et la force de partager ce témoignage.
L’assassinat de la journaliste française Ghislaine Dupont, survenu le 2 novembre 2013 au Mali, a aussi été un facteur important qui a contribué à cette démarche. En effet, la nouvelle et les circonstances de son décès, ainsi que celui de son collègue Claude Verlon m’ont particulièrement touché. Aucun des rescapés de la guerre de la République démocratique du Congo (RDC) de 1996 ne peut oublier sa voix sur les ondes de la Radio France internationale (RFI), et combien son travail nous a été bénéfique. À travers ce livre, je voudrais lui rendre hommage, vu le travail énorme qu’elle a accompli en Afrique, et en particulier dans mon pays.
En écrivant ce livre, je pense aussi à tous les déplacés de guerre et réfugiés éparpillés à travers le monde, plus particulièrement aux victimes des différents conflits armés que la RDC a connus. Mon souhait est que ce livre contribue à soutenir les efforts en cours pour une prise de conscience générale sur les conséquences de la guerre tant sur le plan humain que sur le plan environnemental.

Itinéraire 1 : octobre- décembre 1996

Figure 1

Itinéraire 2 : août 1998

Figure 2
Chapitre I Comment tout a commencé
M a famille est arrivée à Bukavu en 1989 en provenance de Kinshasa, la capitale de la RDC (ex Zaïre). À cette époque, mon père travaillait comme formateur auprès du Corps de la paix (Peace Corps), une agence indépendante du gouvernement américain qui a pour mission de promouvoir la paix et l’amitié dans le monde par le biais de la contribution des volontaires américains à des projets de développement sociaux et économiques. Quant à moi, j’ai effectué les deux dernières années de mes études primaires à l’école Ibanda de Bukavu, avant de rejoindre le collège Alfajiri, l’un des plus prestigieux établissements d’enseignement secondaire en Afrique centrale gérés par les pères jésuites. Ma formation au collège Alfajiri a été malheureusement interrompue en 1996 après l’invasion de la ville de Bukavu par les forces rebelles.
Jusqu’en 1994, Bukavu, chef lieu de la province du Sud-Kivu, était une ville paisible, appelée parfois la Suisse d’Afrique grâce à l’air frais provenant du lac Kivu ainsi qu’à son relief montagneux. Lorsque la ville de Kinshasa et d’autres villes du pays ont connu des actes de pillage en 1991 et en 1993 pendant la dictature de Mobutu, des tentatives similaires ont eu lieu à Bukavu mais elles ont été rapidement réprimées par les autorités militaires afin de préserver la paix dans la ville. Cependant, la présence des monuments et des lieux publics portant des noms d’anciens chefs militaires, telle que la Place Colonel Mulamba, sous-entend que Bukavu n’a pas toujours été un havre de paix. En effet, cette ville fut le théâtre d’une bataille opposant les rebelles « mulellistes » et l’Armée nationale congolaise (ANC) en 1964, une bataille qui se solda par la victoire de l’ANC dirigée par le colonel Mulamba. Un autre nom souvent cité en relation avec les conflits armés que la ville de Bukavu a connus est celui de Jean Schramme, un chef mercenaire belge qui avait participé aux côtés des rebelles katangais au coup d’État manqué contre l’ancien président Mobutu en 1967. Après cet échec, il s’était replié vers la ville de Kisangani puis à Bukavu où il fut vaincu et contraint à fuir vers le Rwanda.
Au collège Alfajiri, j’avais des amis hutus et tutsis rwandais dans ma classe. Un jour, notre professeur de religion a organisé une récollection dans la ville de Cyangugu, au Rwanda. Le jour du départ, en arrivant à la frontière, les agents des services d’immigration zaïrois ont interdit à un de nos amis tutsis rwandais de traverser la frontière sous prétexte qu’il était réfugié. À cette époque, le Rwanda était dirigé par le président hutu, Juvénal Habyarimana. C’est à partir de ce moment que j’ai commencé à prendre conscience de la différence entre les deux groupes ethniques.
Les choses ont commencé à changer à Bukavu après l’attentat contre l’avion transportant les présidents rwandais Juvénal Habyarimana et burundais Cyprien Ntaryamira, le 6 avril 1994. Les deux présidents revenaient de Dar es Salam, en Tanzanie, où se tenaient des négociations censées permettre le retour pacifique des exilés tutsis au Rwanda. Le décès de ces deux présidents hutus causa une crise politique et humanitaire majeure au Rwanda. La situation politique fut également critique au Burundi où un second président hutu venait d’être tué après que le premier eut été tué environ un an plus tôt.
Le Rwanda que nous avons connu avant 1994 était un pays paisible et économiquement stable. Du moins, lorsqu’on le comparait au Zaïre. Les Zaïrois s’y rendaient souvent pour diverses raisons. La circulation des personnes et des biens entre le Burundi, le Rwanda et le Zaïre était facilitée par les accords signés entre les trois pays dans le cadre de la Communauté économique des pays des Grands Lacs (CEPGL). Les Zaïrois pouvaient se rendre facilement au Rwanda mais pas les exilés tutsis. Ces derniers attendaient la conclusion des négociations tenues en Tanzanie pour connaître les conditions de leur retour au Rwanda.
Après l’assassinat du président Habyarimana, les extrémistes hutus ont commencé à tuer les Tutsis résidant au Rwanda. C’était le début du génocide rwandais. Quelques jours plus tard, les médias annonçaient que les troupes rebelles du Front patriotique rwandais (FPR) avaient décidé de lancer une offensive militaire dans le pays pour protéger les Tutsis. Face à la progression rapide du FPR, environ deux millions des Hutus se sont réfugiés à Bukavu et à Goma.
Le 22 juin 1994, suite à la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire dans la région, le gouvernement français a mis en place, en collaboration avec l’Organisation des Nations unies, « l’Opération Turquoise ». Cette opération qui consistait à un déploiement des soldats français dans certaines villes rwandaises, en particulier les villes voisines de Bukavu et Goma comme Gisenyi et Cyangugu, avait pour but d’arrêter les massacres et de protéger les populations menacées d’extermination. Dans les jours qui ont suivi le lancement de l’Opération Turquoise, plusieurs soldats français lourdement armés et bien équipés ont été déployés à Bukavu. Nous les voyions souvent faire des allées et venues entre Bukavu et Cyangugu à bord de leurs véhicules militaires.
Avec tous ces événements qui se déroulaient au Rwanda, notre magnifique et paisible ville commençait à changer. Sur le plan de l’environnement et de la santé, les espaces verts et certaines écoles ont été envahis par des réfugiés hutus. Quelques organisations non gouvernementales locales commençaient à soulever des préoccupations concernant l’insécurité, la prostitution et la propagation du VIH ainsi que d’autres maladies. Sur le plan économique, le coût de la vie a augmenté considérablement. Cette situation a été aggravée par l’arrivée de plusieurs organisations internationales qui payaient des salaires élevés en dollars américains, entraînant ainsi une flambée des prix de certains produits. Sur d’autres plans, le trafic routier est devenu difficile et dangereux suite à la présence de nouveaux conducteurs non qualifiés qui achetaient des véhicules à des prix dérisoires auprès des réfugiés hutus.
Les inquiétudes de la population locale sont devenues importantes quelques semaines avant la rentrée scolaire 1994-1995 car certaines écoles, dont la mienne, étaient encore occupées par les réfugiés. Pour décanter la situation, l’Agence des Nations unies pour les réfugiés, le HCR, a décidé de construire des camps de réfugiés dans des endroits plus éloignés de la ville pour ceux qui ne voulaient pas retourner volontairement au Rwanda. Après leur départ, une opération de nettoyage et de réhabilitation des lieux et bâtiments endommagés par leur présence a été mise en place par quelques organisations non gouvernementales internationales en collaboration avec la population locale.
Vers fin 1995, le gouvernement zaïrois a mis à la disposition des Nations unies une force dénommée « Contingent zaïrois pour la sécurité des camps (CZSC) » suite aux p

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